"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Sur cela, nous avons la main et c'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce, chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite.

Faut-il combattre ceux qui nous contraignent ? (11 11)

La réalité sociale se répète à l'infini. Les cycles de soumission des plus pauvres et de domination des plus riches est constante. Rien n'efface ni n'arrête la confiscation des pouvoirs par les plus fortunés. Ce sont eux qui phagocytent les moyens. A l'intérieur du processus, on retrouve toujours, et sempiternellement, ceux qui ont de l'influence comme actuellement par les médias qu'ils possèdent. Edward Bernays a tout à fait compris la puissance et l'efficience de la fabrique du consentement. Il en a publié aussi bien la méthode que l'exégèse dans "Propaganda" en 1928. Ce titre est devenu le livre de chevet de nombre de totalitaires, comme Goebbels, par exemple. D'autres en ont tiré des enseignements contre le totalitarisme, comme Noam Chomsky.

Mais l'âme de Bernays était noire et ses conceptions particulièrement matérialistes, cupides et néolibérales. Ses autres œuvres en témoignent. L'intention qui fait le moteur du monde dépend de nos représentations du-dit monde, et de soi dans ce monde. C'est de là que surgissent intérêts, goûts, priorités et objectifs personnels ou collectifs. C'est bien de celà qu’il s'agit ! Quant à changer le monde, personne ne s'en occupe vraiment. C'est justement aussi pour cela que j'écris et publie.

Dans ces conditions, l'alternative est la suivante : faut-il ouvrir le combat pour éviter de se laisser faire,... à moins que l'on admette que tout cela continue ? Nous choisirons le premier terme, et la logique rationnelle nous y invite. Nous ne prendrons toutefois pas de front la situation ! La stratégie et les sagesses anciennes nous proposent plutôt l'art de la "muléta", et donc plutôt l'art de l'esquive que l'affrontement. Dans ce dernier, il y en a toujours au moins un qui meurt. Et comme nous espérons que ce ne soit pas nous, nous avons tendance à y réfléchir à deux fois. J'avoue, en l'espèce, me sentir parfois vraiment partagé.

Que nous disent ces sagesses anciennes ? Le bouddhisme nous invite à considérer le karma. On nomme ainsi cet écho de l'univers qui renvoie les conséquences aux auteurs des actions en cause. Le Zen nous renvoie au wuwei, cet art du non combat qui, loin d'être une absence de réaction, se présente comme le "non agir". Cette option propose de laisser l'univers s'en charger. Il s'agit ici de "suivre le flux naturel des choses (voire l'ordre cosmique originaire) sans le perturber ni tenter de le modifier". C'est ce que décrit le taoïsme, sous la plume de quelques observateurs et exégètes. Dans cette posture, il s'agit aussi de laisser l'univers se charger de la tâche. En effet, comme nous sommes tous (et c'est vrai pour “l'ensemble”) reliés dans un "grand tout", il s'agit de laisser ledit univers agir selon la conscience universelle. C'est aussi ce que l'on croit comprendre de l'enseignement de Joshua, dit Jésus, dans son invitation à tendre l'autre joue.

Je pense également à cette démarche dite "non violente", que j'aime à nommer "en paix", qui a des origines diverses comme dans l'anabaptisme. On peut aussi raccrocher cette notion à tous les christianismes, en référence au sermon sur la montagne.

Le rapprochement avec les enseignements de Joshua, dit Jésus, est rappelé par le pasteur Adin Ballou, adepte du socialisme libertaire. On retrouve cette même association d'idées dans l'œuvre de Léon Tolstoï, développée de façon analogue par Gandhi, Martin Luther King, ou Nelson Mandela. Elle est aussi présente dans la théorisation de Lanza del Vasto, de Marshall Rosenberg et de bien d'autres adeptes aussi prolixes que bienveillants. Les sources patentes sont nombreuses, variées et diverses mais convergentes, jusque dans les actions internationales d'associations comme Mocica. Je pense aussi à toutes ces démarches dites "spirituelles" qui invitent à des pratiques concrètes, lesquelles "modèlent" le cerveau pour favoriser la lucidité, la paix et la compassion. Dont acte.

