"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

L'état du moi et autres analyses (04 04)

Ce à quoi je nous propose que nous réfléchissions ensemble aujourd'hui est une approche compréhensive des différents états de notre "Moi" (projectif, social et profond). Nous pourrons faire une approche comparée avec différents modèles comme éventuellement, à titre d'exemple, autour de l'analyse transactionnelle d'Eric Berne.

Tout d'abord, mettons nous d'accord sur ce qu'est notre "moi".  Il y a cette sensation d'être, ce sentiment profond qui vient heurter l'idée que l'on se fait de soi-même en relief, ou en échos de ce que les autres, la communauté, la collectivité, l'environnement, nous renvoi. Et puis, dans un coin de l'âme il y a cette perspective d'être qui active notre vie durant. Et nous passons notre temps à poser des actions et des mots qui ne sont que des vérifications de "ce que nous sommes". Ce que j'ai appelé "Identation", une activité de vérification permanente de son propre état d'être. 

Ceci relève de l'approche que j'utilise depuis plusieurs années maintenant et que j'ai enseignée et nommée "la quadrialectique de la réalité". Ici, se rencontrent les quatre variables de la construction de notre réalité : la résistance du monde (son expérimentation), la construction sociale des "règles" ou "lois" qui le structurent et l'expliquent (la socialisation), l'émotion qui plonge dans le souvenir pour investir des vestiges personnels de nos réalités (enjeux, désirs, préoccupations, imaginaire), et enfin les sensations qui investissent une autre mémoire venue, elle, peut être du fond de nos os et de nos muscles, de nos cellules même, voire de l'univers. Elles sont totalement agissantes et interdépendantes. toutes les quatre sont inter-agissantes dans l'action, si tant est que la pensée précède l'action.

Ainsi, il est vrai que, culturellement, nous avons des images structurelles qui nous invitent à être soit notre apparence physique, soit nos pensées et nos valeurs, soit un héritage biologique et bien d'autres choses encore comme nos propres actions, idées et activités. Mais savons nous bien au fond ce que nous sommes et qui nous sommes ? Déjà, de l'une à l'autre de ces variables, il y a un écart de sens profond.

En réponse à la question "Que sommes-nous ?", toutes les catégories défilent dans nos yeux et nous lâchons que nous sommes un "animal humain" ou "politique" selon la formule d'Aristote, voire "une créature de la nature" ou "divine", peut-être une masse d'eau et de carbone, ou encore un agglomérat de cellules et de bactéries étrangères, ou plus encore un ensemble d'atomes récupéré de dinosaures et autres météorites, et puis beaucoup de vide, voire encore une harmonie de fréquences, d'ondulations qui résonne avec le reste de l'univers... De fait toutes ces "définitions" semblent valides ou vraies, du moins valables. Matérielles ou idéelles, elles n'épuisent aucune l'idée de ce que "je suis".

En réponse à la question "Qui sommes-nous ?", bien des références surgissent, familiales, linguistiques, raciales, territoriales, professionnelles, émotionnelles, si elles ne sont à l'aune de caractéristiques en rapport avec des valeurs d'usages, d'utilités, de nécessités et autres. Nous voyons bien que là, la réponse peut prendre aussi de multiples formes...

Nous pouvons aussi voir que les quatre pôles essentiels de la construction de la réalité s'invitent à notre insu : l'expérientiel, la socialisation, l'imaginaire émotionnel, et celui du "sensationnel" de l'action. 

Ainsi l'expérience nous fait prendre conscience que nous sommes doué pour ceci ou cela et pas trop dans d'autres domaines. Ainsi, je me retrouvais enfant dans la catégorie des bons coureurs de fond, donc les qualités qui leur sont inhérentes occupaient tant ma définition que mon devenir. Ainsi, enfant, patience et persévérance, "projectivité" sur le temps long, opiniâtreté et résistances, me caractérisaient.

Aussi, tout ce qui relevait d'activités "explosives" m'était totalement étranger. Peut rapide, peut puissant, je ne développais pas de caractères autoritaires en vue de tous mais plutôt une discrétion timide de travailleur de l'ombre très efficace sur le temps long, voire conseiller influent et prescripteur averti.

Mais des frustrations infantiles, des confrontations décisives avaient développées chez moi un certain goût de l'innovation et de la singularité. Ma dyslexie m'avait apporté l'habitude de créer facilement des choses que retenait mon entourage. Ceci m'avait orienté plutôt vers une posture d'artiste, d'analyste et de chercheur. Si j'ai finit sociologue-troubadour c'est peut être à la croisée de mon amour des gens et du travail bien fait interconnectés.

