Je relisais ce message de mère Térèsa nous rappelant que "la plus grande maladie, aujourd'hui, n'est ni la lèpre ni la tuberculose, mais le sentiment d'exclusion". J'ai effectivement le sentiment profond, que mes études et observations me confirment, que l'approche néolibérale fabrique une culture, non seulement individualiste, mais aussi de l'affrontement, de la compétition concurrentielle, et par voie de conséquence de la séparation et de la déconsidération. Nous sommes ainsi défaits de ce qui nous avait fait partager nos vie avec les loups devenus nos chiens : la solidarité et l'interdépendance des membres de la meute et de la horde.
Voilà tout ce qu'il faut pour fabriquer du malheur et des bombes sociales. On pourrait ajouter que le triptyque à afficher sur les frontons de nos bâtiments publics pourrait être, en lieu et place de "Liberté, Egalité, Fraternité", quelque chose comme "Mentir, Divertir, Endormir". N'est-ce pas ?
Désormais, l'opposition de chacun contre tous devient une sorte d'ordinaire, un normal, assortis d'une incontournable fatalité. Mais encore, au nom des religions qui prônent l'amour du prochain, on tue, on assassine, on exclut, on anathématise, on condamne. Et c'est là la nouvelle "moraline".
Le Dalaï-lama s'est étonné lorsqu'une psychologue canadienne lui indiqua qu'elle avait dans son cabinet nombre de gens qui se détestaient eux-mêmes. Il ne comprenait pas ce retournement ordinaire des gens contre soi. Voilà une idée bien occidentale, bien conséquente du néolibéralisme si courant ici.
Cette même psychologue, Tara Brach, a travaillé et publié sur la résolution de cette problématique pour laquelle elle propose, à ceux qui viennent lui demander de l'aide, l'accueil de leurs propres sensations, l'acceptation de leurs propres sentiments, l'acceptation radicale de soi. En effet, pour accepter "ce qui est" passe par d'abord connaître et le reconnaître.
Ainsi nous pouvons nous poser quelques questions simples, comme : est-il normal que nous soyons en concurrence, en compétitions constantes, que ce soit au travail, dans la rue, chez soi ou encore dans la solitude de la salle de bain où l'on se prépare à s'exposer aux yeux d'autres. Et donc on se compare à quelques stéréotypes devant la glace. "Je suis trop ceci, ou pas assez cela !" Et si l'on s'accueillait comme nous sommes ? Si l'on se pardonnait et si l'on s'aimait ? Voilà le point de départ de ce monde meilleur auquel tout un chacun aspire consciemment ou non.
Ces mises permanentes en concurrence génèrent en soi du manque. Celles-ci développent en nous ces sensations diffuses d'être incomplets, inachevés, non entiers. Ce sont ces incomplétudes que nous avons à accueillir. Elles ne sont que le fruit d'idiotes compétitions aussi inutiles, douloureuses qu'injustes. Elles résultent de la mise en concurrence, de la compétition et des surenchères. Ce sont elles que nous avons à lâcher, à abandonner. Elles ne servent qu'à nous isoler, nous individualiser, et à nous frustrer. Tout cela pour que nous allions chercher à combler leurs conséquences psychiques dans de la consommation de produits aussi inutiles qu'inefficaces en la matière.
Jean-Philippe HUBER, le Fondateur de Mocica, une association internationale pour la paix et le monde sans argent, propose de lâcher l'argent qui individualise et installe dans la concurrence et la quête pour soi seulement, des échanges. Il imagine un nouveau mode d'échange et de partage non pas contre monnaie, mais contre compétences, justement celles que l'on cache et garde pour soi-même par projet de profits. Pourtant c'est là la cause de bien des violences et dysfonctionnements sociaux, ceux-là même que l'on attribue à "la nature humaine", que l'on considère comme un inéluctable. Pour mieux se faire comprendre, il prend pour exemple : "Est-ce qu'en famille nous monétisons nos partages et solidarités ?" ...
Le bon remède à ces souffrances latentes, lesquelles nous accompagnent insidieusement toutes les secondes de notre vie, réside dans l'affirmation sincère et simple à la fois : "Je ne joue plus !", ce lâcher prise social, cette dissidence nécessaire et volontaire pour effectuer un retour à notre humanité profonde, dans une société de la bienveillance et de la solidarité, celle là même qui nous a fait cohabiter avec les loups en toute efficacité, bienfaisance et solidarité. Mais cela, c'était... avant !
Lire aussi : " Penser le réel "
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