L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

La lecture rapide n'existe pas (12 12)

Il y a des personnes pour nous proposer techniques et méthodes pour lire plus rapidement, pour "attraper" directement le sens d'écrits, de propos et ainsi connaitre et s'approprier plus vite. Ceci relève déjà de l'idée que la rapidité, la vitesse, seraient un critère essentiel de notre "être au monde". 

Ceci est loin d'être acquis et relève de la conséquence d'une pensée moderne, matérialiste, axée sur la performance et l'avoir. Est-ce bien là l'essentiel ? Mais au delà de ça, un autre élément vient bousculer la possibilité de ce processus, c'est en l'espèce la nature même de la communication.

Si nous lisons cursivement, il y a peu de chance que nous fassions quoi que ce soit de ce que nous avons lu. Mais si nous prenons des notes, écrivons nos réactions et commentaires, ce à quoi ce que nous lisons nous fait penser, comment nous le traduisons, le comprenons, le prolongeons et l'associons à ce que nous savons déjà, alors, notre lecture nous incorpore et nous en faisons quelque chose. Je renvoie aux principes d'ancrage et d'objectisation formulés par le psychosociologue Serge Moscovici.

De ce point de vue, on peut dire que la lecture rapide n'existe pas. En termes de communication, cette considération relève de l'escroquerie. Nous voici dans l'idée fausse que ne s'échangent dans la communication, uniquement des objets informationnels. C'est évidemment faux. Un peu comme si chaque information était un objet "en soi", autonome dans des références communes et définies. 

Or, comme l'a développé le psychosociologue Rodolphe Ghiglione, la communication consiste tout d'abord en un échange de références. Il faut que chacun comprenne "d'où l'autre parle". Il s'agit là d'un phénomène de reconstruction symbolique des objets en tant qu'éléments "mordus" dans le réel. C'est à dire que ce ne sont pas les choses que nous concevons, connaissons, considérons mais leur représentation symbolique. Le réel, en tant que tel, est inaccessible. 

Alors, il s'ensuit un phénomène de déconstruction, reconstruction et de donné à voir. Il y a "transaction" entre les protagonistes, même si "l'autre" est parti. Lire consiste donc à entrevoir, puis concevoir, le référentiel de l'autre, et le comprendre à l'aune de son propre référentiel. Ce processus permet de considérer les objets de communication à l'aune de ce référentiel d'autrui, lequel est mis à l'épreuve de sa propre réalité par son propre référentiel. 

"Ah oui, je sais, c'est comme ça que tu le vois...", "Eh oui, c'est ce que tu as vécu qui te le fait dire... Je comprends." Et je n'ai pas besoin d'être d'accord, j'ai juste besoin de savoir d'où il parle. Sinon, on ne se comprend pas et les anathèmes pourraient bien pleuvoir...

Ensuite seulement, les objets du propos peuvent être considérés dans un référentiel provisoire et construit. La nécessité d'un débat interne contradictoire s'installe à chaque réception d'information dans une mise en commun accueillie. 

La lecture rapide, ou réputée telle, ne consiste donc qu'à réveiller ses propres éléments de référence sans élaboration aucune, sans déconstruction-reconstruction. Dès lors tout progrès intellectuel et moral est impossible, voire interdit (et je n'irai pas jusqu'à dire qu'il y aurait là quelque chose d'intentionnel, mais juste de la méconnaissance de la réalité). Ici, les connaissances et conceptions du réel se répètent en boucle. Cette approche relève bien d'une conception mécaniste et matérielle du monde, alors qu'il s'agit du vivant. Le vivant, par essence, convoque plutôt une vision organique du monde. La conversation, comme la lecture, relèvent du vivant, du déconstruit et du reconstruit, et donc de la confrontation directe, sans jugement...

La lecture rapide ne saurait exister que dans le cadre d'un même référentiel universellement partagé, mis en commun. Ce qui, en tant que tel, constitue déjà une gageure.  Bien sûr ce ne peut être d'aucune façon le cas. L'intériorisation du monde possède quelques singularités qui font que nous ne pensons pas pareil, ni ne voyons le monde de la même manière ni du même endroit (d'où l'idée de "points de vue"). C'est là l'écart entre représentations sociales issues de la culture et représentations personnelles "colorées" de l'expérience vécue.

On constate alors que le délire institutionnel est bien de promouvoir et d'organiser une société à la pensée unique, au référentiel standard. Ici, on retrouve une totale absence d'imaginaire et de libre arbitre, de réflexion personnelle et d'intuition : une sorte e désert culturel. Rappelons ici que l'innovation vient toujours des personnes évoluant sur les marges quand les institutions standardisent la réalité et tentent de la pérenniser, de la maintenir universelle. Rendons grâce à la sérendipité ! 

Maintenir l'universel dans une seule pensée unique est encore là le projet de Klaus Schwab et de Yoval Nova Arari, un monde où "vous ne possèderez rien et où vous serez heureux"! Ce projet aboutit au délire transhumaniste qui dépouille l'humain de son humanité, de son âme, pour ne garder qu'un automate consommateur et vertueux lequel est, sur cet aspect là, très développé... mais mort !

Jean-Marc SAURET
Le mardi 12 décembre 2023

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