L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Le bien, le mal, le vrai et le faux (19 03)

Ces valeurs que sont le bien, le mal, le vrai et le faux sont autant de concepts dont nous usons pour penser le réel, pour le qualifier, l'identifier, le comprendre et en parler. Ces repères sont comme des balises bien utiles pour mesurer ce qui est là. Et puis, nous classons nos aperçus dans la bibliothèque de nos connaissances. Nous les en ressortirons, le moment venu, tels que nous les y aurons "casés", peut être seulement pour les "renormer". Pourtant, même si l'on se rend compte que ces valeurs qualifiantes sont très aléatoires et totalement subjectives, - et bien que l'on s'en défende - nous en avons intrinsèquement besoin pour penser le monde et "savoir" ce qu'il est. Mais d'où nous viennent ces repères et que l'on vit comme absolus ou universels ?

Pour appréhender ces éléments, nous avons besoin de les pénétrer dans leur essence profonde. pour ce faire, il nous faut plus que l'intelligence : il nous faut l'émotion venue du cœur, celle que l'on nomme aussi l'intelligence du cœur. Or, nous ne les appréhendons qu'à partie de notre intellect. Ainsi, le "vrai" n'est pas issu d'un discours de vérité mais de la nature de la vérité. Est-elle le résultat de la preuve ou l'écho de nos âmes ? Le "faux" n'est-il que son contraire ou son reflet inversé dans le miroir, voire tout autre chose ?

Quand au bien et au mal, la question qui émerge est celle de la source même de ces valeurs. Qu'est-ce qui peut indiquer que quelque chose est bien ou mal, sinon la simple idée que l'on s'en fait ? Bien pour moi ou bien pour tous ? Ceci convoque toute ma représentation de l'humain, mais aussi ma place dans cet univers et tout ce que j'en fais, ce que j'en pense, en ressens ou en déduis. Ainsi, ces quatre points cardinaux du regard sur le monde que sont le bien, le mal, le vrai et le faux ne sont que dans nos têtes, et c'est bien nous, et seulement nous, qui les faisons vivre. Ils ne sont que l'idée que l'on s'en fait et que l'on projette sur le monde comme si c'était lui. C'est d'ailleurs bien à cela qu'ils servent...

Platon, puis Kant et Heidegger avaient remarqué cette distinction entre le sensible et l'intelligible. Ces domaines ne sont pas de même nature et ils ne convoquent pas la même pratique. C'est comme si nous demandions à nos mains et à nos pieds de faire la même chose, d'exécuter les mêmes tâches avec les mêmes performances. Nous ne demandons pas à l'intuitif qui dévoile le réel par le sensible d'opérer comme le déductif qui procède par calcul. Si nos mains démêlent aisément les nœuds, nos pieds nous transportent aisément même avec des charges supplémentaires. Il ne s'agit ni de n'avoir que des mains ou que des pieds, ni de procéder vers la connaissance que par l'intuition ou que par la déduction. Il s'agit juste de savoir ce que chaque voie est en capacité d'offrir, de fournir. Juste savoir aussi, que nous projetons ce que nous savons déjà comme des parangons sur le monde, tout comme s'ils venaient de lui-même.

Ceci me fait me souvenir de l'histoire de cette enfant qui court joyeusement dans la montagne en compagnie de son père. Elle danse, chante et crie et l'écho lui répond. Alors elle lui demande : "Qui es tu ?" et l'écho lui renvoie la question. Elle insiste : "Toi d'abord !" et l'écho lui renvoie encore la question. Elle s'écrie alors : "Tu es nul !" et l'écho lui retourne l'affirmation. Elle finit pas s'excuser et l'écho aussi. Alors elle lui crie : "Je t'aime !" ce que lui renvoie l'écho immédiatement... Demandant à son père ce que peut être cette "chose" avec laquelle elle parle, il lui répondit que certains l'appellent l'écho. Lui, en revanche, la nomme la vie parce qu'elle ne renvoie que ce qu'on lui donne...

Ainsi, vont le bien, le mal, le vrai et le faux qui sont dans nos têtes et nos cœurs,. Ils viennent et nous reviennent en échos et nous les voyons, en retour, comme nous les avons lancés, les pensant extérieurs à nous mêmes, appartenant et dépendants du monde, de l'univers comme relevant de ses propres lois. Ainsi, nos références à "penser le monde" ne sont que la projection de notre propre monde intérieur, en l'occurrence cette vision profonde que nous nous faisons de l'univers et des dieux. Car c'est bien au plus profond de nous-mêmes que toutes les sagesses du monde s'accordent à penser que se trouve le réel...  Il nous reste à creuser… Sisyphe, quant à lui, poussait son rocher !

Jean-Marc SAURET
Le mardi 19 mars 2024

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Le corps, l'âme et l'esprit dans la sensation du réel (12 03)

Dans ses recherches scientifiques sur le temps, l'espace-temps et la causalité en regard de la physique quantique, le physicien Philippe Guillemant, propose cette analyse. Pour lui, l'être humain est réellement constitué d'un corps physique, d'une âme intuitive longtemps oubliée et d'un esprit rationnel fortement priorisé jusqu'alors. On pourrait ainsi dire que le corps physique est le siège des sensations, de désirs et de pulsions. Ainsi, l'âme serait-elle le siège de l'intuition et des émotions. L'esprit, quant à lui, serait ce que l'on nomme le mental, en d'autres termes, le siège de l'égo et de la rationalité.

J'avoue que j'ai quelques difficultés avec les classifications et autre écartèlement de la réalité. Tout en conservant les entités qu'il évoque, j'aurais plutôt tendance à dire - mais c'est le sociologue qui parle et pas un physicien - que ces éléments ne sont que des postures de la personne dans des cultures particulières, voire distinctes. Ceci est, du moins, en raison de représentations sociales disparates et soumises à des sollicitations sociales et culturelles diverses, comme la cupidité légitime, l'hubris, la peur et l'amour, selon des intérêts et des préoccupations à l'aune de valeurs, c'est à dire de ce qui est important pour soi.

Bien sûr que les pulsions côtoient un "égo raisonnant" bien expérimenté mais aussi bousculé par des intuitions et des affects. Mais avons nous pour autant besoin de classifier ainsi différentes part de l'humain ? Ceci me dérange. Ce serait comme si, en séparant, distinguant et classifiant des particularités antithétiques, nous serions plus à même de toucher le réel. En cette matière, la complexité n'est pas utile. Elle ne facilite pas l'intelligence des choses et parfois s'en éloigne, voire l'obscurcie.

Il est vrai que cette construction "classifiante" présente quelques avantages, notemment de donner une puissance égale aux sensations et pulsions qu'à l'intuition et aux spéculations de l'égo dans l'œuvre de sa vie. En effet, le paradigme social finissant, matérialiste et rationaliste, ne considérait que ce qui se mesure, se compte, se lit, se voit et se constate. Il s'agissait d'un monde où l'erreur est humaine, celle du sentiment et des émotions, où l'intuition n'existe que comme un hasard. C'est là un concept utile à ranger tout ce qui ne s'explique pas rationnellement. La notion d'aléatoire permet de tout faire rentrer par ce fourre tout dans les équations mathématiques.

