L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " (JMS) Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision au plus profond de moi même sur l'être et l'univers. Profitez et participez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Calmer la logorrhée mentale pour mieux voir le monde (31 01 23)

Certain nomme "égo", d'autre le "mental", cette activité cérébrale qui consiste à produire incessamment "des idées" à l'aune de nos peurs, de nos intérêts dans la configuration matérielle de notre psyché. Je ne sais pas si je suis assez clair... Je veux dire qu'en plus de mots, nous agitons notre activité mentale selon des perceptions, des associations symboliques, parfois aussi dans le simple but de combattre, voire d'effacer, des peurs profondes et personnelles. Nous faisons cela pour atteindre des objectifs que l'on veut audibles, ou logiques, dans notre vision culturelle du monde. Pour nous actuellement, il s'agit de "postmodernes" acculturés d'un néolibéralisme matérialiste, isolant les personnes dans une fonction de consommateur. Pourquoi pas...

Bon, ce n'est peut-être pas encore assez clair... Alors, procédons autrement ! Voici une historiette comique qui pourrait nous aider. Une personne dit à son comparse : "C'est fou comme il fait beaucoup plus chaud en juin qu'en janvier, et pourtant ce sont deux mois en J..." Voilà que l'orateur associe symboliquement des choses que ni notre "intelligence" ni notre culture ne font. Pourtant l'affirmation est parfaitement logique. Cependant elle nous apparaît totalement incongrue. C'est comme cela que nous usons de la symbolique, par associations sur des caractéristiques tant informelles, symboliques que physiques.

Notre activité mentale sait parfaitement faire cela dans n'importe quel sens mais toujours dans nos représentations tant sociales que personnelles, et notamment lors de ces effervescences échevelées. Lesquelles effervescences constituent un écran assez occultant sur le réel du monde. Il le colore de nos propres "délires".

Ces représentations sociales sont le cadre culturel propre à la collectivité dans laquelle nous vivons. C'est ce que l'on appelle les cadres sociaux de la culture. Ce sont justement des repères "communs" pour penser le monde : quel est-il, comment est-il, d'où vient-il et où va-t-il ? A contre sens, notre opaque logorrhée mentale y puise son carburant et ses moyens.

Je reviens sur cette acception du concept. Il s'inscrit dans le mot. C'est à dire que sans le mot, il n'est pas. Je reviens aussi sur la célèbre phrase de Schopenhauer : "La réalité est un objet pour un sujet qui le regarde. Si le sujet s'en va, l'objet disparaît." A savoir que la réalité est "le monde pour nous" et non un monde en soi, comme nous avons populairement tendance à le croire.

Le mot est donc une "morsure symbolique" dans ''l'univers'' qui en attrape quelque chose comme une bouché sortie d'un plat. Dès lors, nous en faisons quelque chose : nous le "mâchons", le découpons, et en tirons des sensations de textures, de saveurs et bien d'autres selon son objet. Alors nous le nommons comme dans un bref échange avec d'autres convives :

  • C'est quoi ton plat ?
  • Du boubiboulga de chèvre ...
  • Ha ! C'est bon... On dirait du poulet !
  • Oui ça tient aussi du bourguignons ...

Et les convives, ancrant la nouveauté sur ce qu'ils connaissent déjà, voire en commun, la singularisent et la cernent. Dès lors, elle devient un objet de leur connaissance qui pourra servir de comparaison dans la découverte d'autres nouveautés. "Ça me fait penser au boubiboulgat de chèvre de Maryse !" "Comment tu dis ?" questionne un absent de la première expérience. Et l'acculturation par le récit et les mots se propage. On l'appelle aussi la "transaction de références", comme disait Le psychosociologue Ghiglione.