Toutes ces démarches ont en commun un fait : affirmer et soutenir que la paix est bien plus puissante que la violence quelle qu'elle soit. D'autres affirment avec aisance que l'amour est plus fort que tout ! Nous avons connu le mouvement hippie et celui des beatniks, tous deux adeptes de liberté, de bienveillance et d'amour de l'humanité. Si les forces de l'ordre les ont maltraités, ces mouvements n'ont provoqué aucun conflit et c'est déjà là une belle victoire. Ces mouvements sont à l'origine de bien d'autres expériences comme celle des communautés libres ou libertaires, ou encore autonomes. Ces militants pragmatiques ont réalisé des micros sociétés qui rebâtissent à côté de la société mortifère néolibérale le monde qu'ils espèrent. Et ces petits mondes prospèrent en toute discrétion jusqu'à ce qu'un jour ils soient suffisamment importants pour faire foi et loi.

Je pense aussi à tous ces individus bienveillants sans aucune étiquette politique ou religieuse, qui promeuvent la force de l'amour et de l'intuition à travers leurs travaux habituels. Je pense à Einstein, Carl Jung dont il était un ami, à Nelson Mandela, à Martin Luther King, à Gandhi et à bien d'autres moins célèbres qui, au quotidien, répandent cette force de paix et d'amour juste autour d'eux, sans tambour ni trompettes...

Chacun en connait et en a connu et nous nous sommes trouvé heureux en leur présence. Je repense pour ma part à ce moine ermite, Emmanuel de Floris, à Alberi, mon professeur d'italien, à l'abbé Perri, directeur de notre collège et lycée, à cet anarchiste, ancien combattant au Vietnam, réfugié sur le Larzac, à mon si bienveillant relecteur, Jacques Campargue très investi dans une célèbre communauté d'Emmaüs mais pas seulement, etc. Il en existe bien d'autres encore, et je suis convaincu que chacune et chacun élargira cette trop courte liste.

Ce monde est en marche. C'est bien là que les victoires se préparent dans l'ombre de l'intime et des relations de proximité. A chaque contrainte correspond une réponse bienveillante, car ceux que je combats deviennent des adversaires, sinon des ennemis, alors que ceux que j'accueille et considère deviennent des partenaires. C'est bien ce que Gandhi a choisi face à l'Anglais trop ou très puissant... C'est aussi Antoine de Saint-Exupéry qui écrivit cette formule : “ Si tu diffères de moi,... loin de me léser tu m'enrichis”. Une sorte de centre de l’union humaine qui élève aussi les cœurs comme les esprits…

In fine, nous pouvons dire que l'amour et la paix sont des pragmatismes efficaces. Physiologiquement, ces variables viennent de ce que l'on nomme aussi le "cerveau du cœur". Nous savons que la pratique technique de la "cohérence cardiaque" lui donne la primeur pour équilibrer tous les systèmes de notre corps. Dont acte et merci Saint-Ex. !

Jean-Marc SAURET
Le mardi 11 novembre 2025

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Un hypermatérialisme à notre insu (04 11)

Serions-nous à la croisée des chemins, face à ces nombreuses hypothèses d'un "vivre autrement" ? D'aucuns nomment cela spiritualité, pendant que d'autres les qualifient d’alternations philosophiquesSimultanément bien des discours et propos font mention de forces alternatives dans l'évolution de notre société. Je constate dans ces propos, la persistance d'une certaine obsession matérialiste. 

En effet, pour justifier de changements spirituels par exemple, nombre de ces propos mentionnent des ''causes des modifications''. Ils les évoquent ou les invoquent, jusqu'à y trouver une implication, allant jusqu'à des dimensions physiques. Elles peuvent être nommées ondes magnétiques, phénomènes ondulatoires, ou encore forces telluriquesD'autres se situent dans le domaine biologique, on retrouve ici les hormones ou autres processus physiologiques. Il y a là une sorte de contradiction, que seule pourrait excuser ce désir obscur de légitimation rationnelle. Dès lors le processus défendu deviendrait scientifiquement justifiable, explicable, et même prouvable.

