L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " (JMS) Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision au plus profond de moi même sur l'être et l'univers. Profitez et participez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

L'imaginaire plus puissant que la réalité (21 02)

Pourquoi en venons nous à cette conclusion qui fait titre ici ? "L'imaginaire est plus puissant que la réalité !".  C'est tout notre sens des réalités qui s'en trouverait ébranlé alors. Hé bien si c'est le cas, c'est bien toute notre approche et notre conscience de la réalité que nous avons à réinterroger. "La réalité, nous indiquait le philosophe Arthur Schopenhauer, est un objet pour un sujet qui le regarde. Si le sujet s'en va, l'objet disparait." C'est à dire que toute réalité n'est que la "conscience" subjective du sujet ! A savoir que la réalité de toutes chose ne serait qu'une construction mentale,  qu'elle ne serait aucunement et même pas liée à l'objet qu'elle indique. C'est aussi là le socle du constructivisme attribué à l'école de Palo Alto.

Ceci vaut tant pour les objets matériels qu'idéels et symboliques. Ainsi la réalité n'est que la représentations que nous nous faisons dudit objet, avec sa raison d'être, sa forme et ses finalités, bref, son sens, ses résonnances !... D'ailleurs, sans cette dimension de sens, rien n'est !

Que nous dit la sociologie clinique ? Que l'humain est inscrit dans le langage, qu'il est bien dans un système symbolique. Il déconstruit et reconstruit une réalité conforme à l'imaginaire social et à ses désirs et intérêts. L'imaginaire social résulte d'un critérium ordonnançant des références à penser un monde selon un récit d'un environnement, d'une culture. Sortir de cet imaginaire social est plus que compliqué par et dans le langage tellement ces récits sociaux sont intriqués. Désirs et intérêts personnels en sont d'ailleurs particulièrement dépendants.

La psychanalyse lacanienne nous précise que les personnes qui parviennent à "longer" ce cadre sont les fous, les mystiques et les artistes. Il s'agit des personnes que l'intuition et le ressenti direct, voire l'émotion, dirigent. Ceux-là même qui "connaissent" par les sensations et leurs résonnances, savent bien ce qu'est l'émotion, cette instructrice directe, globale et totale. Ceux-là n'apprennent pas par des déductions et des raisonnements. Ils passent par la sensation et le ressenti, c'est à dire par l'intuition pour atteindre directement leur objetLa culture scientiste matérialiste dirait de cela qu'il s'agit de caractéristiques psychiques, terme qui, dans cette approche là, indique le spirituel.

Nous sommes en effet d'une civilisation qui pense que l'erreur est humaine et qu'il ne faut pas céder à nos émotions. Se laisser emporter par elles serait un tsunami que notre culture considère destructeur. Mais bien des sagesses anciennes et modernes nous laissent à penser que se laisser pénétrer par les émotions est un ravissement, voire même une source de sagesse. Car c'est dans les émotions que se trouveraient le plus d'informations directes. Elles arrivent en effet directement, de l'amour à la peur ! Et même de cette peur, qui peut nous affoler et induire des comportements erratiques, mais qui peut aussi nous transcender quand on l'accueille et, factuellement, "faisons avec". 

Je repense à cette militante palestinienne qui, interrogée par le Mossad, entendit des chiens aboyer dans le couloir voisin. Elle savait que le Mossad torturait avec des chiens. Elle imagina que c'était son tour et que donc elle se considéra déjà morte. Alors elle se leva de sa chaise, regarda dans les yeux ses interlocuteurs et leur dit "Je ne joue plus !" Elle sorti et personne ne la retint...

Si la peur est transcendée, elle apporte son lot d'informations, autant que de transcendance, mais aussi l'émerveillement, la compassion, l'amour, etc.  Dans cet "et cetera", il y a tout le spectre des émotions indicibles, celles qui nous inondent comme dans une large lumière, voire nous submergent et qui ne s'épuisent pas dans le mot, et pour cause... Par contre, si l'on succombe à la peur et nous y soumettons, c'est tout notre moi profond qui disparait. Car, l'émotion est un immédiat dans le présent total. Le ressenti n'a pas d'histoire ni d'avenir, juste une pleine résonnance, une présence absolue.

Nous avons à vivre un monde basé sur la vie, la vérité et l'amour alors que celui que nous vivons est bien souvent et "intentionnellement" basé sur la mort, le mensonge, la violence, la colère et la peur. Il y a là quelque chose de paradoxal... Mais pourrions nous y retrouver le divin de nos vies ?