Effectivement, nous avons changé de paradigme, ce qu'explique avec intelligence et brio le même Philippe Guillemant dans son ouvrage "Le grand virage de l'humanité" aux éditions Guy Trédaniel (mai 2021). Au delà de la question du futur déjà là et transformable, par lequel phénomène il décrit ce "grand virage" où la personne sort de son état limité de machine biologique, il réintroduit la question d'une conscience universelle de laquelle nous sommes partie prenante. Elle prend toute sa dimension actuellement. Ainsi il montre la prééminence d'un libre arbitre enfin retrouvé, une intuition active adossée à une rationalité complémentaire et nécessaire à notre mental.

Face à cette représentation du monde, nous avons tendance à tout catégoriser, découper, classer, à ratisser large le réel, histoire de se dire que nous l'avons bien compris et que tout est sous contrôle. Nous observons les sept couleurs de la lumière et de l'arc en ciel, alors que ce spectre est un continuum où notre regard fixe ce qu'il reconnait au centre de chaque bande qu'il a identifié. Ce sont les sept péchés capitaux, les cinq blessures de l'âme, les cinq sens, les cinq sentiments, les quatre accords toltèques (augmentés d'un cinquième), la trinité, les sept merveilles du monde, etc. C'est la classification périodique des éléments au niveau atomique. C'est la classification des espèces en familles, et ainsi de suite. C'est aussi la catégorisation du temps en trois : deux objets que sont le passé et le futur, objectivés parce qu'ils ne sont pas là, bien que physiquement délimités, et une troisième dimension qui ne peut être objectivée : le présent. Celui-ci, par ce qu'il est l'immédiat, se retrouve sans limite et donc de nature immatérielle à contrario des passés et futurs.

A l'observation, nous comprenons que c'est notre regard - avec ce besoin de comprendre et maitriser dans une représentation matérialiste et mathématique - qui nous fait découper des continuums selon des variables que nous avons projeté nous même. Et si quelque chose nous échappe, on le range dans le hasard et l'aléatoire. Alors, tout cela rentre ainsi dans nos équations avec formules adaptées et modulables.

Mais le réel est certainement plus simple dès lors que nous le regardons en plage plutôt qu'individualisé. Définir des pôles allant de droite à gauche, d'en haut en bas, du masculin au féminin, du lourd au léger, du fort au faible, du près au loin, du fragile au résistant, etc. est encore une catégorisation des choses mais par rapport à soi, par rapport à une position, la notre. Il s'agit davantage d'une situation que d'une classification. La formule est alors plus légère et plus simple.

Ainsi, considérons comment et avec quoi nous apprécions le réel. Avec les sensations que nous disons sur la base de ressentis, des représentations que nous projetons, des enjeux et intérêts qui nous occupent et nous préoccupent. Voilà, je viens de faire une nouvelle classification utile... Pourquoi, même si elle me semble juste, l'ai-je faite malgré tout ? Parce que c'est là la structure de mon mental : il a besoin de structure parce qu'il est de nature mathématique.

Est-il le seul pôle d'entré dans ma conscience ? Nous venons de voir qu'il y a aussi les sensations, les représentations, les préoccupations. Outre qu'il s'agit là d'un mode interactif avec le réel, il a les moyens de ne pas classifier, catégoriser, soit diviser, découper et individualiser le réel, ce qui le réduit et ferme bien des portes à la perception.

Comme nous l'avons déjà vu nombre de fois, d'autres voies s'offrent à nous hors du mental : la contemplation, la méditation, l'intuition. Ce sont là des "imprégnations" directes du réel. Je rappelle cette historiette du savant anglais rencontrant un Yogi et qui lui demande où irait une pierre lancée avec une force infinie. Le Yogi lui répondit après une courte médiation : "Dans ma main !". Il faudra encore attendre plusieurs années pour que la science occidentale considère l'espace courbe et donc donne "réalité" à cette hypothèse.

Ce que nous explique scientifiquement Philippe Guillemant, dans son ouvrage "la physique de la conscience" (juin 2015 aux édition Guy Trédaniel), est l'existence "prouvée" d'une conscience universelle à l'origine de la matière et à sa base, dans sa composition même. Et cette conscience est vibratoire. Comme le disait Nikola Tesla, si l'on veut comprendre l'univers et les choses, il nous faut penser en terme d'onde, de vibrations et de fréquences, juste ce qu'est la conscience.

Si nous poussions un peu plus loin l'observation, nous percevrions que notre identité profonde, comme notre conscience, ne nous est pas interne, mais élémentairement universelle. Dès lors des phrases comme "Ce que vous faite aux autres c'est à moi et à vous que vous le faites" prennent une réalité profonde. Nous l'avons déjà évoqué et nous y reviendrons.

S'il y a, comme le démontrent ces physiciens quantiques, une conscience universelle dont la notre propre ne serait qu'un accès. Alors voilà d'autres voies de connaissance qui s'offrent à nous, directement, sans passer par le découpage ni la classification du réel, sans la morsure du mots.

Dans ces conditions, je suivrais alors l'invitation du biologiste américain Bruce Lipton qui nous amène à considérer que nous possédons aussi des neurones dans le cœur et les intestins, constituant ainsi un deuxième et troisième cerveau, intuitif et "tripal" et par ceux-là en connexion. Alors, pourquoi ne pas s'en servir, taire de temps en temps son mental pour "intuiter" et ressentir le réel ? Nombre d'entre nous font ça spontanément et naturellement, sans "réfléchir". Apparemment ça leur va bien... Alors, pourrions nous en ouvrir les portes ?

Jean-Marc SAURET
Le mardi 12 mars 2024

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Percevoir le réel (05 03)

Philosophes, psychologues, psychanalystes et scientifiques de l'humain ont tenté de décortiquer ce que sont en conscience le réel et la réalité. Nous savons par eux que si le réel semble inaccessible (indépendamment de nous), la réalité serait un construit personnel et social, parfois inscrit dans un "discours de vérité". Paul Watzlawick, acteur important du "collège invisible" de Palo Alto, en a déduit l'approche constructiviste avec toutes les conséquences actives sur nos relations humaines. "Si je pense que l'autre est bon, il le devient. Si je pense que l'autre est idiot, il aura tendance à le devenir aussi". 

Approfondissant la question, le psychanalyste Carl G. Jung pensait que nous ne serions que le fruit de notre environnement réel, culturel, social, symbolique et inconscient. Au delà de son approche par archétypes, il affirmait que "Celui qui regarde à l'extérieur dort. Celui qui regarde à l'intérieur se réveille". Il pensait profondément, comme d'autres sagesses anciennes et actuelles l'ont dit, que le monde intérieur est la cause et le monde extérieur son effet. Il centrait la réalité sur notre pensée et nous proposait ainsi : "Ce à quoi tu t'attaches te possède. Ce que tu nies te soumet. Ce que tu acceptes et accueille te transforme et s'efface. Ce à quoi tu résistes persiste." 

Bien au delà du fait que nous ne voyons et vivons que ce à quoi nous croyons (et non l'inverse), l'idée de percevoir le réel au delà de nos réalités reste plus qu'un mystère puisque, selon les théories de la physique quantique, il n'y aurait de réalité que pour un observateur qui la regarde, c'est à dire une conscience. C'est de fait ce qu'écrivait déjà Schopenhauer en 1818 : "La réalité est un objet pour un sujet qui la regarde. Si le sujet s'en va, l'objet disparaît..." Ainsi donc, se pose aussi la question de la prédiction et de la médiumnité. Ce qui est perçu à venir est-il une réalité perçue ou plutôt une projection. C'est à dire la réalité est-elle une création personnelle ou un aperçu qui me précède ou précède mon regard ? Alors, regardons de plus prés.

