"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

L'illusion de la modernité est l'individualisme matérialiste (09 05)

Dans l'évolution sociétale qui est la notre, nous subissons et assistons à nombre de brutalités narcissiques dans une perte totale de l'esprit communautaire. Elle nous attrape tant depuis les comportements des consommateurs qu'en écho, depuis les institutions, qu'elles soient étatiques ou autres. C'est là une conséquence tangible de l'évolution post-libérale, comme l'évoque l'économiste et prêtre jésuite, Gaël Giraud.

Le "nous" n'est ici qu'une convergence d'intérêts, sans valeur ni idéal, dans l'absence totale de vision projetée. En réaction salutaire, les dissidents actuels sont les nouveaux porteurs de transcendance. Pour cela, ils sont une effervescence qui menace l'ultralibéralisme et dont les tenants des pouvoirs les taxent de complotistes et d'extrême droite. 

Il nous faut nous souvenir que ce sont les minorités actives qui font les révolutions et les renversements. Quand les institutions figent et stabilisent l'organisation et ainsi la pérennisent, les individus transgressent, interprètent et inventent les temps d'après. L'innovation ne vient jamais des organisations mais de personnes qui ont une vision, un libre arbitre et qui transgressent. Quand quelques personnes ont le goût du savoir et le sens d'un commun essentiel à défendre, alors le rebond vers le changement est permis et les néolibéraux tremblent. D'ailleurs on n'attaque pas ces gens là par le débat d'information ou sur des certitudes ni des idées mais seulement à coup d'anathèmes insultants. 

Nous observons que dans ces ères de soulèvement, du moins dans les temps qui les précèdent, apparaissent tout d'abord, voire en même temps, des "moines-soldats" qui mènent le combat de longue haleine. En ce qui concerne notre temps présent, je pense à Michel Onfray, à Michel Maffesoli, à Jean-Dominique Michel, les Professeurs Toussaint, Péronne, Raoult et à bien d'autres moins connus, comme Silvano Trotta, Louis de Dreslincourt dit le Marquis, Idriss Aberkane, Clémence Houdiakova, Louis Fouchet, etc. Ils sont si nombreux ! 

Même si parfois je n'en partage pas tous les propos, voilà une dynamique tout à fait puissante et intéressante qui pourrait bien porter des fruits savoureux. Ce mouvement est salutaire parce qu'il rompt avec le solipsisme imposé par la doxa néolibérale. Mais regardons de plus près la dynamique du processus.

Nous ne sommes que de l'autre" écrivait Lacan. L'interdépendance de tous et de chacun, de tout et de chaque chose, est un principe de base que l'on retrouve dans le bouddhisme : nous ne sommes rien sans les autres et notre environnement. Ce sont eux qui nous construisent. Notre contexte est une forme structurelle qui s'impose à nous, pèse sur nos aperçus, nos pensées et nos réflexions, jusqu'à participer à la "réalité" de notre être personnel.

L'idée d'une existence solipsiste devient un contre-sens, une imbécilité et pourtant, c'est ce qu'a introduit et développé la modernité depuis Descartes et Kant. Avec leur principe scientiste, par la rationalité, chacun pourrait atteindre la connaissance et donc "l'état de dieu" ! Mais, la raison sans la connaissance reste une illusion. Et la connaissance sans émotion n'est que de l'information. Elle ne s'installe pas. L'esprit est en état de mort.

Le raisonnement est une mécanique mathématique. Si je ne connais pas les nombres, ni les chiffres, ni leurs valeurs, à quoi me serviraient-ils ? C'est un peu ce qui nous arrive en cette période postmoderne... Aujourd'hui, l'opinion, ce jugement nu porté sur des choses, des gens ou des faits, supplante le "point de vue". C'est à dire la réalité d'où l'on parle, et ce sur la base de connaissances, d'expériences, de pratiques, voire de sagesses propre ou partagées. Si l'opinion s'exonère de références, elle ne s'autorise que de la seule liberté de penser, ladite "liberté d'opinion".