J'ai, par ailleurs, pris l'habitude de lire quelques ouvrages et articles sur nos capacités cognitives, sur nos liens sociaux et la manière dont nous nous construisons autour d'eux. Cette réflexion m'occupe et nombre de mes articles en sont empreints. Cependant, j'ai du mal à entendre que nos réactions cognitives et émotionnelles seraient systématiquement dépendantes ou même liées à des réactions chimiques ou physiologiques. Je pense à la confiance en soi que l'on dit produite dans l'hypothalamus ou l'hypophyse, par exemple...

Si l’on parle de spiritualité, pourquoi lier systématiquement chacune de nos réponses à des actions ou principes physiologiques, matérialistes ? Pourquoi aussi les attribuer à des zones physiques déterminées, quand elles ne sont pas dédiées ? S'il s'agit de conscience, celle que nous savons hors du corps, pourquoi la justifier chaque fois matériellement ? C'est là, me semble-t-il, un symptôme profond d'inconscience ou d'ignorance. Quand je tombe sur ce type de propos, l'ouvrage qui les contiennent me tombe des mains. Cherchons plutôt les raisons et causes de la spiritualité dans la spiritualité elle-même, c'est-à-dire dans ce qui a trait à l'esprit, à la raison ou à l'intuition, à la symbolique ou encore à l'entendement.

Ainsi, la conscience, ou l'éveil, à mon avis, n'est pas une acquisition, mais un souvenir, un retour à notre identité profonde, à ce que nous avons toujours été. L'univers est au cœur de chacune et de chacun. Le bonheur est un choix, pas une récompense hormonale. Voilà un phénomène davantage lié à des représentations (intérêts, finalités, identités) qu'à des processus chimiques. Dire que l'on utilise nos capacités physiques, comme la respiration ou le bâillement pour calmer notre mental, me semble judicieux puisque nous "habitons" nos corps.

Au-delà, il y a une dépendance à des représentations matérialistes, très attachantes certes… Mais en faire les tenants et les aboutissants de nos vies me paraît aussi absurde que de supposer que le choix, le matin, de la couleur de notre chemisier ou de notre cravate dépend de nos hormones. Ce serait certainement là l'expression d'un esprit au moins… perfectible. L'association symbolique me semble en la matière bien plus légitime, réaliste et donc justifiée.

C'est là que commence la spiritualité entre égo et "moi profond", entre symbolique et constructions mentales, depuis l'influence sur la santé du corps, jusqu'à la construction de nos vies et de son objet. La spiritualité est une dimension idéelle, imaginaire ou conceptuelle, et elle n'est rien de plus. Son contenu, d'ailleurs, lui appartient...

Nous avons vu que les démarches de sagesse se développent sur deux voies, l'une rationnelle et matérielle, l'autre intuitive et mentale, celle que justement, l'on juge "spirituelle". La première vit dans le cerveau et fait les beaux jours du mental. L'autre est, dit-on, la voie du cœur, d'essence intuitive et émotionnelle. Mais comme nous sommes de cette première culture, nous la qualifions de scientifique. A partir de là, il nous est indispensable de justifier la seconde par les conditions de la première. Nous retrouvons bien, là aussi, un piège de l'égo...

Alors, laissons tomber cette démarche qui n'a pour objet que de satisfaire notre pseudo rationalisme, en ressassant inlassablement cet "hypermatérialisme raisonné". Contrairement à ce dont nous pensons”, et comme pour nous en excuser, rien de cela ne se fait jamais à notre insu. Bien au contraire, nous sommes là en parfaite lucidité, et pire peut-être, c'est en parfaite complicité que nous nous y soumettons. C'est bien nous qui portons cette logique de la raison souveraine. C'est donc bien à nous de lâcher prise, d'abandonner cette démarche de justification, afin d'accueillir ce que nous savons intuitivement être juste, bon et vrai. Et là, c'est un château de cartes qui s'effondre. Alors, revenons au fond des choses, à l'esprit des réalités, au cœur de notre humanité, là où se trouvent, et se retrouvent, l'univers et les dieux.

