Quand nous n'arrivons pas à exécuter une tache, une réalisation, une création, comme nous la voudrions, il nous arrive de nous en prendre à nos moyens, à notre environnement ou à nos outils pour dire qu'ils ne vont pas, qu'ils ne sont pas adapté, qu'ils ne sont pas ce dont nous avons besoin.
Pourtant, il me revient quelques images du passé, notamment celle de mon frère et moi qui réalisions les jouets dont nous rêvions avec quelques bouts de bois et de ferraille que nous retravaillions. Il me revient ce souvenir d'un grand père qui fabriquait un établi pour son atelier et ce avec une plane, une scie, une gouge et un maillet. C'est tout ! Et tout cela tenait par tenons et mortaises tout à fait ajustés.
Il me revient aussi cette image d'un pécheur antillais qui fabriquait sa propre barque taillée dans un tronc à l'aide d'une herminette et d'une scie égoïne qu'il manipulait "à l'envers". Et la barque était belle et pratique, fine et élancée...
C'est là que je compris que l'outil n'était rien sans la main qui l'utilisait. Ce n'est pas à l'outil de s'adapter à nos incompétences. Il ne le peut pas ! Mais c'est à nous de nous adapter à ce que peut offrir l'outil, voire même de lui trouver d'autres usages et capacités. Ainsi, ce pécheur tenait verticalement la scie égoïne en présentant de face, à son opposé, les dents de l'outil. Il utilisait donc la scie comme elle lui permettait le meilleur résultat. Certains parleraient là d'efficience. Je parlerais plutôt d'intelligence adaptative.
Car c'est bien la vision que j'ai de la situation, de moi, du contexte et des opportunités qui conduisent mon action. Si l'outil ne me va pas, alors il me faudra méditer la situation, la contempler pour laisser émerger des solutions nouvelles, faire émerger des opportunités. Si je me lamente pour ce que mon outil n'est pas adapté, alors je me mutile.
Il me revient cette leçon de management que me donnait un de mes patron alors que j'étais ouvrier agricole dans le Gers. Il me demanda de prendre une pelle dans la stabulation, d'atteler une benne au petit tracteur et d'enlever du passage entre les granges les coques de maïs égrainées pour les déposer en bout du champ clair. Je m'exécutais car je le savais particulièrement aguerri à son activité paysanne. Mais quand je voulus remplir la benne à l'aide de la pelle, celle-ci ne voulait pas "rentrer" dans le tas de coques égrainées et je m'épuisais à insister sans aucun résultat.
C'est alors que mon patron passa près de moi avec le grand tracteur et comme il me demandait si "ça allait", je m'entendis lui jeter "Ce n'est pas une pelle qu'il me faut, mais une fourche !". "Voyons?" me répondit- il en descendant de son engin. Il m'emprunta la pelle et, au lieu de tenter de la "planter" dans le tas de coques, il le grattait en remontant et les coques montaient en l'air et retombaient dans la pelle qu'il vida dans la benne. Il en fit une deuxième et me tendit la pelle et me soufflant "Peut-être que comme ça..." Je repris la pelle et le bon geste pour exécuter habilement la commande... Je venais de prendre en plus une sérieuse leçon de management !
Dans cette histoire, la réponse m'était donnée car les anciens ont cette expérience qui font leur sagesse. Il me revient qu'un jour ou je déposais des végétaux à la déchèterie de mon village, le jeune employé municipal me proposa de m'aider. Je le remerciais gentiment et lui répondis que si les jeunes ont la force, les vieux savent juste comment s'y prendre. Il me sourit d'un air complice.
Mais dans bien des cas, la solution ne nous est pas apportée et nous devons nous débrouiller tout seuls. Et nous le faisons. Je repense aussi à cet épisode déjà relaté ici où je tentais d'imaginer comment passer l'adversaire dans nos jeux de rugby dans la cours de l'école. Rêvant et visualisant la situation, mon esprit revivait la situation et me réinventait le raffut.
Alors dans ces moments de solitude, nous agirons de la sorte, contemplant la situation, l'esprit attentif et sans a priori. Ainsi, l'intuition puise dans l'imaginaire (et ailleurs) les opportunités, des faisabilités différentes de nos connaissances ou habitudes, et qui marchent.
La démarche est bien de ne pas se bloquer sur nos acquis logiques, mais d'accueillir la situation pour ce qu'elle est et soi même devant le problème, pour ce que nous sommes. Il s'agit en suite de contempler et rêver la situation jusqu'à ce que "l'univers" réponde à la contrainte... Et il le fait ! C'est ce que l'on appelle l'intelligence, et aucune "IA" ne saurait le faire... même à gaver de force des mémoires d'ordinateurs à coup de données inutiles et futiles en l'occurrence.
Bonjour Jean-Marc,
RépondreSupprimerEt comment que c'est la façon de se servir d'un outil qui est le plus important ! Je le vois dans nos usages des outils numériques, à mon travail. Celles et ceux qui se posent pour réfléchir à comment utiliser avec adresse et astuce nos outils sont satisfaits ; ils ne nous demandent pas de nouveaux outils :-) Merci pour cet article.