"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Sur cela, nous avons la main et c'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce, chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite.

Retour aux origines (02 12)

En lisant un article fort intéressant sur le retour de peuples africains à leurs philosophies et spiritualités originelles, je me mis à penser à la similitude de cette situation avec la notre et nous-mêmes aujourd'hui. A l'occasion de cette recherche d'identité, (ou espace laissé vacant à l'occasion de la décadence de l'occident), l'article résumait cette phase de façon synthétique, en soulignant l'opportunité que se donnaient bien des peuples en Afrique de l'ouest pour se “repenser”, dans l'essence même de leurs cultures et de leur Histoire”. Ce “moyen” leur permettait de se retrouver “essentiellement”. 

J'imaginais alors ce retour que nous aurions à faire sur nos pensées et philosophies anciennes, préchrétiennes. En termes d'alternative, nous avions le choix : soit de se situer avant le catholicisme paulien, (inventé par l'empereur Constantin), c'est à dire celui de la soumission, de l'obéissance et de la rédemption (mais de quoi?) par la souffrance et le sacrifice sous l'emblème de la croix.

Il serait intéressant de retrouver, nous aussi, ce qui nous a constitué avant la France de Clovis, par son baptême en 486. C'était là une affiliation à l'histoire et à la culture d'un empire romain défait. On sait bien l'incidence césariste sur l'ensemble de la civilisation occidentale. A cet effet, je repense à ce qui, dans notre culture, a traversé tous ces siècles, a d'ailleurs perduré en termes de "chamanité", de guérisseurs et coupeurs de feu. On retrouve ici aussi le druidisme, et quelques autres pratiques dites païennes et qu'on identifierait plutôt d'animistes... Il me semble voir là une similitude entre, par exemple, notre processus d'acculturation et celui des Antilles ou de Louisiane, entre christianisme et vaudou...

Nous savons que la religion la plus répandue dans le monde est l'animisme, (ou chamanisme). Nos rebouteux, guérisseurs, coupeurs de feu et autres magnétiseurs, relèvent de cette tendance ancestrale chamanique. Les pratiques de guérison sont les mêmes, et je me réfère ici aux travaux de l'anthropologue suisse du soin, Jean-Dominique Michel. Cet auteur montre comment la guérison relève essentiellement, de la relation entre le patient et le praticien. In fine, c'est le patient qui se guérit lui-même, sur la base de cette relation de croyance et de confiance.

Ces pratiques-là sont détachées du corpus sociétal césariste, dont on sait bien qu'il est fait d'individualisme, de commerce, mais aussi de compétitions, de concurrences et de guerres. L'apogée de ce “moment” est bien ce néolibéralisme, lequel est en train de s'effondrer actuellement sous nos yeux. Il est donc temps de retrouver notre âme, notre essence profonde. Certes, il semble difficile de retrouver la dimension animiste pré-chrétienne. Mais si l’on fait le lien entre tous les animismes du globe, on comprendra que le processus est partout le même et que la perdurance des rites traverse les cultures. Rien ne se perd. Tout se métisse, ''rampe'', puis réémerge, en évoluant. Il nous reste, en l'occurrence, juste à désaxer notre regard, en gardant en tête l'universalisme animiste. A partir de ces prémices, les liens et constances se font tout seul, et viennent tout “naturellement”. (J'ai commencé ce travail dans mon ouvrage "La puissance de la pensée imaginaire - Retour vers l'animisme", 2023, Ed. Bookelis)

Ainsi, nous n'oublierons pas cette maxime africaine : "L'homme est le remède de l'homme" que j'aime relier à cette parole bouddhique : "Sois ta propre lampe ! Ne crois rien ni personne. Vérifie et expérimente tout". Notre "aggiornamento" reste, dans ces conditions, à inventer et à expérimenter nous-même, par nous-mêmes. Notre chemin initiatique vers le retour à “notre propre âme” est celui là, bien à l'intérieur de nous.

Sociologiquement ou anthropologiquement, il nous sera aisé de fouiller dans nos pratiques populaires ressurgies de nos campagnes, pour retrouver ce chamanisme des origines. Celui-ci a continué à vivre et à poursuivre son exercice à travers le temps. C'est non seulement une chance mais probablement aussi un indice de sa réelle présence vivante. La démarche sera facilitée par le fait que nombre d'ouvrages foisonnent sur le sujet sous le chapeau d'une "nouvelle spiritualité". Et ce tout en sachant profondément que la sagesse et la connaissance ne sont pas dans des livres, mais sur notre chemin expérientiel.

