L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Des connexions interpersonnelles (28 11)

A propos de socialité et de lien social, nous entendons beaucoup parler de connexion, c'est à dire de se relier à l'autre, à soi, et aux autres, voire à la nature, aux arbres, à l'au-delà même ou à d'autres modes d'êtres. Le champ que couvre ce terme est large. Pour comprendre l'ampleur dudit champ, il nous faut d'abord avoir résolu la question de l'identité de la personne. En effet, ce concept de connexion nécessite que nous soyons des entités individuelles, entières et personnelles. Nous serions alors dans ces conditions des entités finies et totales. C'est du moins ce à quoi a abouti la pensée rationnelle occidentale, cette fille de Kant et de Descartes. 

Notre culture nous dit que la personne humaine se caractérise par différentes prises de conscience. Notamment par une certaine conscience de soi, la conscience du temps comprenant les notions de passé, de présent et de futur et de soi dans son environnement. Car celui-ci nous fonde comme nous fonde la culture. En effet, elle implique aussi la maîtrise des sentiments et la compétence de relations aux autres pour faire société. Les travaux en neuroscience de l'université d'Aix-Marseille nous apprennent que cette conscience de soi et de soi dans le monde, et chez les autres, se construit dès la naissance par le toucher. C'est le seul sens à être développé dès nos premiers instants de vie. Ainsi, un défaut de contact, de caresses et de câlins laisse des lésions neurologiques lourdes, des lésions immunitaire graves et même des carences dans le développement tant physiques que cognitifs, voire qui peut aussi mettre en cause la survie du bébé.

Nous nous rendons compte que toutes ces attributions identitaires et de construction de l'individualité, relèvent totalement de conceptions culturelles, notamment de représentations sociales de soi dans le monde à l'aune d'expérimentations personnelles et sensorielles. Celles-ci nous indiquent l'incontournabilité du lien social et du contact physique dans notre relation à autrui. Nous savons l'extrême importance de ces derniers et je rappellerai les séances d' "expériences interdites", lesquelles consistait à isoler de toute relation sociale, tactile et émotionnelle, deux nouveaux nés afin de voir quelle langue ils allaient parler. 

L'objectif était de retrouver la langue originelle de l'humanité. A chaque édition de l'expérience, les nouveaux nés sont morts. On comprend que la cause en est le manque de socialisation. On reconnaîtra que l'idée d'une langue originelle reste un fantasme rationaliste, une déduction idéelle d'une représentation quelque peu biblique du monde. Par contre, on s'aperçois comme nombre d'études neurologiques l'ont mis en évidence, que l'absence de contact physique, de tendres câlins, conduit à un désœuvrement neurologique du bébé qui, si par chance il n'en meurt pas, le bébé restera lourdement handicapé. Ainsi, comme l'ont aussi montré les différents travaux relatés par la journaliste scientifique Lynne McTaggart, l'émotionnel reste un champ fondamental du vivant.

Aujourd'huinous voici parvenus au terme de ce néolibéralisme qui rend décadents, sinon délabrés, nos liens sociaux. Ce phénomène se produit sous la représentations sociale du tout numérique. Dés lors, le "symptôme de la connexion" s'impose à nos consciences comme la seule et vraie nature du lien social. Cette notion décalée embarque d'autres notions premières, comme celle de l'identité de la personne humaine et la nature de son être. Cette culture mécaniste et numérique nomme abusivement ce phénomène "fonctionnement". De plus comme le souligne Christophe André : "Les racines de la consolation humaine sont tactiles. Ce mouvement du cœur vient de la nuit des temps. D'ailleurs notre espèce savait déjà consoler avant de savoir parler. C'est inscrit dans notre mémoire génétique" car, en effet, les sensations nourrissent la conscience. Voilà qui vient à l'encontre de la pensée pascalienne : l'humain n'est pas une machine pensante.

Une étude de l'Institut Max-Planck en 2016 pour le développement des sciences cognitives a relevé qu'un enfant régulièrement caressé par ses parents favorise le développement des zones de son cerveau associées aux habiletés sociales. Le docteur Véronique Lefebvre-des-Noëttes, chercheuse associée au LIPHA Créteil, précise qu' "un enfant est porté vers le monde par les caresses, le contact avec ses parents. Elles sont décisives pour développer son sens de soi, de l'autre et du contact vers les autres, c'est à dire du lien socialSi vous n'apportez aucune caresse aux plus jeunes enfants, ils vont régresser jusqu'à se laisser mourir".

