L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Le culte du beau (07 11)

Je relisais différentes approches de la sagesse et je découvrais des points communs à bien d'entre elles, notamment cette perspective de cultiver ces six vertus : La bonté, le culte du beau, la bienveillance, la connaissance, le sens du rite et la sagacité. 

Nous nous souvenons que dans la philosophie grecque, le beau est synonyme du bien et du vrai. Nous nous souvenons aussi de quelques invitations à une sagesse de paix et de joie. Je repense à celles-ci "Que la beauté soit le phare sur nos réalités", à cette autre que "Le culte du beau est une sublimation du réel pour en faire du vrai", ou encore que "le culte de la beauté est la seule religion qui vaille". Voilà quelques assertions recueillies ça et là au cours de lectures de chroniques anciennes et récentes. Mais ceci mérite d'être approfondi, détaillé, voire analysé.

Daniel, mon ami d'enfance, me faisait très justement remarquer que lorsque nous disons de quelqu'un qu'il ou elle est une belle personne, il ne s'agissait pas de juger ou d'apprécier son physique mais plutôt de parler de qualités morales de sincérité, de droiture, de fiabilité, de justesse et de compassion. Bref, nous nous situons bien là sur des notions propres à la seule hauteur d'âme. Effectivement, lorsque nous disons que nous avons trouvé dans une assemblée, un bel esprit d'entraide ou de sincérité, il n'y a là aucune référence à l'esthétique, cette perception sensorielle du monde. Il s'agit de qualités d'âme, d'une certaine hauteur de vue, comme l'intelligence dotée d'humanisme. On les retrouves associées à d'autres valeurs, comme la bienveillance, l'altruisme et la compassion. Ce sont d'ailleurs là des valeurs promues dans le bouddhisme et notamment par le bien connu Matthieu Ricard.

Dès lors, nous devrions élargir le concept de "beau" à une esthétique morale telle que mon ami Daniel l'évoquait. En ce sens, la notion de beauté désigne la présence de valeurs morales qui se trouvent si proches des notions de vérité et de bonté. Ainsi, nous attribuons le caractère de beau à tout ce qui ressemble à une déontologie, une éthique, une esthétique morale. Ceci évoque une moralité et des valeurs qui y sont attachées. Il y a bien quelque chose de la philosophie grecque autour de ce concept.

Nous pourrions ainsi dire que ces belles personnes sont pleines d'humanisme, de compassion, de bienveillance, voire d'amour des êtres et de respect de la vie. Elles sont porteuses et contagieuses en terme de sérénité, de paix et de joie même. Ne sont-ce pas là les valeurs de sagesse que l'on retrouve dans les différentes écoles anciennes et modernes ? Je pense une fois de plus au taoïsme, au confucianisme, au bouddhisme, au christianisme et à nombre de sagesses animistes et chamaniques. Je  pense encore aux approches New Age qui font la part belle à "l'univers du soi commun", à l'amour inconditionnel, à la compassion, à l'intemporalité, à l'impermanence et à l'universel.

Nous parlons alors de personnes susceptible de ne produire que des "bonnes actions", de n'avoir que des "bonnes attitudes", des regards généreux et générateurs de bien être, etc. Je garderai donc cette approche du beau comme celle d'une esthétique éthique. En matière de littérature, plusieurs auteurs ont apporté des œuvres qui vont dans ce sens. On peut les qualifier d'inspirées et d'inspirantes.

Corrélativement, la solidité des certitudes habituelles peut se trouver ébranlées. Construites dans la peur, les craintes et les affrontements, ces certitudes ont monté des remparts si solides que la douce fragilité de la beauté semble bien ne pas savoir en venir à bout. Pourtant, le poète Raymond Lévesque nous a servi un bien bel hommage humaniste en 1956. Il a été repris par quelques chanteurs québécois et non moins poètes comme Gilles Vigneau, Felix Leclerc et Robert Charlebois. Ils nous ont bercé de cette conviction "Quand les hommes vivront d'amour !" J'entend encore ces douces promesses prémonitoires, je l'espère...