L'abbé Maurice Zundel, théologien, répondait aux enfants qui le questionnaient sur "Qui est dieu ?", par : "Dieu, c'est quand tu t'émerveilles !" On est là dans un champ de réalité où la logique et la démonstration s'effondrent car elles ne pèsent pas face au réel. Notre psychisme a les ressorts du spirituel.

Il est certain qu'on ne peut s'arrêter ni d'agir, ni de penser, ni de ressentir. Car c'est là que se trouve l'être au monde. L'intention devient réalité juste dans l'apaisement. Celui-ci nait dans la désinvolture, le lâcher prise, le détachement.

L'acte est réussit, non pas en terme de résultat comme l'appréhendent nos égos orgueilleux, mais parce qu'il est en accord, en résonnance avec l'univers et le plus profond de nous-même. En physique quantique, l'infime contient tout l'univers. C'est là aussi une donnée alchimique.

Les certitudes sont une carapace qui, si elle ont à nos yeux vocation à nous protéger, nous isolent et nous éloignent du réel. Si l'on cède à l'injustice, c'est tout l'ordre du monde qui est mis à mal. Il nous faut donc faire ce que l'on a à faire. L'art est de s'accorder au monde pour laisser l'ardeur venir, et jouer sa partition. Ici, plus rien ne se raisonne, ni ne se démontre, mais se vit, se ressent, se pratique, s'expérimente ! ...

Je me suis rendu compte, enfant, que ma petite voisine avec laquelle je jouais parfois, reproduisait dans nos jeux, les relations que ses parents et grand parent vivaient entre eux. Elle développait alors une personnalité rigide et colérique. Plus tard je compris que nous avions une sérieuse tendance à perpétuellement rejouer ce que nous avions vécu, tant comme personnellement impliqués que par l'ambiance de nos premières années, mais aussi de notre contexte global. 

Je compris alors que ces reproductions sont autant de possibles que de prisons émotionnelles, lesquelles occupent tout notre espace personnel. Ainsi, toutes les postures et situations, que nous avons autant subies que vécues, répètent les douleurs de l'abandon, du rejet, de l'injustice, de l'humiliation, de trahisons... Et tout au long de notre vie nous serions enfermés dans la répétition de ces jeux de rôles douloureux, destructeurs et délétères. 

Mais avant d'aller plus loin, je voudrais revenir sur cet événement scolaire que j'ai déjà raconté ici. Nous jouions dans la cours de l'école au rugby "à toucher", une pratique pédagogique de passes en ligne. Mon camarade René Bagatella, qui était certainement l'un des meilleurs d'entre nous, avait la fâcheuse capacité, ballon sous le bras, de me "cadrer" et de me déborder ensuite, effaçant ainsi ma défense. Je me sentais impuissant à l'arrêter. Réciproquement, quand j'avais le ballon, il semblait n'avoir aucun mal à m'attraper et là, je rageais...

Alors un soir, en étude, je repassais dans ma tête ces situations où il me mystifiait. Je vivais la situation dans le plus pur esprit sportif de loyauté. J'imaginais que, si à bonne distance, je lui mettait la main sur le visage, il ne pouvait plus me saisir. Je rêvais la situation jusqu'à voir le moment le plus juste pour étendre mon bras et je répétais imaginairement plusieurs fois la situation.

Dès la récréation suivante, nous prenions le ballon et commencions une partie. René était en face de moi et, le ballon sous le bras je m'élançais vers l'embut. Il s'approcha pour m'attraper mais ma solution fonctionna particulièrement bien, comme rêvée ! Je venais de réinventer le raffut... qui d'ailleurs est aujourd'hui interdit sur le visage ! L'imaginaire avait eu raison de l'habileté de René !

Il est bien vrai qu'il nous faut rompre avec ces répétitions de comportements logiques qui ruinent nos vies. Il nous faut lâcher prise sur ces événements pour s'ouvrir à une réalité lumineuse, pleine d'amour, de bienveillance et de compassion. Ce sont ces répétitions de solutions apprises, socialement acquises, qui nous pourrissent l'existence à nous rendre malades. En cela, nous sommes producteurs du monde que l'on vit. 

Puisque nous ne voyons et ne vivons que ce qui nous préoccupe, et puisque rêver les solutions fonctionne si bien, il en est de même pour toute situation, pour renverser, contrefaire celles qui nous font souffrir. Ainsi, nous pouvons prendre la main grâce à notre imaginaire et devenir l'auteur de nos vies, à force de conviction, de contemplation, de reconstruction, voire même de lâcher prise !


Jean-Marc SAURET
Le mardi 21 février 2023

Lire aussi : "Le lâcher prise 2"


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