"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Vers une autothérapie et la révélation de soi (11 02)

Avant toutes réflexions sur le développement personnel, rappelons qu'en matière d'identité nous sommes pour une large part une construction sociale. Nous allons donc retrouver ici, d'une part le fruit d'interactions avec les autres et notre environnement et d'autre part, comme nous l'avons vu, une conviction plus personnelle d'ordre culturel ou imaginaire. Me reviennent aussi ces mots de sagesse que l'on retrouve dans le bouddhisme, dans l'hindouisme, dans l'animisme comme dans la psychanalyse lacanienne : sans les autres, je ne suis pas. Nous ne sommes que de l'autre qui me nomme, me caractérise, me reconnait ou pas, d'une forme ou d'une autre. Ceci me rappelle la phrase du philosophe Alexandre Jollien "Sans l'autreje ne suis rien, je n'existe pas, autrui me constitue comme il peut me détruire." 

Certes, mais à la condition que je fasse miennes ces appréciations extérieures. Il en va de même de l'environnement tant culturel que matériel. Nous ne sommes que la conséquence d'un environnement économique et social, porteur de valeurs et de récits de vérité que nous avons accueillis et même incorporés.. Cet environnement nous façonne comme il conditionne nos représentations de soi, de l'autre, du monde et de soi dans le monde, dès lors que nous l'avons accueilli. Cela étant, nous gardons en conscience que le soi est révélé par cette construction duale et interactive, tout en restant au creux de notre âme.

A force de pratiques méditatives, intellectuelles et morales, nous comprenons qu'en matière de soins de soi et de développement personnel, tout passe par le corps depuis l'imaginaire. Ce sont deux voies parallèles, coopérantes, contributives et concomitantes. Je repense encore une fois à la façon de rêver une situation pour la résoudre. J'ai déjà traité de l'exemple du jeu de rugby dans la cour de l'école.  Je voulais résoudre une situation que je ne savait pas traiter : en l'espèce, “passer mon copain René et éviter qu'il ne m'attrape. Imaginer ce moment et le revivre en situation dans ma tête, fut très apprenant et le résultat très efficient. La réinvention du "raffut", ou cette stratégie du "chassant vers le bas" se sont avérées déterminantes. C'est bien là le processus de création que nous pouvons utiliser à souhait.

Il en va de même pour ma santé et la visualisation de "ce qui m'attend" tant dans le désir que dans la soumission. C'est aussi ce qui construit ma santé dans son évolution. De même, le bonheur, selon la longue étude du psychologue hongrois Mihály Csíkszentmihályi, est une mise en "flow" mental dans une activité particulièrement prenante. Dans ce phénomène le temps disparaît, tout comme la sensibilité aux besoins essentiels (boire, manger, dormir...). Dans une pratique savoureuse, le candidat au bonheur entre dans un état second (qui ressemble à la méditation du moment présent) où le praticien est tout à sa pratique, absorbé en elle, loin des sensations des contraintes physiologiques ordinaires.

C'est dans cet état quasi second que le monde change avec nous. Dans ces conditions, nous pouvons pratiquer mentalement cette activité qui nous passionne, même si les bras et les jambes nous ont abandonnés. En effet, mentalement tout devient possible et plus que "réel". Le cerveau qui nous commande ne fait pas de différence entre une expérience vécue et une rêvée. Pour cela, j'utilise la formule consacrée : ''Je suis déjà là'', comme si cet état que j'espère m'était déjà acquis, et spirituellement, il l'est.

Ceci me rappelle aussi la découverte et l'apprentissage du pouvoir de l'hypnose par Milton Erickson alors paralysé. C'est bien l'alliance de l'imaginaire et du corps ressenti qui donne toute la puissance de transformation. C'est justement ce sur quoi s'appuient les pratiques de yogas, de Chi cong, d'arts martiaux et de bien d'autres disciplines. Elles ont en commun de se situer encore dans le lâcher prise et la concentration. 

J'ai le souvenir de ces entraînements quotidiens et solitaires dans le cadre de la pratique de la savate ou boxe française : mes sensations corporelles étaient associées à une certaine vision de l'art. La gestuelle, pratiquée à vitesse réelle ou décomposée, était faite de mouvements précis, chacun porteur de sens et d'efficience, où tout le corps "uni" balance en équilibre, pare et frappe virtuellement, dans un affrontement onirique.

C'est bien cela qui a tant modifié ma boxe, tout comme mon comportement social et personnel face au réel. Aujourd'hui, je comprends mieux cette phrase jungienne :"Ce à quoi je fais face, s'efface. Ce à quoi je résiste, persiste." L'art martial s'épouse comme un chemin de vie, ou une pratique méditative. Elle s'installe comme une démarche vers la sagesse et la connaissance.  Cela a pu se vérifier pour moi, et ne constitue plus une incongruité aujourd'hui. Il s'agit aussi d'un retour à l'intérieur de soi, d'un regard sur son être profond. Quand je refais les gestes aujourd'hui, je retrouve la méditation apprenante où la sensation et l'imagination s'interpellent en interaction créatrice.

Bien sûr, pour ce faire, nous avons recours à la fois à l'audace et à la prudence, nos meilleures amies jamais antinomiques, jamais antagonistes, jamais bloquantes ni handicapantes, bien au contraire. Il s'agit bien là d'une thérapie universelle qui pourrait trouver sa définition dans ces quelques mots : "une kinesthésie onirique illimitée, d'audace et de prudence, génératrice de connaissances profondes". Osons donc l'équilibre, en accueillant ce qui est, puis vivons et rêvons, à partir de là, le meilleur de la situation, celle-ci ou une autre, plusieurs autres, réelles ou imaginées.

Pendant que le geste s'accompli, l'image de la situation se précise. Je n'ai pas d'adversaire, seulement des situations d'oppositions (que d'aucuns appellent "combats"). A partir de ces prémices, la vision globale se nourrit des raisons de mes gestes, des conséquences entrevues ou perçues. On y retrouve des enchainements logiques, en pleine présence et en pleine conscience. C'est bien là l'enrichissement personnel, la révélation de son être profond. Effectivement, il se trouve bien loin de la notion de "développement personnel" (car la seule chose à développer est le geste), mais tient et relève plutôt de l'appropriation par son moi profond. 

Tout le reste arrive et se révèle de surcroit. Ici, l'onirique et le kinesthésique s'entremêlent en une seule dimension non encore nommée. Elle revient à une posture fondée sur l'accueil, le lâcher prise et l'immédiat. Le monde dont je rêve est le nouveau contexte de ma réalité avec lequel j'interagie. On pourrait créer le mot "kinesnirique" à la frontière des deux dimensions. Certes, chacun trouvera dans son cœur le champ où il exercera sa présence sensitive en conscience attentive. Ceci me renvoie à ma devise d'aimer les gens et le travail bien fait.

La psychologue et thérapeute Julia Rautenberg nous fait remarquer dans son ouvrage "Thérapie LIBRE" qu' "On ne peut pas changer les autres. On ne peut que se changer soi-même. C'est dans le lâcher prise que la vie nous offre ses plus beaux cadeaux." J'oserais proposer que cette posture détachée sensitive et onirique constitue, à elle seule, une bonne voie vers son moi profond, vers son être intérieur et toute sa puissance, vers l'univers et les dieux dont nous parlait Aristote. c'est peut être là une belle piste à emprunter pour de nouvelles perspectives, comme celle d'un monde meilleur déjà en soi, déjà là ! ...

Jean-Marc SAURET
Le mardi 11 février 2025

Lire aussi : " Etre reconnu, intégré, aimé " 

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