"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

De l'intérêt pour l'autre (30 04)

Lors d'une rencontre entre amis, dans le plaisir de se retrouver, émerge quelque chose de l'ordre de l'euphorie où chacune et chacun parle, partage A ce moment, chacun pose ce qui résonne avec ce que l'autre vient de dire. On n'écoute pas, de fait, on entend. Et comme le font les montagnes, chacun renvoie quelque chose de l'écho qui résonne en lui. De fait, chacun s'intéresse ici, au "renvoi" qu'il fait et pas du tout à ce que l'autre dit : ce n'est là que la source de son propre écho intérieur.

Il est vrai que si l'on s'amuse, comme je l'ai déjà fait, à regarder ce que répondent les recherches sur la toile à la question de "l'intérêt pour l'autre", on est surpris ! Surpris, et même stupéfait de voir que les réponses  peuvent se résumer à cette formule laconique : "comment susciter l'intérêt de l'autre ?" Les propositions que j'ai trouvées sont seulement des démarches de captation, de polarisation et de séduction... "Mais ce n'était pas ma question !" ... Certes !  Même le "Moteur de recherche" sur la toile a retourné ma question, certainement en prenant en compte la majorité de ce qu'il a trouvé. C'est interpellant...

Je repense fortuitement à cette personne bienveillante, ce "curé" qui m'avais accueilli, adolescent et jeune vagabond à Tours. Il me posait des questions simples, non intrusives, juste pour que je dise mes envies, mes besoins et mes motivations. Il semblait simplement et seulement vouloir comprendre ce qui m'avait conduit jusque là... Je n'avais, à l'époque, pas très bien compris sa démarche qui m'étonnait et que je trouvais si bienveillante.

Il est vrai que, quand nous visitons un lieu en touriste, nous questionnons, nous observons, toujours à la recherche de détails et particularités, à l'affût de ces éléments qui font le fond et le cœur des choses. Ces éléments sont les symptômes du caractère profond du lieu, de son identité cachée, de son sens. Ici, le plaisir de l'émerveillement nous sert de moteur à la découverte, comme c'est bien souvent le cas chez les enfants.

Ce qui se pose aussi ici est la question de la valeur de "l'autre", et de la chose. Nous recroisons encore alors les questions, que nous avons déjà développées : celles qui tournent justement autour de l'intérêt, de l'identité, des enjeux et des représentations du monde et de soi dans le monde. C'est bien là ce qui structure et anime nos actions et nos postures.

Ainsi, lorsque nous rencontrons quelqu'un qui, a priori, est plus "intéressant" qu'un simple lieu, pourquoi notre attention n'est elle pas tournée vers cette observation du profond de l'être et des détails qui pourraient en témoigner ?

Je me souviens toujours de ce jeune curé de Tours dont le premier geste fut de m'offrir l'une de ses paires de chaussures. Touché je traduisais en "bonté" ce qui pouvait le pousser à cela sans que je ne le comprenne vraiment. Empathie et bienveillance, dirait Matthieu Ricard...

J'avais quelques années auparavant "travaillé" dans un camp des chiffonniers d'Emmaüs où la figure de l'Abbé Pierre irradiait les postures et les comportements. J'y avais vécu la bonté comme valeur fondamentale. Une journée où nous sonnions aux portes pour collecter quelques cartons, vêtements et autres objets, je rencontrais une dame avec un bébé dans les bras qui me dit qu'elle "n'avait rien". Je traduisais "qu'elle n'avait rien à donner". Habitué au manque de lucidité sur ce que les gens et nous-mêmes pouvions partager, j'insistais du haut de mes quinze ans...

Son mari me montra alors que les tentures qui servaient de meubles couvraient les cagettes de bois blanc empilées afin de combler un vide absolu... L'après midi même nous revenions avec un camion chargé de tout ce dont ils avaient besoin : meubles, lits, cuisinière, vaisselle et autres objets.

Il avait fallu que le mari me montre, là, juste sous mes yeux, la réalité crue de leur existence pour que tombent mes projections ordinaires, pour que je voie autre chose que ce que je projetais. C'est ainsi que mes yeux se désilèrent.

Il y a tant à découvrir dans l'autre, quel qu'il soit. Je me demande encore aujourd'hui, pourquoi nous ne posons pas les bonnes questions, en lâchant prise sur ce que nous pensons savoir. Est-ce pour cela que j'épousais plus tard la fonction de coach ? Voila bien une activité fondée sur l'attention à l'autre et dont l'outil est la question simple, non invasive, bienveillante et attentive.

Paradoxalement, un jour, je m'étonnais d'un jugement à l'emporte pièce jeté à la figure par une personne. Comme je demandais une précision de sa pensée, ladite personne me répondit avec assurance : "Je sais !". Cette réponse posait qu'il n'y avait rien à discuter puisque la personne savait. ("Ah, les sachants !" penserons-nous.) Effectivement il n'y avait là que le risque d'affrontements si son "savoir" était questionné. J'évitais donc la seule question qui aurait pu être : "Qu'est-ce qui vous le fait dire ?". Je me contentais donc d'un "Ah, si vous savez..." et tournais prudemment le regard...

Au delà de ce point délicat, tout comme ceux où la personne vient chercher la guerre et l'affrontement, il y a cet espace d'interrogation, de lâcher prise et d'observation sans jugement ni a priori où un "univers se donne à voir derrière les fagots". Encore faut-il avoir le désir de poser son regard.

Mais avant ça, dans la rencontre de l'autre, pourquoi ne pas ouvrir ce champ curieux, attentif et bienveillant où l'autre pourrait se donner à voir et où nous pourrions le rencontrer, voire le découvrir ? Il y a là toute une ressource simple d'émerveillements, certainement aussi fascinants que ces lieux que la nature offre à nos yeux aux quatre coins du monde. Et pour que l'autre puisse s'ouvrir comme une fleur, un simple sourire bienveillant l'accueillera, qu'il pourra lire comme une clé.

A l'instar de cette devise "Aimer les gens et le travail bien fait", je me rends compte qu'il n'y a pas de bonnes ni de mauvaises personnes a priori, seulement des gens qui ont pris une route déterminée à l'occasion d'un événement sur leur parcours, route qui deviendra une destinée à postériori et constituera leur vie. Je pense à l'avocat du Natal, Bapu Gandhi qui fonda l'Inde indépendante, ou a cet étudiant des beaux arts, peintre de cartes postales, devenu Adolph Hitler, celui qui rédigeât et appliqua son œuvre "Mine Kampf" jusqu'à son terme. Je pense aussi à Henri Grouès, résistant de l'ombre, devenu le célèbre Abbé Pierre avec ses flamboyants coups de gueule et les communautés d'Emmaüs. Chacun, de son vivant demandait attention et bienveillance.  Aussi, selon la réponse, le meilleur aurait certainement surgi.

Ce sont les gens qui font la réalité de notre histoire parce qu'ils la pensent, la rêvent, la ressentent, l'accouchent, et non l'inverse. Il ne reste qu'une seule devise : aimer les gens et l’œuvre lumineuse réalisée (que j'appelle "le travail bien fait") !

Ainsi, comme le dit Matthieu Ricard, l'altruisme n'est pas une utopie de luxe, mais la seule chose qui puisse résoudre tous les grands défis de notre temps. Voici donc une posture d'engagement qui pourrait bien changer le monde...

Jean-Marc SAURET
Le mardi 30 avril 2024

Lire aussi : " La connaissance, l'œuvre et l'imaginaire " 

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