L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Sur l'effondrement de la modernité (25 04)

En cette période bousculée, nous parlons de collapsologie, de fin d'une époque. Ce qui est au moins vrai est bien que nous assistons à la fin d'un monde, à la chute de la modernité, mais aussi de la postmodernité (qui est selon la psychanalyste canadienne Hélène Richard, ce temps entre modernité et "temps d'après", comme l'a été la renaissance entre la période gnostique du moyen âge et celle de la modernité rationaliste). Parce que les valeurs du monde se mélangent et se désordonnent, nous comprenons que quelque chose d'important, de décisif est en train de se passer. Mais chaque situation contient ses propres réponses. Alors nous aurions pu titrer "Effondrements et opportunités"

L'effondrement auquel nous arrivons n'est pas que financier ou politique mais aussi technologique. C'est tout le monde numérique qui pourrait disparaitre avec la crise énergétique mais aussi des intérêts économiques et commerciaux (ce qui ne rapporte plus n'a pas vocation à être produit). Dès lors plus de télétravail, plus de télémédecine (qui semblait être une solution aux défaillances du système de santé), plus de télé-commandes dans un e-commerce disparu, plus de télé-informations ou de télé-connaissances, plus de télécommunication non plus. Le monde revient vite à l'ici et au maintenant... Ce monde n'est pas fait pour tout le monde, juste au plus pour une élite bénéficiaire nantie, et encore...

Nous marchons, de fait et inéluctablement, vers une sobriété stoïcienne heureuse. Nous nous occuperons de ce qui sera à notre main et nous accueillerons tout ce sur quoi nous ne l'aurons pas. Nous le ferons de manière à ce que cela ne nous revienne pas dans le visage avec plus de force encore. Jung en cela nous avait prévenu. Mais ce sera une action volontaire et décidée par nous même. Il n'est pas question que quiconque nous l'impose à son profit. Ca ne marchera pas. Bien trop de consciences sont lucides et averties maintenant. C'est là l'arnaque et l'erreur de Klaus Schwab quand il nous propose dans sont Great reset, "Vous n'aurez rien et vous serez heureux." Il a peut être raison quelque part, mais ce sera sans lui, ni ses amis, ni à leur profit.

Ce monde numérique, qui devait apporter les solutions à toutes nos contraintes, apporte une fragilisation supplémentaire. Il faudra donc se consolider dans des pratiques locales. Ce sera, par exemple, en matière de santé, le recours aux thérapeutes locaux et "traditionnels", comme les coupeurs de feu et les rebouteux, les radiesthésistes et autres médecines aujourd'hui parallèles. Ce sera aussi le retour à une matérialité de la création et de ses exécutions en matière d'arts, mais aussi de production de biens et de moyens. La solidarité s'imposera et ce ne sera pas du tout Mad Max.

C'est à ce moment là que nous réalisons que l'être moderne est totalement "prothéisé", qu'il est totalement dépendant de technologies extérieures à lui même et qu'il pense illusoirement que c'est ça le progrès. Il faudra passer du consommateur solitaire à la communauté solidaire. Il nous faudra imaginer, trouver d'autres ressources en nous même, de manière à passer d'un "être plat" à l'être profond dont il sera indispensable que nous soyons. Philosophie, spiritualités et développements de la conscience seront nos nouveaux axes d'un autre progrès, celui-ci sans résonance économique.

Ainsi, socialement, nous n'assistons pas à une "crise" du monde moderne aujourd'hui, comme le titrait René Guénon, mais à une transformation profonde. Car la crise reste ce moment paroxystique d'une "maladie" avant que la situation saine antérieure ne revienne, que ses conditions se rétablissent. Aujourd'hui, ce sont les conditions, les représentations et les identités des choses et de chacun qui sont dans un chamboulement profond. Le monde ne sera jamais plus comme avant ! Même si Guénon semble avoir justement entraperçu quelques données, il n'en reste pas moins que si ce monde s'effondre, aujourd'hui nous avons du mal à apercevoir au profit de quoi. En effet, la mutation est tant spirituelle que technologique, psychique que technique.

C'est là que nous apparaît l'évidence que le transhumanisme est une illusion de technophiles. La fuite en avant vers toujours plus de prothèse s'avère impossible et illusoire, voire même une erreur d'orientation relevant d'une autre erreur de stratégie. Les représentations qui la projettent sont obsolètes. Pourtant les défenseurs de la thèse pensent un monde à deux vitesse, l'élite nantie versus une populace abandonnée et perdante.

Si, comme René Guénon le disait, "la modernité est l'oubli de l'être dans l'agir", cette dissolution de l'être dans le mouvement rapide, l'agitation, la précipitation, alors l'identité pourrait bien se dissoudre dans "l'identation". J'en ai plusieurs fois donné le sens : il n'y a plus d'identité mais seulement des actions pour se la prouver (du moins ses variables)... Ainsi, agitations et accélérations occupent pour elles-mêmes toutes perspectives. Toutes les capacités et compétences humaines sont aspirées par l'action extérieure, devenue cause de soi et de tout ce qui nous arrive sans que nous n'y soyons bien sûr pour rien... Grossière méprise ! Nous n'avons suivi du progrès que son ombre et nous ne savons toujours pas ce que nous sommes.

