J'entend que des personnes ne se sentent pas à l'aise dans leur sexe et que la solution qu'ils envisagent est d'en changer, s'ils pouvaient. Ce que l'on constate auprès de personnes ayant eu recours à une dite "transition de genre" est le nombre de suicides dans cette catégorie de personnes. Peut être se retrouvent elles ailleurs que dans la peau de ce qu'elles espéraient ? Peut être se rendent elles compte que la solution qu'ils ont choisi ne répond pas à la problématique qu'ils vivaient et que celle-ci est toujours là, en eux-mêmes ? D'autres encore pour diverses raisons, dont celles-ci évoquées ici, regrettent simplement leur geste, leur décision. On constate alors qu'un nombre important de ces personnes ont ce recours au suicides...
Ce que l'on constate aussi est que la promesse ne peut pas être à la hauteur de l'attente. En effet, l'opération n'aura fait que changer des apparences et rien de ce que la personne reste encore et toujours. Une ces dites femmes issue de la transition, si on ne lui a pas greffé un utérus complet, ne pourra jamais avoir d'enfant. Le fait est que ce sont les chromosomes dans l'entièreté de son corp qui font de cette personne un homme ou une femme et l'apparence n'y change rien.
Ce qui caractérise scientifiquement un homme et une femme sont les chromosomes particuliers et distincts qui, malgré le changement d'apparence restent à qualifier ce qu'est la personne, soit un homme soit une femme. Ce n'est pas parce que je me sens femme que je suis femme. Le monde me résiste, dirait Lacan. Dès lors une mutation de genre n'est qu'une chirurgie esthétique et ne modifie en rien le genre. L'apparence de femme reste comme un cosmétique sur le corp et la réalité d'homme réel, et réciproquement.
Le changement d'apparence reste alors une illusion. Rien dans le fond n'aura été changé, pas même son rapport à soi. Qu'un homme se sente femme et soit sensible à l'amour d'un autre homme est parfaitement compréhensible. Ceci est vivable dans une société tolérante, bienveillante et accueillante. Mais, comme le disait Carl G. Jung, les gens jugent facilement car comprendre est complexe. Ce que jugent ces gens là n'est pas le monde mais seulement la propre part d'ombre en eux-mêmes qui les agace.
Ne serait-il pas plus judicieux que la société, les institutions, de justice et de santé, prennent acte de ceci et développent leurs actions pour protéger et accompagner la réalité que ces personnes là vivent et ce dans une mutation émotionnelle, de représentation plus que de genre. Elles pourraient le faire sans poser des actes qui ne profite qu'aux portefeuilles de praticiens, voire même parfois à leurs demandes ou offres.
Oui, le fait que la transition de genre soit devenue un marché me semble relever de cet abus. Il y a, dans ce marché de dupe, un mensonge profond, celui de laisser croire qu'une femme "deviendra" un homme ou qu'un homme "deviendra" une femme. Il vaut mieux comprendre les situations, être totalement transparents et donner une place, une perspective singulière ou particulière à chaque personne plutôt que d'imaginer pouvoir forcer la nature et prétendre résoudre les singularités qui dépassent... C'est bien parce que ces "places" n'existent pas que les personnes concernées cherchent à ce conformer dans des places déjà existantes mais qui, comme des virtualités, ne leur correspondent pas.
Parce que la réalité de nos mondes est bien issue de notre vie intérieure profonde, les voies de la conscience, comme celles que propose le bouddhisme par exemple et tant d'autres sagesses aussi. Elles sont peut être la réponse à cette problématique complexe et douloureuse pour quelques-uns d'entre nous. On ne résout pas les singularités en incorporant la personne dans une identité classique, toute faite, déjà là, mais qui ne leur correspond pas.
Il s'agit de prendre conscience de la réalité que nous vivons, d'envisager d'autres angles de perspectives possibles, de changer notre regard en fonction de ce que nous avons à vivre. Une fois de plus, la réponse est en nous... pas dans les logiques mathématiques d'un monde matériel. Quittons le paradigme matérialiste comme conception absolue de notre monde, pour un paradigme où la réalité est issue de nos visions et représentations. Nous y trouverons la souplesse d'un vivre ensemble tolérant, bienveillant et généreux.
Mais si nous voulons aller plus loin et comprendre la dimension "époquale", de ce phénomène de perte de soi, je me tourne vers les travaux du pédopsychiatre Thierry Delcourt révélés dans son ouvrage "Je ne sais plus qui je suis". Il déroule cette tendance actuelle à cette perte de sensation personnelle dont les conséquences sont que l'acteur disparait socialement et jusque dans sa forme physique. Ce phénomène est au delà de l'évidente dissolution de soi sous les emprises des écrans où le sujet subit trop et agit peu. C'est là juste un élément causal.
Le désir de transition de genre est donc plus une question interne de sensation d'être, de dissociation identitaire, qu'un simple décalage de genre. Voilà pourquoi un passage à l'acte ne résout rien. Le mal est ailleurs, là où l'inconséquence des sujets, qui produit violence, désœuvrement et perte de sens, a pris le dessus.
Lire aussi : "Pour une laïcité relationnelle totale "
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos contributions enrichissent le débat.