L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Conscience et identité (23 01)

Nous prêtons bien des sens différents au terme de "conscience". Il est perçu et compris de manières très variées. De fait et fondamentalement, avoir conscience de quelque chose consiste simplement à s'en rendre compte. C'est une action de l'esprit qui consiste à être tout à fait présent et à rendre présent ce que l'on considère. Ce peut être soi-même ou tout autre chose. Nous disons même "prendre conscience". Il s'agirait donc là d'un acte simple et parfaitement volontaire.

De manière plus singulière, avoir la conscience de soi apparaît chez les humains dès le stade du miroir, comme le décrivait le psychanalyste Jacques Lacan. Des animaux témoignent aussi de cette compétence, comme les bonobos ou, de manière plus surprenante, les corbeaux. Il s'agit bien de se rendre compte que ce que l'on regarde dans le miroir est bien soi, une image de soi, un reflet.

On s’aperçoit qu'un animal est capable de cette conscience de soi quand, lui mettant une tache sur le front, celui-ci tente de s'en débarrasser en se regardant en miroir au lieu de réagir à son image comme à un ''autre''. Il prend conscience que l'image, c'est lui. Mais alors qu'est-ce qu'être soi ? Nous allons y revenir encore une fois.

De manière générale, l'être que nous sommes est en capacité de développer aussi une conscience de soi articulée dans le monde dans lequel le sujet vit. Il s'agit donc bien d'une conscience de ce qu'est le monde et de ce dont il s'en distingue et qui, cependant, participe à ce qu'il est. Comme en phénoménologie de la perception, le sujet s'implique sur un fond dont il se distingue mais qui lui donne des concordance, un relief et quelques compléments. L'être de conscience s'y situe et intériorise la relation qu'il as au monde.

Plus largement encore, la conscience n'est plus seulement une façon de se rendre compte, mais la démarche d'intelligence de soi, des choses et des relations inter-objets, interpersonnelles, soit "inter-réalités".

On dit même que prendre conscience c'est "réaliser" la chose, c'est à dire la rendre réelle, la réifier, lui donner ou accorder un sens, une finalité, une histoire. On lui attribue, comme si on les lui reconnaissait, une origine, une place et un devenir. Penser quelque chose est bien l'installer en réalité. 

Dire qu'une chose existe est lui accorder tout ceci en même temps, l'inscrire dans un système global. Et s'il s'agit d'une personne, c'est alors l'inscrire dans une socialité. Réaliser quelque chose c'est donc aussi lui accorder, lui attribuer, des interdépendance, une place, un devenir, une utilité, dans notre réalité, même si on la pense universelle, vérité ou absolue.

Ce "rendu compte" devient alors un objet de la mémoire et s'installe dans les représentations du sujet comme un "miroir" du réel. Et si nous poursuivons encore un peu, il y a la conscience qui se pense elle-même, celle qui dit qu'elle est, mais aussi ce qu'elle est. Nous sommes là dans une réflexivité où la conscience pourrait bien se penser comme une réalité autonome, une totalité, voire une identité que nous évitons soigneusement. C'est ici une intellection où un phénomène ne peut être "chosifié" sans risque de se perdre dans l'incongru, dans l'irréel.

Effectivement se penser soi-même fait exister dans sa représentation comme une entité aussi complète que concrète. Voilà une frontière qui pose question. La conscience est-elle juste un phénomène comme l'est une chute, une accélération, un oublie, un surgissement ou une disparition ? Ou est-elle un phénomène plus proche de la chose, comme l'est l'ombre, l'ondulation ou la vague ? Tout ceci n'est jamais que de l'ordre des représentations et la distinction nous apparaît ici simplement conceptuelle. Ces détails caractéristiques se déduisent mais ne se voient pas directement. Nous sommes là toujours dans un monde d'abstractions.

Mais allons plus loin en usant de métaphores. La conscience est-elle un phénomène de l'ordre de la lumière ? Dès lors, ce phénomène ondulatoire prend une consistance réelle si forte que la science elle-même pourrait l'étudier, l'observer et la relater comme capable de se manifester. De là, la penser comme une entité autonome apparaitrait logique, voire même réaliste.

Alors l'idée que la conscience serait un phénomène vibratoire entre particule et ondulation (ou résonance), soulève l'idée de sa réalité concrète, voire matérielle, corpusculaire... Je n'ai pas d'avis en la matière car rien ne me semble permettre de le conclure exactement, ni même de le montrer ou le contredire. Je ne sais que le supposer. Au mieux, je pourrais dire "le comprendre".

En revanche, un phénomène ondulatoire produit bien de la matière, c'est là toute la réalité des atomes comme l'indique la physique quantique...

Aussi, on pourrait se poser la question de savoir si la conscience se trouve quelque part, comme dans notre cerveau ou notre cœur. Nous savons depuis de nombreux travaux sur les phénomènes de mort temporaires, ou imminentes, que ce n'est pas le cas. Alors ce sera ailleurs. Nombre "d'expérienceurs" racontent des scènes auxquelles ils ont assisté, qu'ils ont vécues, tandis que leur électroencéphalogramme était plat aux moments relatés.

