L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " (JMS) Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision au plus profond de moi même sur l'être et l'univers. Profitez et participez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

L'art de croire et le poids de la culture (15 10)

En termes de durée de l'instant, on dit, que le temps s'écoule, qu'il ne faut pas le perdre et éviter d'avoir à courir après. On entend aussi qu'il y a le bon, qui est passé, que le présent seul compte et que le futur est parfois incertain, surprenant, quand il n'est pas considéré comme angoissant. Il faut aussi et surtout intégrer que la notion de temps est d'essence culturelle. Ainsi, passé, présent et futur constituent bien des notions liées à un positionnement dans l'espace-temps, un point sur un vecteur imaginaire ou culturel. De fait, très concrètement et factuellement, le temps n'existe qu'au présent. Seul existe le moment où l'on est, c'est à dire l'instant présent. Le reste est pensées supposées, et donc relues dans, et par notre mental.

Tout est présent ici, aussi bien ce que l'on construit comme étant du passé, et ce qui ressortit au futur.

En effet, le présent en l'état, son "aperçu" et sa construction dépendent des "préoccupations" présentes. Le futur, quant à lui aussi relève aussi du présent. De fait, ce que l'on imagine comme étant à venir, -qu'on le craigne ou qu'on se projette-, dépend assurément des préoccupations présentes. Je pense, par exemple, aussi bien aux appréhensions, aux peurs, aux attentes, qu' aux conséquences supposées de ce que nous avons vu, et perçu.

Parce que nous avons accueilli "en croyance" une notion trinitaire du temps (passé, présent, avenir), nous nous sommes aussi installés dans la conservation et la pérennisation de ce que nous croyons être notre histoire. En d'autres termes, notre passé construit et reconstruit pour un usage immédiat. Il en va de même pour notre avenir projeté. Celui-ci est à considérer comme une conséquence des deux premiers temps, mais revisités à l'aune de nos intérêts, de notre imaginaire, de nos croyances et de nos autres investissements. Il s'agit là du temps dit Chronos, en grec.

Ainsi, en permanence, nous inventons, reproduisons et transmettons des contes et légendes, ceux-là même qui justifient le présent et promettent un certain avenir. Ici, s'affrontent deux forces : les néo-gnostiques qui réinventent le futur à travers la promesse d'une apocalypse, et des néo-rhéteurs, agissant sur l'éthos, le logos et le pathos. Ceux-là débattent et réfléchissent sur le monde, sur son actuel, son présent, son quotidien et son devenir logique afin qu'il soit donné à croire.

Pour des raisons de commerce, la société postmoderne a transformé les citoyens en consommateurs avides et dépendants. Corrélativement, ceux-ci n'acceptent ni la souffrance, ni la douleur, ni les difficultés et répugnent à l'effort. En même temps cette société trouve logiques et ordinaires l'affrontement, la prédation, la concurrence et la compétition débridée. Elle déplore ce qu'elle produit là, à savoir le recours à la violence comme système de régulation de conflits.

Les néo-gnostiques sont à ce point certains de leurs histoires prédictives que les acteurs, à venir ou déjà là, n'ont pas d'autre raison d'être que de les réaliser ; ils sont les appelés, souvent même des personnages purement conceptuels. On retrouve ici le Clovis et la Jeanne d'Arc des seconds républicains.

En face, donc, il y a les néo-rhéteurs, ceux-ci indiquent comment penser. Non loin d'eux, les faiseurs-débatteurs vont user de leur intuition, de leur raison, de leur libre arbitre et de leur amour de la vérité pour tenter de comprendre et voir ce que le présent veut dire. Ceux là auraient plu à Einstein, Tesla et Poincaré.

Perdus, ou faisant masse, on va retrouver ici des gens avides de victoires ou de visibilité à courte focale. Ceux-là ont couché leur libre arbitre à l'ombre de pensées majoritaires. Paradoxe supplémentaire, on sait maintenant que les pensées précitées s'avèrent non seulement fausses, mais aussi liberticides et mortifères. Au bord d'un rond de lumière, nos pauvres “héros” dégustent leur servilité quand d'autres ont choisi la liberté. Est-ce que la symbolique dépasse la réalité ? C'est très probable...

Ainsi va la vision de notre société occidentale, telle que je l'ai comprise. La voici tiraillée entre profits à consommer et liberté à "jouir" et conserver. Mais que faire dans cet antagonisme ? Comment s'y prendre ?

Je me limiterai juste à noter que l’empowerment, -ce mot anglosaxon in-traduit à ce jour-, indique le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités sur les conditions auxquelles elles sont confrontées. C'est juste ce dont nous avons besoin pour reprendre le pouvoir sur les élites dominantes. Mais le mot n'existe pas en français !...