Aujourd'hui, d'autres questions surviennent comme qui sommes-nous ? Certainement ni nos possessions, ni notre mental, ni notre intellect, ni nos idées ou opinions, ni nos passions ou professions, mais seulement ce qui est au bout de la sensation d'être. Cependant, nombre d'entre ces questions émergentes sont globalement dans la même représentation matérialiste comme j'en ai déjà traité. Pour exemple, ce qui se compare dans l'IA n'est jamais "ce qui est". Ce sont simplement des données compilées avec des éléments de proximité déposés là par ceux qui ont fait le logiciel voire quelques représentations sociales inscrites dans la culture.

L'imagination est le seul champ utile et judicieux de mise en relation, jusqu'à la comparaison, jusqu'à la distinction, puis à l'identification dans une identité propre. Ce sont nos lectures et projections qui font le travail.  "L'intelligence est dans l'imaginaire, pas dans la connaissance ni les faits eux-mêmes" disait Albert Einstein. "L'intelligence, disait Piaget, n'est pas ce que je sais, mais ce que je fais quand je ne sais pas." L'IA ne possède aucune dimension de conscience. Elle n'est qu'une gestion (grotesque ou fine) de données, donc loin de toute intelligence. L'IA n'a aucune idée de rien. Elle n'est que compilations et traitement de données.

Le bouddhisme zen nous dit que nous bâtissons notre monde avec nos idées. On prête au Bouddha que nous sommes ce que nous pensons. Le devenons nous ou le sommes nous ?Gandhi avait demandé que nous soyons le monde que nous espérons de manière à ce qu'il soit. Si notre pensée a une incidence profonde et déterminante sur la réalité, n'est-ce là qu'un concept du langage ou bien un réel serait-il derrière ces réalités pensées ? J'ai souvent lu dans les articles spiritualistes des explications matérielles de la visualisation ou de la non pensée, comme l'activité neuronale et le changement de fréquences. Il me semble qu'ils reviennent ici à la pensée matérialiste. C'est là un paradoxe. N'y a-t-il pas autre chose qui se passe, plutôt du côté de l'intention, des sensations et de la pensée comme ces propos le suggèrent ?...

"La conscience est notre pilote" nous indique le physicien Philippe Guillemant,. "Comme la voiture ne crée pas le pilote, dit-il, le cerveau ne crée pas la conscience". La conscience est vibratoire, comme un son ou un rayon lumineux. On la perçoit comme on l'émet. Elle est instantanée, totale et universelle. Elle "résonne" dans le vide magnétique de l'univers et des atomes, nous indique le physicien Nassim Aramein. Les hindous la situent dans l'Akasha et parlent de bibliothèque akashiques. La percevoir est dans le vide de la méditation, l'absolu lâcher prise de la contemplation, nous indiquent quelques spiritualistes.

Parmi les résonances de la conscience, existent les synchronicités, les résonnances entre conscience émise et perçue. Existent aussi les perceptions à distance comme les militaires, dans le secret, l'ont étudié et expérimenté. Il en va de même de la télépathie et des phénomènes dit de prémonition ou les effets Glapion ainsi nommé par Jacques Audiberti. Ainsi, nous comprenons que l'imaginaire ondule dans le réel comme n'importe quelle réalité. Est-ce pour cela que notre cerveau ne fait aucune différence entre le rêvé et le vécu ?

"Notre approche matérialiste du réel est fausse" déclare Philippe Guillemant. La mémoire et l'intuition sont du même ordre vibratoire que toute connaissance ou pensée, émission de conscience. Si la conscience est à l'origine de la matière, selon la physique quantique, les sagesses anciennes le disaient déjà. En occident c'est le mot qui est créateur (ouverture de l'évangile de Jean) et en orient c'est le Om (ou Aum). Nikola Tesla écrivait : "Si vous voulez trouver les secrets de l'univers, pensez en termes d'énergie : fréquence et vibration. Le jour où la science commencera à étudier les phénomènes non physiques, elle fera plus de progrès en une décennie que dans tous les siècles précédents son existence." Loin d'être de la "magie", nous observons là un certain chemin de retour vers une conception animiste, cette conception pratique de deux mondes interactifs et interdépendants, l'un matériel et l'autre spirituel.

En effet, des recherches à l’Université de Barcelone, conduites par Aparicio Terrés, ont mis en évidence qu'il y a une synchronisation de la pensée avec une musique ou un rythme extérieur entendu. Ainsi la pensée peut aller jusqu'à la perte de conscience. Nous savons que les tambours chamaniques produisent des changements d'états de conscience.

Cependant, nous constatons qu'il y a une communauté scientifique qui, comme un parti politique (ou une religion), est orientée dans une idéologie tendant à maintenir en l'état le système de croyance, celui du tout exclusivement matériel. Les neurosciences aujourd'hui nous indiquent que la "machinerie humaine" n'existe pas en soi. Elle est tributaire non seulement de son environnement (cf. l'épigénétique) mais aussi de pensées, du psychisme, voire du spirituel. Ce que l'on pense et ce que l'on croit déterminent l'évolution de la dite "machine". 

Par exemple, nombre de scientifiques, a delà d'une épigénétique activée par notre psyché, considèrent et étudient avec attention les phénomènes de guérisons spontanées et autres mutations inexpliquées. Ils étudient aussi la plasticité neuronale chez les "méditants". Par ailleurs, l'auteur Alain Damasio nous indique dans ses ouvrages que nous penserions avec tout notre corps, dans nos ressentis, nos émotions, nos sensations et nos sentiments. Ainsi, comme le prorogent nombre de penseurs quantiques, nous penserions globalement et concomitamment dans les vibrations de tout notre corps, notre âme et notre esprit.

Pour ceux-ci et nombre de neuroscientifiques, la conscience précèderait la pensée, l'intuition et la perception. Elle serait le référent à toutes nos constructions mentales. Elle nous est donnée et nous nous l'approprions. Le psychologue et neuroscientifique anglais Robin Carhar-Harris a montré que lorsque un sujet est sous psychotrope son activité cérébrale paradoxalement diminue, comme si la conscience, à l'instar de l'imagination, lui était "donnée" et non produite par son cerveau. Elle pourrait être "captée" comme un poste radio le fait avec des fréquences radio.

Le physicien quantique Niels Bohr déconstruit définitivement l'hypothèse de la mécanique matérialiste. Selon ses travaux, il nous disait que "Le bon sens qui voudrait que les objets existent de manière objective, indépendamment de notre observation, devient obsolète lorsqu'on considère la physique quantique." Un atome n'apparait à un endroit précis que si vous le mesurez. Si non, il n'a ni propriété ni d'endroit défini... Dès lors, il n'y a pas de réalité objective avant que nous ne l'observions. Ainsi, au lieu de regarder la réalité, nous la créons. Dit autrement, en dehors de nos observations, la réalité n'existe pas. 

Le physicien danois Niels Bohr précisait que "Toutes les choses que nous appelons réelles, sont faites de choses qui ne peuvent pas être considérées comme telles". Max Planck ajoutait que "La matière n'existe pas. Elle nécessite l'existence d'une conscience. Cet esprit est la matrice de toute matière." Dont acte ! Percevoir le réel apparaît donc comme une illusion. Il n'y a pas plus de réalité que d'observé. Puisque c'est la conscience qui est à la création du réel, il n'y a qu'elle à atteindre. Certains la nomment Paradis, d'autres Ether ou Archives cosmiques, voire Mémoire universelle ou encore Akasha, là où la création ne cesserait de se dérouler... 

