L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Échapper au mal (09 01 24)

Tout le monde veut résister ou échapper au mal et au malheur. Il y a le mal qui vient de l'extérieur. Il est soit matériel soit humain et c'est aussi la posture sartrienne qui propose que "l'enfer, c'est les autres". Pour le mal qui vient de l'intérieur, sa source est dans notre psyché.

Bien sûr, nous gardons encore en mémoire la phrase du philosophe stoïcien et empereur, Marc Aurèle "Ce ne sont pas les choses qui nous gênent mais le regard qu'on leur porte." (Oui, je me répète un peu...). Mais gardons cela pour la fin de l'article...

Contre le mal matériel qui vient de l'extérieur nous répondons assez habituellement, du moins dans notre culture, par la quête permanente de richesses qui nous mettraient à l'abri. On y répond aussi par l'ascèse, cette pratique philosophique qui agirait comme une mithridatisation dans un détachement des causes. Il s'agirait alors, par exemple, de lâcher sur les biens, luxes et propriétés, de s'en détacher afin de ne pas manquer.

Contre l'enfer des autres, il y a trois grandes familles de contournement du mal et de la souffrance. Il y a l'évitement dans le secret et le silence dont la devise pourrait être "Pour vivre heureux vivons cachés". Il y a la soumission qui consiste à se ranger du côté de la bien pensance histoire d'être "protégé" dans le groupe majoritaire. Cependant, comme l'écrivait Mark Twain, "A chaque fois que vous vous retrouvez à penser comme la majorité des gens, faites une pause, et réfléchissez..." Penser "réfugié dans la parole dominante", me semble relever d'une réaction dictée par la peur, ou du moins la crainte, celle de la solitude, de la marginalisation, celle de devenir la cible d'autres, une victime sociétale. Ainsi, à différentes époques, cette peur a invité nombre de citoyens à dénoncer les juifs, les bronzés et les complotistes. Ceux-là adoptent la doxa officielle, histoire d'être du bon coté du fouet qui ségrégue et punit, et bien sûr apporte de la souffrance.

Mais, il y a aussi le combat face à l'adversité, qu'il soit social ou personnel. Ce sont ces personnes qui ne se résignent pas et qui pensent qu'il faut répondre à la violence sur le même ton, par les mêmes procédés et avec les mêmes moyens. Pourtant nous savons bien que la violence engendre la violence et que dès lors le problème n'a plus d'issue que la disparition d'un des camps de combattants. C'est là la loi de tout combat non codifié (je fais alors références aux sports où la règle codifie les confrontations et comportements).

Contre le mal qui vient de l'intérieur, il y a le religieux, la philosophie dont le stoïcisme, quelque peu les religions du livre ou le bouddhisme, ou bien encore différentes psychothérapies individuelles ou de groupes.

Le religieux, comme dans la démarche sociale, invite à s'inscrire dans un camp du bien avec une doxa, des rituels et des pratiques qui peuvent aussi s'avérer parfois curatives. Je pense à tous ces rituels d'intégration et de passage qui jalonnent la vie des croyants (baptême, messe, consolamentum ou hajj). De son côté, le bouddhisme prône la recherche du soi profond et le détachement de l'égo. En cela, il anticipe la philosophie grecques du beau, du bon et du vrai dont on voit les convergences.

Les thérapies personnelles invitent à résoudre ses propres peurs et conflits intérieurs et là, la liste des pratiques est longue, de la psychanalyse au chamanisme, en passant par les thérapies brèves et les coupeurs de feu, les faiseurs de secrets, rebouteux et guérisseurs, etc.

De fait, il semble bien qu'il n'y ait pas de grand écart entre les maux matériels et les maux moraux. Tous peuvent se soigner par une prise de conscience de l'interdépendance entre le moral et le physique, par un lâcher prise, une réconciliation, un pardon. D'où l'intérêt d'user de ces pratiques mystérieuses comme le Hoʻoponopono (ou "ho-o-pono-pono"), parfois traduit par "remettre les choses en ordre", voire "rétablir l'équilibre". C'est aussi là l'objet du zazen.

Mais reprenons la posture stoïcienne. Quel que soit le mal ou le malheur que je rencontre, c'est bien le comment je considère la chose qui en fait un mal, un bien ou une opportunité. Je repense à ce film dramatique au scénario finement ciselé, "Usual Suspect". Dans cette œuvre, une équipe de malfrats est contrainte pour "dettes morales" à risquer la vie de chacun dans une action violente. Le commanditaire, nommé Keyser Söze, a la réputation d'être une personne particulièrement amorale et radicalement brutale. On apprend au cours du film que des concurrents à ses "affaires" ont séquestré chez lui en sa présence son épouse et ses enfants pour le contraindre à céder ses parts. L'histoire raconte qu'alors ce truand abattit sa propre épouse et ses propres enfants devant l'équipe de malfrats, dont il exécuta le plus grand nombre. Il ne laissa la vie sauve qu'au dernier en lui confiant de répéter cette consigne à ses commanditaires : "On ne menace pas Keyser Söze !" C'est ici, en l'espèce, une apologie du détachement des enjeux...

Effectivement les représentations singulières de ce truand sont assez éloignées de celles du commun des mortels. La manière dont il voit les choses sont radicalement différentes de ce à quoi pourrait s'attendre la plupart d'entre nous. L'équipe de malfrats compris. La manière de considérer la situation et ses protagonistes détermine la posture de l'acteur. Nous y sommes tous contraints. Marc Aurèle l'avait donc particulièrement bien compris, imaginé et rapporté dans ses pensées pour lui-même...

Si le détachement, le lâcher prise permettent de garantir ses objectifs tout en se détachant des contraintes, alors c'est une tout autre histoire qui se déroule, un tout autre événement qui surgit. Au delà du caractère horrible de l'exemple Keyser Söze, particulièrement parlant voilà qui montre nos limites. Elles s'avèrent bien plus extensibles qu'on ne l'imagine. La conscience est bien l'axe de "notre propre bien", de notre propre être dès lors complet. Échapper au mal, quoi qu'il en soit, nous appartient donc totalement... quoi qu'il en coûte !

Jean-Marc SAURET
Le mardi 9 janvier 2024

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos contributions enrichissent le débat.