"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Des causes et de la culpabilité (22 10)

La culpabilité est le pire de nos maux. Il est celui qui ronge de l'intérieur et nous installe en dépendance totale vis à vis d'autrui. L'argument vaut en matière d’altérité conceptuelle, et se situe autour de l'idée de perfection, de devoir ou d'exigence identitaire("un adulte ne fait pas ça" nous enjoint la morale populaire). On retrouve cette même notion au sein d'un groupe social constitué comme la famille, le club sportif, ou une bande d'amis ("Les sauret ne se soumettent pas"). Le constat reste vrai pour les membres d'un parti ("C'est ça l'esprit de la gauche !"), d'une église ("C'est pécher !") ou de tout autre chapelle ("C'est une faute"). 

Dans ces conditions, il en est fini de la liberté. Cela ne vient pas du groupe dont nous subissons la pression et que nous accusons de notre malheur, mais bien de nous-mêmes, de notre adhésion soumise. Effectivement, nous sommes à la fois la cause et l'auteur de nos capitulations dans cette "autorégulation". Nous nous résignons en nous situant par rapport à la "normalité" ou la "règle" dudit groupe. Le résultat est lié à notre soumission volontaire. Elle  se manifeste souvent par intérêt. Quand dans un groupe, je ressens ce type de pression, il arrive bien souvent que je m'en aille...

Première réponse, il est bon de lâcher prise sur la cause supposée des faits. Nous sommes toujours issus d'un contexte, d'un environnement qui portent bien des raisons de nos propres actes. Du fait de la vie dans ce groupe, nous sommes imprégnés d'une culture, dans un environnement contextualisé. Il n'existe en l'espèce aucune exception à cette interaction. Corrélativement, personne n'est jamais seul en cause, pour porter sa responsabilité. Il y a, sans ce domaine, quelque chose de l'ordre de la convergence de réalités contributrices.

Nous sommes ainsi passés d'une problématique dichotomique de la responsabilité versus l'innocence du devenir propre au panthéisme façon Spinoza, à celle d'une autonomie libertaire du libre arbitre versus la soumission obéissante. L'affirmation reste valide, y compris quand elle n'est consciemment pas volontaire. Ces postures anciennes se sont donc socialement et récemment concrétisées à l'occasion d'événement sociaux d'importance.

Selon le philosophe oriental Krishnamurti, qui l'exprime dans son livre de la méditation et de la vie, l'être n'est pas libre tant qu'il dépend d’ influences. L'argument vaut autant pour l’environnement qui est le sien, que pour sa dépendance au sujet qui l'occupe. Pour ce faire, l'individu a besoin de “lire” et donc de percevoir avec une qualité toute particulière d'observation tant le sujet que l'environnement. Cette acuité du regard, impacte le jugement. La perception se doit donc d’être sans présupposés, ni pensée venue du désir ou du contexte lui-même. Cet “état d'esprit” s'applique autant à l'expérience qu'au savoir. Si la personne parvient à s'en détacher, alors elle trouvera la liberté de l'innocence. Chacun, dans ces conditions, pourra alors percevoir la vérité au-delà du temps. Voilà en toute simplicité une pensée complexe... mais efficace : détachement, lâcher prise et zéro jugement. Mais cette posture nous fait totalement défaut. Alors, adieu la liberté et la vérité... Nous sommes, en cette occurrence, bien la cause de nos malheurs.

Si les chrétiens et les gnostiques se disputaient naguère l'influence du champ de la philosophie, aujourd'hui, les "new-age", les fondamentalistes, les évangéliques et bien d'autres, se disputent le champ de la vérité. On retrouve ces dissensions dans les domaines du développement personnel, de la réalisation de soi et du bien être. Les mêmes causes produisent les mêmes effets en termes de transcendance et d’'abondance : le “jugement total” reste permanent.