Ainsi, la perception d'un futur est la perception d'un "possible en construction", une hypothèse en cours, comme l'explique Philippe Guillemant. Le passé, comme le futur n'existent pas. Ce sont des notions qui nous éloignent du présent dans lequel ceux-ci s'élaborent selon nos pensées (perceptions et croyances), nos émotions et sensations. Ce seraient ces élaborations que l'on percevrait en médiumnité et sur lesquelles nous travaillons consciemment ou non. 

En conclusion provisoire, il ne nous reste plus qu'à entrer directement en contact avec ce réel transcendant. Ce pourra être en méditation de pleine présence, en prière, en sa contemplation profonde, directe et universelle. C'est à dire que nous pouvons plonger en elle comme elle nous envahie quand on l'accueille, comme ont pu le faire des Baba Venga, Nostradamus et autres Edgar Cayce. Toutes les connaissances et "réalités" sont là ! Alors, faisons silence.

Jean-Marc SAURET
Le mardi 5 mars 2024

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Atteindre la paix sociétale (27 02)

La question de la paix sociétale occupe bien des échanges de personnes et des réponses partisanes nous viennent aux oreilles. Certains évoquent la protection nationale ou locale des arrivants "d'ailleurs", des influences extérieures. “Ailleurs”, “l'autre”, “l'étranger” deviennent les maîtres mots.  Je comprends cette réaction ordinaire qui suppose que le mal vient toujours de l'extérieur. Ceci est une pensée courte mais ordinaire. Ainsi donc voilà que se développe la tendance à se replier sur soi et à vouloir se protéger activement de la pluie, celle qui mouille et refroidit, à moins qu'elle ne fertilise. Mais regardons de plus près.

Je repense à cette légende urbaine qui raconte et répète que des mygales ont été trouvées dans des yuccas. Il se trouve que la symbolique qui sous-tend ce type de récit est simple à comprendre : la yucca est une plante venue de l'étranger et la mygale représente la mort venue de loin, du moins la menace que représente sa présence fortuite. La mort est ainsi introduite insidieusement de l'étranger. Il s'agit là d'un classique des peurs populaires. Ainsi, la réaction est le replie sur soi, sur l'entre-soi, voire "l'extrême soi". Elle est une réaction justifiée plus par la culture que par l'analyse de réalités profondes.

Bien sûr, les gens qui entendent ces informations et qui y sont sensibles, donneront toutes les explications et justifications plus logiques et convaincantes les unes que les autres. Mais cela reste un fantasme indigène. Je repense aux récits de crocodiles présents dans les égouts de grandes villes, comme New-York, Londres ou même Paris même. Nous sommes "sous" le même type de fantasme portant la même symbolique. Ce seraient des touristes, ou des travailleurs immigrés, qui auraient ramené, voire vendu à des personnes, des bébés crocodiles. Lesdites personnes, voyant grandir leur animal, s'en seraient débarrassées en les jetant dans les toilettes. Le début de la légende remonte à 1935. Ici aussi, la mort, la maladie, le danger, viennent de l'extérieur. Dès lors les gens ont la logique tendance à se replier sur eux même pour s'effacer à la menace.

Par ailleurs, selon le criminologue Alain Bauer, expert reconnu en sécurité, la violence n'a jamais été aussi forte depuis la fin de la monarchie. "L'insécurité explose en France du fait de l'incapacité de l'Etat à protéger les citoyens, à intervenir dans un temps raisonnable à sanctionner les coupables. Les violences hier extraordinaires sont devenues ordinaires et permanentes aujourd'hui. Parce que la justice est factuellement beaucoup plus lente que laxiste, les comportements d'autodéfense explosent tant dans la population citoyenne, que dans la délinquante. On la retrouve même dans la police elle-même." Cette réalité - et c'est le sociologue qui parle - vient renforcer et entretenir un climat d'insécurité bien en dessous du niveau de la violence réelle. Dans ces conditions, il semble que seul un "mieux de justice" est susceptible de ramener la paix.

A partir de ce constat, des courants politiques, dits populistes ou particulièrement à droite, trouvent dans ce constat un "pain béni". Ils diffusent un discours, un récit, alimentant la même "pensée courte". Selon celle-ci, la menace à notre tranquillité prospère, viendrait de l'étranger. Un adversaire est ainsi désigné alors que la responsabilité semble être celle d'un Etat effondré et instrumentalisé. Ainsi, bien des sous-récits viennent justifier l'importance de se replier sur soi, de refuser les étrangers dans a mesure où abondance de maladies et de violences seraient leur lot. 

Mais faut-il toujours craindre de l'extérieur ? Faut-il en avoir peur pour survivre ? Et si c'était là un frein à notre paix sociale ? "L'enfer, c'est les autres!" écrivait Jean-Paul Sartre. Il s'agit d'un drame intérieur qui nous fait toujours trouver la cause de nos maux en dehors de nous-même. Socialement, il en va de même, surtout si les acteurs se congratulent à le penser, se renforçant mutuellement. Si l'on regarde à l'intérieur de notre société, les avis divergent sur les causes de notre déchéance ressentie, de nos difficultés, de nos souffrances. Et cela pourrait simplement venir de chacun de nous, de nos pensées, de nos postures et je le pense sincèrement.

"Il faut juste se souvenir, dit Alain Bauer, que ce qui se raconte sur les migrants africains, sahéliens et arabes, est le même contenu que ce que les journaux publiaient dans les années vingt sur les polonais catholiques, les italiens catholiques et les espagnols tout autant catholiques..." L'ignorance de l'autre, de sa culture et de son histoire, nous le fait craindre bien maladroitement. Nous ne verrions plus alors que sa caricature, et le ridicule devient lui aussi ordinaire. "Ce ne serait pas la religion des acteurs de violence qui serait à leur origine, mais la jeunesse fébrile de leurs auteurs" ajoutait Alain Bauer.

Dans une société néolibérale sans éthique, le modèle de comportement pour une population sans père ni repère est incarné dans l'objectif "d'en profiter" au maximum. Dès lors l'intérêt pour l'intelligence de l'analyse s'étiole. Les pensées courtes dominent. L'urgence devient la norme. L'efficacité immédiate ne souffre pas d'attente. Tout frein au profit, considéré comme un droit fondamental, est vécu comme une violence, une de plus...

Si l'on analyse de manière plus approfondie la situation des déséquilibres sociaux, notamment en France, on s'apercevra qu'il s'agit davantage d'une politique conduite par une minorité dirigeante et fortunée. C'est la même qui produit l'appauvrissement et l'insécurité des gens aux moyens modestes. Or, l'insécurité tend à pérenniser la culture de la peur, celle qui construit un repliement sur soi. L'objectif réel d'une telle politique, dit-on, est la mise sous tutelle des gens, de provoquer une obéissance bien alignée. La peur est un moyen redoutable. Des chercheurs ont compris que le premier facteur de vieillissement et de développement de maladie est un psychisme négatif. Nous y reviendrons.

Il est aussi vrai que la minorité gouvernante a son propre monde, avec sa culture élitiste ségrégationniste et séparatiste. Elle a ses propres écoles depuis le collège (et même bien avant), des écoles privées de pauvres et souvent de logique républicaine. Cette politique ne souhaite surtout pas de pluralisme mais plutôt une seule culture, de préférence catholique romaine, celle de la "vraie religion" et des "élus". "Restons entre gens civilisés !" semble en être la devise.