Cependant, je me garderai bien de jeter le bébé avec l'eau du bain. Poincaré disait qu'il disposait intuitivement du résultat de ses préoccupations. Ce n'est qu'ensuite qu'il en calculait la démonstration. Einstein, de la même façon rappelait qu'il avait l'intuission de réalités physiques et qu'il en cherchait ensuite la démonstration scientifique. Descartes, quant à lui, eut trois songes constitutifs, avant d'écrire son traité sur le discours de la méthode. Deux mondes sont bien superposés et tout notre travail d'intelligence est de séparer le bon grain de l'ivraie, de rechercher raisonnablement la vérité à l'aune de ce que ressent notre cœur. Autant d'éléments qui nous permettront d’accueillir “la Vérité” sans préjugé, juste comme une donnée réelle.

Mais faisons ici un petit détour culturel bien utile pour mieux comprendre. Si le christianisme façonne notre société occidentale néolibérale, la conception de Saül de Tarce l'habite profondément. Il s'agit de cette représentation de soi, associée à une image d'impuissance. On la retrouve dans le masochisme, qui fait de la souffrance la panacée sacrée de la sagesse, seule susceptible de permettre la salvation(il semblerait que c'était là la personnalité psychologique de ce dit Saint Paul). Prenant conscience de cela, dès lors le plaisir et la jouissance prennent toute leur place dans la relation à l'autre et au monde. Ils deviennent possibles, sains et louables.

Débarrassés de cette aporie émotionnelle, la sexualité, jusqu'alors assumée dans le sombre et le pervers, devient une louange à la vie, voire même sa célébration. Dans ces conditiohs, nous pouvons alors accueillir les femmes et les hommes qui préfèrent la connaissance à l'obéissance. La soumission reprend ainsi sa place raisonnable dans la faute et la faiblesse, l'impuissance et la bêtise.

Dès lors, l'obéissance va se trouver associée à la seule absence d'intelligence. Il faudrait alors, se considérer comme stupide, peureux et impuissant pour se soumettre. Voilà, je crois, ce que nous apprend cette prise de conscience. C'est bien cette conscience qui est et fait l'univers, celle que l'on retrouve aux antipodes de l'obéissance. Le christianisme n'est donc pas celui de Jésus, un personnage plutôt conceptuel, dont le récit de vie ressemble tant à celui de Mithra, de Socrate, de Dionisos et de bien d'autres personnages conceptuels. Il est en fait le christianisme de Saül de Tarce (dit Saint Paul) puis de Constantin, qui en a eu tant besoin pour reprendre autorité sur l'empire romain alors éclaté. Ce sont eux les fondateurs du catholicisme, et pour grande part, des christianismes. Ils ont placé en fondement de la relation à dieu, la souffrance réparatrice, la soumission et l'abstinence. Tous ces éléments n'ont d'autres fins que de promouvoir un ordre social.

La philosophie, qui est l'amour de la sagesse, se fonde sur la connaissance. Elle constitue l'antithèse de l'obéissance dans la soumission. Les populations simples et peu instruites, faute de connaissances et inscrites dans des récits structurants, ont besoin de merveilleux pour adhérer à une thèse, à une représentation, à un projet qu'il soit collectif, ou alternatif. Dès lors, les récits de miracles et l'hypothèse de pouvoir en produire soi-même, sont aussi les moyens ancestraux et ordinaires d'influencer les masses, voire les manipuler.

On retrouve ici les sempiternels propos bien surprenants autour de la loi de l'attraction, ou les autres lois new-ages.

Le principe même de la loi universelle s'avère une escroquerie intellectuelle à laquelle le psychosociologue Serge Moscovici répond par ce constat : "Les lois de la nature sont celles que la culture lui trouve !". Nous fabriquons ou relayons les représentations dont nous avons besoin. Ainsi, si la réalité de la nature ne correspond pas à la légende, c'est la nature qui a tort, ou bien le narrateur qui se trompe. Ainsi, la nature serait de forme prédatoire et n'offrirait de place qu'aux plus forts. Nouveau paradoxe, quand on sait que loups, ours et corbeaux collaborent en toute solidarité dans nos forêts.

La sagesse, en la matière, serait d'en reconnaître le processus. Comment admettre qu'une supposée puissance supérieure façonne le réel à condition de s'y soumettre. La notion de superstition est liée à la non reconnaissance de faits et d'actions dont on réfute l'efficience et la causalité. A partir de là, il peut être fait une classification entre les croyances officielles et les autres, dites superstitieuses.

Au delà de ces éléments, il nous reste encore à considérer que l'espace, le temps et la matière n'existent que de manière holographique. Ils émergent de la conscience comme un reflet.