Jean-Marc SAURET
Le mardi 4 novembre 2025

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Vers un animisme ordinaire (28 10)

Enfants, nous vivions dans l'instant présent, hors du temps de Kronos. Notre égo se confondait avec notre environnement, nous étions avec  ''les nôtres'', comme on dit. Il n'y avait là aucune aspiration au pouvoir, nous étions juste  mus par un amour profond et gratuit, heureux et en paix, avant de nous trouver,  plus tard,  peut être aspirés par le désir de possession. Le processus enclenché viendrait ensuite, inéluctablement. On retrouverait là tels ou tels plans, sur fond de cupidité, associés au désir de puissance. Nous voilà, dans ces conditions, alors conduits par des émotions basses. Les calculs et autres stratégies de gains ou de pouvoir viendraient un peu plus tard. 

Effectivement, pour l'heure, nos intérêts se trouvaient ailleurs. Bizarrement, dans notre culture, on ne reconnaît l'apparition de l'intelligence que dans la mesure où elle est  associée à la notion de stratégies. Pourtant, seule la créativité est fille de la conscience et de l'imagination, du lâcher prise et de la conviction. On dit toujours que seule la foi sauve, et que la providence nous accompagne chaque jour.

Néanmoins, lorsqu'on lit ou entend ce que Jésus demande à ses disciples, en l'espèce de "redevenir comme des petits enfants", on comprend bien qu'il leur suggère de reprendre le chemin de l'animisme profond. Aujourd'hui, la démarche consisterait à quitter cette religion fondée par l’empereur Constantin. En effet, cet empereur, avide de pouvoir et conduit par le projet politique de refaire l'unité de l'empire romain était trop enclin à soumettre le peuple dans la droite ligne d'un César. Constantin avait trouvé dans l'approche paulinienne les ingrédients dont il avait besoin pour arriver à ses fins : l'obéissance et le culte de l'effort, associés à celui de la rédemption par la souffrance, et des sacrifices de toutes sortes pour le bien de tous

Certes la démarche de Saul de Tarse, dit Saint Paul, est bien éloignée de l'enseignement de Joshua, dit Jésus qu'il n'a, selon toute vraisemblance, jamais rencontré ni même croisé. Jésus prêchait un amour universel, total et inconditionnel. Saul de Tarse, peut-être pour des raisons de carences ou d’incapacités physiques, se trouvait dans une tout autre “logique”. Le fait pouvait être liée tant à ses déficiences physiques qu'à ce goût du pouvoir et de puissance qu'il avait contemplés en tant que soldat dans l'armée romaine. 

C'est ainsi qu'il se complaisait dans la soumission et la souffrance à laquelle il avait trouvé un sens. En prônant cette rédemption par la douleur, l'obéissance et le sacrifice, il se trouvait en cohérence avec cet objectif. C'est aussi lui qui fit de la croix le symbole du christianisme. Jusqu'alors, il était représenté par le poisson et le partage, comme celui du pain. Un symbole d'amour eut été plus judicieux... (il faudra attendre l'idée du cœur immaculé de Marie ou celle du sacré cœur pour retrouver un peu de cette dimension)

Aussi, quand Joshua demandait à ses disciples de redevenir comme des enfants, il leur proposait de retrouver la confiance dans le lâcher prise, l'intuition et la spontanéité des plus jeunes, celle qui, justement, laisse poindre la conscience originelle de l'intuition et de l'amour. En effet, l'enseignement dudit Jésus n'est pas le christianisme paulinien repris par Constantin, mais le retour d'un animisme profond, joyeux, aimant et prospère.  

Alors vers où aller ? Vers la reconnaissance que nous ne sommes qu'une goute dans l'océan et que tout l'océan est dans la goute ? La physique quantique dit exactement la même chose. Il ne nous reste plus qu'à contempler ce fait et de s'en faire notre réalité profonde, première, fondamentale.

Cet animisme n'est que retrouver la trace d'un réel universel qui nous habite dès lors au plus profond de notre cœur. Il s'agit simplement de croire en son pouvoir de créer, d'aimer, de s'aimer et de remercier toujours encore et partout. Parce qu'alors, de surcroît, vient l'idée que tout adviendra...

Jean-Marc SAURET
Le mardi 28 octobre 2025





Lire aussi : " L'amour comme porte du progrès ... " 

A propos de "loi d'attraction" (21 10)

J'entends beaucoup l'idée qu'une loi de l'attraction régirait notre fortune ou notre pauvreté. Le phénomène serait placé sous l'influence de nos propres intentions, émotions et pensées. Mais cette approche utilitariste ne dit absolument pas ce dont il est véritablement question. La promesse consiste à donner à quiconque le moyen d'une opulence certaine. Beaucoup s'y exercent mais comme ils le disent, avec peu de succès, hélas. Alors la question qui arrive est : "Qu'est-ce que je fais mal ?" Cette situation mérite quelques réflexions...