Non seulement les rituels et pratiques sont là, mais on y retrouve aussi toute une réflexion sur les raisons de leur présence qui abondent. Il n'y a plus qu'à en prendre conscience et à observer le phénomène. Mais ce n'est pas tout et la démarche de déconstruction et reconstruction en Afrique de l'ouest nous permet de voir évoluer un champ d'incidence plus large. Je voudrais m'y arrêter quelques instants.

Ces collègues africains commencent leur aggiornamento en constatant et prenant acte d'une rupture mentale entre l'émancipation de la "colonisation spirituelle" et la réappropriation de l'identité d'origine. Cette seule prise de conscience devient un moteur déterminant pour atteindre ces origines quelque peu effacées, mais pas perdues.

Souvenons nous que ce catholicisme romain qui s'est infiltré, puis installé dans notre Gaule par le baptême de Clovis en 486, est cette religion paulienne de l'obéissance et de la rédemption par la souffrance élaborée par l'empereur Constantin pour refédérer l'empire Romain. C'est là un acte de colonisation césariste pour perpétuer cette organisation sociétale et conserver à César toute sa puissance et à ses sbires tous leurs privilèges. Il n'y a là rien de la révélation d'un peuple reconnu mais juste une instauration de la culture de la soumission volontaire.

Et puis, cette prise de conscience façonne une rupture sociale, car elle instille l'idée d'une reconstruction de valeurs collectives. Ainsi, nous pourrions assister, comme chez nos confrères africains, à un retour aux mythes communautaires et aux valeurs ancestrales. Je repense au solidarisme bienveillant que nous voyons ressurgir dans nos campagnes, quand les regards se tournent vers le "pays" et lâchent les avidités singulières.

Alors nous assistons à une réelle rupture politique. Ainsi nous lâcherions ce néolibéralisme individualiste, compétitif, concurrentiel et si catholique, pour des modèles de gouvernance inspirés des traditions de partage et de solidarité. Comme nos collègues africains y parviennent nous ferions une réappropriation des modèles politiques anciens. Je pense à ces collectifs d'assemblées citoyennes qui ont structuré les relations sociales et que nous retrouvons avec les approches girondines et libertaires de type associatif, fédéral et confédéral. La naissance de coopératives et de syndicats sont de ce type.

Par ces bouleversements sociétaux, nous constatons quelques ruptures spirituelles avec les églises centralisatrices, cultivant un certain culte de la personnalité, comme celle du chef pour, à l'instar de nos collègues africains. Dans ces conditions, réapparaît une nouvelle définition de la spiritualité dont le principe serait lié à une entité supérieure transcendantale, et présente en chaque personne. C'est en son sein que se retrouvent l'univers et les dieux, chers à Aristote et Socrate, notamment.

Si nous pratiquons ces ruptures salutaires avec les religions imposées, pour retourner aux traditions ou plus exactement à ce regain de dynamisme spirituel, alors, face à la crise multiforme desdites religions d’essence abrahamique, nous trouverons les issues utiles, sinon un… salut. Plus qu'à l'occasion de révolutions protestantes, aujourd'hui la tendance est d'aller plus loin encore, dans un retour vers l'animisme et ses rites chamaniques. La puissance de la pensée imaginaire où la personne n'est pas réduite à un individu, mais éclose dans des égrégores à la conscience universelle, s’apparente à celle d'un univers vécu et ressenti partout dans chaque environnement.

En conclusion, nous pourrions partager, voire prédire, que notre chemin va retrouver ses anciennes attaches, tout en marchant sereinement, vers une utopie transformatrice : on peut la considérer comme la prise de conscience de soi dans le monde. Ainsi, pour poursuivre la comparaison, les mythes ouest-africains ne seraient pas à considérer seulement comme des récits du passé. Ils pourraient devenir ces outils vivants qui inspirent les ruptures majeures de la société actuelle. J'ai juste poussé la porte sur ce possible qui ne saurait tarder… Certes, ”l'essai” reste à transformer... puisqu'il est déjà marqué !

Jean-Marc SAURET

Le mardi 2 décembre 2025


https://www.pressenza.com/fr/2025/04/les-processus-de-ruptures-en-afrique-de-louest-et-linspiration-des-mythes/

Lire aussi : " Deux mondes superposés " 


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