Comme nous venons de le voir, les lois de la nature sont celles que la culture lui trouve. Nous les croyons réelles pour les voir. Il n'y a pas plus de lois naturelles que de noyaux dans une banane. Il n'y a pas de divin, sinon en nous mêmes, au creux de notre âme, au fond de nous, comme l'évoquait Aristote. C'est un peu comme si nous ne considérions de l'eau que son état de glace solide... En poussant la comparaison entre l'eau et la conscience, vous aurez tout compris. A l'état solide la conscience est matérielle et individuelle. A l'état liquide elle circule partout entre nous. A l'état gazeux, elle est une et universelle.

La réalité est des plus simple. Rien ne sert de multiplier les détails, les entités et les lois. Nous sommes de la conscience universelle. Nous ne voyons que ce que nous croyons et après, c'est là, et cela s'impose à nous comme une réalité.

Deepak Chopra relate que les Védas disent que désirer le fruit d'une de ses propres actions implique un manque de foi dans la volonté du divin de tout donner ! Il y a toujours quelque part un quidam qui dit ce que l'on a envie d'entendre, et c'est lui que nous nommons sage ou prophète. C'est un point de vue... Croire soulage. C'est bien plus simple que réfléchir, disait Carl G. Jung.

En revanche, l'apathie de la soumission obéissante est un aspirateur de stimuli émotionnels. Le système néolibéral en propose de nombreux, qui maintiennent le sujet en posture apathique de consommateur compulsif. L'argument vaut pour les stimuli sexuels et de satisfaction sensorielle. A cet effet, le cycle stimulus-geste-satisfaction occupe et encombre notre psyché.

Parce que nous sommes d'une culture, il nous est loisible de confondre la soumission à ses récits de vérité associés à l'acceptation de ce qui est. Les réalités culturelles ne sont pas le réel. Il nous faudra abandonner la soumission pour accueillir l'intuition raisonnable, cet équilibre entre réflexions et intuitions. La raison ne sert, de fait, qu'à expliquer ce que donne l'intuition, nous indiquant la finalité, et donc le but à atteindre.

Le problème que nous nous sommes fabriqué est d'avoir séparé la raison de l'intuition. C'est bien la sagesse qui élabore, ressent et "reçoit", la connaissance rationnelle, à partir des sensations du cœur, que l'on peut qualifier d’intuitives et fécondes. C'est le mariage des deux qui nous sera utile et salvateur comme l'ont fait de grands savant sur les épaules desquels nous tentons de voir plus loin. L'objet de ces articles est de tenter de rassembler ce que nous avons confusément dispersé par oublie et donc ignorance.

Alors, peut être faudrait-il penser toutefois à ne pas les mélanger. A présent regardons de plus près dans un exemple pratique et concret. Il est assez courant d'entendre des démonstrations spirituelles faire l'éloge de la convergence des raisonnements (je n'ai pas dit "la convergence des sagesses"). Ainsi pour démontrer la validité de l'intuition certains n'hésitent pas à invoquer la matérialité de la pensée dans des fréquences chiffrables, repérables, "normables", voire normées.

Ainsi, attirer des synchronicités, de bonnes choses, de bons événements, passerait par la résonance avec les fréquences de nos pensées. Assurément, dans ces conditions, l'intuition et la spiritualités passent à la trappe au profit d'une démonstration matérielle que le raisonnement souhaite déconstruire à terme. Ce n'est pas en changeant de champs que l'on change de paradigme, ou qu'on l'incrémente. Tout cela ne vaut que parce que l'on pense le raisonnement supérieur à la sensation. On peut le regretter, c'est pourtant un fait ! La raison ne se substitue pas aux apports directs de l'intuition.

Si l'intuition est un accès direct au réel, pourquoi en faire la démonstration puisque le principe même passe outre la raison ? Pourquoi aurions nous besoin de démontrer l'apparition, le surgissement ? Vouloir les démontrer est bien la preuve que l'on en doute. Ce qui est scientifique n'est ni intuitif ni spirituel. Pourquoi donc se renier pour "expliquer" que l'on est dans le vrai ? C'est absurde ! Nous avons un cerveau et un cœur, l'un raisonnable et rationnel, et l'autre émotionnel et intuitif. Ils sont complémentaires dans notre conscience comme la jambe gauche et la jambe droite le sont pour la marche.

Contentons-nous de montrer que ça fonctionne, que c'est là, comme le fit Jung avec le scarabée de sa patiente. Celle-ci rapportait l'avoir rêvé quand il vint cogner sur la vitre du cabinet où ils étaient... Accueillir le réel comme une réalité, alors chacun en fera son affaire à l'aune de ses certitudes, ou pas... On ne convertit pas ni dans ni par les explications, et chacun ne voit que ce qu'à l'instar de Poincaré, Einstein ou Descartes, chacun "sait" intuitivement dans la sensation et explique rationnellement.

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