"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

La force de mes faiblesses (09 09)

Nous vivons dans une culture matérialiste néolibérale. Cet environnement postmoderne nous invite à nous battre seul contre tous, avec le mythe du héroscollé dans le dos. Nous devons vaincre, être les plus forts. Réussir, c'est être le premier ! Être devant tous les autres, [et plutôt devant beaucoup de personnes], se trouver au premier rang des gagnants, c'est donc bien faire partie du camp des vainqueurs voire du camp du bien. Voilà bien l'essentiel !...

Nous avons déjà vu que ce mythe s'effondre devant cet aperçu de la force de la faiblesse. C'est tout l'objet de l'ouvrage du biologiste et botaniste Jean-Marie Pelt : "la raison du plus faible" (Le Livre de Poche, nov. 2011). L'auteur s’y emploie à récuser la fameuse "loi de la jungle", dite aussi du plus fort. Cette loi, dans une nature réputée "cruelle", serait le seul moteur de l’évolution dans ce seul univers de concurrence et de conflits. Jean-Marie Pelt dénonce qu'il s'agit là d'une vision très orientée du monde, voire même biaisée. Nous pourrions dire qu'il s'agit d'une vision dirigée par la théorie darwiniste. Rappelons-nous cette phrase célèbre du psychosociologue Serge Moscovici : "Les lois de la nature sont celles que la culture lui trouve !". Il n'y a pas plus de lois naturelles que de réalité en soi, intrinsèque. (je renvoie à mon article "l'immense et le tout petit". Voir en bas de page)

Ramené à soi-même, la puissance du faible transcende nos faiblesses. Le processus est identique : les petits ont la sagesse et la puissance des tout petits. Ils gagnent toujours. La fin de l'histoire leur donne encore raison, leur rend hommage et leur déroule le tapis rouge de l'innovation, de la renaissance. Comme l'écrit le philosophe Fabrice Midal : "Les princesses ont toujours raison !" Alors, comme tout vermisseau, je reviens vers moi et me regarde à l'intérieur, histoire de mieux comprendre...

Quelle est ma blessure, ma faiblesse que la honte me cache ? Si je l'accueille, elle sera désormais ma force. Serait-ce le manque de consistance à m'affirmer ? Dans mon incertitude et une confiance en moi seulement pour moi-même, malgré mes convictions, elle fera de moi le solitaire volontaire, l'évitant chronique, un meilleur écoutant, un meilleur accueillant, saisissant derechef l'intelligence des mondes... Celui qui jusqu'alors se tapissait, convaincus de ses tares, reste désormais debout en présence. Le monde, où je suis forcément faible et perdant, n'existe plus. J'en ai modifié l'environnement par mon regard et ma conscience aiguisée.

Le faible rebelle, aux combats désespérés perdus d'avance, brille du fait de ses anciennes faiblesses devenues vertus : l'intelligence et la sagesse des impuissants, celle qui fait de l'impuissance physique une alternative brillante, le temps du pas de retrait. C'est l'intelligence du lâcher prise. En Espagne on l'appelle l'art de la "muleta" (mes références à la corrida se limitent à ce terme).

Il est vrai que quand on connaît ses propres faiblesses, elles cessent d'en être. Il ne s'agit pas de "reconnaitre" des faiblesses, mais juste d'une prise de conscience de nos compétences, capacités, dispositions, envies et modes de faire. "Si tu te défends, alors tu crées (réalises) l'agression !" disait Gandhi. Mais ce qui fait "vertu" des défauts d'hier est la croyance en mes propres valeurs. Qu'elles soient religieuses ou de ma simple foi en l'homme ou en moi-même, elles sont la puissance de l'âme. Ce en quoi je crois, ce dont j'ai la conscience que ce soit plus grand que moi, c'est mon père, comme le nomment les chrétiens. C'est dieu comme disent les sagesses orientales. C'est l'univers comme disent les tenants du New-Age ou le plus profond de soi-même comme nous y invitaient Aristote, Platon et Socrate...

Voilà un point de vue inhabituel et cependant tellement efficace. La non violence (qu'il me plaît de nommer "l'en paix") n'est pas un absolu, certes, mais commençons par la considérer comme un "deal". Gandhi pour l'Inde posa le problème ainsi : "Que voulons nous ? - L'indépendance. Qui la détient ? - L'anglais. Qui est le plus fort de l'Inde et de l'Angleterre ? - L'Angleterre ! Alors l'anglais est notre partenaire...". Je n'ai donc aucun ennemi ni adversaire ! Je n'ai que des partenaires. C'est d'ailleurs ce que nous enseignait notre professeur de boxe-française : "Utilise tout ce que fait ton adversaire, comme s'il était le partenaire de ta danse !"

Cette vision est adossée à la certitude de mes convictions. On peut alors dire, par exemple, que ma faiblesse est ma force, que la transcendance est en moi. On raconte que les dits "premiers chrétiens", martyrs habituels de l'Etat dominant, n'offraient aucune faiblesse à leurs tortionnaires. Ils affichaient au contraire une conviction et une certitude profonde qui ne les faisaient rien renier ni accepter. On appelle aussi cela "la puissance de l'être". Quelle que soit la fin, cela faisait d'eux des héros, et ils constituaient alors une nouvelle puissance populaire : "Pour un qui tombe, ce sont cent qui se lèvent !" rapporte l'historien. La victoire n'est pas une affaire personnelle. C'est la puissance de l'idéal du projet qui compte. Certains invoquent la puissance de la "vérité".

Voilà une posture sage et pragmatique. S'il est vrai aussi que la bienveillance est une philosophie du bien vivre ensemble, par ailleurs, la puissance intérieure reste corrélativement la puissance absolue. Elle est en cela divine. Voilà une posture à réfléchir, à revisiter et à penser. Est-ce qu'il n'y aurait pas de la puissance et de l'efficience dans ce que je considère à tort actuellement comme une faiblesse ?... Cette notion pourrait d'ailleurs fort bien être extérieure à moi-même ? Une “raison” supplémentaire pour la suivre avec… sagesse !...

Jean-Marc SAURET
Le mardi 9 septembre 2025

Lire aussi : " L'immense et le tout petit " 

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