Enfants, nous étions ce regard que d'aucun portait sur nous. Et puis nous avons traversé le phénomène d'individuation, comme le nommait Jung. Nous avons décidé de ce que nous gardions de ce regard sur nous du monde physique et social. Nous nous sommes confronté à d'autres approches conceptuelles dans nos expérimentations. C'est nous qui savions si nous avions réussi ou pas et en quoi. Ainsi, si l'environnement change, notre individuation se déconstruit aussi pour être reconstruite. Ce sera très bientôt notre lot.

En attendant, inhérent à lui-même, c'est l'inévitable et inexorable effondrement sur lui-même du matérialisme, du commerce des profits, du "mental-ego" agité de pensées traversantes, qui révèle "l'escroquerie" et provoque le désamour des "citoyens-consommateurs". Peut-être parce que redevenus sujets dans une ouverture à l'essentiel, voire au spirituel inévitable à cause d'un inéluctable besoin de sens... Si la nature a horreur du vide, la nature humaine a horreur du vide de sens.

Cet effondrement épuise le progrès et ses perspectives. Il prive les humains de la promesse d'un mieux, immanquablement substitué par du "plus" (dont on sait maintenant qu'on n'en profitera pas). Dramatiquement et lourd de conséquences, la primeur de la qualité a été remplacée par celle de la quantité de plus en plus rare et absente. L'essence de toutes choses s'effondre derrière sa quantité. Qu'importe ce qui est, pourvu qu'il y en ait assez. Et ce ne sera peut être plus le cas.

Bien des symptômes sociaux sont là pour nous indiquer que le monde a changé et nous avec, profondément. Ainsi, la chroniqueuse Laurence Roux-Fouillet, (sophrologue, auteure et formatrice) s'interroge : "Mais que se passe-t-il au pays du travail ?" Le désamour entre les Français et leur boulot, par exemple, se confirme. Et ils ne sont pas les seuls. L’épidémie se répand un peu partout dans le monde. 

Depuis juillet 2020, aux Etats-Unis, une vague massive de démissions est en marche, comme une lame de fond qui ne semble pas devoir s’arrêter. De plus en plus de salariés, et la très grande majorité des milléniaux (ces jeunes nés depuis l'an 2000) quittent volontairement leur job pour aller vers "une autre vie", avec "moins de contraintes et plus de sens". Leur motivation est sans appel : ils ne veulent plus passer leur vie à la perdre. Qu'importe la richesse s'ils n'ont pas le bien être. C’est en tout cas la vision qu’ils ont du travail. Dès lors, le système s'effondre par morceaux, mais jusqu'où ?

D’autres pays, comme le Japon, l’Angleterre ou l’Australie vivent ce même mouvement. Comme on l'a vu, la France n’est pas en reste : même si les raisons en sont peut être différentes, différence culturelle oblige, en 2021 la DARES a enregistré plus de 500 000 démissions par trimestre, dont 80% de salariés en CDI. Elle a aussi constaté plus de 450 000 ruptures conventionnelles sur l’année. C'est là une autre manière de se séparer "bons amis". Et cela semble n'interpeller personne, aucun politique, aucun dirigeant. C'est tellement aberrant que du coup, ça n'existe pas... (Et durant la période, des politiques nous disent que le chaumage a baissé...)

Tous ces chiffres montrent une augmentation importante en rapport des années précédentes. Effectivement, le monde bouge en quête de sens. Il semble passer de la matérialité à plus de spiritualité, de l'organique à l'éthérique, des questions de l'usage à celles du pourquoi.

Cependant, une autre vague de changement "sous-basse" celle-ci. Nombre d'acteurs ne font ni grève ni ne proclament de revendication car ils quittent le système pour vivre autre chose et autrement. Résister et revendiquer est un aveux conservateur de maintenir globalement le système contre quelques aménagements. Ce n'est pas le cas de cette autre population. Elle sort. Elle ne joue plus et pense autrement...

Siddhârta, dit le Bouddha, prodiguait cette invitation : "Vivez comme si vous deviez mourir demain, apprenez comme si vous deviez vivre toujours. On peut allumer des dizaines de bougies à partir d'une seule sans en abréger la vie. On ne diminue pas le bonheur en le partageant. On le multiplie. Ne demeure pas dans le passé, ne rêve pas du futur, concentrez votre esprit sur le moment présent." Il s'agit en effet de changer son "point de vue", son regard sur le monde. Et redisons la phrase de Marc Aurèle : ce ne sont pas les choses qui nous gênent mais le regard qu'on leur porte.