Le psychosociologue Serge Moscovici nommait ces phénomènes cognitifs "ancrage" et "objectisation". Ceci pour dire que l'on ancre la nouveauté sur ce que l'on sait déjà et on en fait un objet nouveau en lui donnant un nom. Il en va ainsi de même avec tous les mots, les concepts que l'on utilise ici, dans ces articles et cet ouvrage. Il en va ainsi aussi dans toutes conversations.

Nos mots présente un "objet" dont la définition peut rester fluctuante, voire évasive. Mais c'est dans le mot que le concept existe. Hors du mot, voilà tout un "univers" à attraper mais hors concepts, donc hors réalité. Mais justement voilà un "à attraper" qui nous attire. Lacan disait qu'il s'agissait là d'une marge sur laquelle se promenait l'humour, la folie et la mystique.

Hé bien, c'est là aussi que se promène notre effervescence mentale, cette logorrhée qui peut nous envahir en arrière plan chaque jour et à tout moment. Ce sont ces milliards de pensées quotidiennes que certaines cultures nomme le "mental" ou l'"Ego".

Nombre de sagesses anciennes et modernes nous indiquent qu'il s'agit là d'une activité parasite de notre cerveau "symboliste". Bien sûr, le calcul, la logique et l'analyse dont il s'occupe sont bien utiles. Mais cette logorrhée de fond l'est beaucoup moins, voire inutile mais aussi parasitaire. Elle est le siège de nos ruminations.

Voilà pourquoi, ces sagesses proposent la méditation, comme celle de pleine conscience, pour calmer les spéculations intellectuelles qui auraient tendance à nous embarquer dans le ''n'importe quoi'' ou la folie. Des personnes fragilisées par des événements mal vécus trouvent là un recours pour reprendre possession de leur vie intellectuelle et émotionnelle.

D'autres "thérapeutes" proposent la relaxation, le sport, l'activité manuelle ou la prière pour trouver le "Flow" comme le nomme Mihály Csíkszentmihályi, psychologue américain d'origine hongroise, et né en Italie. Dans sa très lourde et longue étude sur le bonheur pour l'université de Chicago, il nous fait la démonstration que le bonheur relève d'une forme d'activité où la personne se plonge totalement dans l'instant présent, toute occupée à son affaire, y perdant quelque peu appétit et notion du temps :

    - Vient, Paulo, descend manger !
    - Attend, j'ai pas fini... j'arrive !

Et de longues minutes plus tard, Paulo n'est toujours pas descendu manger, ce qui énerve passablement tout le monde... Mon épouse aime à dire que jardiner lui lave le cerveau. Elle n'y pense à rien et, dit-elle, ça la calme.

Je dois avouer qu'il m'arrive la même chose à propos de musique, de poésie, de méditation et d'écriture.

Ce sont ces moments là de plénitude, de complétude, dont nous avons passionnément l'habitude (ou pas), qui nous font un bien fou et que l'on recherche éperdument à reproduire. En effet, comme je viens de le signaler, d'autres pratiques, sportives, méditatives, contemplatives, manuelles, sophrologiques et autres encore, ont pour objet de produire cet état de "flow", cet "être là dans l'instant" tellement bénéfique pour nous même, éloignant la logorrhée mentale et nous laissant mieux voir le monde. Il est bien évidemment plus sûr, plus utile et plus efficace d'éviter la consommation de produits chimiques. Ces activités y suppléent tout à fait efficacement.

Alors donc, se réserver et s'autoriser une activité pour soi et seulement soi (ce n'est parfois pas si simple que cela) nous ouvre la porte vers un monde meilleur, à contempler autrement, à vivre différemment. Pour ma part, longtemps le sport m'y a conduit, puis le théâtre, la peinture, la musique et l'écriture m'y ont embarqué aussi. Mais voilà, il faut que je vous laisse car il y a un moment que ma tendre et douce m'appelle pour dîner et je n'ai même pas mis la table...


Jean-Marc SAURET
Le mardi 31 janvier 2023

Lire aussi : "La puissance du moment présent"



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