La conception néolibérale de l'être humain n'a rien de profond. Elle repose essentiellement sur l'intérêt et l'apparence. Elle semble se réduire donc à l'enveloppe, à l'emballage, à la matière qui la tient debout. Le culte du paraître recouvre toute la personnalité, du maquillage à la gestuelle jusqu'à d'autres charmants comportements à vocation séductrice. Cette culture évite totalement le fondamental : c'est à dire ce que nous sommes vraiment. En l'espèce, personne ne sait répondre à cette question apparemment incongrue : Qui suis-je réellement... voire qui es tu ?
"Nous vivons dans un monde où les funérailles sont plus importantes que les défunts. Le mariage s'avère alors plus important que l'amour, et l'apparence est plus importante que l'âme. Nous vivons dans une culture de l'emballage qui méprise le contenu" écrivait Antony Hopkins. Ce à quoi il ajoutait de surcroît : "Ma philosophie est : ce que les gens disent de moi ne me regarde pas. Je suis qui je suis et je fais ce que je fais. Je n'attends rien et j'accepte tout. Et cela rend la vie plus facile."
Je partage ce propos, et je dis moi même que "Ce que l'on dit de moi ne me concerne pas. Cela ne concerne que ceux qui le disent. Occupons nous seulement d'être à chaque instant en accord avec nous-mêmes.". Ceci nous renvoie à la profondeur de notre être réel, tellement absent de cette culture néolibérale.
Mais puisque notre culture néolibérale est matérialiste, elle n'entend que ce qui se prouve, se compte et se mesure matériellement, rationnellement et intellectuellement. Cependant parlons un peu des travaux du géologue et anthropologue américain Greg Braden. Intéressé par la relation entre la science et les priorités culturelles de peuples premiers, il a découvert que le cœur était non seulement couvert de neurones mais que celui-ci conversait avec le cerveau, l'enjoignant à des décisions, des actes et des postures.
Dans l'antiquité égyptienne, le cœur était l'organe premier de l'être humain. Il était l'organe où se prenaient les décisions,, mais aussi le siège des impulsions à l'action. C'était aussi le cas dans bien d'autres culture anciennes. C'est encore le cas dans les cultures animistes actuelles. Culturellement, le cœur est le centre affectif du corps humain. De fait il est aussi le siège des émotions et donc de l'intuition. Nombre d'études sur l'intuition rejoignent cette représentation et la confortent.
Mais l'être occidental néolibéral a privilégié la rationalisation. Il a abandonné la force de l'intuition et de l'imaginaire, lâché le cœur pour le cerveau, perdu l'intuition et l'émotion au profit de la logique déductive de l'égo. Bien sûr, comme le présentait Aristote, la mathématique permet de comprendre des relations entre des parties et leur rapport au tout, mais ce n'est pas là toute la réalité. Elle la représente et pour partie seulement.
Ainsi, les liens entre le cerveau, le cœur et le langage sont d'une efficience remarquable et remarquée puisque étudiée. Depuis des générations, dans des temps anciens, ceux qui nous ont précédé ont compris et développé intuitivement cette relation. Ils ont reconnu dans la parole et les mots des compétences à procurer confort, guérison, force et puissance intérieure. Le mots est, selon ces anciens et quelques contemporains, la porte, voire l'outil, magique sur le réel. Ces habitudes et usages sont parvenues jusqu'à nous dans les pratiques ordinaires de soins et de guérisons utilisées par ceux que l'on nomme rebouteux, guérisseurs, faiseurs de secret ou coupeurs de feu. Ce sont des prières, des mantras, des incantations, des récitations, voire des textes sacrés qu'ils nous ont transmis avec une capacité d'adaptation à notre actuel culturel. Ils sont la magie par les mots car ils permettent aux praticiens d'atteindre la conviction requise pour que le cœur donne et que la magie opère.
L'être ancestral véhiculé dans ces cultures paysannes et populaires est très vivant parmi nous, dans l'incrédulité même de ceux qui en profitent. Pourquoi ? Parce que l'être occidental, celui qui demeure le fils du siècle des lumières, est vide. Imprégné de la logique de rationalité, il a aussi perdu la raison car il a perdu la conscience de son centre de pouvoir et d'intelligence, de réception des connaissances. Seule la logique vient jusqu'à balayer le pas de sa porte. Il a effacé son cœur, là où siège son âme, son être profond.
Jean-Marc SAURET
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