Au delà de raisons sociétales et économiques, il y a aussi des facteurs physiologiques actifs dans ces changements, et nous n'avons peut-être pas su les voir. Le chercheur scientifique Gregg Braden nous indiquait que "Notre cœur possède 40 000 neurones sensoriel qui en font un second cerveau, émotionnel celui-ci. Nous sommes tout aussi dépendants de ce récepteur sensoriel". De fait, nous "pensons" moins mais "ressentons" mieux et décidons aussi avec notre cœur, siège de nos émotions et de notre intuition. Le langage de demain, de très bientôt, sera celui des sentiments. Et le sentiment est un mariage de sensations et d'émotions. Nous ne verrons plus jamais le monde comme avant. Et ceci induit des changements de comportements.

"Ainsi, ajoutait Gregg Braden, là où je mets mon attention, je mets mon énergie. Là où je mets mon énergie, je construis ma vie". J'oserais préciser que mes études m'ont appris que ce sont la peur et le manque qui nous font tout faire. Mais que c'est l'amour et la paix qui nous font renaître, vivre et créer. Les moteurs du monde sont en train de changer et les néolibéraux aveuglés par leur avidité, ne voient rien.

Alors, regardons encore depuis ailleurs et précisons cette approche : Si tout est onde, comme l'affirmait Nikola Tesla, non seulement la matière en est, mais la conscience aussi, d'autant qu'elle serait à l'origine de la matière, nous dit le physicien Nassim Haramein. Alors le contact et la rencontre entre monde matériel et spirituel sont plus que possibles, une évidence, par le fait que tout est ondes. Voilà une dimension cruciale socialement ignorée.

Si, par ailleurs ces deux mondes sont imbriqués, comme le présentent les gens de culture chamanique et animiste, alors les contacts entre ces mondes sont inéluctables. Si le temps, l'espace et la causalité, et l'interdépendance de chaque dimension du triptyque chère à Descartes, Kant et autres philosophes de la modernité rationaliste sont en déconstruction, alors les deux mondes matériels et spirituels deviennent instantanés, fusionnés et leur localisation indifférente. 

Les Bouddhistes pensent que la conscience, issue de l'univers, est distribuée en tous les êtres vivants qui reviennent à l'univers même bien avant la mort matérielle. Alors quiconque vivant physiquement aura accès à l'entièreté de la conscience universelle, notamment à l'ensemble des consciences (représentations, ressentis et expériences) qui y ont été reversées.

Il n'est alors pas étonnant, par exemple, que l'on ait l'illusion de vies antérieures ou celui d'effets Glapion, comme l'écrivait Audiberti, avec la sensation d'un "déjà vécu", d'un "déjà vu". Ce n'est qu'une histoire d'interférences entre les éléments de conscience. Ce n'est pas forcément soi-même qui a déjà vécu une autre vie mais nous avons chacun accès à tous ses éléments.

Mais quel lien avec la chute de la modernité ? Hé bien, si ces prises de consciences provoquent un changement de représentations et de sensations du monde, de soi et des choses, chance pour notre survie et notre réorientation, elles emporteront des vagues de changements. Ces nouvelles représentations prennent en compte la conjonction du matériel et de l'immatériel, de la matière et du spirituel, des pensées et des sensations, du récit et de l'intuition. La modernité, reposant sur des représentations strictement matérielles et mathématiques (je pense à ce seizième siècle entrant en rationalisme absolu, avec Descartes, Kant et la physique newtonienne), s'en trouve déconstruite, "obsolétisée". Ce qui a pensé la modernité disparaît avec son effondrement.

C'est donc dans cet effondrement, non seulement l'émergence d'une autre façon de voir, vivre et ressentir "soi dans le monde" mais aussi d'opportunités qui sont déjà sous nos yeux et dont les gens s'emparent. On ne combat pas cette civilisation. On esquive son effondrement. On la quitte sans bruit, à pas de loups, et les loups justement sont avec nous. Parce que cette mutation globale s'impose à nous en nous offrant le chemin et les moyens.

Nous ne parvenons pas à un "temps particulier". Nous lâchons et passons à autre chose sur le fait et la conviction que ce n'est plus là que ça se passe. Pourtant l'information n'est pas d'aujourd'hui, ni trop légère ou si subtile.

Zoroastre (3700 ans av JC) déclarait que "la solution juste est une pensée juste, une parole juste, un acte juste". Cela renvoi vers ce que les anciens appelaient le bon, le juste, le vrai et le beau. On arrive, peut être un peu bousculés, voire contraints et forcés, à une autre dimension de l'humain. C'est sur elle que nous reconstruirons. C'est elle qui nous donnera l'opportunité de nous sauver. Et le mouvement est déjà en action.

Pour notre gouverne personnelle, nous n'oublierons pas que ce qui permet notre propre développement est la fidélité et le dépassement : fidélité à ceux qui nous ont amené jusque là et nous en parlent depuis la nuit des temps, et leur dépassement pour poursuivre l'œuvre, le chemin, la sensation et aller plus loin. C'est ainsi que l'on monte sur les épaules des géants qui nous ont précédés et regardons plus loin. C'est ainsi qu'on leur répond en gratitude et engagement. Il n'y a ni orgueil, ni fierté dans ce résultat, juste une efficience évidente sur un chemin inéluctable à parcourir.

Jean-Marc SAURET

Le mardi 25 avril 2022

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