Dans les mêmes conditions, ces personnes ont raconté d'autres expériences vécues lors de ces "morts cérébrales transitoires". Dès lors, comme le disent des physiciens, notamment quantiques, comme Nassim Haramein, affirment que les ''fruits'' de la conscience, c'est à dire les connaissances, se trouvent dans l'univers du vide. Notre cerveau ferait alors plutôt penser à un "récepteur radio" qui en capterait les fréquences. C'est une hypothèse que font les chercheurs quantiques.

Mais ceci ne résout toujours pas la question de sa propre identité, de sa propre nature ou de sa matérialité entre un "soi profond" et un "soi circonstanciel". En irait-il de la conscience comme de l'identité ? Il n'y aurait que des symptômes, des caractéristiques, des données qui en témoignent sans jamais pouvoir dire ce qu'elle est fondamentalement sinon à être l'univers tout entier ? Il pourrait donc, logiquement, en être de cet ordre.

Pourtant, combien de sagesses assurent que la conscience serait à l'origine de la matière, des choses et des éléments ? "Au début était le verbe" lit on en ouverture de l'évangile de Jean. D'ailleurs, est-ce que l'on assiste à sa conscience comme l'on assiste à ses émotions ? La méditation de pleine conscience est en fait une méditation de pleine présence, d'un "être là" profond. C'est du moins ce qu'en dit le traducteur Pali de cette démarche imaginée par Jon Cabad Zinn. Cela signifie "ressentir le corps-esprit" dans le moment présent. Ainsi avoir une conscience vigilante c'est être pleinement présent.

Alors, se pose encore la question d'être, la question de l'identité, de se penser soi-même. De quoi s'agit-il ? Parcelle, entité, multiple ? La question de l'identité accompagne la démarche de savoir. "Être", est-ce la pensée sur soi-même ? ... ou l'idée que je m'en fais ? ... ou encore la sensation que j'en ai ? ... S'agit-il de la présence à l'existant ? ... L'être ou l'étant ? ... Le symptôme de ce que je me ressens ? ... Une simple vérification des symptômes d'être ?

Vastes questions tout à fait fondamentales, mais qui, de fait, restent ouverte. Il ne peut en être autrement...

Rien d'uniquement tout cela ! Les mots ne sont rien à le révéler, ni même à le suggérer. Les mots ne disent rien car "être" n'est pas que conceptuel (même si le concept "autorise" à comprendre). Ce serait peut-être plutôt une sensation, un surgissement, un saisissement, une impression, celle d'un "je suis", d'une puissance présente (je reviens alors aux physiciens quantiques).

Difficile de restituer en mots cette profondeur, cette "existence", cet "être là". Alors, peut être suffit-il de prendre conscience du tréfond de son être intérieur, de le visiter, de le contempler là où se rencontrent l'univers et les dieux, le soi et le grand tout. Nébuleux, direz-vous ?

Mais qu'en disent les sagesses orientales, celles justement qui pénètrent l'occident ? Sachons que nous devenons tout ce que nous pensons et non l'inverse. Penser ce que nous devenons s'avère bien trop réducteur et limitant. Nous serions alors à la traîne de l'univers. C'est là la porte des miracles. Si vous doutez, vous penserez le doute et rien ne se produira. Mais quand la vie ou quelqu'un vous suggère l'incongruité ou le farfelu, dites simplement que vous ne l'aviez jamais envisagé, que vous allez y penser... Et lâchez prise sur ce que vous avez été habitués à croire et penser.

Que votre pensée consciente soit ouverte à tout et attachée à rien. Êtes vous certain d'avoir raison de croire ce que vous croyez ? ... ou êtes vous prêt à découvrir l'univers ? Alors identifiez-vous à l'univers plutôt qu'à seulement quelques caractéristiques et retours d'impressions. Soyez le témoin attentif, vigilant et compatissant de votre existence. La patience infinie est votre puissance, celle justement que la paix accompagne. Car c'est bien la paix, la sérénité profonde qui constitue notre bien le plus précieux.

Nous savons si peu de choses sur l'univers et sur nous même que prétendre savoir paraît une arrogante suffisance. Je repense à Giordano Bruno et à Galilée. Les organisations, qui sont par essence conservatrices, les ont menacés et condamnés. Elles pérennisent l'étant quand les personnes individuellement transgressent et ainsi innovent, découvrent, progressent et font bouger le monde. C'est là une réalité sociologique.

Alors, je me pose d'autres questions apparemment secondaires et pourtant fondamentales : Qui a créé l'observateur, celui qui prend conscience ? "Vendez votre intelligence et achetez de l'étonnement !" nous dit le poète Rumi.

Lao Tseu nous accorde quelques orientations complémentaires : "Je n'ai que trois choses à vous apprendre : modération, patience et compassion. Ce sont vos trois plus grands trésors."

De manière convergente, Wayne Dyer, penseur de l'auto assistance, nous propose, quelle que soit la prise de conscience que nous fassions, dans chaque interaction que nous avons, de faire toujours le choix d'être en paix.

Et je conclurai par cette assertion de Yuan Wu, moine bouddhiste zen de la fin du premier millénaire : "Si tu te sens supérieur, si tu es fier de tes talents, c'est un désastre !" Au moins, nous voilà... prévenus !

Jean-Marc SAURET
Le mardi 23 janvier 2024

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