L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " (JMS) Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision au plus profond de moi même sur l'être et l'univers. Profitez et participez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

S'exprimer ou comprendre (07 08)

Au hasard de mes lectures, observations et autres activités, il m'est venu comme une nécessité de tracer ces quelques lignes sans attendre. Un ami me faisait remarquer que sur les réseaux sociaux, les praticiens passaient beaucoup de temps à réagir, à s'exprimer sans jamais prendre le temps d'entendre, d'écouter et de comprendre ce dont il s'agissait à propos de ce que d'autres venaient d'exprimer. Je me rendais à l'évidence. Dans ce temps accéléré, plus personne ne prenait ce temps précieux et nécessaire de savoir ce que l'autre portait, parfois même maladroitement.

Oui, l'urgence et la précipitation dans laquelle nous évoluons nous façonne un cadre contraignant. Il semble alors que nous devrions réagir vite, dans l'immédiat, avant que d'autres... Que d'autres fassent quoi ? Parlent à leur tour ? Dans cette urgence il n'y a pas de conversation, pas de rencontre de l'autre, pas de partage, pas d'élaboration commune... C'est comme si chaque interjection était une chose en soi, "claquée" en direction du réseau tout entier, comme sur un terrain de jeu, ainsi comme une balle que l'on renvoie et dont, à l'instar du jeu de tennis ou de ping-pong, la qualité de la trajectoire ferait le match... Jusqu'à ce que l'autre rate ! Mais rate quoi, ici ?...

Nous retrouvons là l'esprit de compétition, de concurrence et d'opposition qui font tout l'intérêt d'une partie sportive, d'un match, alors que la conversation est tout autre chose. Il s'agit d'une co-construction, d'un partage, d'une rencontre, d'une élaboration commune. Ainsi, dans un premier constat, nous voyons à quel point la culture néolibérale qui est maintenant l'actuelle (et donc la notre), nous fait confondre l'élaboration et la compétition. Est-ce cela que nous voulons ? Ou voulons nous comprendre, rencontrer, partager, créer, construire alors que la "toile" ne nous offre qu'un champ égocentré pétri d'individualisme, de solitude, de solipsisme ?

Si c'est la seconde finalité qui nous anime, alors il nous faudra changer de représentation, d'intérêt, d'objectif. J'entends les adolescents sur la toile se vanter d'avoir "clashé" leur interlocuteur, qu'un quidam en a "détruit" un autre. Est-ce là le seul but d'une conversation ? Le monde va donc à la dérive ? Ne construira-t-il plus rien puisque les sciences humaines nous indiquent que le but de groupes sociaux est l'être ensemble dans un développement commun, afin de voir l'évolution des objectifs en même temps que les situations. Les sagesses anciennes et actuelles, comme la philosophie des peuples premiers, nous renvoient à la solidarité, à l'interdépendance et à l'entraide (comme dans les sociétés de loups). Tout le reste est soit jeu, soit évolution mortifère...

Alors, si nous voulons durer, et voir se développer notre "société", il nous faudra revenir à l'écoute, relire Carl Rogers, Paul Watzlawick ou Marshall Rosenberg. Les auteurs sur la qualité de la relation et les processus de communication ne manquent pas. Chacun nous indiquera son mentor en la matière, celui dont les écrits nous stimulent et nous donnent envie de jouir de nos relations humaines. Il s'agit en effet de comprendre le monde de l'autre pour s'en enrichir et poser une passerelle sur les éventuels fossés qui pourraient nous séparer.

Il nous faut ne jamais confondre l'urgent avec l'essentiel. On prête à Edgar Morin d'avoir dit qu'à force de sacrifier l'essentiel pour l'urgent, on finit par oublier l'urgence de l'essentiel. Dans le brouhaha continu de notre environnement sociétal, il reste bien difficile de créer ce temps calme pour s'entendre, se comprendre, se rencontrer. Nous connaissons bien cedit temps calme que nous exigeons des autres, des enfants, non pas pour être mieux ensemble mais pour être plus tranquillement seuls. Nous vivons comme si nous étions certains de nous même et de notre environnement, de notre milieu. Pourtant, jamais autant qu'actuellement, nous rencontrons des personnes avides de réponses et de certitudes. 

Elles se disent pragmatiques et "non croyantes". Pourtant elles sont pleines de certitudes et de peurs. Elles défendent le champ de leurs convictions à coup d'insultes et d'anathèmes. Il n'est pas question de remettre en cause le fragile rempart de leurs opinions, même pas des points de vue forgés par l'expérience, seulement des certitudes justifiées par quelques vécus et pas forcément vraies. Ils sont aussi du type : "Je connais quelqu'un qui..." ou bien "Je sais qu'un jour, il m'est arrivé que..." Et nous savons pertinemment que nous ne voyons que ce que nous croyons et non l'inverse comme le clamait Saint Thomas à son maître.

Alors qu'est-ce qu'écouter ? Ce n'est pas seulement entendre mais porter de l'attention, accueillir un point de vue, c'est à dire ce que l'autre a construit d'éléments de réalité depuis là où il se trouve, depuis là où il se place. On ne voit pas la même chose depuis le plus haut des gradins, depuis le plus bas ou sur le bord du terrain, voire sur le terrain lui-même. L'engagement dans le réel est tout aussi différent. Si le point de vue n'est pas le même, la conception de la réalité aussi. Ainsi, se parler consiste à mettre les pendules à la même heure, non pas pour être d'accord, mais pour pouvoir  dire : "Oui, je sais, c'est comme ça que tu le vois."

Comprendre consiste à accueillir les mots de l'autre avec les références de son vécu, de ses expériences, de ses construits culturels dans le collectif où il s'est construit lui-même. J'entends déjà quelques voix s'exprimer ainsi : "Mais on ne va pas faire l'archéologie des propos de tous !" Oui, je l'entend, mais si nous voulons nous comprendre, comme nous voudrions que les autres nous comprennent, il faudra bien tenter d'emprunter ce chemin avec patience et attention. C'est souvent ce qu'ont fait avec nous nos parents, nos grand parents, nos enseignants et autres personnes qui nous ont accompagnées sur nos chemins de vie. Pour cela, nous gardons parfois d'excellents souvenirs et de bons sentiments à leur égard. Et si ce n'est pas le cas, c'est certainement parce que cette écoute attentive et gratuite n'a pas vraiment eu lieu...

D'autres se sont construits hors de l'expérience, dans la peur de décevoir ou d'être exclu, en se soumettant à l'opinion majoritaire. Mais comme le disait un certain Coluche : "Ce n'est pas parce qu'ils sont nombreux à se tromper qu'ils ont raison". Nous avons toujours à connaître par nous même, de par notre expérience.

Il parait bien évident que nous ne pouvons pas tout expérimenter mais, par comparaison, nous pouvons nous approcher du vécu de l'autre. Alors nous nous entendons dire "J'imagine que ça n'a pas été facile tous les jours..." Dès lors le pas est fait et notre co-construction s'établit jusqu'à "aimer" cet autre par lequel nous avons appris. Je ne cesserai de repenser à cette si puissante phrase de Saint-Exupéry :"Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis !" Il y a vraiment de l'intelligence profonde dans cette posture que l'on sait alors pleine d'amour.

Jean-Marc SAURET
Le mardi 27 août 2025

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