L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Le silence (05 12)

Que dire du silence, sinon se taire ? Telle serait la phrase de sagesse qui pourrait nous venir en premier lieu à l'esprit. En effet, il s'agit ici de penser cette attitude comme une posture et un moyen. On dit aussi que si la parole est d'argent, le silence est d'or. C'est ce à quoi je vais m'attacher aujourd'hui. 

Je me souviens de cet ami Benoît qui, lors d'un débat houleux, me fit furtivement signe d'un doigt sur sa bouche. Je compris tout de suite, par chance, ce qu'il voulait m'indiquer par là. Je laissai donc tomber mon impulsion naturelle au débat, et gardai donc le silence. De ce fait je me mis à observer ce qui se passait. Les protagonistes continuaient à s'emballer sur leurs représentations sans beaucoup d'écoute. Le débat était plein de rebonds sur un mot, une idée partielle, une interprétation. Rien pourtant qui puisse faire progresser le propos. Beaucoup d'attaques ad hominem et de justifications de parti pris mais pas grand chose sur le fond du sujet.

Pour ma part, je me sentais comme disent les expérienceur d'EMI, "hors du corps, au plafond". C'est à dire que je me trouvais à distance de l'action, et non mêlé à ce qui se passait. Autant d'éléments  qui me donnaient quelques aisances à l'observation, à l'analyse...

Puis, les protagonistes réalisèrent qu'une partie des acteurs ne disaient plus rien. Cela commença à les interroger. Ils se tournèrent vers nous, le regard curieux. "On vous écoute..." lâcha mon ami Benoît. L'effet fut immédiat. Le débat se ralentit et les querelleurs se mirent peu à peu à nous interroger sur la raison de notre silence. La question se prolongea aussi sur nos points de vue (plutôt, d'ailleurs, pour savoir à quel bord nous nous rangions). Le débat, bien plus calme et posé, reprit alors tranquillement. Cas d'école, certes, mais les échanges revinrent à plus de sérénité.

Je compris ce jour là que le silence avait quelque chose du "lâcher prise", du pas de retrait, voire de la méditation contemplative. Moi, qui suis un gros bavard, je découvrais peu à peu les vertus du silence. Comme une mare agitée par l'orage, les eaux se troublent car la vase remonte. L'eau en est pleine et plus rien n'est alors visible ni utilisable. J'ai compris que nos esprits étaient des mares et que, pour que nos idées soient comprises, il importait que les esprits soient calmes et clairs, et que les vents de nos pensées se posent. On pourra dire que le premier bienfait du silence est de laisser reposer les pulsions tout en clarifiant nos réflexions.

Il est vrai aussi qu'une tempête, en mer ou sur terre, fait un bruit épouvantable. C'est aussi le cas des débats houleux : on n'entend ni ne comprend plus rien. Dans le bruit, tous les sons se mélangent et ils n'indiquent plus rien, ne témoignent de rien, ne signifient rien non plus. Alors que dans le silence de la nuit, par exemple, chaque son est distinct. A partir de là, nous pouvons capter parfaitement les présences végétales et animales qui sont présentes par là, jusqu'à les situer quelque peu précisément. 

Encore, bien sûr, faut-il leur prêter une certaine attention. Ecouter n'est pas entendre, et le silence intérieur est un gage d'écoute qualitative. Seul celui qui se tait peut entendre. Qui écoute bien, comprend mieux ! Je sais que ça ne suffit pas. Encore faut-il prendre en compte nos représentations sociales et personnelles, nos enjeux et intérêts qui font filtres. Alors donc, nous comprenons que le silence environnant, associé au silence intérieur profond, facilite l'intelligence des situations.

Ce que nous avons constaté aussi lors de ce débat débuté houleux et pagailleux, c'est que notre silence avait touché jusqu'aux plus agités qui, par "contamination", développèrent une meilleure écoute. On repérait alors qui n'avait pas l'intention d'écouter mais plutôt de convaincre, d'asséner ses "vérités que la science prouve". La pagaille ne se répandait plus et le silence bienveillant qui calmait les humeurs, témoignait ainsi d'une écoute plus active. Et les batailleurs, sûrement parce qu'ils se sentirent alors écoutés (et qu'il s'agit là d'une posture réputée socialement "sage), calmèrent leurs ardeurs (peut être pour se conformer à cette posture) et peu à peu se mirent à écouter à leur tour, voire même accueillir les propos antagonistes, à rebondir sur leurs sens et non plus sur un quelconque mot interprété. 

Le silence a aussi cette vertu d'accompagner des relations plus attentives, plus attentionnées. De cette attention montait dans le groupe un sentiment de respect, d'être soi-même respecté. On vit même des débatteurs de premier rang jouer les distributeurs de parole, invitant à "laisser parler". Le silence produit non seulement de l'écoute active mais a aussi un effet pédagogique...

Par la suite, dans la pratique de "développements personnels", j'ai rencontré encore d'autres fois lsilence aux vertus diverses et repérées : ce silence préparateur des conditions propices à la contemplation, propice à la méditation, ou à bien d'autres pratiques d'introspection, d'intelligence, de sagesse et de recherche de la paix. Plus généralement, on retrouve cet “état“ quand la rencontre avec soi-même devient plus profonde, intense et savoureuse. Devrions nous aller plus loin aujourd'hui ? Il me semble que tout à été dit... Quoi que ce n'est peut être pas si sûr ! On prête à Sigmund Freud d'avoir dit que l'on est maître de ce que l'on tait et esclave de ce que l'on dit. Voilà une vraie nouvelle mise en perspective…

Jean-Marc SAURET
Le mardi 5 décembre 2023

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