La relation que nous avons au monde est en fait ce que nous sommes dans le monde autant que ce que je sais du monde. Je m'explique car je comprend que ce n'est pas évident. Nous nous rendons compte que nous parlons et écoutons depuis nos certitudes, depuis notre critérium disait Schopenhauer. Nous ne voyons que ce que nous croyons et non l'inverse. C'est de fait là notre relation ordinaire au monde : nous ne voyons que ce que nous croyons. Ainsi, le monde que nous vivons est celui que nous pensons, celui dans lequel nous nous pensons "en toute vérité", celui ou celle que nous sommes dans ce monde. Certains ont attribuée à Gandhi cette dernière assertion.
Certes, la profonde sensation d'être se fond au fond de notre être, jusqu'à se confondre dans le grand tout, dans l'essence de l'univers. Mais ceci est une approche bouddhiste plus singulière et peut être plus complexe à appréhender. On la retrouve dans bien des approches, notamment chez Carl G. Jung.
Par ailleurs, nous constatons, convergences des sagesses et des sciences, que nous sommes aussi de notre milieux, de notre environnement lequel pèse sur nos représentations des contraintes, enjeux et intérêts. Mais revenons à nos moutons. A l'aune de cette "perception", revisitons notre réalité, si nous le voulons bien.
Quand je dis que j'ai un problème avec mon voisin, je suis en train de réaliser que j'ai un problème avec la perception que j'ai de mon voisin dans ce que je veux vivre en termes de contraintes, d'enjeux et d'intérêts. Bien sûr, il m'est plus confortable et rassurant de penser qu'il est la cause de mon problème. De ce fait je n'ai pas à remettre en cause mes perceptions, mes croyances, mes certitudes et mes représentations, ni moi-même d'ailleurs. C'est à dire que je n'ai pas besoin de revisiter ma vision du monde et de moi-même dans ce monde. Pourtant, c'est de cela qu'il s'agit.
Répétons-nous encore la fameuse phrase de Marc Aurèle : "Ce ne sont pas les choses qui me gênent mais le regard que je leur porte !" Si je change mon regard, alors le monde change et mon rapport au monde avec... Si je voit le monde comme une belle mécanique où l'humain est au sommet, l'intelligence supérieure qui se nourrit et se gave de toutes ces choses disponibles sur le globe, alors l'humain en sera le pire prédateur. Il se comportera comme le propriétaire du monde lequel n'est pas vraiment sympa avec lui quand il fait tempêtes, inondations, glaciations et sècheresses.
Mais si je change mon regard et que, d'un premier pas, je comprend toutes les interdépendances entre les éléments de nature, alors peut être je commencerais à réfléchir sur ce que l'homme a fait à la nature, la "matrice" de la terre.
Peut être, dans un second pas, je comprendrai que la nature est un nœud puissant dont je ne suis qu'un élément mais dont je suis entièrement, rejoignant ainsi les conceptions chamaniques et animistes.
Et puis dans un troisième pas, peut-être que je réaliserai que l'univers, ce grand tout, n'est que vibrations, ondulations, fréquences, comme l'avait compris Nikola Tesla. Peut être je réaliserai enfin que ma conscience des choses et du monde, de ma place dans ce monde est juste simple, ordinaire. Je passerai d'une approche plutôt mécaniquement inefficace à intentionnellement puissante. C'est d'ailleurs là une posture que l'on retrouve dans nombre de sagesses de peuples dits premiers.
En bouddhisme, écrivait par exemple l'écrivaine américaine Grace Constant Lounsbery, il n'y a pas de dogme ni d'acte de foi. Le bouddhiste ne doit rien accepter parce que ce fut dit ou que ce fut écrit quelque part. "L'apprenti sage" doit tout examiner, comprendre toute corrélation. Il doit suivre ce qui lui semble vrai, juste, le meilleur, dans la mesure de son entendement. Il sera son propre guide. Il verra de plus en plus clair selon qu'il se trouvera plus ou moins avancé sur son chemin parce qu'il est maître de sa vision, celle qui guide ses pas.
Il sait que sa vision d'un moment donné dépend de la nature, des caractéristiques, des tendances personnelles que ses propres pensées et ses propres actes ont tissé du passé au présent. Son avenir dépend de ses pensées et ses actes dans le fugitif présent.
"L'auteur-acteur" est en train de devenir. Il peut refaire sa vie et sa conscience. Il peut accroître sa connaissance et enlever les voiles qui obscurcissent sa propre lumière profondément cachée en lui. La connaissance supérieure, la "Bodhi", cette illumination (ou éveil) atteinte par le travail sur et en soi, est, quoi que voilée, latente en chacun de nous.
Il nous faut défaire tout ce que nous avons construit par nescience et qui obscurcie d'ignorance cette lumière intérieure . Guidés par le savoir et non par quelques émotions négative (comme la peur), nous conserverons ce que nous avons appris et constaté, agrandi dans la méditation et l'intuition.
Nous retrouvons là la sagesse des anciens grecs, comme Socrate, Aristote ou Platon, qui considéraient qu'au fond de soi se trouvaient l'univers et les dieux. Nous l'appellerons l'univers, voire le "soi profond". Alors, ce que nous sommes change de dimension. Ce que je suis et l'idée que je m'en fais sont la même chose et changer passe simplement par changer mon regard, mon récit, mes croyances et mes représentations. Le champ est immense et ma puissance infinie.
P.S. : "La créativité, c'est l'intelligence qui s'amuse" (Albert Einstein) - "Pardonne aux autres non pas parce qu'ils méritent le pardon mais parce que tu mérites la paix" (Christophe André)
Lire aussi : "La puissance du moment présent"
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