On y apprend donc l'entre soi et la méfiance des autres, surtout des plus pauvres qui seront "forcément moins intelligents". Être d'une autre culture, serait en manquer. On se gausse, on détourne le regard, on se protège de l'extérieur. On retrouve toujours ici la même culture néolibérale de l'entre soi, de la méfiance vis à vis de l'extérieur. Ces gens là ont peur et recherchent l'appartenance à ce monde de l'élite. Ils s'y fondent, s'y mêlent, s'y assimilent jusqu'à la compromission. D'ailleurs c'est l'arme ordinaire de "la lutte des places" comme le développait le sociologue Vincent de Gaulejac. Cette posture est contagieuse et, par essence, a vocation à se propager dans toute la population. Cependant, les pauvres, eux, souffrent plus qu'ils n'ont peur : certains se sont accommodés quand d'autres développent l'art de la muleta, celui de l'évitement, de l'esquive.

On comprend assez facilement que favoriser l'immigration de gens plus pauvres encore aura une tendance certaine à faire baisser encore davantage les salaires Autre effet induit, on va ici générer de la rancœur, des jalousies et en conséquence ralentir les solidarités, augmenter l'individualisme néolibéral et plus loin forcer à la soumission. L'appauvrissement de la population qui engendre souffrances et insécurités est davantage le résultat de politiques de dirigeants fortunés et coalisés par leurs intérêts communs d'enrichissement continue que par une menace venue de l'extérieur. A vrai dire, pauvres et français moyens ne sont pas "des leurs", mais sont plutôt leur extérieur et matérialisent menace et danger !

Par ailleurs, on s'aperçois de surcroît que les populations pauvres, sans héritage ni fortune, exclues des revenus et autres plus-values, ont tendance à s'organiser sans les gouvernants, et ce avec efficience et intelligence. Ainsi, à Bogota, par exemple, en prévision de sècheresses annoncées, les plus riches s'étaient approprié les accès à l'eau potable abandonnant les plus pauvres à se débrouiller avec le peu qui leur restait. Ceux-ci se sont organisés localement, entre eux, et quand la sècheresse est arrivée, les riches n'avaient plus d'eau tandis que les plus pauvres en avaient toujours. Pourquoi ? Les pauvres s'étaient solidairement organisés.

On sait que les trois phases de l'agacement sont d'abord l'expression de la colère avec des cris et des reproches dans les manifestations d'insatisfactions et de reproches. La deuxième est la construction à part d'un autre monde solidaire mais détaché des sources du désarroi. La troisième phase est le renversement de la table avec la mort du roi. Nous sommes déjà en phase deux !

Cependant, j'entends bien souvent les plus pauvres comme les plus moyens, se plaindre de l'individualisme trop largement répandu dans la population (Pourtant, c'est déjà là une prise de conscience). La pollution culturelle marche, en effet, sur des causes communes comme la peur. Les libertaires sembleraient avoir perdu leur âme dans le libéralisme. Et si l'étymologie présente la même source, les idéologies se détachent très nettement. On connait bien les néolibéraux, mais je n'ai pas encore rencontré de "neo-libertaires"... Il y a en effet, sans doute, quelques anachronismes.

Par ailleurs, il me semble que l'intelligence est davantage dans l'observation et l'analyse que dans les "pensées courtes" et les a priori. Peut être avons nous davantage intérêt à développer nos intelligences collectives qu'à rivaliser individuellement dans le mode "chacun contre tous". Ni ce mode ni ce monde ne sont les nôtres. Ces éléments sont plutôt l'apanage de la pensée néolibérale. Celle-ci à eu tendance à transformer tout citoyen en consommateur, l'inscrivant dans cette posture individualiste du "chacun contre tous", une posture de dominant qui ferme derrière soi les accès à l'ascension sociale. 

Propager cette culture était-ce pour intégrer les pauvres dans leur logique sociétale ? ... ou plutôt pour éviter que ces gens-là pensent ensemble, revalorisant et pratiquant ces valeurs humaines de base que sont la conscience de l'interdépendance et l'indispensable solidarité ? "Un peuple uni récolte la victoire !" dit un slogan latino. Je crois qu'il est juste et les pauvres l'ont compris. Certains commencent à l'intégrer... Un nanti aura plus de mal à entrer en humanisme qu'un chameau à passer par le chas d'une aiguille. Je dois avoir lu ça quelque part, ou presque... Nous citions Sartre,  tout à l'heure et son “enfer”… Corrélativement, je pense à Camus qui  tenait un discours humaniste à propos de “l'Etranger”, justement.

Il va nous falloir maintenant simplement savoir, ou nous souvenir, que c'est ce que nous avons à l'intérieur de nous-même qui façonne notre extérieur. L'univers est le reflet de nos propres pensées. Je ne vois que ce que je crois, que ce qui m'occupe et me préoccupe. Je suis dirigé par mes seules envies et mes seuls intérêts. Il n'y a pas plus de réalité que mon seul regard porté sur le monde et polarisé par mes désirs. Changer le monde est d'abord changer mon regard, me changer moi-même, lâcher mes certitudes, mes convictions et regarder sans juger, juste pour voir et comprendre. Ce nécessaire revirement par un “pas de côté” m'apparaît aussi urgent qu'indispensable.

Alors, si le malheur ne vient pas forcément de l'extérieur, peut être avons nous quelque intérêt à développer la solidarité jusqu'à une certaine fraternité universelle. On va retrouve ici un certain humanisme simple qui consiste justement à "aimer les gens et le travail bien fait". Et dès lors tout se déroule simplement et efficacement. Le monde, du moins le notre, n'en sera que meilleur. Et comme Gandhi nous y invitait : "Soyons le monde que nous voulons". Construisons alors, et dès à présent ce monde meilleur, plein de bienveillance compassionnelle. Il est à portée de nos mains, de nos âmes et de nos cœurs.

Il se trouve que, si les pauvres sont capables de cette intelligence créatrice (dès lors que la menace est bien identifiée et que donc la solidarité est là), l'arrivée d'autres pauvres sur nos territoires pourrait être une belle opportunité de réflexions créatrices nouvelles et plus puissantes...  Arrêtez-moi, si je rêve ! J'entends déjà dire que ce monde-là n'arrivera jamais ! Les gens sont trop individualistes et manquent trop d'envie et de convictions ! Pourtant je me souviens de ce propos de Louise Michel à propos de la commune de Paris : "Cinq minutes avant, cela paraissait totalement improbable, et cinq minutes après c'était totalement évident ..." C'est fou ce que les valeurs néolibérales tombent rapidement avec le développement de la conscience... et ça peut aller très vite, avec joie, paix et même amour !

Jean-Marc SAURET
Le mardi 27 février 2024

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Et la conscience dans tout ça ? (20 02)

Notre psychologie occidentale est de constitution rationnelle. Elle est descriptive dans une logique mécaniste. Elle tend à vouloir tout mesurer, tout peser, quantifier, qualifier, identifier, compter et classer. Elle considère la conscience comme un épiphénomène de nos cerveaux car, selon elle, tout est matière, et ce qui n'en est pas n'est pas de l'ordre du manifesté, et donc n'existe tout simplement pas. Cette tendance occidentale entache toutes nos approches du réel, celles dont justement nous faisons nos réalités locales, personnelles et temporelles.

