Si la vision guide nos pas, c'est notre corps qui exécute les gestes, pose les actes de nos vies, s'agite et réagit pendant que notre mental pense le monde dans et pour lequel nous agissons. Au moindre sentiment que nous vivons, notre corps réagit, se tend ou se détend et nos postures expriment ce langage du corps, ce non verbal qui accompagne nos pensées, parle plus fort et plus justement que nos mots. En effet, notre corps résonne de notre vie intérieure.
Réciproquement, nous savons pleinement que détendre le corps agit sur notre mental. C'est ce que nous expérimentons lors de massages, de pratiques yoguiques, sophrologiques et méditatives. Le corps retrouvant souplesse et sérénité, notre esprit aussi. Cette réalité habite bien des sagesses du monde. Sur ce point là aussi, elles sont convergentes. Il me souvient avoir lu cette consigne donnée par le Bouddha il y a quelques deux milles cinq cents ans : "L'attention tournée vers le corps mène à un sens aigu de l'urgence, à l'apaisement de l'inconfort, à une vigilante attention avec le gain de connaissances sur la vision intérieure, le séjour confortable dans l'ici et le maintenant."
Si personne ne niera le phénomène, combien y prêtent une attention soutenue ? Combien profitent de cette pratique ? Certainement ce sont certaines activités ou professions comme le yoga, la pratique des arts martiaux et autres sports à haut niveau, la danse classique, la gymnastique. Ce sont de fait les pratiques corporelles dans leur ensemble. J'ai le souvenir particulier de la pratique de la boxe française savate pour laquelle je m'entraînais deux heures par jour et me reposais le dimanche dans un footing d'une vingtaine de kilomètres.
Lors des entraînements, je revivais ces reports de poids d'une jambe sur l'autre, le haut du corps se balançant et se tordant en contre poids pendant que l'autre jambe montait haut vers sa cible. Notre concentration sur ces pratiques nous permettait d'atteindre le geste juste, d'en ressentir l'ajustement vers l'équilibre, la précision et la puissance. J'ai retrouvé cette pratique introspective dans l'escalade, le théâtre, la danse, la course de fond. Elle est devenue habituelle, jusqu'à quotidienne dans tous les aspects de la vie. C'est certainement pour cela que j'ai été enclin à la pratique du yoga, de la sophrologie, de la méditation, le chi-gong et de l'autohypnose. Je dois avouer que toutes ces pratiques m'ont toujours paru convergentes, tout en relevant de mêmes principes.
Mes éducateurs sportifs m'avaient bien indiqué que seule la pratique assidue et attentive peut produire un ancrage dans notre mémoire (dans notre imaginaire). C'est à partir de ces prémices que nous procédons aux corrections et ajustements. "Il faut ressentir pleinement pour bien faire" m'indiquait l'un d'entre eux. A partir de ce ressenti, nous pouvions alors repenser et visualiser l'évolution de nos pratiques.
Il est vrai que nous vivons nos aventures tant dans l'imaginaire que dans l'exercice physique. L'un sans l'autre devient inopérant, impossible même. Si le pilote est l'imaginaire, l'ouvrier est la pratique corporelle. Nous voyons bien que l'entraînement sportif, de la danse, la méditation, le Chi gong, la sophrologie dansent tous sur ces deux jambes là. C'est notre être entier qui pratique. On imaginerait mal s'entraîner uniquement sur le coté gauche puis sur le coté droit.
A part un cas lié aux contraintes d'un handicap, il est difficile de l'imaginer. Pour développer nos connaissances, et/ou nos compétences tant au plan physique qu'au plan mental, et cela vaut pour le spirituel, il est préférable de danser avec l'ensemble de son corps. C'est à partir de là que l'on apercevra toutes les possibilités, qui s'offrent : celles que nous pensions accessibles, ou les autres. Et puis, bientôt, les voilà qui deviennent réalité !… Le sociologue Robert K. Mettons aurait pu parler de prophéties autoréalisatrices…
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