Si les temps changent, les situations sont les mêmes et les systèmes d'évitement, dans ces conditions, se perpétuent. Les gourous de tous ordres gardent la responsabilité de leurs discours et assument (ou pas) leur responsabilité dans les propos qu'ils propagent. Par là même, ils alimentent les représentations cosmogoniques de leurs fidèles. Ces mêmes gourous restent socialement responsables des comportements des personnes qui les écoutent. Au-delà de ces prémices, chacun est et reste responsable, ou coupable, de ses adhésions, choix et soumissions. Par ailleurs, tout le monde peut quitter la secte, même si c'est parfois douloureux et souvent difficile.

Quant à nous-mêmes, il n'est pas question d'opposer la raison à l'intuition. Il n'est pas possible en effet de séparer le calcul dans la "disputatio" de la connaissance révélée, comme l'intuition le laisse supposer. Ce n'est pas parce que l'obéissance à la loi (divine ou autre, se prétendant la vérité) nous a été imposée que nous devons nous y soumettre. Nous avons d'ailleurs réagi avec plus ou moins de raison. Faudrait-il, à partir de là, aujourd'hui, lâcher toute rationalité? Nous sommes tentés de le faire pour obtenir l'accès à la connaissance par la seule voie de l'intuition, par la seule donnée directe, dite "révélation". Les deux approches sont nos deux jambes. De même, des interlocuteurs qui échangent s'inscrivent dans un processus de débat : c'est ici que se révèle une part du réel, celle justement de leurs réalité ainsi reconstruite.

Sur une jambe, nous sommes raisonnables et réfléchis. Sur l'autre, nous sommes intuitifs, attentifs à nos émotions et à nos sensations. Ces éléments sous-tendent nos sentiments, et participent à l'alimentation de notre connaissance directe. D'un côté c'est la raison, et l'esprit rationnel, et de l'autre c'est le cœur qui parle et nous renseigne. Pourrions nous, au moins à titre individuel et personnel, concilier et réconcilier nos deux jambes afin de cesser de clopiner à cloche pied sur les données ?

Dès que nous aurons vraiment rassemblé nos pas, ils pourront nous porter harmonieusement, déjà, dans notre présent. A partir de là, nous serons en capacité d’explorer, et de comprendre. Ainsi aurons nous un accès direct et fiable au réel : cette réalité d'horizon que nous cherchons à atteindre, à comprendre et à apprendre. En même temps nous aurons une impression profonde, au vrai sens du terme, de cet environnement qui nous fonde. C'est avec lui que nous sommes associés, en termes de responsabilité de nos choix, actes et décisions.

Notre culture nous propose une vérité avec, en perspective, cet horizon à atteindre. Nos pas nous en feront comprendre une autre, dépendante de la sociale sur le chemin, jusqu'à notre découverte. D'ici là la puissance culturelle et nos adhésions dictent nos pensées et nos actes. Elles les dirigent, ensuite les questionnent jusqu’à participer à leur reconstruction. Si nous sommes du grand tout, nous passons de la culture à la nature et ce sont ces deux pôles qui nous codirigent vers l'action et donc nos choix. Culpabiliser s'apparente à cette posture prétentieuse qui fait que nous serions les seuls auteurs de notre vision, celle qui saurait fonder notre intelligence et diriger notre conscience et nos actions, alors que nous claudiquons.

Redisons nous alors que la culture, comme le grand tout de nature, sont des influenceurs pertinents et actifs qui viennent prendre leur large part de responsabilité dans nos postures. Ce sont bien elles qui dirigent nos choix et nos actes. Nous ne sommes que de nos représentations. Elles sont façonnées dans la culture et le sociétal, tout comme nos actions méditatives, contemplatives et réflexives personnelles. Ce sont bien elles qui nous permettent d'explorer, de comprendre, de corriger, de déconstruire et ainsi, de nous refaçonner nous-mêmes. Notre personne, dans ce qu'elle a d’intégral, d’intégrant, de raisonnable et de sensitif, nous accorde alors les moyens de notre libre arbitre. Mais encore nous faudra-t-il faire le travail… et commencer !

Jean-Marc SAURET
Le mardi 22 octobre 2024

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