L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " (JMS) Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision au plus profond de moi même sur l'être et l'univers. Profitez et participez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Qu'est-ce que le wokisme ? (13 08)

Nous entendons beaucoup ce mot mais savons nous exactement ce que ce terme recouvre ? A son apparition, le terme anglo-américain woke vient du verbe Wake qui signifie "éveiller". Il désigne le fait d'être "conscient des problèmes". Il est initialement utilisé pour désigner des personnes soucieuses et attentives aux problèmes de justice sociale et d'égalité raciale. On retrouve là un projet qui se réfère alors à différentes luttes pour l'égalité des droits. D'abord utilisé dans les milieux antiracistes, il évolue sous la forme d’une idéologie globalisante qui va bien au-delà du seul glissement sémantique. Celle-ci combat et tente d'invisibiliser telle ou telle identité sociale qui représenterait un pouvoir, ou une autorité sur les minorités. Ce sont par définition les blancs hétérosexuels qui seront, à partir de là, taxés d'oppresseurs et de conservateurs rigides. Dans ce mouvement très évolutif, ils deviendront bientôt la cible essentielle.

Dès lors, on va assister à nombre de dérives et dérapages sociaux, comme ce grand tabou du Québec contemporain : c’est à dire l’intolérance et le mépris dont sont la cible les Québécois francophones chez eux. Cela peut être considéré comme un archétype. A partir de là, trois grands axes sont développés dans le wokisme.

Un premier axe est constitué par l’antiracisme (comme dans le mouvement Black Lives Matter), qui a montré toute sa force en 2020. Un deuxième concerne l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique (Greta Thunberg est alors une figure typiquement woke). Un troisième axe est focalisé sur l’égalité femmes-hommes. On le retrouve associé à la défense des minorités sexuelles et la lutte contre les violences sexuelles et sexistes (#metoo est un mouvement woke). Ce dernier axe a connu un développement fulgurant, occultant pratiquement les deux autres, devenus de ce fait, des axes plus marginaux.

Une minorité transgenre, LGBT, connue aussi sous d’autres appellations, est issue de milieux sociaux plutôt moyens ou favorisés. C'est cette forme qui a bientôt pris le pas sur les autres développements et ce dans un radicalisme grave. Elle va même aller jusqu'à se substituer à tout le mouvement lui-même dans une majorité de pays occidentaux. Ce développement, parfois qualifié de “débridé”, va provoquer des réactions de rejet et d'antipathie, y compris dans des mouvements et milieux gays. Certaines postures radicales donnent en effet l'impression de ne reconnaître comme authentiques ou légitimes, que les seules identités marginales, un positionnement qui va parfois jusqu'à la caricature.

Cette situation a semé de la confusion et créé des radicalités, qui génèrent, en réaction, des guerres internes et externes délétères. Par exemple, est apparue cette posture manichéiste : ou tu es woke, donc combattant de toutes les injustices, discriminations et dominations et tu es dans le camp du bien, ou tu n'es pas woke et alors tu es dans le camp du mal. Ce wokisme s'est développé dans nombre de secteurs sociaux avec l'identification spécifique de victimes, comme les femmes, les homosexuels, les noirs, les transgenres, etc. "piochées" dans les minorités. La conséquence est l'absence d'espace de débat. 

Il ne reste alors que l'anathème, l'opprobre et la discrimination jusqu'à la culpabilisation systématisée. On voit donc se multiplier les attributions aléatoires de certificats de "bien pensance" et d'appartenance au camp du bien dans une catégorisation systématisée d'oppresseurs et de victimes de fait. Les personnes sont donc sommées de s'identifier à la communauté dont elles sont estampillées et d'en adopter les comportements assignés ( de toutes les manières, sans avoir leur mot à dire, chacune en sera affublé a priori). On en arrive à un totalitarisme de culture où il ne s'agit pas de libérer mais d'inverser les discriminations comme dans un phénomène de vengeance. Malgré une tentation chronique de donner un socle scientifique à la démarche, le wokisme ne repose, en fait, que sur un militantisme idéologique.

Aujourd'hui, la culture woke est globalement devenue une démarche d'affirmation et de tentative de prise de pouvoir des courants LGBTQ+. Ce mouvement radical est paradoxalement aussi mal vu par les courants conservateurs que par des courants réputés progressistes. Les uns et les autres regrettent et condamnent la confusion suscitée par ces outrances, porteuses de totalitarisme. En réaction, si l'on peut dire, et parallèlement, les mouvements droitiers ou extrême droitiers sont accusés d'utiliser le terme à des fins discriminatoires, situation éminemment paradoxale ! Le terme woke reste cependant revendiqué aussi bien par les tenants de son origine, quand bien même qu'il se trouve utilisé par leurs opposants, comme un qualificatif de déviance dans une posture totalitaire et victimaire. Par exemple, tout ce qui n'accueille pas le wokisme serait d'etrême droite. La situation est décidément complexe.

Aujourd'hui, avec cette confusion et les guéguerres internes et externes, les tenants de cette mouvance sont globalement perçus comme incapables de générer un mouvement en phase, construit et porteur de progrès. Ainsi, on repère et assiste à des manifestations peu cohérentes, brouillonnes, quand elles ne sont pas perçues comme contradictoires. Le phénomène est aussi souvent accentué et aggravé par des postures agressives, iconoclastes et transgressives. Quelques scènes de la cérémonie d'inauguration des JO de Paris en sont une exemple patent. J'y reviendrai...

