L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " (JMS) Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision au plus profond de moi même sur l'être et l'univers. Profitez et participez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

De la tempérance en toutes choses (08 10)

A la recherche du bonheur, nous choisissons les meilleures conditions dans notre environnement et, les ayant acquises, tout ne va toujours pas très bien. Que se passe-t-il ? Aurions nous raté quelque chose, la transformation de quelques variables ou paramètres ? Et si le bonheur tenait davantage à nos attentes qu'à nos acquis?...

Nous savons pourtant parfaitement, qu'en matière d'environnement, ce n'est ni le froid ni la chaleur qui sont confortables mais une température entre les deux, synonyme de bien être. Alors nous installons des chauffages et des systèmes de climatisation dans nos maisons, histoire de réguler à souhait cette maudite température. Il en va de même pour tout. En matière de bien être ce sont nos représentations qui sont nos systèmes de régulation : en l'espèce, il nous faut lâcher l'appétit des excès pour une tempérance épicurienne, celle qui nous apporte justement le doux plaisir de l'essentiel. 

Ainsi, le bien être n'est ni dans un ascétisme dur, ni dans une débauche de consommation comme nous le proposent religions pour l'un et néolibéralisme pour la seconde. Les deux apportent la douleur, l'un dû au manque, l'autre dû à la quête constante et exponentielle que produit l'opulence, fût-elle gratuite. Ni la privation ni l'opulence ne nous apportent correctement le bonheur. Ici aussi, la tempérance est notre bonne voie : celle du milieu comme la proposait le Bouddha. Elle se situe entre les extrêmes excessifs. Cette absence de sagesse nous a fait aussi mal comprendre certains sages anciens, comme Epicure que l'on considère comme le chantre des plaisirs. Il n'en est rien.

Epicure nous a pourtant prévenu que : " On ne peut pas être heureux sans être sage, honnête et juste. Les vertus ne font qu'un avec la vie heureuse." Il nous indique que l'équanimité est en toutes choses sur la route vers le bonheur, et le bien être. La vertu s'apparente donc à ce vivre au milieu, libre de tout attachement et excès. La chose est pourtant simple à mettre en œuvre. Diogène, que l'on considère comme un apôtre de la simplicité heureuse nous a rappelé que "Les choses nécessaires coûtent peu, les choses superflues coûtent cher ". Il nous l'indique a contrario du néolibéralisme, concurrentiel et ultra consommateur, qui prône que chaque envie, chaque désir subtil, est une nécessité. Il ne vaut donc pas la peine d'en chercher à en connaître le coût. Une sorte de philosophie du "quoi qu'il en coûte"...

Mais alors, quel est donc le chemin et quels sont ses garde-fous, pour trouver la voie rapide vers le bonheur ? Tout d'abord, le bonheur se marie mal avec la précipitation. C'est dans le calme raisonné et ressenti de la lenteur que se savoure ce chemin là. Il faut prendre le temps de l'apprentissage et de la transformation. Le passage du mal être au bonheur est une transhumance. Nous découvrons alors que le cadre du bonheur n'est pas dans un solipsisme. Il se développe dans le partage et l'altruisme. Sans les autres, nous ne sommes ni ne valons rien. "Umbutu" répondaient les enfants du sahel à l'anthropologue qui leur avait organisé une course au trésor. Ce terme signifie que tout se fait ensemble, en solidarité et en coopération. Il veut dire que sans les autres nous ne sommes rien. Ces enfants, connaissant le lieu et le gain ont donc, main dans la main, cheminé en cœur vers le gain, un panier rempli de fruits murs qu'ils ont partagé.

Ces enfants nous indiquent que le partage est le socle du vivre ensemble en paix et en sérénité. Bref, l'altruisme n'est pas une vertu bisounours mais la condition première du bonheur. Ainsi, s'il fallait résumer, ce sont les voies du milieu, la sobriété heureuse, le pardon, le lâcher prise et le partage qui conditionnent notre accès au bonheur. Il n'est pas une affaire personnelle et ne se résout pas dans la consommation solitaire, comme la culture néolibérale nous le vend (car elle ne "donne" rien).




 



Dans les années soixante-dix, j'ai vécu plusieurs semaines sur le plateau du Larzac dans une cabane que je m'étais bâtie avec quelque planches et autres utilités trouvées dans la décharge de Millau. C'était là un détachement, le lâcher prise et mon expérience de la sobriété heureuse sur le Larzac. Avec d'autres "collègues", nous participions à la construction d'une bergerie, dite "de la contestation". Elle permettrait à quelques paysans locaux de poursuivre leur activité pastorale en toute autonomie et tranquillité. 

Nous recevions en échange un peu de riz, du pain complet, quelques oignons et de la crème de roquefort que je cuisinais au feu de bois dans ma cabane. Nous allions de temps en temps donner quelques coups de main aux agriculteurs voisins pour retirer les pierres de leurs champs. J'ai vécu plusieurs semaine dans cette sobriété solidaire et heureuse, expérimentant que l'essentiel est bien suffisant pour vivre heureux. J'avais lu "Le pèlerinage aux sources" de Lanza del Vasto. J'avais poursuivi une correspondance épistolaire enrichissante avec son épouse "Chanterelle" de laquelle j'ai beaucoup appris. 

Et puis j'ai poursuivi ma route vagabonde à la rencontre d'autres communautés et groupes sociaux. Les rencontres étaient bien inégales et aléatoires. J'expérimentais cette sagesse qui ne m'a d'ailleurs jamais quitté : l'essentiel est bien suffisant, et la solidarité bienveillante est plus qu'utile. Il en va de même avec le lâcher prise vers la paix au fond de nous mêmes. Ces aspects avaient bien plus de valeur à nos yeux que des ripostes violentes tant à l'endroit des militaires du camp voisin que des gendarmes qui ne nous considéraient pas très bien... 

La paix appelle la paix et la joie entraine la joie car, au fond de chaque personne ordinaire, il n'y a ni violence ni méchanceté (à part quelques blessures anciennes ou imaginaires qui en font les causes). Il s'y trouve toujours une aspiration à la paix, à la joie et au bonheur dans l'entre soi. La violence n'est jamais qu'une illusion de solution à nos frustrations. Je me souviens de cette rencontre du côté de Saint-Flour lors d'un contrôle d'identité, avec un gendarme qui se révéla être l'oncle d'un de mes compagnons de route occasionnel. Il avait à son égard beaucoup de bienveillance malgré une incompréhension totale de sa démarche. La bienveillance forgée au cours de leur histoire était toujours là au fond de lui. Il était un homme bon et bienveillant. "Un être humain, quoi !" aurait dit la sagesse populaire.

Et si la quête du bonheur passait par la réalisation de soi, que serait donc le plus important, le plus essentiel : la performance dans le succès ou le partage dans l'amitié ? Ici aussi, la voie du milieu nous appelle doucement, sans cri ni tapage, sans obligation ni insistance, tout en douceur et bienveillance, à bien garder de la tempérance en toutes choses.

Jean-Marc SAURET
Le mardi 8 octobre 2024

Lire aussi : " A la recherche de la paix, la joie, et la sérénité " 


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