Dans toutes les actions de nos vies, que cherchons nous vraiment ? Quels sont ces objectifs par lesquels nous orientons nos démarches et parfois même toutes nos activités ? Certains se font des objectifs de reconnaissance sociale, d'autres de fortunes matérielles, d'autres aussi de puissances ou d'autorité, voire d'efficience. Alors posons nous la question de savoir ce que nous-mêmes cherchons dans nos objectifs profonds.
Je me demande si, dans le besoin de reconnaissance sociale, il n'y a pas au fond cette peur de ne pas exister, de disparaitre dans l'anonymat, le mépris et l'indifférence. Derrière la fortune matérielle, n'y aurait-il pas cette peur ordinaire de manquer ? Et derrière le désir de puissance et d'autorité, n'y aurait-il pas cette peur d'impuissance, de ne pas y arriver, de ne pouvoir atteindre nos buts, nos réalisations, quelque chose d'autre ? Et ce quelque chose à atteindre peut être simplement, dans le fond, la sérénité. Il s'agit peut-être de se retrouver soi-même, d'atteindre tout bonnement ce que nous sommes dans sa plénitude...
Il y a un exercice que j'ai fait et que j'ai fait faire en toute simplicité à des personnes qui me sollicitaient. Face à une "raison de faire", à une obligation ressentie, à une situation particulière qui semblaient forcer un certain type de réponses, il s'agit de se poser ces trois questions en poupées russes : "Pourquoi ? C'est à dire ? Mais encore ?...". A chaque question, nous répondrons complètement, en toute sincérité, car la réponse est pour nous, pas pour se justifier, se rehausser ou se défausser, juste pour soi-même... Il suffit de ces trois questions pour arriver au fond de soi, au "socle de nos causes", dirais-je.
Alors que trouvons nous la plus part du temps au socle de nos causes ? Un besoin tout simple de paix, de simplicité, de sérénité, de plénitude, d'être soi et de s'autoriser à l'être. C'est là juste un besoin de s'aimer soi-même et de ne plus laisser la moindre place à la peur, la faiseuse de malheurs. En un mot, nous voulons être heureux ! Et l'être est-il combler un manque, résoudre une peur ou laisser éclore la paix intérieure ?...
Je repense à cette historiette ou le jeune dit au sage : "Quand j'aurai cette moto, je serai heureux !" Et le sage de lui répondre : "Sois heureux et ensuite occupe-toi de cette moto..." Car les réponses à nos problématiques ne viennent pas de l'extérieur de nous même : les causes sont toujours internes. Alors rappelons nous la célèbre phrase de Marc Aurèle : "Ce ne sont pas les choses qui nous gênent mais le regard qu'on leur porte."
C'est toujours là le fond du problème, mais faut-il déjà s'en rendre compte et accepter que toutes les autres fariboles, en guise de réponses et d'objectif, ne sont que différentes formes d'évitement. Faut-il encore se rendre compte que le seul responsable de nos complications est bien celui qui nous regarde dans le miroir.
J'entends quelques voix formuler : "C'est bien facile à dire mais plus compliqué à faire !" Pourtant, c'est si simple : après avoir répondu les trois questions, il convient de regarder ces peurs repérées, les accueillir et lâcher prise. C'est comme "dire oui à ce qui est", répondait Swami Prajnanpad, ce maitre inspirant d'Arnaud Desjardins. Il ne s'agit ni d'effacer, ni d'enterrer, surtout pas de refuser mais de prendre en compte, de savoir que c'est là, de l'accueillir. Comme le disait Jung, "Ce à quoi je résiste revient toujours plus fortement. Ce que j'accueille s'efface de lui-même"... C'est ce qu'expérimente tout méditant, par exemple à propos de la douleur et de tout autre "mal-être".
Comme je n'ai cessé de le dire et de le redire durant des années, la réponse topique est "Aimer les gens et le travail bien fait. Alors, tout le reste va de soi !" J'aurais d'ailleurs pu dire tout simplement : "Aimer sans peur", voire plus sobrement "Aimer". Aussi, toutes les sagesses du monde nous l'affirment, nous y invitent sous une forme ou une autre. Comme l'écrivait Arnaud Desjardins, "les sagesses actuelles retrouvent les sagesses anciennes".
Pour n'en relever que quelques-unes, je pense aux trois passoires de Socrate (est-ce que ce que je vais dire est vrai, utile et bienveillant ?). On peut compléter le propos en se référant aux deux portes de la peur et de l'amour qui ouvrent sur des mondes distincts. Mais aussi aux deux loups intérieurs de la légende amérindienne (l'un est violent et l'autre gentil, et se développe celui que l'on nourrit) ou, autre référence, aux quatre accords toltèques :
- Que votre parole soit impeccable- Quoi qu'il arrive ce n'est pas vous- N'en faites pas toute une histoire, ne faites aucune supposition- Faites de votre mieux toujours...
L'essentiel que je projette sur le monde sera déterminant. Souvent, l'agitation mentale, celle que certains prêtent à l'égo, se réveille et occupe notre esprit de nombreuses absurdités et de pensées courtes. Elles sont bien souvent - voire toujours - ego centrées. "Et que font les autres pour moi ?" ai-je déjà entendu. "Tout ce que vous faites aux autres, c'est à vous-même que vous le faite", nous a répondu Tenzin Gyatso, l'actuel Dalaï Lama. Alors choisissons bien le chemin qui est le notre pour atteindre ce que nous visons toutes et tous : le bonheur, celui qui est à l'intérieur !
Lire aussi : "Le vivant, du principe au pratique"
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