L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Sensation et nécessité (02 05)

Chaque secteur de la pyramide de Maslow, comme chaque segment de la roue de Manfred Maxneef, est vécus et appréciés bien plus que dans la signification qu'il nous indique, mais aussi dans et par des sensations physiques qui y sont liées. Ce sont elles qui leur donnent la profondeur de leur réalité. Ainsi la sensation vécue se substitue au réel. Elle vient "combler" le besoin insatisfait au même titre qu'un objet ou une activité dédiée. Vibrer du sentiment d'appartenance vaut le rite de reconnaissance, la signification d'accueil, voire le rite de passage qui nous y conduit.

Nous savons que notre "subconscient" (au sens junguien du terme) ne fait pas de différence entre une activité physique et les sensations qu'elle provoque. De là nous "pratiquons" dans l'imaginaire. "Une situation rêvée vaut entrainement" me confiait un ami coach.

Hypnose, sophrologie, méditation, contemplation et rêverie sont autant de fournisseurs de ces sensations utiles. Ainsi, on peut dire que le monde réel s'épuise dans l'imaginaire. D'ailleurs, que serait-il sans l'imaginaire, pour nous qui sommes inscrits dans le langage ? Ainsi donc les pratiques sollicitant l'imaginaire sont "reconstructrices" de l'appréciation du réel, et donc de la réalité. Voilà pourquoi leur effet thérapeutique est si puissant. On peut ainsi facilement construire des programmes de préparation (sportifs, intellectuels, apprentissages techniques, etc.) par la seule activation de l'imaginaire. C'est ce que l'on pourrait nommer "rêver la réponse".

On peut aussi convoquer des pratiques constructives de sensation à des fins toutes autres (thérapeutiques et autres inductions sur la réalité). Je pense ainsi à la sollicitation des cinq sens par le son d'une musique, la surface d'un meuble ou d'une peau, les saveurs d'un met ou d'une baie, la sensation d'équilibre et de résistance, ou autres. Ainsi un concert, l'usage d'instruments, un bon repas ou une découverte tactile, la pratique du vélo ou de la marche en nature, etc. sont autant de pratiques de transformation, d'apprentissage, ou même thérapeutiques. On dit aussi que dans une relation affective, on aimerait tout de l'autre, jusqu'à l'odeur de sa transpiration...

Je repense à la madeleine de Proust. Cet épisode raconte comment des parfums et des goûts convoquent des souvenirs qui viennent bousculer le présent de l'auteur jusqu'à reconfigurer son appréciation du futur, ses projections. 

Quand je déguste un confit de canard à l'aligot, je ne sais plus si c'est ce gout délicieux ou si c'est ce qui me rattache à mes origines qui m'attrape et me le fait tant l'apprécier. Ainsi, l'imaginaire se mêle profondément dans ma réalité. Dans tous les cas cette "gustation" me confère une identité de métisse, moitié cadurque, moitie ruthène, ces peuples gaulois qui habitaient le Lot et l'Aveyron. Pourtant mon père n'a fait que naitre en Aveyron, mon grand père ayant fait toute sa carrière dans le Lot, après sont tour de France de compagnon. Mon père y a toujours vécu jusqu'à ce qu'il s'installe à Montauban où je suis né. Et pourtant, à chaque bouchée de ce plat régional succulent ces données là me reviennent...

J'adore les grands ciels étoilés et leur vue réveillent en moi cette lancinante sensation d'immensité, d'appartenir à l'infini, de me fondre dans le grandiose et l'univers. Dès lors, une immense sensation de paix m'envahie, une sérénité profonde. Alors je pardonne tout et me réjouie de rien, remerciant l'univers...

Quand je fais sonner mes guitares, basses, harmonicas et percussions, surtout en même temps, c'est une sensation de puissance de créateur qui m'occupe. Me voilà relié à tous ces bluesmen qui m'ont précédés, ces géants sur les épaules desquels j'ai alors la sensation d'être installé. Je les entends dans mes propres notes. L'harmonica me les rappelle, approche Dylan de moi. La solitude n'a plus de raison d'être. Je suis peut être habité, mais du moins très entouré.

Quand je visite un musée et que des sculptures de pierre ou de bronze apparaissent dans la pièce, alors monte en moi cette irrépressible besoin de les toucher, d'y poser ma main à plat, de ressentir le froid caressant de la matière et alors mes souvenirs d'enfant remontent à travers tous mes membres, le bois des cabanes, la peau de l'épaule de ma voisine, le froid de la pierre des falaises que j'escaladais, la délicieuse peau rêche des mains de ma mère qui sentaient l'eau de javel, tout devient présent et bouscule "mon maintenant". 

Ce sont bien souvent les odeurs qui font remonter les souvenirs enfouis et ramènent au présent les espaces passés, les relations finies, les lieux incertains. Alors nous humons, reniflons, respirons ces effluves indéfinies jusqu'à ce que le souvenir nous envahisse comme un espace présent... Je pourrais aussi relater d'autres sensations qui provoquent chez moi malaise et douleurs. Mais restons en là.

Shakespeare ressentait ces cinq sens comme des esprits qui nous reliraient au monde, voire même comme les esprits du monde. J'ai le sentiment qu'il avait raison, car nos sensations que nous répartissons le long de nos capteurs identifiés, font bien plus qu'attraper des particules de matière. Elles nous relient à d'autres réalités finies, réveillées. Alors sur ces réalités là, nous reconstruisons notre présent. En cela, elles nous sont tellement utiles.

Ainsi, la résolution des niveaux de la pyramide de Maslow ne passe pas forcément par l'accomplissement d'actions "solutionantes". Les sensations associées suffisent à refaire la réalité et nous resituer en leur cœur. Dès lors, le monde à changé et nous même en son intérieur. 

Et si nous passons par ces sensations vécues en laboratoire (comme la méditation, contemplation, sophrologie et autres), alors nous touchons au cœur de nos réalités jusqu'à les bouger, les déconstruire et les reconstruire. Nous n'y serons plus les mêmes. C'est certainement cela que nous percevons comme des miracles, des thérapies, des mutations. Juste quelques sensations intérieures vécues de prés et venues de loin et qui sont les passerelles de nos réalités...

Alors, si le cœur vous en dit, jouissez de tous vos membres jusqu'à la révélation de ce monde que l'on espère.

Jean-Marc SAURET

Le mardi 2 mai 2022

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