L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " (JMS) Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision au plus profond de moi même sur l'être et l'univers. Profitez et participez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Vieillir, clap de fin ? (11 06)

Le général de Gaulle avait dit que la vieillesse était un naufrage. Il est sûr que vécu de l'intérieur, c'est bien ce que l'on peut ressentir. Par ailleurs, j'entends bien l'adage selon lequel la vieillesse ou la jeunesse serait "dans la tête", comme l'on dit. Bien sûr, quand les empêchements et les altérations physiques ou mentales s'accumulent, il se peut et il arrive alors que l'on capitule, que l'on se résigne à les accepter comme autant d'éléments de notre présent. Ainsi, dans ces conditions, il arrive que et que celui-ci devienne pire encore, et s'inscrive dans la perspective du futur que l'on craignait. 

C'est ainsi, que dans un dernier lâcher prise, on devienne vieux, définitivement vieux. Les projets sont alors à très court terme. Les œuvres s'amenuisent et il arrive même que l'on doute d'elles. On fait une sorte de bilan de la vie, de sa vie. Ai-je donné le meilleur de moi-même ? Et puis d'autres idées traversent la tête, si on l'a encore. On s'interroge alors en continue : ai-je bien fait ? Aurais-je pu faire mieux ? Ai-je été celui que l'on attendait ? Ai-je assez aimé ? Voire encore, ai-je bien profité ? ou encore, ai-je eu tout ce que j'aurais pu avoir ? Etc...

Les questions d'accomplissement viennent à la surface, comme un bilan d'intentions et ce que nous sommes se révèle froidement, d'un coup, sans équivoque. Suis-je assez ? Ai-je fait assez ? Ai-je eu assez ?

La question de continuer ne se pose pas, c'est celle d'arrêter, ou pas, qui nous taraude, avant d'arriver à un "à quoi bon", désabusé. Un peu comme si la question de l'utilité surgissait alors, comme celle de l'efficience. En d'autre termes cela revient à "ce que nous sommes ou ce que nous faisons"...

Eh bien, cet article pourrait bien être le dernier. Peut-être que pas grand monde ne le lira... Est-ce le clap de fin ? Possible, bien sûr, mais de fait pas du tout ! Nous avons tellement de choses encore à nous dire !

Alors avant de tenter de conclure trop vite, il reste un brin d'étude à finir : comment vivent et ont vécu cela ceux qui marchaient devant ? J'avoue ne pas savoir, ni avoir consacré de temps à une étude exhaustive en la matière. Je me fie alors à mes propres observations réflexives. A ce moment, d'autres questions me viennent, liées à ma représentation du phénomène. Parce que la vision guide mes pas, tout ce que nous vivons et faisons est lié aux notions de représentations du monde et de soi dans ce monde, à des questions d'intérêts, d'enjeux et de contraintes. Celles-ci soulèvent de l'amour (et donc de la sérénité) ou de la peur.

Les habitants de l'archipel japonais d'Okinawa ont la réputation de vivre centenaires, d'éviter plus que d'autres la dépression, la sénilité et bien des maladies du vieillissement. Ce qu'en disent les scientifiques ? Il s'agirait pour certains, du mode d'alimentation alliant fruits de la terre locale et fruits de la mer sauvage. Pour d'autres, il s’agirait de leur pratique philosophique ancestrale de l'Ikigaï : une réflexion sur le projet de vie croisant ce que l'on sait faire, ce que l'on aime faire, ce qui est utile pour tous et ce qui permettra d'en vivre. D'autres encore indiquent que les liens sociaux locaux se construisent en communauté. Les "Moai", par exemple, sont des groupes d'entraide locaux qui se réunissent dans des lieux de convivialité où chacun retrouve chacun, discute et déguste de bonnes choses simples. Cette solidarité, teintée de plaisirs simples partagés, aurait une fonction de bonheur et petmettrait d'augmenter la sérénité des pratiquants, et ainsi la vie.

Chez nous, il me revient ce message de mère Teresa disant que "la plus grande maladie, aujourd'hui, n'est ni la lèpre ni la tuberculose, mais le sentiment d'exclusion." Nombre de témoignages auprès de thérapeutes en occident témoignent de ce sentiment profond et troublant de n'être pas à la hauteur, de risquer le rejet, de ne pas faire partie de "la famille". Déjà, dans nombre de familles, l'enfant n'est souvent qu'une incarnation du désir des parents. Ceux-ci décident jusqu'à comment les habiller. L'argument vaut pour ce qu'ils vont manger, les lectures qu'ils doivent faire ou les divertissements auxquels ils peuvent ou doivent s'adonner. L'enfant devient alors un objet des parents, et non pas un sujet dans la famille. Cela revient à considérer que ni les désirs, ni les goûts de l'enfant n'avaient de valeurs, ni d'importance.