Nombre de communications dans la culture du monde spirituel présentent des classifications qui ressortissent à 'humain. Celles des différents corps identifiés à l'humain (physique, énergétique, éthérique, astral, mental, etc.) , répondent à ces caractéristique dans un ensemble de mondes singuliers catégorisés et classés (subtil, bas et haut astral, mental, multivers, etc.). Je reste prudent devant ces descriptions qui me semblent davantage répondre à la logique descriptive cartésienne qu'à celle de l'observation directe ou de la connaissance intuitive. Il est vrai, me direz vous, et je le concède, que nous ne voyons que ce que nous croyons et non l'inverse. Dont acte...

Ce que je voudrais rapporter ici, est ce que développent les physiciens  : elles posent que la conscience, comme nous l'avons vu, est universelle, et que nos cerveaux n'en sont que des capteurs intelligents. C'est ce que professent le neurologue Eben Alexander ou l'épistémologue Emmanuel Ransford. Il y a dans le quantique quelque chose d'insaisissable même pour des physiciens aguerris, qui laisse à penser que nous sommes en présence d'insubstantiel relevant plus d'une logique intuitive, voire psychique, que déductive ou analytique. Ainsi, on constate qu'il y a de l'immatériel dans la matière. Ceci fait dire à ces chercheurs que si la matière était seule dans l'univers, sans ce socle de conscience, elle ne serait pas cohérente.

Ceci nous indiquerait que la conscience ne serait pas qu'un phénomène mais aussi une entité en soi. Mais si nous devions la quantifier, la calibrer pour la mesurer, comme le propose la physique newtonienne, comment nous y prendrions nous ? Impossible. Nous nous situons ici dans une autre dimension, immatérielle celle-là. Ce qui, cependant, ne nous empêche pas de la penser sans pouvoir la représenter, et ce un peu à l'instar du divin...  Je me dis alors "et si le divin, c'était ça : la conscience universelle ?"...

La conscience est, à l'instar de la respiration, un phénomène efficient. Nous respirons et ce déplacement dans le souffle produit quelque chose : la vie du corps. Mais respirer n'est pas un objet (juste peut être celui de notre observation). La conscience est ce phénomène par lequel "nous nous rendons compte" et ainsi constituons des connaissances utiles, qui nous servent à notre développement, à notre création, à toutes nos activités matérielles ou psychiques. L'idée d'un stockage de ces connaissances dans un "Alkasha" vient donner corps à cette conscience, comme si elle était "chose". Mais ne confondons pas "se rendre compte" qui est le phénomène de la conscience avec ce qu'elle provoque et produit : la connaissance.

Comprenons aussi que la conscience est, à l'instar de la physique quantique, faite de répétitions du global au local avec des phénomènes d'intrication et de "non-localité". Ainsi, le tout se retrouve dans la partie comme ce qui est au global est aussi au local. Chaque conscience individuelle est une répétition de la conscience universelle. Tout serait en tout. Alors, pourquoi autant de différences de consciences du réel ? Mais encore faut-il que la conscience individuelle "prenne conscience" qu'elle s'accorde avec la plus vaste, l'universelle. 

La question de gestion autonome de l'expérience nous rappelle que la conscience n'est pas "pensante", qu'elle n'est qu'un phénomène, un processus, efficient, intriqué, intemporel et sans localité certes, soit un simple miracle ordinaire. C'est tout. Effectivement, d'une conscience à l'autre, si l'on ne se rend pas compte des mêmes choses, en terme de connaissance, c'est qu'il y a des "pertes" qui sont parfois des abandons de réalités qu'induisent les croyances dans les représentations sociales.

La conscience consiste justement à "prendre conscience" de ce qui m'arrive intuitivement en regard de ce qui m'arrive par l'expérience, de ce qui est déjà ma connaissance sociale. Il nous est alors naturel d’établir entre elles des rapports, de faire des relations, des conjonctions, des différences. Ces associations, et ces dissociations, deviennent autant de déductions constructives, "élaborantes". C'est là le terreau de nos représentations personnelles et sociales, lesquelles feront un cadre référent et structurant. Le résultat vient enrichir ma connaissance. C'est là la conséquence de mon activité de conscience. Et puisque j'en débats avec les autres personnes, nous co-construisons alors, et nous approprions des représentations communes et collectives à usage partagé. C'est ainsi que se construisent les cadres sociaux de notre vivre ensemble, ce monde commun. Tous ces éléments créent et enrichissent, en même temps la "connaissance universelle", celle de l'univers, dont nous pouvons avoir intuitivement conscience et à laquelle nous avons directement accès et que d'aucuns nomment la connaissance ou mémoire universelle, la sagesse ou l'Akasha.

Comme notre psychisme peut décider sur notre corps et agir sur nos mouvements et actions, il y a dans des niveaux plus infimes de la matière de la conscience qui décide, ce que Emmanuel Ransford nomme "endo-causalité". L'observateur lambda ne perçoit, ou ne comprend, de ce phénomène que de l'aléatoire, comme si rien n'en décidait. Ce qui ne serait pas le cas selon ce chercheur. Alors, depuis, cette approche scientifique propose l'idée que la matière serait une "ollomatière" composée d'une partie inanimée "objet matière" subissant une "exocausalité" et une partie animée "sujet psychique" répondant de cette endocausalité auto-décidante et agissante.

Ceci nous rapproche de l'animisme qui, depuis la nuit des temps, nous raconte que chaque chose est pourvue d'une "anima", laquelle décide et fait des choix actifs sur la matière. Je comprends que l'anima de chaque chose, qui transcende l'espace-temps de la matière, est cette part de la conscience universelle qui y participe. C'est à dire que chaque partie animée de la matière est une déclinaison de la conscience universelle et continue en permanence de contribuer tant à sa constitution, son enrichissement, qu'à son activité.

C'est notre conception matérialiste qui nous invite à séparer les choses en entités distinctes plutôt que d'en comprendre la nature. Comme la particule subatomique est à la fois particule et onde, toutes les choses du monde sont à la foi particule et onde, matérielle et résonance, concrète et spirituelle, que nous appelons "chose" et "anima", c'est à dire matière et conscience, un objet qui subie et une pensée qui anime.

Des sagesses ancestrales nous on dit depuis des centaines ou des milliers d'années ce que la science commence à comprendre dans des réticences de sa propre logique. Il s'agit d'une nouvelle révolution copernicienne et bien des "complotistes" qui ne veulent pas gober le discours officiel sans le questionner en font les frais.

Comme nos corps sont constitués de milliard de milliard de cellules endogènes et de milliard de milliard de micro-organismes exogènes, l'univers est à la fois matière et conscience, matériel et psychique, chose et esprit, concret et spirituel. La conscience est donc à la fois un simple objet de perception et un phénomène à portée créatrice, générateur de matière. Comme la vie est un phénomène et pas une chose en soi ni une entité, la conscience est aussi un phénomène dans la même dimension et pour la même portée. C'est notre regard qui la "chosifie", la matérialise. Elle est un principe, une puissance phénoménale, comme un phénomène est à la fois un miracle et un olibrius. Onde et-ou particule simultanément ...

Jean-Marc SAURET
Le mardi 20 février 2024

Lire aussi : "Ma présence réelle au monde que j'incarne"

Lire ailleurs : https://www.pressenza.com/fr/2023/03/comment-acceder-au-champ-subtil/

Deux mondes superposés (13 02)

Ces notions qui nous sont chères, ordinaires et habituelles d'espace et de temps sont strictement liées aux dimensions de la physique. La conception chamanique, vitaliste et shintoïste, est certainement la plus largement répandue dans le monde par les cultures animistes. Elles pensent le monde dans la superposition d'univers : l'un physique spatio-temporel et l'autre spirituel hors du temps et de l'espace. Il ne nous reste plus qu'à "voyager" de l'un à l'autre, dans leurs différences expérimentales, de dimensions et de réalité.

