La bienveillance, voilà un sentiment bien souvent associé socialement à ce que l'on pourrait appeler "le monde des bisounours" ! On pourrait aussi se poser la question : "la bienveillance, pour quoi faire ? " Peut être s'agit-il simplement de prioriser ce qui nous occupe, et de donner de la force, de la vigueur à ce qui nous importe : la personne humaine par exemple. Bien trop souvent, la priorité va plutôt à l'abondance de richesses et à la puissance personnelle. C'est du moins ce que bien des gens mettent en avant, notamment sur les réseaux sociaux. A voir le nombre de podcast et de vidéos sur "comment obtenir l'abondance" peut laisser rêveur...
Saint François de Sales disait que "une grande misère parmi les hommes, c'est qu'ils savent si bien ce qui leur est dû et qu'ils sentent si peu ce qu'ils doivent aux autres..."
Aujourd'hui encore, nous en revenons à la culture néolibérale qui privilégie les biens et sa propre personne en conflit de possession et de pouvoir avec le reste du monde. Ca ne peut pas marcher ! Nous ne ferons pas ainsi un monde meilleur, mais plutôt un univers de frustrations et de désolations.
"Les gens pensent qu'ils sont la personne la plus importante et pourtant ils dépendent de ce que les autres pensent d'eux". Voilà ce que nous dit la sagesse bouddhiste. Ce que nous pensons, nous disent les sagesses modernes et plus anciennes, détermine profondément le monde que nous vivons. Mais qu'en est-il vraiment (Bien que j'aie plusieurs fois développé ce thème) ? Une fois encore, regardons de plus près, mais, si vous le voulez bien, depuis un nouvel angle.
Mes pratiques, observations et analyses m'ont montré bien d'autres réalités. Ce n'est pas ce que nous faisons qui compte, mais comment nous sommes perçus. Les praticiens des réseaux sociaux l'ont bien compris et en sont devenus de dépendants promoteurs. Ce n'est pas parce que nous avons fait de bonnes actions que nous entrons dans le cercle des gens du camp du bien, mais bien parce que nous y appartenons que nos actions sont considérées comme bonnes. La vision guide plus que mes pas, mais aussi ceux des autres dès lors que nous partageons le même point de vue. Comment s'en défaire ? La réponse est simple : en s'aimant réellement soi-même autant que l'on aime les autres.
Paul Watzlawick indiquait dans son principe de "prophétie réalisante" que ce que l'on pense de l'autre influence, voire détermine, ses postures et comportements. Si vous pensez vos voisins fourbes, ils finiront par le devenir. Si vous pensez vos élèves doués et travailleurs, ils finiront par le devenir aussi. Mais aussi tout autant quand il s'agit de soi-même. Dans ces conditions, nous sommes chacune et chacun responsables de ce qui se passe dans le monde. Si ma considération de l'autre et de moi-même est bienveillante, ce sera une chance de plus pour l'humanité. Quand on me le demandait, et on me le demande encore aujourd'hui, ma devise managériale est toujours "Aimer les gens (soi compris) et le travail bien fait !". Il me semble que tout est là.
Il nous faut juste considérer, comme Nietzsche l'a proposé dans "Ainsi parlait Zarathoustra", que "Ce que le père a, s’exprime dans les paroles du fils. J’ai souvent vu les fils être le secret dévoilé du père." Et ces mots non-dits sont dans la conscience collective, voire familiale. Ils agissent en vague de fond comme des pensées sourdes. La puissance de l'intention est bien là. Même quand celle-ci est cachée, ou simplement non dite, la pensée n'est jamais pour autant effacée. Dans ces conditions, notre responsabilité dans le monde demeure pleine et entière.
Ainsi, avec la bienveillance absolue et totale, suivie de la gratitude, notre puissance à générer un monde meilleur est grande, voire immense, puissante et intacte. Les sagesses anciennes regorgent de ces intelligences oubliées. Comme en témoignent ces quelques mots tirés du Talmud : "Si tu sauves une seule vie, tu sauves le monde entier". Alors commençons à nous sauver nous-mêmes, et le reste ira plus simplement de soi. C'est aussi là le fond du film "la liste de Schindler"... La bienveillance sera-t-elle alors l'arme réelle pour la construction de ce monde que nous espérons, où l'humain, le vivant et le bien vivre seraient le cœur de nos objectifs et de nos préoccupations ? Je ne cesse de le penser.
Lire aussi : " Nos sagesses profondes "
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