"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

De la pédagogie dans l'éducation (10 12)

Nous sommes le fruit de notre histoire, de notre environnement, de notre socialisation.  Le premier pas reste la pédagogie. Comme Piaget l'avait déjà montré, la pédagogie ne tient pas compte du désir de l'enfant mais de principes de dressage et de soumission, de mise au pas, de normalisation. Il est normal d'avoir au bout du compte, et à la fin de la démarche, des rebelles, des endormis, des bombes à retardement et des lèche-culs. Si l'on veut des citoyens, et non des consommateurs soumis, il nous faut coconstruire en donnant à chacune et à chacun la capacité d'épanouissement, de découverte en toute sécurité : en d'autres termes, beaucoup d'amour. Ceci passe immanquablement par le respect de la souveraineté de chacun sur sa démarche de connaissance.

Adolphe Ferrière (1879 -1960), était un éducateur suisse et l'un des fondateurs de ce que l'on a appelé "l'éducation nouvelle". On peut faire une courte présentation résumée de sa critique de la pédagogie moderne. Elle me semble particulièrement judicieuse et juste, humaine et , en un mot, inspirante.

- L'enfant aime la nature, alors ils l'ont enfermé entre quatre murs.

- L'enfant ne peut pas rester assis pendant des heures sans bouger, sa liberté de mouvement a donc été réduite au minimum.

- Il aime travailler de ses mains et ils ont commencé à lui présenter des informations et des théories.

- Il aime parler sincèrement – on lui a appris à se taire.

- Il s'efforce de comprendre - on lui a appris à mémoriser.

- Il aimerait faire des recherches lui-même et utiliser ses propres connaissances (d'âme et d'imaginaire) - mais on lui a tout préparé sur des dizaines de feuilles de travail.

- Grâce à tout cela, les enfants ont appris ce qu'ils n'auraient jamais appris dans d'autres circonstances : "ils ont appris à ne rien remettre en question et à s'adapter."

Nous avons tous subi ce type de pédagogie handicapante, limitante, dévalorisante. Il est normal de voir en nous bouillir une effervescente réaction, comme un eczéma de la personnalité. La réponse que nous pouvons nous donner serait "Offrez-vous un cadeau : croyez en vous-même !" 

Comme nous l'indiquait Tolstoï, la violence est une faiblesse inculte, inappropriée et inefficace. Nous ajouterons à cela que l'empathie est le levain de "l'en paix". L'en paix est une posture, une méthode, une démarche de changement ou l'autre n'est pas un ennemi mais un partenaire. On ne danse pas le tango en violentant son ou sa partenaire. Comme en chaque chose, il s'agit d'une cocréation. La co-construction réclame l'apport de chacun et de tous, en convergence ou en divergence, mais en aspirant au changement utile et nécessaire. Le seul point commun est "on n'en reste pas là !". A partir de là, l'évolution vers un "coconstruire" s'amorce en bienveillance et en partenariat. La démarche en s'appuie sur la contribution de chacune et de chacun, selon les points de vue non imposés de chaque acteur. L'essentiel est de ne pas exclure, tout en conservant, pour les participants, le sentiment d'être accueillis, considérés et compris. Eduquer est donc bien plus qu'une transmission. Il s'agit plutôt d'une coopération. Mais où sont la limite et les fondements de ses conditions ?

Je me suis encore posé cette question à la limite du matérialisme et de la spiritualité : est-ce la fréquence des mots qui influence le réel ou est-ce le sens qu'ils portent et donc l'émotion qu'ils provoquent qui crée l'influence, et la vibration qu'ils suscitent ?

Mais l'éducation ne concerne pas que les enfants. C'est plutôt la pédagogie. Alors j'aime à regarder ce qui se fait ailleurs en la matière et qui porte des fruits que nous attendons.

Par exemple, sur l'ile d'Okinawa vivent des centenaires. Leur longévité semble liée à leur philosophie de l'Ikigay. Il s'agit d'une méthode de vie pratique qui est constituée de quatre buts dans la démarche personnelle : faire ce que l'on aime, faire ce que l'on sait faire, faire quelque chose qui serve à un grand nombre sinon à tous, et qui nous permette de vivre.

On peut en faire la critique, bien entendu. Mais il ne faut pas se tromper de démarche. De manière à garder la tête froide et l'esprit lucide, il est bon de savoir que l'imbécilité combat ses détracteurs non pas en opposant des arguments mais en dénigrant la personne de leurs auteurs, jusqu'à leur identité même. Je pense aux divers anathème de type "complotiste", "radicalisé", inculte, extrême droite, etc... dont notre société use en guise de débats. Ici, l'insulte radicale se substitue à tous type d'arguments.

Il est intéressant de revenir ou de rester dans une saine doctrine de l'équilibre, cette fameuse voie du milieu. Je repense alors à George Santayana, ce philosophe hispano-américain dont la démarche m'est apparue originale dans ce partage de la raison et de l'intuition augmentée d'une autre dimension. En l'espèce il s'agit de celle de l'être profond lui-même, très certainement cet être qui est en lien avec l'univers et les dieux...

L'approche de Santayana est dualiste, et son réalisme criticiste constitue un scepticisme radical. Il y a, d'un côté, les choses matérielles et, de l'autre, "les règnes de l'Être" qui "ne font pas partie du cosmos, ni ne forment ensemble un grand cosmos : ce ne sont que des genres de catégories de choses". Ces catégories ne disent cependant rien des choses. Ce sont des idées, des représentations, que le philosophe, comme toute personne, se fait des choses. La métaphysique, la religion, la science "sont de grandes allégories que l'action interprète", dit-il. C'est à cela que se réduit le pragmatisme de Santayana. Quant à son naturalisme, il ne signifie même pas que les choses existent. Santayana nie "l'existence de toute donnée quelle qu'elle soit", parce qu'on n'en peut apporter aucune preuve. "La croyance en l'existence de quoi que ce soit, y compris moi-même, est quelque chose de radicalement dénué de preuve et reposant, comme toute croyance, sur une opinion et un besoin vital irrationnels" *

J'aurais bien eu envie d'ouvrir avec lui le débat autour de ces notions qui me sont chères : la rationalité matérielle et mathématique, versus l'essence des choses du monde que nous sert l'intuition. Mais Santayana n'est plus là pour nous accorder cette faveur. Dommage ! Ceci reste cependant à repenser, développer et approfondir...

Jean-Marc SAURET
Le mardi 10 décembre 2024


* C'est ce que l'on peut lire dans Scepticism and Animal Faith (1923), qui annonce la grande œuvre, The Realms of Being (4 vol., 1927-1940). Antérieurement, Santayana avait publié The Life of Reason, ouvrage en cinq volumes (1905-1906) qu'il ramassa en un volume en 1952-1953. Il y décrit la vie de la Raison dans le sens commun, la société, la religion, l'art et la science.

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