Si l'on considère l'être humain comme une entité totale et complète, alors, ce concept mécaniste et individualiste se justifie. Si l'on considère, comme nous l'indiquent bien des avancées de la physique, notamment quantique, que l'être humain est une parcelle du grand tout, cette totalité qui fait univers et apparaît comme "contenant" la conscience universelle, cette vibration à l'origine de la matière, alors la conception universaliste s'invite. A cet effet, les bouddhistes utilisent la métaphore de la goute et de l'océan. Elle est parlante : nous ne serions qu'une parcelle non individualisée du grand tout. Nous serions alors à la fois la goute et l'océan, où tout l'océan est dans la goute.

Sur cette représentation là, l'idée de connexion est dépassée par celle de l'appartenance active, à savoir que nous serions en même temps le tout et la partie. Bien des sagesses anciennes et actuelles le disent. C'est l'un des fondement de l'animisme, la religion la plus ancienne et la plus répandue dans le monde. Ainsi la physique quantique rejoint la cosmogonie bouddhique (et bien d'autres comme aussi l'alchimie). Pour ces sagesses là aussi le tout est dans la partie, ce qui est global est aussi local. Ici, le concept de connexion n'a plus aucune nécessité ni de raison d'être. Puisque le tout et la partie sont la même chose, l'idée même de "connexion" ne tient plus.

Ainsi, il n'y a plus à parler de lien à l'autre puisque nous sommes tous et chacun une partie du grand tout, soit la même chose. Nous sommes ainsi aussi toutes choses qui appartient au grand tout, de l'atome à l'univers entier, en passant par les planètes, les étoiles et les galaxies. Penser l'univers consiste alors, comme le disaient les philosophes grecs, à plonger au fond de soi pour trouver l'univers et les dieux. Dès lors, comment pensez-vous cette phrase du Dalaï Lama : "Tout ce que vous faites au plus petit être, c'est à vous même que vous le faites" ? Ou de celle-ci du Talmud : "Si tu sauves une seule vie, tu sauves le monde entier !"

Certaines cultures ont imaginé l'assemblage des données, des connaissances, des expériences, dans d'immenses bibliothèques. Ce sont celles que des physiciens, comme Nassim Haramein, situent dans le vide magnétique de l'univers, celui qui constitue plus de 99% des atomes, là où tout n'est que fréquences et oscillations. Certaines cultures nomment cela les "annales akashiques", d'autres la conscience universelle, d'autres encore "la divinité", etc. Mais qu'importe ! Rien ne sert de le nommer, juste d'en concevoir l'idée, le sens, la finalité, c'est à dire d'en ressentir la réalité. Et si ceci est dieu, alors je comprends la raison pour laquelle des religions déclarent impossible de le nommer ni de le représenter. 

Dès lors il apparait inconcevable de ne pas avoir un accès direct à cette connaissance universelle. L'impossibilité d'y parvenir dans nombre de cultures paraît être un leurre. De l'animisme à la physique quantique, en passant par le bouddhisme, le taoïsme, la pensée grecque et bien d'autres, cet accès nous est possible à tous et à chacun si tant est que l'on s'en donne la peine et que l'on s'y intéresse. Se donner la peine consiste simplement à lâcher prise et à entrer dans notre monde intérieur, là où se trouve l'univers et les dieux. Le moyen pour y parvenir sera  toutes les pratiques qui nous sont connues, de la méditation à la contemplation, en passant par toutes les pratiques d'introspection, d'autohypnose, de sophrologie, de Qi cong, de Yoga et bien d'autres encore comme la rêverie. La liste n'est pas exhaustive...

Nul besoin de connexions puisque nous sommes du grand tout et que la notion d'individu est une vue égotique de notre mental. Les connaissances sont toutes à notre portée et chacune de nos actions, expériences et réflexions les alimentent. Est-ce que je me connecte à ma main droite ou à mon pied gauche ? Au mieux j'en prends mieux conscience en prêtant à l'une et à l'autre, une certaine attention. Ainsi pour conclure, du câlin et du tactile, on comprend mieux ce que signifie l'expérience humaine. Elle constitue un profond bien commun.

Jean-Marc SAURET
Le mardi 28 novembre 2023

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