"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

A la recherche de la paix, la joie et la sérénité (13 12)

Au delà des désirs profonds, au delà des recherches qui pensent pour nous, et à notre place, il reste ce qui nous est essentiel, ou fondamental. Plus simplement, on retrouve là tout ce que semblent rechercher tout être humain, en termes de sagesse, en l'espèce : la paix, la joie et la sérénité. Mais pourquoi apporter autant de précisions ?...

On prétend que la sagesse vient avec l'âge. C'est possible, mais Corneille nous affirme que parfois "la valeur n'attend pas le nombre des années", et tout le monde semble le croire. Alors où est la "réalité vraie" ?

II est vrai que les représentations sociales, ou autres modèles sociaux, nous présentent chacun comme des mécaniques ordinairement vénales, avides et cupides. Et pourtant, si l'on en croit les soignants au chevet de mourants, les regrets majoritaires au soir de la vie ne sont pas d'ordre matériel, mais essentiellement émotionnel, spirituel et contemplatif. Regardons de plus prêt.

Les phrases rapportées par ceux qui vont partir sont de l'ordre du regret, "d'avoir plutôt fait ce que l'on attendait de moi, que ce qui me tenait à cœur", ou encore, de "ne pas avoir vu autant de beaux sites !", ou de "ne pas avoir autant voyagé" ou "vécu de belles choses", "autant rencontré de personnes intéressantes, inspirantes", "de ne pas avoir assez aimé" ou "vécu de belles émotions", etc...

Il semblerait qu'au seuil de la mort, quand elle vous tient les pieds, le dérisoire se dissout et l'essentiel remonte. Ce moment là nous révèle beaucoup sur nous même et sur l'âme humaine. Dans son ouvrages "Paroles de ceux qui vont mourir", la professeure Hideko Suzuki relève que, dans ce qu'elle a observé au Japon, les mourants partent réconciliés, et les blessés de la vie restaurés dans leur dignité et leur goût de vivre. Il apparaît alors une sérénité certaine comme si elle était l'état recherché, accompli, de tout l'être.

Une soignante australienne, Bronnie Ware, s'est intéressée aux paroles des mourants. Elle relate les regrets les plus prononcés, les plus entendus. Le premier serait : "J'aurais aimé avoir le courage de vivre comme je voulais, et non pas de vivre la vie qu'on attendait de moi". Elle précise que : "Quand les gens se rendent compte que leur vie est presque terminée et qu'ils la regardent avec clarté, c'est facile de voir le nombre de rêves qu'ils avaient et qu'ils n'ont pas réalisés". Vivre sa vie et non celle dont rêvent les autres pour soi, semble l'essentiel des préoccupations des partants.

Elle a noté ensuite la récurrence du regret "d'avoir travaillé autant, ou si dur", un regret répété par des patients masculins de l'infirmière. "Des femmes l'ont également dit. Mais comme la plupart d'entre elles étaient d'une génération plus ancienne, la plupart d'entre elles n'avaient pas été le parent qui soutenait financièrement la famille". Travailler autant semble répondre à une exigence sociale de prévention du futur, de besoin de réalisation sociale, de reconnaissance de compétences et de talents. Elle apparaît idiote et inutile au seuil de la vie. Cette quête nous extirpe du moment présent, le seul que nous ayons à vivre.

Le troisième regret le plus courant était : "J'aurais voulu avoir le courage d'exprimer mes sentiments plutôt que d'avoir peur des conflits". On retrouve également celui-ci : "Je regrette de n'être pas resté en contact avec mes amis". Bronnie Ware assure aussi que ses patients "ne se rendaient vraiment compte de l'avantage des amis de longue date que dans leurs dernières semaines, et il n'était pas toujours possible de les retrouver".

Dans ces deux regrets se trouve la question de la relation à l'autre, à ceux qui nous font du bien, et qui entendent nos opinions et points de vue. Ce sont les mêmes avec qui nous pouvons échanger, partager des moments de joie ou de peines. C'est dans le courage de l'expression profonde et vraie, au risque de sortir de nos zones de confort et de conformité, que se trouve le bonheur des relations, celui d'exister pleinement.

Le "risque", vécu en tant que tel, réside dans le fait de perdre le contact avec les personnes chères qui connaissent votre histoire. Ce sont les mêmes qui vous accueillent tels que vous êtes "vraiment". Perdre ce contact risque de plonger dans une solitude difficile. L'ami de longue date semble représenter le garant de l'histoire, de la justesse des souvenirs bien souvent identitaires. Un peu de temps partagé suffit à remplir le confort intérieur.

En cinquième elle rapporte cet autre regret fréquent : "J'aurais aimé m'autoriser à être plus heureux et cultiver le bonheur". Elle semble constater que "la plupart ne réalisait qu'à la fin, que le bonheur était un choix." Il s'agit en effet d'un choix quotidien : il permet de cultiver l'essentiel, le fondamental, l'indispensable, la plupart du temps immatériel. Juste rester dans le positif, la joie, la beauté.

