"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.
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Passer de la victime à la victoire (05 01)

A la question d'un journaliste, "Comment avez-vous fait pour gérer des personnalités aussi fortes, voire rebelles, que celle de Nicolas Anelka par exemple?", l'entraîneur légendaire de l'équipe londonienne de foot d'Arsenal, Arsène Wenger, répondit : "Il faut sortir de soi et essayer de comprendre qui est l’autre. Cela demande de la curiosité, mais aussi une foi en l’humain. Quand tu as 19 ou 20 ans, il y a une envie de réussir, mais aussi beaucoup de peur. Ces jeunes n’ont souvent pas encore trouvé l’équilibre entre leur souffrance intérieure et le monde extérieur. Il faut essayer de les aider à prendre confiance en eux. Mais Nicolas Anelka, contrairement à l’idée qu’on en a, n’était pas difficile à gérer. Comme Emmanuel Petit, c’est un gars entier, qui vit dans un monde noir ou blanc. Mais, pour moi, ils n’étaient pas difficiles. J’ai senti chez Nicolas une honnêteté. Il est parfois impulsif ou excessif, mais il a une forme de droiture. Et, surtout, beaucoup de talent. En étant entraîneur, on apprend l’humilité. Les hommes peuvent toujours vous surprendre, dans le négatif comme dans le positif. La tolérance, l’ouverture sont indispensables. On ne peut diriger en étant suspicieux. Un entraîneur est un guide, et pour guider les hommes, il faut croire en eux."

Voilà non seulement une des meilleures leçons de management que j'ai pu entendre mais aussi une leçon de relations humaines, et de la sagesse pour tous les jours. Voilà comment passer soi-même, et faire passer l'autre, de la victime des circonstances à la victoire sur les conditions déterminantes. Cet article pourrait tout à fait s'arrêter là et nous laisser méditer sur le fond de cette réalité. L'essentiel dit : rester simple et modeste, lâcher l'égo fort et rencontrer l'autre en l'entendant profondément dans sa réalité. C'est notablement là, le maître mot, en "rencontrant" l'autre pour le découvrir, le comprendre, le connaître peut-être autan, et ou mieux que soi-même. Cela nécessite une réelle préoccupation de l'autre, du milieu, du monde, dans un travail continu.

Effectivement la victoire n'est pas un combat, elle ne se situe jamais au bout de celui-ci. Elle est comme la victime : une posture. Bienveillante ou malveillante, comme l'avait décrite Machiavel, c'est dans l'intention et la considération de soi, du milieu et de l'autre que se trouve le résultat. Toutes les attitudes et actions sont des résultantes de la posture. 

Il me souvient ce coach sportif qui nous faisait nous imaginer sur le podium bien avant l'épreuve. Il nous le faisait rêver, bien visualiser. Il ne restait plus qu'à conserver la posture durant l'épreuve.

Gamin, j'avais de bonnes dispositions aux courses de fond. Tous les jeudis, à l'école, nous faisions une course de plusieurs kilomètres. Nous partions et arrivions dans la cour de l'école. Je "savais" que j'étais le meilleur dans cet exercice, et tous les jeudis je terminais le premier. Un de ces jeudis, alors que je discutais en trottinant, mon ami Daniel me fit remarquer que ce coup ci je ne pourrais pas gagner, tellement d'autres copains avaient pris de l'avance. Je me tournais vers mon ami et lui jetais en lui tendant la main : "Tu paries ?"

Je me lançais alors dans une course joyeuse et déterminée... et terminais une fois de plus le premier. Que se passait-il ? Etais-je "mécaniquement", soit physiquement, le meilleur ? Petit et maigrelet, je ne le pensais pas, mais j'avais cette joie lumineuse de terminer à chaque fois en tête. Je ne me savais pourtant ni le meilleur ni le plus combatif. Etais-je persuadé de gagner à chaque fois ? Certainement pas. Me sentais-je obligé de gagner à chaque fois ? Certes non plus. J'avais juste cette joie lumineuse de vivre ce moment d'effort intense. La "victoire" n'était pas un but, mais une simple pratique joyeuse. C'est aussi ça l'essentiel !

Mais qu'en est-il de la posture de victime ? Il m'a été donné, à de nombreuses reprises, par mon métier de coach, d'accompagner des personnes dont nombre d'entre elles se pensaient victimes : victime d'une personne, d'une situation, d'une injustice, du système... ou d'elles-mêmes. Il m'avait été donné de comprendre que certaines de ces personnes venaient me voir pour que je les "protège" et que je les "aide". Il arrivait aussi que certaines commençaient à pleurer dès qu'elles s'asseyaient à la table.

Bienveillant et plutôt effacé, "j'aimais" ces personnes qui me touchaient par leur humanité. Je n'en restais pas moins effacé. Je m'empressais de leur approcher la boîte de mouchoirs jetables et, tentant de les écouter, je leur demandais de parler plus clairement afin que je comprenne ce qu'elles disaient. Le miracle se produisait : elles ne pleuraient plus et parlaient distinctement. Nous étions alors juste ensemble, sortis de rôles respectifs inutiles et brouilleurs.