J'ai osé modifier le quatrième vers du refrain dont voici la version que j'aime servir :

Quand les hommes vivront d'amour
Il n'y aura plus de misère, 
Les soldats seront troubadours 
Et nous aurons la paix mon frère (original : "et nous nous serons morts mon frère")

Effectivement je préfère cette phrase pleine d'optimisme. Elle projette un possible déjà réalisé dans nombre de nos têtes et de nos cœurs.

J'ai entendu un chant shaman amérindien qui dit : "La beauté devant moi fasse que je marche - La beauté derrière moi fasse que je marche - La beauté au dessus de moi fasse que je marche - La beauté en dessous de moi fasse que je marche - La beauté à coté de moi fasse que je marche - La beauté tout autour de moi fasse que je marche."

Ainsi, la culture du beau traverse les temps et les espaces. Je repense à cette célèbre, "La beauté sauvera le monde", de Dostoïevski dans l'idiot, un roman sans thèse. Ce n'est ici qu'une idée en l'air sans démonstration ni argument. Mais la citation parcourt le monde avec toutes sortes d'idées à la clé. On la retrouve en titre de plusieurs ouvrages avec des desseins divers.

"La beauté sauvera le monde" (Pensées, Poche) - La présentation en 4e de couverture nous dit : "À l’aube de ses dix-huit ans, Dostoïevski entreprit de déchiffrer le mystère qu’est l’homme. Et lui, qui était-il, à quelles idées croyait-il, quelle était sa foi, sa vision de l’art et de la vie ? Cette sélection d’extraits de son œuvre de publiciste, en particulier du Journal d’un écrivain (1873-1881), mis en résonance avec sa correspondance, ses carnets et ses récits, esquisse un portrait intellectuel du grand romancier et penseur russe. "La beauté qui sauvera le monde, c'est la générosité, le partage, la compassion, toute ces valeurs qui amènent à une énergie fabuleuse qui est celle de l'amour." affirmait Pierre Rabhi"

"La Beauté Sauvera Le Monde" d'Eric Meyer - La présentation qui en est faite nous dit : " Les chroniques et les photos de ce livre novateur et d'exception, présentent un nouveau visage du monde qui nous entoure : un regard plein d'espoir pour s'émerveiller, aujourd'hui et demain, sur la beauté de notre planète. A travers des réflexions pertinentes et des images inoubliables."

Eric Meyer, rédacteur en chef de GEO, et Thierry Suzan, photographe et grand reporter, partagent leur vision du monde. Ils attirent notre attention sur une beauté à portée de regard, en remettant au centre de nos pensées le plaisir de la découverte bien au-delà des barrières, physiques et intellectuelles, qu'érigent les hommes. Ce désir-là est une révolution par le rêve.

"Et la beauté sauvera le monde" de Nadejda Bellevieille - La présentation en 4e de couverture nous raconte qu' "Elle est infirmière en réanimation cardiaque sur le bassin d'Arcachon. Son vécu douloureux va l'amener à découvrir un monde dont elle ne soupçonnait pas l'existence, un monde où la force de l'enfance prend tout son sens, un lieu ou l'essence de la vie se rapproche de la perfection, où la grâce et l'enchantement rayonnent face à la cruauté et à la perversion. Nous avons tous le devoir de nous souvenir, de suivre le chemin énigmatique et mystérieux de notre propre histoire afin de réanimer le vivant."

Le sens qui surgit de ces différents ouvrages est un retour vers la pensée des philosophes de la Grèce antique. Ceux-ci associaient le beau, le bien et le vrai dans une acception commune. Le beau n'est-il pas ce qui nous habille quand le vrai vient à nous ?

Jean-Marc SAURET
Le mardi 7 novembre 2023

Lire aussi  " Conscience interne et conscience externe "

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos contributions enrichissent le débat.