Nous voyons là que compétences et récits constituent un fond, un socle à vocation et capacité identitaire. Le fait de s'y reconnaitre, voire de s'y identifier, n'épuise pas le sujet, mais si cela lui donne forme, cela ne fait toujours pas l'identité qui nous satisfasse.

En effet, dans notre société postmoderne et néolibérale, nous sommes passés de l'être humain au "faire humain". Cet existentialisme sartrien semble avoir pris le pas sur toute dimension de l'esprit. Notre sagesse ancienne cependant nous rappelle que "La réalité est une intelligence infinie à l'intérieur de soi (intelligence cachée) et à l'extérieur de soi (émotions et pensées incluses) !" A savoir, d'après l'évangile selon Thomas, que la réalité est le divin, à l'intérieur et autour de nous. On gardera cela derrière l'oreille...

Parce que, comme l'a pensé Aristote, nous sommes aussi une part de notre environnement, et de plus cette part collective de représentations sociales qui nous situent. Ainsi les évolutions sociétales ont "éclaté" notre moi dont les morceaux éparts rassemblés ne constituent plus ce que nous sommes profondément. Ainsi, je repense à la présentation du psychiatre canado-américain Eric Berne, en parent, adulte et enfant multiple.

Le parent représente l'attachement à la loi, au discours de la vérité porté par l'officielle "société sachante". La règle, le droit et le devoir, la conformité pour un adoubement mérité, sort de notre modèle parce qu'obsolète. Qui, aujourd'hui, pourrait affirmer que dans tout un chacun se trouve la loi partagée ? Y a-t-il même une loi partagée ? Au plus un discours officiel structurant qui propose la vérité... Quand bien même y en aurait-il une, quid d'un rattachement universel ? Une constitution représente bien ce désir de poser un système partagé mais non universel. Aujourd'hui, le "parent" est fluctuant, incertain, quasi inexistant mais tellement présent et nécessaire dans les phénomènes d'appartenance. Il juge, condamne, adoube ou jette l'anathème selon la doxa dominante, ou plutôt ce qu'il en comprend...

L'adulte serait ce raisonnant rationnel, prétendument objectif, voire égalitariste (ou "équitiste" pourrions nous dire), qui s'entretient entre "équivalents" raisonnable et a priori raisonné. Celui-ci considère l'autre comme un alter ego avec lequel tous types d'échanges et de commerce est possible selon les modalités qui seront retenue entre pairs. Je ne sais pas si le quidam actuel a toutes ces qualités mais c'est au plus la relation qui lui reste en tant que citoyen.

Les enfants joueurs, espiègles, craintif et grognon, sommeilleraient encore en chacun de nous, prêts à surgir dans nos relations, histoire de briser la glace, détourner le sujet ou se faire adopter. Il semblerait que ce morceau de personnalité versatile, joueur et inconséquent soit bien devenu ce consommateur dont le néolibéralisme postmoderne tend à faire de nous, en lieu et place du citoyen plutôt adulte.

Je me demande encore s'il reste un peu d'adulte au cœur des enfants qui peuplent les marchés, le web, les rues, au cœur des foules ou dans l'intime du chez soi et des réseaux sociaux... Serait-ce aussi une question d'âge ? Cet adulte qui s'estompe, me fait penser à la nécessité de penser par soi-même, de développer l'esprit critique, son libre arbitre. Mais sommes nous encore en capacité de le faire. On ne peut pas dire que ces grilles de lecture de soi nous soient d'un grand secours pour répondre à ladite question de fond : "Qui sommes-nous ?" 

La question reste, dans nos discours, suspendue à tant d'approches diverses, de points de vue, à tant d'aléatoires, que l'idée d'une appartenance à un grand tout de nature qui nous lie reste encore insuffisante. Comme le disait Hanna Arendt, la pensée autonome en quête de vérité rend libre mais terriblement seul. Et si être était, non pas le dénominateur commun de tout cela, mais réellement la somme, comme un puzzle. Mais aussi, est-ce que la sensation d'être, ce qui vibre au fond du cœur, ce qui nous relie à l'univers et aux dieux, n'est pas la porte à ce que nous sommes profondément ?

Jean-Marc SAURET
Le mardi 4 avril 2023

Lire aussi : "Et si j'avais peur de ne pas exister ?"



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