La conscience qui nous habite n'est alors que "se rendre compte". L'identité "qui se rend compte" ne serait pas du domaine de la physique mais plutôt du monde spirituel, ou psychique, c'est à dire immatérielle. Ce peut être juste la conscience elle-même qui se rend compte aussi d'elle-même. C'est là un monde que l'on ''intuite'', celui que l'Occident connaît si mal, qu'il ne comprend tellement pas qu'il s'accommode à le nier, à l'effacer de sa portée de vue.

Ces deux mondes ont leurs propres singularités. Le vivant physique présente une dynamique binaire, tout en respiration et alternance, comme les vagues de la mer déferlant sur la plage, ou l'alternance du jour et de la nuit, l'ombre et la lumière, les battements d'un cœur, diastole et systole, l'alternance des pas dans une marche, etc.

Le représenté, le mentalisé, à l'instar du spirituel, se conçoit en cycles, comme celui des saisons, des heures du jour, des jours de la semaine, celui des mois qui se succèdent et se répètent, du temps qui passe, des âges, des ères, la course du soleil, des planètes et des étoiles, mais aussi dans d'autres cultures, la roue de médecine ou le cycle des incarnations, par exemple.

Pour nous en rendre compte, nous avons à modifier notre conception de l'humain, à savoir laisser la machine biologique coincée dans le temps et l'espace, entre un commencement et une fin, dans un ici et maintenant. C'est elle qui nous ouvre l'illusion de l'intelligence artificielle et du transhumanisme. Comme le dit si bien l'ingénieur Luc Julia, spécialiste du domaine "il n'y a pas d'intelligence artificielle, il n'y a que de la restitution de données". Ce n'est là qu'une mécanique mathématique... Il nous faut alors passer au delà , et donc à l'être global universel, cette entité partagée dont chaque matière physique est une parcelle, là où se trouve la créativité, la vie et l'intuition.

Je repense à l'ethnologue des religions, Bruno Étienne, décédé en 2006, qui constatait que les religions les plus répandues dans le monde sont loin d'être celles du livre. Il avait constaté que c'était l'animisme présent aux quatre coins du monde. Son expression effective est le chamanisme. Il pensait aux Nénètses de Sibérie, aux Bushmen de Namibie, comme aux indiens Yaquis du Mexique, au peuple Kogui en Bolivie. En occident, le druidisme et le catharisme peuvent être cités comme exemples patents. Bruno Etienne s'était rendu compte que nombre de ces ''reliances'' (religions) comportaient parfois les mêmes rites, les mêmes gestes, voire les mêmes mots, sur les mêmes acceptions, sans que ni les acteurs ni les praticiens ne se soient jamais rencontrés.

Il nous indiquait aussi que toutes ces cultures ont la même conception structurante : un monde physique où nous sommes et dont les problèmes se résolvent dans l'autre monde, celui des esprits qui n'a ni temps, ni espace, ni commencement ni fin. Il s'agit d'un monde où tout est juste et bon, mais où tout se noue et se dénoue. Il nous faut alors nous y rendre...

Les cathares, héritiers de la religion orientale de Manie, pensaient que le monde de l'esprit avait été créé par Dieu. Corrélativement, le monde physique, celui où nous sommes, avait été créé par Lucifer (il fallait bien lui trouver un nom et celui-ci était disponible). C'était donc ce monde où les différences homme-femme posaient problème dans une civilisation qui ne savait choisir entre matriarcat et patriarcat. Il fallait donc le quitter pour quitter ce type de problèmes absurdes.

Le shintoïsme, philosophie animiste au Japon et aussi quelque peu religion, est antérieur au bouddhisme. Il permet de vivre socialement à la frontière du monde matériel et du monde de nombreux esprits qui l'habitent et interagissent avec tout un chacun. Pratiquer consiste avant tout à ressentir la nature et ses bienfaits dans une communion simple et directe afin d'en accueillir les formes d'équilibre. Il s'agit d'un mariage doux "d'êtres là" et de forces spirituelles de la nature animée. Ceci est véritablement proche des autres animismes connus autour de la planète.

Coupeurs de feu, faiseurs de secrets, magnétiseurs et guérisseurs par la prière, sont des exemples de chamanes qui n'ont pas ce nom mais sont, chez nous, des praticiens de cet animisme là.

Les médiums, comme le dit Denise Kikou Gilliand, cinéaste suisse, est cet être qui fait le lien entre le monde des esprits et celui des corps physiques, à l'instar des shamanes et autres hommes ou femmes médecine. Toutes ces cultures savent qu'il y a deux mondes interconnectés qui s'entrecroisent. Mais peut être parlons nous de deux mondes parce que le notre, par trop matérialiste, mécaniste et physique, ne sait pas prendre en compte les réalités spirituelles. Peut être que l'animisme est la ''conciliation intégrative'' de ces deux mondes qui, après tout, n'en sont qu'un. De toute façon, nous sommes à la fois et entièrement de ces deux dimensions.

Après tout, ces ''passeurs'' d'un monde à l'autre n'ont rien d'exceptionnel, même si ce qu'ils font le paraît (guérisons, communications, œuvres artistiques, visions dans le temps et dans l'espace, etc.). Le docteur Jean-Jacques Charbonnier pense que lorsque notre cerveau vibre à basse fréquences, il deviendrai dès lors perméable à d'autres informations venues d'autres dimensions ou vibrant à la même fréquence. Voilà une explication matérialiste de phénomènes et éléments psychiques, voire spirituels... Explication nécessaire pour les matérialistes que nous sommes...

Certainement les médiums sont-il des personnes très ordinaires mais elles vivent cette singularité sans retenue ni opposition et ce, avec une certaine efficience. Ceci nous les rendent rares. J'ai le souvenir d'avoir échangé avec un gitan à qui je confiais mes moments de sensations d'une autre réalité comme le matin au réveil ou lors de rencontres au hasard, et aussi que parfois des mots, des expressions m'échappaient sans que je ne comprenne pourquoi alors que leur sens apparaissait évident et tellement ancré dans le réel. Il me sourit et me répondit : ''Vous les gadjis (les non-gitans) vous trouvez extraordinaire des choses ordinaires. Ici, tous les enfants font ça !'' Cette culture animiste vit en résonance de ''l'autre'' monde.

L’au-delà n'est qu'un autre côté du miroir pour les uns, ou bien, pour d'autres, une illusion pour répondre à sa propre peur de la mort. Pour d'autres encore, ce peut être aussi une question, ou un mystère. En effet, cette construction en deux mondes dérange et contredit le paradigme matérialiste et mécaniste dans lequel tout est matière, physique ou chimie. On se voit alors rationnel, cartésien ou scientifique. En réalité, la valeur première de la science est le doute. Et le doute fait fuir. Ainsi viennent d'autres acteurs que j’appellerais des "scientistes". Ceux-là, au nom d'une science qu'ils pratiquent peu, assènent des certitudes, des "prêts à penser", que l'on sait être des pensées courtes. Porteurs d'une doxa certaine, ils ''anathémisent'' tous ceux qui doutent, et les excluent comme on excommunie.