C'est ainsi, que, dans les cabinets des thérapeutes, le discours de l'incompétence, et de l'incomplétude se répand. Voilà des adultes qui doutent d'eux-mêmes, quand ils ne se haïssent ou ne se détestent jusqu'à l'auto-rejet. Ces malades du bonheuront alors tendance à mal vieillir, à se déliter au fil des ans, en totale perte de confiance en eux, abandonnant les compétences qui sont les leurs et dans lesquelles ils n'ont jamais cru.

Par ailleurs, j'ai vu, chez nous, des anciens être là, "en attendant" ! Il est vrai que nous n'avons pas la main sur le réel. Certaines croyances disent que notre destin "appartient à dieu", que lui seul en décide. Mais qu'est-ce que dieu ? Une autre représentation peut nous permettre d'affirmer que nous ne serions que notre physique, et notre matière. Être, et exister, se réduirait seulement à nous incarner dans cette matière qui nous constituerait. Poursuivre serait la seule et unique opportunité. Ainsi on ne pourrait qu'attendre, afin que ça se passe.

Au décès du père d'une amie, je parlais avec un de ses amis tibétain et bouddhiste. Il n'affichait aucune tristesse. Mon amie non plus d'ailleurs et cependant j'avais entendu sa difficulté à affronter l'absence de son père. Mais dans cette représentation du monde, dans cette culture, la mort est un passage, une transformation, et pas une fin. Il s'agit juste d'un moment dans un cycle. Alors celui qui se trouve face à cette éventualité de passage ne s'inquiète de rien et continue sa vie jusqu'en au-delà. Il y a aussi ceux qui croient en la continuité de l'âme et ils s'abandonnent dans les mains du "divin". Ce qui tient le destin, dans ces conditions, est et reste notre moi profond.

De ce fait, vieillir revient à s'approcher du changement. Certes, celui-ci comporte un caractère quelque peu définitif dans la culture qui est la nôtre. Ainsi, certains choisissent, d'autres subissent ou se soumettent, d'autre encore vont décider en fonction de représentations, d’enjeux, intérêts et contraintes. Si vieillir peut être difficile, mourir est simple comme un bonjour, ou plutôt un au revoir et merci. Je ne traite là que la posture de sérénité, pas de celle de la peur, dont on peut se détacher personnellement et simplement dans la contemplation. D'ailleurs, celle-ci nous appartient en propre.

Mais, vieillir est-il aussi synonyme de handicap, de manques, de régression ? Peut être pas, même si dans notre environnement néolibéral, la vieillesse est devenu un marché lucratif. Mais mal vieillir serait-il incontournable ? Pour être entré dans de nombreux Ehpads, il m'a sauté aux yeux et au cœur, l'état d'abandon dans lequel se trouvent nombre de nos anciens, sans activité de plaisir, ni d'utilité ou de lien social réel. Il semblent passer le temp dans l'inutilité la plus totale. Je comprends, dans ces conditions, que la déchéance rôde, donnant raison à notre général favori. J'ai connu aussi des familles et des villages où les anciens vivent chez eux en pleine activité pour eux-mêmes et pour les autres, dotés de fonctions pour le groupe, et la famille. Il me revient l'image de ces anciens quand j'étais enfant, qui assumaient la fonction de sages, de sachants, d'expérienceurs avisés. Certains étaient les gardiens du jardin, d'autres les responsables de la vaisselle et d'autres encore de certains desserts. Il est vrai que si l'on empêche nos anciens de vivre, bouger, créer, alors ils dépérissent et combien ai-je constaté cela dans les "mouroirs pour vieux" ?

Bien sûr, il existe avec l'âge une limite à notre autonomie et qualité de vie. Mais combien la repoussent avec vitalité et passion tant leur activité volontaire reste vigoureuse... C'est encore de liberté et de moyens ordinaires, de lieux et de considération empathique, qu'il est question ici. On retrouve là ces notions d'abandon et de représentations limitantes. Ce sont pourtant celles dont nous avons le plus grand besoin pour bien vivre notre temps et bien finir notre parcours physique et moral. Alors, en toute bienveillance, et en toute Amitié, je souhaite bonne route à chacune et à chacun ! Yes, we can”, en bon français….

Jean-Marc SAURET
Le mardi 11 juin 2024

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