Comme pour faire culture, un bon nombre de termes se sont construits sur celui de départ, comme pour affirmer une identité dissolue, voire dissoute dans une complexité mal calculée, sinon incohérente. Ce sont des termes comme "wokitude", "wokiser", "wokistan" ou "wokeland" et "wokelangue", voire "enwoké". Cette néo-culture s'est développée dans les champs de la théorie du genre, et ce dans sa quête de reconnaissance du "transgenrisme". Ils le pensent réellement possible comme si le genre relevait du choix de la personne et non de la biologie et des chromosomes. Nous comprenons mieux alors la radicalité de leurs combats jusqu'à l'aveuglement et l'entêtement.

Voilà une présentation factuelle qui ne souhaite pas prendre part à ces luttes internes et externes. Ces dernières n'apportent que plus de confusion à un débat déjà houleux et déconstruit.

Alors revenons à la récente polémique et mouvements d'humeur autour de la manifestation du 26 juillet. Au moment où j'écris, la cérémonie de clôture n'a pas encore eu lieu, mais il est à prévoir que l'on sera dans la même problématique. Le souci avec certaines scènes de la cérémonie d'ouverture des JO n'est pas le blasphème en lui-même mais l'imposition à tous d'une conception sociétale marginale et minoritaire comme étant absolue, normale et ordinaire, voire officielle. Lors d'une telle cérémonie de ce type, l'orateur présente au nom du peuple. Ce qu'il s'y dit est au nom d'un universel. C'est là que se trouve le problème. Ainsi la célébration très officielle usant de symboles "transgenristes", satanistes, "gores" et mortifères, devient une "transgression" de ce qu'elle présente (l'olympisme), et relèverait alors d'un totalitarisme en posant comme universelle une conception singulière, communautaire et marginale. Certes, dès lors qu'il s'agit d'un discours "officiel", le principe de transgression tombe. Il s'agit alors juste d'un abus, d'une escroquerie...

Qu'un quidam, à titre privé et personnel, produise la même œuvre ne pose pas de problème à la république laïque qui est la nôtre. Tout le monde pourra lui répondre et un débat pourrait s'ouvrir. Mais utiliser un canal officiel pour transgresser relève de l'intoxication, à moins que ce soit de l'ordre de l'escroquerie, ce qui n'est pas mieux. Peut-être sommes-nous d'ailleurs en présence d'un “projet” qui s'apparente à une tentative de totalitarisme ordinaire, laquelle n'aurait décidément pas vraiment pris.

Mais ici, il semblerait que nous assistions non seulement à la fin d'une culture mais aussi, comme dans un dernier soubresaut de celle-ci, à une tentative du néolibéralisme à générer une apologie de l'individualisme, générer le chaos, éclater la société, abolir tout sacré (c'est à dire tout fondement sur lequel repose une société), soit déconstruire les liens sociaux jusqu'à l'abêtissement total des populations à coups d'une religion de la peur, de pain et de jeux, et ce jusqu'à la soumission pour le profit de quelques-uns... Par manque de chance, le peuple a appris des manipulations successives dont il a fait l'objet et, parce qu'il a compris, il se rebelle !

Il semblerait que de plus en plus de monde ait compris que le terme de "woke" et ses dérivés, seraient, à l'instar du concept de "complotisme", un simple outil de communication servant à disqualifier une catégorie de gens dont on voudrait faire taire les propos et les questionnements dérangeants. C'est aussi cela le totalitarisme...

Comme l'a si bien décrit Hannah Arendt dans son analyse du totalitarisme, la propagande consiste à isoler les personnes dans une relation individuelle et verticale avec l'autorité, puis à instiller une peur générale. Peur à laquelle le discours officiel apportera des réponses en forme d'évidences incontestables. La majorité des personnes les défendront pour d'une part appartenir au camp du bien et d'autre part éviter de retrouver la peur. Ceux qui passeraient à travers les mailles du filet seront désignés coupables de déviance et dangereux pour la population. 

Hannah Arendt écrivait ainsi en 1951 que "l'isolement dans l'individuation sociale est le socle du totalitarisme." C'est ce que fait le néolibéralisme. Cette procédure permet la réception et l'acceptation du discours de peur. De là, le totalitarisme s'installe avec la participation du plus grand nombre. La philosophe actuelle Barbara Stiegler ajoute que " Au nom du bien, le pire du totalitarisme s'autorisera à penser à votre place, à choisir jusqu'au moindre détail de votre vie". 

Aussi, il me semble qu'il ne sert à rien de faire de longs discours, mieux vaut parler au cœur car chacun ne comprend que ses propres croyances. A moins que celui qui parle soit habillé d'autorité. On ne débat pas avec un ayatollah. On dit ce que l'on a à dire et on se tait ou l'on s'en va. 

Je préciserais juste qu'alors qu'on entend, qu'on écoute et comprend les propos que portent les mots, on ressent les émotions et les silences. On ne le comprend pas à proprement dit. On les ressent avec le cœur au plus profond de soi. L'expérience est plus puissante que les théories, disait Einstein. Dont acte.

Jean-Marc SAURET
Le mardi 13 août 2024

Bel été et bonnes vacances. Retrouvons nous le 3 septembre !

Lire aussi : " Post modernité et alternation culturelle : 2 - Le temps d'après "  (deuxième parties)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos contributions enrichissent le débat.