Comme le dit l'adage : "la tendresse est le dialogue des âmes". C'est avant tout une sensation que l'on a au fond de soi. Elle côtoie la compassion et croise la bienveillance. On dit aussi, qu'elle est la petite sœur de l'amour. Elle rappelle l'affection qu'elle habite et réciproquement. Elle est aussi le médicament des mêmes âmes. Selon cet autre adage : "Si la raison gouverne l'esprit, le contact gouverne l'âme". La tendresse serait alors aussi le langage de l'âme. Elle répare les cœurs et dissout les douleurs. Elle habite le présent et dispose, pour ce faire, d’une puissance incomparable. On trouve et retrouve ici une amie qui précède l'espoir, et nous accompagne sur les chemins difficiles. Elle donne du bonheur tant à la personne qui l'offre qu'à celle qui en est la bénéficiaire.
La tendresse devient donc une activité qui, dans le meilleur des cas, se partage. On la ressent comme une douceur du cœur. Elle raconte à nos âmes, l'amour dont nous avons besoin et dit comment s'y prendre pour la fabriquer et la partager. C'est une pratique qui ne nécessite aucun moyen supplémentaire ni complémentaire, sinon d'être au moins deux, que l'autre soit humain ou pas. Elle réclame que nos cœurs soient ouverts à l'empathie, à la bienveillance et à l'amour des choses, des êtres, ou des gens.
J'ai le souvenir qu'enfant, un jour où j'avais du faire une bêtise, ma mère, chose rarissime, me donnait une fessée légère et douce. Et comme j'en appelais à ma "maman", elle me consolait en me disant : "Je suis là !". Elle continuait cependant à me donner ce semblant de fessée, éducation oblige. Je m'en souviens comme d’un moment paradoxal de tendresse. Voilà : ma mère était cette personne là...
Je me souviens aussi de ce camp de scouts où nous avions fait un jeu de nuit. Comme j'étais encore un enfant, j'avais cherché un endroit pour dormir, fatigué de la journée très vivante. J'étais donc allé dormir dans une maison abandonnée prévue à cet effet. Je me suis réveillé dans les bras d'un "plus grand", qui avait pris soin de me tenir au chaud dans un sac de couchage, sans autre intention que de me protéger du froid. Cette gentillesse gratuite m'est restée longtemps en mémoire.
Il me revient un souvenir encore plus ancien où, à l'école primaire, j'avais une amie qui s'appelait Maryse. Elle avait la particularité d'avoir six orteil à chaque pied. Je me souviens de ces moments où, côte à côte, nous comparions nos pieds avec gentillesse et sans jugement. Nous comptions nos orteils et faisions les constats simples qui s'imposaient. Une forme de tendresse d'enfants non encore encombrés de préjugés. Je me rappelle avoir toujours bien aimé ces moments là, tendres et simples.
Plus tard, je découvrais la tendre bienveillance d'un cousin de ma mère qui me fit "le grand père" que je n'ai pas connu. Il m'amenait chercher quelques truffes avec son grand chien noir, ou m'enseignait des tours de passe-passe, notamment avec un balai : autant d’exercices qui me firent briller plus tard en colonies de vacances.
Colonie de vacance où je me souviens de Joëlle, cette tendre "copine" que j'ai revue vingt ans après à la caisse d'un supermarché. Je repensais à ces moments partagés sous son tendre et doux regard, ces moments câlins qui nous faisaient vibrer, et nous apaisaient dans une douce plénitude.
Je pense aussi à cette pratique en thérapie et développement personnel que l'on nomme "autonomous sensory meridian response" et que l'on reconnaît sous l'acronyme “ASMR”. Son utilité consiste en la distribution de calme, de sensations de bonheur somnolent et de sérénité. Cette “pratique” provoque des sensations psychologiques et physiques sur diverses parties du corps. Ce sont en fait des sortes de “câlins ordinaires” qui portent des noms réputés "intelligents". Il s'agit de retrouver ces moments chaleureux que nous avons connus bébés, de les revivre, voire de les découvrir.
Ces pratiques de tendresse nous emportent dans des moments de joies sensorielles qui nous réconcilient avec nous même, nous accompagnent à nous aimer enfin, à nous pardonner les maux que nous avons vécus, et même acceptés, voire que nous nous sommes fait. En retrouvant ces sensations d'enfance, ou simplement en découvrant ces ressentis tendres, nous nous retrouvons avec nous mêmes dans le plaisir d'être.
La tendresse est alors ce beau cadeau que nous partageons pour un moment de bonheur. C'est peut être là que se trouve la parfaite image intérieure de l'univers et des dieux. Pourtant, nous avons une propension à nous souvenir davantage des mauvais moments, que de ces doux instants, faits de plein de tendresse. Ce sont pourtant bien ceux-là qui nous ont construits bien "au chaud".
Et donc, maintenant, en nous projetant pour demain,... qu'allons nous en faire ? Si nous les savons "déconstructeurs" des douleurs mentales, et pansements pour les douleurs physiques, il nous reste alors à les “utiliser” ! (...je repense à tous ces "bisous magiques" qui ont soigné nos bobos, et ceux de nos petits). Dans ces conditions, pourquoi n'en usons nous pas au quotidien pour que ce monde soit plus doux, bien meilleur et en paix ? Ne me dites surtout pas que le monde est cruel, qu'il efface la tendresse comme les vagues le font des dessins sur le sable. Si ce monde dépend de nous alors redisons le : “J'aime les gens et le travail bien fait” ! Car c'est bien au pied du mur, que l'on voit le maçon…

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