Le seul fait de se poser cette question nous indique que ces pratiques relèvent une foi de plus d'une méthodologie matérialiste, d'une "mécanique" moderne. On répare l'univers de la réalité comme on répare sa voiture, le moulin à café ou le chauffe eau. Mais en matière de réalité il s'agit d'un tout autre paradigme.

Nous savons, grâce aux publications sur l'approche de la physique quantique, que nos pensées influencent la réalité que nous vivons. Ici, la place de l'observateur est aussi patente que décisive. C'est ce que l'observateur observe qui se révèle et se manifeste. Alors, le quidam entreprend de maîtriser sa pensée, de se forcer à visualiser ce qu'il espère. Et, apparemment, ça ne marche toujours pas... L'objet de notre désir, qu'il soit affectif ou matériel, n'est toujours pas là. Mais allons plus avant.

Comme l'indique et le propose le conférencier canadien Eckhart Tolle, la méditation ne consiste pas en une tentative improbable d'arrêter ses pensées mais à considérer l'observateur desdites pensées, c'est à dire le "soi pensant", une posture conséquente de l'approche quantique. De ce fait, la présente démarche s'avère ainsi bien plus simple et tout à fait facilement réalisable sans effort. 

En effet, méditer ne constitue pas une pratique ni fastidieuse, ni complexe, mais en un laisser faire simple et rapide : "je suis celui qui regarde penser" et comme le présentait Karl G. Jung, les pensées se délitent et s'estompent pendant que la sensation d'être s'installe plus fortement encore en "toute présence".

Ainsi, dans cette posture, le méditant s'installe dans une parfaite présence avec une complète sérénité. Il réalise alors sa posture d'observateur et commence à vivre en lui-même la résonance de la démarche. Il a lâché les préoccupations douloureuses (ou pas) de ses pensées, de son manque ou de ses frustrations et "se rencontre en paix".

Est-ce que le cœur de ses pensées était si important ? Du moins il l'a lâché et ne s'en préoccupe plus. C'est peut être là l'essentiel de sa réalité, après tout. En lâchant l'objet de son désir, l'acteur lâche aussi sa frustration de ne pas l'avoir encore. Il lâche la tension vers le succès, le gain, la réussite. Et c'est certainement là le plus important avec le fait de comprendre ce qu'il recherche vraiment dans cet acte méditatif.

Nous rejoignons là le point du lâcher prise comme le point de convergence de toutes réalités et sagesses modernes ou anciennes. Car il ne s'agit pas en l'espèce de changer le monde mais plutôt de se changer dans le monde. Cela ne veut pas dire que nous sommes impuissants à agir sur ce monde comme si nous étions chacun distincts du monde dans lequel nous vivons, mais bien de le laisser se développer et faire en toute sagesse puisque nous sommes chacune et chacun partie intégrante de la sagesse du monde, parcelle totale de la conscience universelle. Ceci rejoint la pensée bouddhiste que la vague est l'océan et que tout l'océan est dans la goutte.

Ainsi, forcer pour obtenir ceci ou cela, prier ou pleurer pour atteindre tel ou tel champ ou niveau, se révèle être parfaitement absurde. Prier ou pleurer pour obtenir quoi que ce soit marche contre soi-même puisque, selon ces diverses sagesses, nous sommes de ce grand tout, de cette conscience universelle. Il s'agit de redevenir partie intégrante de ce grand tout et de lâcher prise pour que le meilleur se réalise. Ce meilleur qu'a pensé la conscience universelle que d'aucun nomment dieu.

Je me rappelle ce passage des évangiles où Joshua, dit Jésus, indique dans son sermon sur la montagne que "le père" s'occupe de nourrir les oiseaux du ciel, de vêtir les lys des champs et qu'ils n'ont pas à s'en soucier. Si ce fameux "le père" est bien nous-mêmes, et donc cette conscience universelle dont nous sommes, alors nous savons que tout est prêt pour que le meilleur se passe. C'est ainsi que toute action volontaire pourrait bien aller à l'encontre de cette réalité déjà pensée, structurée, prévue et déjà là.