Il n’empêche que de ce monde hors du temps et des espaces, sans début ni achèvement, ni finalité, ni même raison d'être, nous tenons des informations et des enseignements. On parle d'intuitions, d'informations, de ressentis et de réponses. C'est ce que relatent les "expérienceurs" de mort imminente. On trouve et retrouve ici beaucoup d'informations utiles et pratiques. La culture bouddhique parle de connaissances installées par les vivants. Les Hindous de bibliothèque akashique, les chrétiens de connaissances divines, etc. Nombre de physiciens quantiques, comme Nassim Haramein, auraient compris que la connaissance ''expériencielle'' s'inscrirait et s'accumulerait dans ce que l'on pense être le vide, lequel serait plein de vibrations, d'oscillations et d'énergies électromagnétiques.

Je repense aussi à l'expression d'Eckart Tollé qui suggère que "le physique et ses variables ne sont que l'expression temporaire de l'être", ici et maintenant. Ceci me renvoie à cette conception toujours présente dans mes pensées,, en l'espèce la question du sens : priver l'humain de sens c'est, ici et maintenant, comme priver une plante de lumière. Cette question est habituellement traitée dans des narratifs, des mythes et des contes. Mais le sens est une question de raison d'être. Pourquoi la chose est-elle là ? La raison est une mécanique de logique de ce qui se compte et se mesure. Nous sommes loin de l'illumination et de la grâce.

Ainsi le monde physique n'existe, et ne peut être, qu'adossé à ce monde spirituel hors du temps et de l'espace, sans fin ni commencement, parce que le champ de la conscience est du domaine de l'immatériel et en même temps la source de la matière. Le champ du miracle est compris et nommé ainsi parce que nous ne comprenons pas celui de la conscience. Si nous percevions ce champ de conscience comme appartenant à cet autre monde spirituel, alors l'idée de miracle passerait dans l'ordinaire.

Nikola Tesla nous invitait à considérer les vibrations et oscillations du monde si nous voulions le comprendre. Nous savons que pensées, imaginations et émotions peuvent se traduire en fréquences. C'est donc par là que ça se passe...

Ainsi, la mort n'est pas une fin (notion physique). C'est juste un "changement de monde", un passage simple. Il n'y a donc pas de multivers, ni de superpositions de mondes parallèles, mais juste des états de conscience divers et variés où les "parts d'être" se posent. L'imaginaire est donc bien cette conséquence créatrice de l'activité spirituelle de conscience.

Gardons bien en mémoire que le temps et l'espace n'existent pas, qu'ils n'ont aucun sens, dans le champ spirituel et psychique. D'ailleurs, nous nommons ce champ spirituel comme s'il nous était extérieur, alors qu'il est tout simplement psychique et donc qu'il nous est propre aussi. Là, tout est constant et partout à la fois. La question du sens devient donc seulement un question rationnelle, mentale et matérielle. Spirituellement, psychiquement, tout est à la fois et partout. On pourrait dire "constantané", de l'ordre de la permanence, de la constance omnilocale, voire "alocale" et univocale.

Ainsi, chaque culture s'habille de rites et usent d'artefacts qui mettent en forme leur animisme. Elles l'accrochent à des mythes. Il ne s'agit que d'habillage. Cela ne représente rien de fondamental puisque dans le fond, tous ces animismes sont la même chose, la même cosmogonie, comme le sont méditation, Yoga, Chi gong, sophrologie, auto-hypnose et contemplation.

La condition pour vivre ces sensations serait un "lâcher prise par ennui", c'est à dire sans intérêt ni enjeu. Et pourtant, ce qui fait vivre l'impact du spirituel sur la matière est l'émotion, ce que l'on ressent auprès du bonheur et du malheur, mais aussi de toutes choses. L'émotion est ce qui crée les éléments et les choses du vivant. Elle est ce langage magique, créateur au delà du mot.

De fait, il ne s'agit pas de nier la dimension matérielle mais de l'étendre à l'immatériel, au psychique. Alors nous pourrons voyager sur la marge des deux mondes, percevant l'un et l'autre dans leurs propres paradigmes, dans leurs singularités et dans leurs articulations. Nous sommes dans deux mondes et des deux mondes à la fois, comme nous avons deux bras, deux jambes, deux yeux, deux oreilles, deux poumons, un cœur en deux parties symétriques, deux encéphales, etc. Dès lors la réalité est plus profonde, plus large, plus "réelle"... C'est d'ailleurs la sensation dont témoignent les "expérienceurs" de morts provisoires ou imminentes. Cet onirique apparaît plus vrai que la réalité physique, laquelle leur apparaît floue comme un rêve.

Au delà de tout ceci, il y a le phénomène hypothétique des réincarnations qui vient alimenter la problématique. Un calcul mathématique est parfois utilisé pour la décrier. Avec l'augmentation exponentielle de la population il devient même improbable que tous les gens qui vivent à un temps T aient pu trouver un temps d'incarnation antérieur. Il y a autant, sinon plus d'habitants en simultané sur terre qu'il y en ait eu depuis la naissance de l'humanité.

Mais, comme le relate Victor Lazlo dans son ouvrage ''Nous sommes donc immortels'' (Ed. Tredaniel, 2017), lors de régressions sous hypnose, bien des personnes témoignent se souvenir de vies antérieures.  A cet effet, toutes nos expériences de vie sont inscrites dans les archives akashiques. On les retrouve dans l'espace de vide de la matière, au sein d'un champ magnétique. Je ne sais pourtant pas si la personne se souvient de sa propre existence ou d'une existence vécue par quelqu'un d'autre. Ce contenu pourrait être reversé dans ce stock d'informations d'une conscience commune.

Les bouddhistes ne pensent pas que c'est la personne elle-même qui se réincarne, mais quelque chose du "vivant total" ou "global" qui revient. Ainsi, il a été constaté qu'un seul Rimpoché peut revenir en trois enfants distincts et non pas seulement en un seul.

Dans le cas de souvenirs d'incarnations précédentes, il s'agit bien d'un vécu antérieur perçu, mais pas forcément le sien propre. Il peut être tout à fait recueilli dans ''le stock'' de la conscience vivante universelle. Gardons en mémoire le concept de conscience universelle et tout se clarifie.

Article difficile, j'en conviens tout à fait. Je pense que c'est dû à l'immatérialité dont nous voulons parler et témoigner, et que nous voulons décrire, expliquer ou commenter. Ça ne marche pas toujours car monde physique et immatériel, ou leurs parties, ne sont pas du même ordre. Il faudrait juste les ressentir pour en comprendre la singularité, la complémentarité et l'imbrication. Qui plus est, les tenants d'une partie nient l'autre partie dans laquelle ils ne se reconnaissent pas. D'autant qu'en la matière, il n'existent aucune preuves, seulement des indices à voir, des rapports d'expériences et d'expérimentations, à croire, comprendre ou pas.

Bien des yogis affirment n'avoir jamais rien lu ni étudié car ce ne sont là que des mots et des concepts qui encombrent le mental. Ils préfèrent largement expérimenter dans leurs pratiques les enseignement de l'univers.

Quant à nous, occidentaux matérialistes et rationalistes, j'ose penser que la bienveillance est un chemin vers cette marge grossissante, la réconciliation avec le monde animiste qui nous a vu passer, l'hubris au bout des lèvres et au fond des yeux. Il me semble aussi que la "pleine présence" sera un excellent exercice pour ce faire et se retrouver au cœur de l'être.

Jean-Marc SAURET
Le mardi 13 février 2024

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