Bronnie Ware use de cette comparaison simple : le bonheur est une lumière intérieure! Et nous naissons comme une ampoule qui éclaire et fait la joie de tous. Puis progressivement nous recevons de la boue sur notre ampoule et nous y en jetons aussi. Simultanément, nous en jetons aussi sur celle des autres. Celle-ci se ternit et s'opacifie. En fin de compte, tout le monde s'éteint peu à peu dans la noirceur, la méchanceté et la douleur. La seule réponse ? : retrouver la clarté de la joie de notre enfance. Soyez qui vous êtes et vous rayonnerez !

Ceci implique deux comportements inattendus, celui d'accepter de ne pas être aimé et celui de laisser à l'autre, celui qui médit, d'assumer la totalité de ce dont il nous affuble. C'est la raison pour laquelle je continue à penser et à diffuser que ce que les gens pensent et disent de vous, ne vous concerne pas. Cela ne concerne que ceux qui le disent. Dès lors la dépendance de notre ego aux "affects" des autres se dissout. C'est une excellente manière de retrouver la paix, la joie même et aussi une certaine sérénité.

Mais il y a d'autres espaces sociaux où l'objet du "désir d'être" émerge. Ces sont les échanges sociaux eux-mêmes, dans ce que le psychosociologue Rodolphe Ghiglione appelle "les transactions sociales". Plus prosaïquement, dans la conversation, qu'elle soit directe ou indirecte, ce qui s'y "transacte" en premier lieu ne sont pas des opinions ni des points de vue. Ce ne sont pas davantage des objets précis d'intérêts ou de répulsion, mais des références, des "d'où je te parle". Les interjections qui font rupture dans l'échange sont des "Ecoute-moi !", des "Fous moi la paix !". Ils viennent bien avant des "Tais toi !" ou des "Va-t'en !" qui formalisent la rupture des échanges, et donc la fin de la relation.

Ce qui s'exprime dans ces interjections est un fondamental, un essentiel : la paix dans l'échange et le partage, celle qui implique la sincérité. Ensuite, ce sont les envies profondes qui ressortent au delà des expressions. Justement, on retrouve ici des désirs socialement peu exprimables en l'espèce, la joie et la sérénité. Leur expression, quelque peu taboue peut apparaître dans des actes certes privés, mais quasi quotidiens. Qu'expriment les regards et les visages quand vous prenez la personne en photo, quand elle se prend elle même en photo ? Fait elle "la gueule", comme l'on dit ? Certes, non ! 

Il y a un "au-delà" de la transaction sociale ordinaire, un essentiel, un fondamental qui rejoint et exprime l'idéal d'être. On retrouve ici une sorte d'injonction sociale. Dans ces conditions, les personnes sourient, même si elles s'ennuient profondément. Elles s'exposent joyeuses et sereines. C'est l'image qu'elle vont transmettre de leur être, comme une idéal de soi : joyeuse et sereine. Parfois plus joyeuses dans des éclats de rire surjoués, parfois plus sereines dans des sourires plus calmes et gracieux. Un profil dont elle pensent qu'il sera plus à même à les faire aimer.

Ne serait-ce pas là l'expression d'un état profond d'être ? ... un état cible, attendu, visé, espéré ? Il y a de fortes chance que ce soit le cas, c'est du moins ce qu'il me semble observer tant sur la toile que dans les événements sociaux.

Je repense à l'écrit de Julien Rochedy, "Philosophie de droite". Il répète que "l'idéal" serait de "faire la paix avec Dieu et la nature". Quant à la gauche, écrit-il,  "ce n'est qu'une sempiternelle révolte contre ses souverains magistraux". Il oppose là sérénité et agressivité. Sans vraiment approuver son propos, je relève que l'essentiel de cette approche est tourné vers la recherche et la valorisation de la paix et de la sérénité. Cette philosophie en serait-elle la gardienne ?

Et si, comme l'indiquent tant d'approches sociales, spirituelles et philosophiques, il n'était là question  que de la paix ? L'argument va bien au delà de la colère, de la douleur, de l'agitation, qui confine parfois à l'hystérie. Le désir profond qui s'exprime dans le lâcher prise et l'expectative s'appelle la paix : celle qui confère la joie et la sérénité. Là où vit la paix, disent les sages, il n'y a pas de place pour la peur, celle qui "justement", permet la manipulation des gens. Paix, joie et sérénité, gratitude et bienveillance, sont des visées fondamentales, des concepts tellement simples qu'on ne les met plus en finalités.

Ce sont ces justes sentiments, ou ces mêmes sensations qui méritent d'être "savourées" en état d'être !

Avant de conclure, je repense à cette histoire d'un passant venu insulter Sakyamuni, le Bouddha, pendant un de ses enseignements. Le Bouddha ne régit pas. Le lendemain, le passant vint s'excuser et demanda pardon à Sakyamuni de ce qu'il avait fait la veille. Le Bouddha lui répondit qu'il n'avait rien à lui pardonner car ce qu'il avait dit et fait lui appartenait pleinement et que lui-même, Sakyamuni, ne l'avait pas attrapé...


Jean-Marc SAURET
Le mardi 13 décembre 2022

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