Alors, mon action discrète consistait, par un jeu de questions-réponses et de propositions, comme dans une simple posture de grand-père bienveillant, d'humble ophtalmologue de la pensée, de les accompagner à traduire leur regard, leur faisant remarquer ce que ces personnes avaient sous les yeux et qu'elles ne semblaient pas voir : une autre considération de la réalité. J'agissais par écoute et reformulation, de manière à ce qu'elles trouvent elle-même la sortie du labyrinthe, le labyrinthe de leur propre posture de victime. Il s'agissait, en effet, pour ces personnes, simplement de considérer différemment leur situation, et leur place dans cette situation.

Peu à peu, en quelques séances, les victimes de leurs propres considérations passaient à la victoire sur les éléments. Car, comme l'écrivait l'empereur Marc Aurèle ; "Ce ne sont pas les choses qui nous gênent mais le regard qu'on leur porte !" Alors, de cette nouvelle posture, les actes utiles et efficaces arrivent, simplement.

Mais qu'en est-il de la posture de leader, de coach, de guide, de pédagogue ? Loin des ego et en toute compassion, nous nous situons exactement comme dans un moment de méditation ou de création artistique. Nous sommes dans la même situation quand nous peignons, jouons de la musique, jouons avec les mots et les formes. De la même façon, nous agissons en toute libération, sur des intuitions, en contact direct avec le réel, au-delà de nos amours et de nos peurs. Nous sommes alors en parfaite compassion avec l'autre considérant ses représentations et ses nécessités. Selon moi, c'est certainement ça "faire du coaching"... voire simplement être avec l'autre et converser sur ses considérations.

Comme la lumière de nos villes, cette pollution lumineuse qui nous empêche de voir les lumières de l'univers, ses étoiles, ses voies lactées et autres dimensions, ainsi nos propres certitudes et représentations, l'aspiration à quelques dites nécessités, nous empêchent de voir "autrement" le monde avec toutes ses opportunités comme autant de lumières dans ce firmament. Nous nous sommes mis dans notre propre ombre où dès lors nous devenons les proies, les victimes d'un univers pourtant neutre. 

C'est bien ce lâcher prise sur nos représentations, nos certitudes et nos nécessités, qui nous fera retrouver la lumière universelle et la vue. Lâcher prise nous permet de passer de victime à victoire. Il n'y a pas les forts qui gagnent d'un côté et les faibles victimes qui capitulent de l'autre. Il y a ceux qui pensent et savent qu'ils peuvent réaliser leurs espérances. Il faut juste qu'ils s'en rendent compte et le monde est sauvé...

Mais allons plus loin, si vous le voulez bien. Et si nous voulions agir sur le monde, sur cet environnement qui nous agace, nous frustre, nous infantilise, si nous voulions renverser la table, c'est qu'il y aurait peut être un chemin par là. Maître Philippe de Lyon, antique guérisseur légendaire, demandait en contrepartie de ses soins seulement de ne plus critiquer ses voisins pendant une semaine. Cela semblait contribuer au bien de l'humanité. Tiens donc ?...

Si l'on considère que notre égo est l'agitation désordonnée de la colère, de la peur et de l'ignorance, alors il nous empêche d'agir sur le monde comme il agit sur nous. Il agite chez nous ressentiments, jalousie, rancœurs, colères et parfois malveillance. Si le lâcher prise résout la colère, la gratitude répare les peurs. Il ne reste plus qu'à étudier et observer pour résoudre l'ignorance... et la bienveillance nous rend plus forts ensemble.

Au delà des ego surdimensionnés qui brouillent la réalisation de nos projets, la peur maintient en soumission, en esclavage (c'est ce qu'ont bien compris nombre de possédants et de privilégiés). Si l'on veut combattre, et ce serait légitime, alors nous perdons devant la puissance de feu de ceux qui ont le pouvoir et les moyens.

Les solutions sont en nous. Combattre la pression, la manipulation et le mensonge est une affaire de posture, pas de lutte. Les éléments de l'antidote sont la joie, la bienveillance et la gratitude (histoire de corriger nos représentations et donc nos postures). Alors, dans notre confinement "idiot" cultivons la joie et la bienveillance, louons nous d'être debout et remercions l'univers de tout ce qui nous arrive de bon ou d'apprenant (les mauvais trucs). 

Propageons-les, sans jamais céder à la peur idiote ni jamais contribuer aussi peu que ce soit à sa propagation. Le seul virus porteur de mort qui circule vraiment est celui de la peur. Elle tue toute humanité au nom même de cette humanité. C'est un paradoxe, phénomènes chéri des pervers narcissiques. Alors que la joie, la gratitude et la bienveillance développent l'humanité et soignent tous les maux. Hauts les cœurs !... Nous passerons alors de la victime à la victoire !

Jean-Marc SAURET

Le mardi 5 janvier 2021


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