Ainsi, la meilleure des prières est bien de contempler ce qui est là, ce qui se passe sous nos yeux. Car, comme nous le savons aussi, il n'y a qu'un seul temps, le présent dans lequel passé et futur se mélangent, et sont déjà et encore là. Nous savons aussi que, comme nous le précisent bien des sagesses du monde, rien n'est séparé, que tout est interdépendant, que tout est "un". Alors, lâcher prise et contempler, ou observer ce qui se passe, est notre meilleure contribution "mécanique" à la réalité.

Voilà une belle opportunité pour revenir sur la pensée de saint Thomas, quant il affirmait qu'il ne croit que ce qu'il voit. C'est bien l'inverse de ce qui se passe : nous ne voyons que ce que nous croyons, et peut être est-ce là le point focal de l'attraction dans la puissance de notre conscience. Dit autrement, nous allons retrouver là toute "La puissance de la pensée imaginaire" *....

Jean-Marc SAURET
Le mardi 21 octobre 2025

* https://jmsauret-managerconseil.blogspot.com/p/ouvrages-publications.html


Lire aussi : " Il nous faut retrouver la spiritualité  "


Ce qui est au centre de nous-même (14 10)

Il y a toujours, et en permanence, quelque chose qui nous occupe, nous préoccupe et dessine le présent que nous vivons. Positifs ou négatifs, ces éléments sont des soucis, des espérances, des joies, des amours, des craintes ou des peurs. Elles constituent des préfigurations de ce qu'est notre vie. Ces préfigurations, en même temps, colorent nos réalités. Elles font et structurent notre vie quotidienne. Ce qu'elles sont nous vient du cœur, de notre vibration à l'univers. Et donc, sur elles, nous avons la main, nous pouvons tout. Qu'attendons nous pour que notre monde soit beau, paisible et heureux ?

Pour ce faire, nous connaissons bien des méthodes qui nous aident : elles sont légion. Nous avons tout d'abord connu la confiance en la vie parce que nos parents et nos proches nous ont câlinés, protégés, accompagnés,... quoi qu'ils aient fait par ailleurs. Et puis nous avons appris la méthode du docteur Coué. Elle nous invitait à prononcer des pensées positives, à les répéter jusqu'à plus soif. Et ça marchait...

Et puis nous avons découvert la vie en groupe, à l'école puis au travail. Cette vie de groupe portait une culture, une pensée sur le monde et la vie. Elle était partagée et globale, et nous nous en sommes nourris. Oui, nous savons que l'environnement fait partie intégrante de nous-même. Et puis, venons aux expériences personnelles : comment les avons nous vécues, quand elles sont venues prendre place dans ce monde coloré qui nous attise. Ces expériences nous occupent, nous préoccupent et parfois nous passionnent, nous emportant dans le "flow" de notre vie. "Viens manger, Jean-Marc !" ; "Oui, oui, j'arrive..." et plusieurs minutes après, nous ne sommes toujours pas à table, emportés par ces représentations qui nous occupent pleinement.

Quand j'étais adolescent j'avais une amie, Isabelle, dont la présence m'enchantait. Je la vois encore avec sa robe légère et fleurie qui voletait quand elle courait. Dans cette période, je passais mon temps à attendre le moment où nous serions de nouveau ensemble. Et quand nous étions alors ensemble, toute mon attention était captée par sa présence qui m'enchantait. Elle était ma préoccupation constante...

Et puis vint ce temps où je découvris mes capacités à courir longtemps, pas vite certes, mais avec une redoutable endurance. Mon poids très léger m'ouvrait à cette possibilité. Je vivait cela comme la "revanche du maigrelet". Alors, j'organisais à l'école des entrainements avec trois copains qui aimaient ça. En fait, ils couraient pour moi, se relayant à m'accompagner sur quelques tours de cour. Mon activité consistait à être sûr de toujours arriver le premier. Et j'y arrivais, tout en prenant des paris que j'honorais avec joie !