Ainsi, ce n'est pas ce que disent les gens que l'on retient mais ce qu'ils sont pour le dire. Car il est plus important aujourd'hui de dire pourquoi l'autre a tort et ne peut avoir raison "en raison de ce qu'il serait", plutôt que de débattre de la réalité factuelle. Il s'agit d'affrontements d'opinions et non de débats pour la vérité. Apparaît ce sentiment exprimé d'avoir bien le droit de le penser même si c'est faux. Mais il n'en va pas de même pour "l'autre". Ainsi, certains seront réduits au raccourci d'une chose qu'ils ont dite, et d'autres à cette illégitimité pour le dire et qui permet de priver tout le monde du fait de ce qu'ils ont dit.

Ce qui en va pour soi en va aussi de "l'être ensemble", ce qui fait le vivre ensemble. Alors, poussons la réflexion un peu plus loin. Si nous ne sommes que de l'autre, d'un grand tout universel, qu'en est-il de nos organisations dépendantes de leurs dynamiques autant que de leur environnement ? Poussons le raisonnement...

De fait, "sociétalement", il y a deux types d'état : le totalitaire où l'état est "celui qui tient le droit, la doxa et le pouvoir" et l'état démocratique où il est le peuple, un collectif identitaire et dynamique. Dans tous les cas, sa fonction est de maintenir la stabilité, la paix et la cohésion sociale dans un récit de vérité (qu'il soit juste, mensonger ou illusoire, d'ailleurs) .

Quand l'État ne garantit plus cela, ni son bien (celui du puissant ou celui du peuple), dans tous les cas, les gens du peuple ont à prendre ou reprendre les armes pour se garantir eux même car, dans ces conditions, plus rien ne tient l'équilibre des choses. Ici, l'état a perdu la légitime propriété de la violence dont la contrepartie est la paix et la stabilité sociale (Max Weber). 

Dès lors que l'état se délite, il faut alors se battre ou fuir. A partir de là, les trois variables de gestion du monde physique deviennent pertinentes. Elles sont l'agressivité, le fuite et la manipulation. A leur émergence, ou pas, vous saurez dans quel état est votre Etat.

Mais il y a entre l'état totalitaire et le démocratique une autre différence. L'état totalitaire produit et entretient l'idée que nous serions tous contre tous, en concurrence et affrontement. Il a besoin de cette contre-dynamique pour exister et s'installer. Cette déconstruction sociale lui permet de se maintenir.

Mais si le collectif développe un lien social identitaire, constructif et productif, alors l'état "d'en haut" perd la main et se voit remis en cause, voire menacé. C'est bien parce que nous ne sommes que de l'autre que notre interdépendance nous uni sur un mode identitaire et d'action. Je repense à tous ces soulèvements, mouvements et guerres d'indépendance, de religions et de territoires. 

Voilà pourquoi le néolibéralisme, que d'aucuns nomment déjà "post-libéralisme", a  horreur de la cohésion sociale "venue d'en bas". Il lui préfère "le pain et les jeux". Il développe donc cette idée fausse du tous contre tous, adossée à un darwinisme social. Celui-ci se réduit à une construction idéologique négationniste. 

Pourquoi dis-je négationniste ? Parce que cette idéologie nie la personne humaine qui pourtant n'est que de l'autre. Par essence, la personne humaine est un être social dont l'identité réside autant dans sa culture que dans ses expériences singulières. Voilà pourquoi nous pouvons dire que l'illusion de la modernité est l'individualisme matérialiste.

Ainsi, j'entend ces personnes qui refusent une immigration importante, laquelle participe à la déconstruction identitaire collective et favorise le projet post-libéral. J'entend ces populations villageoises qui réagissent vivement à l'installation chez eux de migrants venus de si loin. Leur trouble est réel et justifié. On ne décide pas à la place des gens de ce qu'ils ont à être, à faire, à construire ou déconstruire, lâcher ou bâtir.

Je sais bien que je touche là à un champ sensible et déjà largement connoté dans un "non débat" public. Il est même interdit, ou du moins confisqué parce que "l'autre" est catégorisé a priori d'idiot, d'extrême droite, de complotiste ou autre, comme je l'ai évoqué plus haut. Mais accepterons-nous d'en débattre factuellement, sans anathème ni ostracisme, comme je viens de le faire là ? Dès lors, en reprenant le pouvoir de la parole, les choses pourront aller bien mieux.

Jean-Marc SAURET

Le mardi 9 mai 2022

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