Ma plus grande fierté a été, plusieurs années durant, lorsque nos éducateurs organisaient pour nous les "jeux olympiques de l'école", de faire remporter la coupe à ma classe. C'était à l'occasion de la course de fond qui faisait concourir tous les élèves de l'école. Je dominais allègrement face à des concurrents bien plus âgés et aguerris... Il me souvient que c'était, comme dans un rituel, toujours mon copain Yves qui arrivait juste derrière moi, "mon l'éternel second". Cette qualité me conférait un statut singulier.

Voilà quelques scénettes dont bon nombre de personnes auront fait l'expérience sur des sujets et dans des circonstances diverses. Les effets et conséquences sont bien d'essences similaires. Chacune et chacun retrouvera là ses propres aventures avec sa préoccupation du moment.

Je compris assez tôt que ce qui nous occupait était comme une identité supérieure qui orientait nos efforts et nos vies. Je compris bien plus tard qu'il s'agissait là d'un processus sur lequel nous pouvions avoir la main, ce qui nous offrait un sac de perspectives heureuses. D'abord j'associais cette pratique à l'effort. Je n'étais, en l'espèce, que la "victime" de ma culture matérialiste.

Aujourd'hui, je sais que l'effort ne sert à rien : il suffit de s'intéresser à ce qui nous préoccupe. Nous avons, à partir de là, la capacité de nous focaliser sur ce que nous voulons vraiment, afin d’en être habités, et pour développer les activités que nous souhaitons. Le jour où je n'ai plus mis la musique au premier plan de mon identité, alors j'ai baissé en compétence. Il m'a fallu publier un livre de mes œuvres pour faire exister ce temps de ma vie et cette période de troubadour.

Aujourd'hui, j'écris pour penser juste, pour développer une pensée critique construite, et je suis entièrement occupé par cette démarche. Pourrions nous partager notre préoccupation ? J'en doute. Il s'agit là d'une démarche tout à fait personnelle, mais aussi passionnelle et émotionnelle, laquelle est le moteur de cette posture vertueuse.

Pourtant, théoriquement oui, c'est possible puisque être préoccupé est le résultat d'une activité mentale. Certes, voilà une capacité à se préoccuper de ce que nous ”voulons bien”, et de ce que nous souhaitons. Il s'agit surtout, en cette occurrence, de se débarrasser, de se dépassionner de “tout” ce qui ne fait pas notre bonheur. Sans doute plus aisé à ”dire” qu'à “faire”,... et pourtant ! Si l'on ajoute en effet à cela la perspective de développer des compétences qui viennent de cette “passion” plus ou moins latente ou patente, mais néanmoins bien présente, alors tout un univers s'ouvre à nous.

Cette pensée “préoccupante” fonctionne comme une référence qui légitime ou délégitime ce que j'entends, [ou pas], d'un autre. La référence dont je l'affuble vient crédibiliser ou décrédibiliser son propos. Il en va de même pour ce qui me préoccupe, ou m'intéresse, de façon plus ou moins explicite : est-ce que je le comprends et en fais quelque chose, [ou pas] ?...

Maintenant, voilà une nouvelle question se pose à moi : est-ce que ce qui me préoccupe et me pilote est une véritable version de moi-même... ou “seulement” une perspective dans mes liens sociaux ? Mais la question peut être d'une essence plus complexe encore, et s'apparenter… à la recherche du progrès de l'humanité ou de la vérité ? Vaste question !… Dans ce dernier cas,... Merci de votre réponse !

Par ailleurs, tout ce qui m'arrive, tout ce que j'expérimente, tout ce que je vis et réfléchis, vient percuter ma conscience et peut être perturber mes préoccupations, [quand elle ne vient pas les défaire et les refaire]. 

Ainsi il m'appartient de rester vigilant sur ce champ là, en me protégeant ainsi de tout dérapage, de toute dérive qui viendrait transgresser mes valeurs. Il s'agit, en l'espèce d'être “clair” sur ce que je suis profondément au fond de mon âme, dans mon univers et mes dieux. Mais est-ce que cela fonctionne aussi avec les problématiques matérielles de mon environnement ? Oui, sans aucun doute, mais nous y reviendrons. Alors, en quelques mots : lâchez prise et laissez faire, voici peut être les prémices du “secret”...

Jean-Marc SAURET

Le mardi 14 octobre 2025

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