"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Le combat, la fuite, la sidération et la tromperie (20 09)

Le physiologiste américain, Walter Cannon, a inventé le terme "Fight-Flight-Freeze or Fawn" (Combattre, fuir, "sidération" ou "tromperie"). Il a créé cette formule après avoir réalisé qu'une série inconsciente et automatique de réactions à action rapide se produisait à l'intérieur du corps en situation de stress extrême. Ces mécanismes apparaissent spontanément pour aider à rassembler les ressources dont le corps a besoin pour gérer les circonstances menaçantes.

Il l'a également appelée "la réponse au stress aigu". Dans son livre de 1915, "Changements corporels dans la douleur, la faim, la peur et la rage", Cannon a noté que ces mécanismes apparaissaient lorsqu'un animal était menacé par un prédateur. Dans ce cas "vital", leur corps commençait à libérer les hormones épinéphrine et adrénaline, ce qui déclenchait la réaction de combat ou de fuite.

Depuis nous avons découvert que la fuite, la violence, la manipulation, voire même la sidération fonctionnent très bien pour gérer l'environnement matériel, contextuel. L'agression permet le succès de la chasse ou de la "contre-chasse". La fuite sauve la personne d'un danger qui avance. La sidération protège la personne d'un danger qui passe. La manipulation, quant à elle, permet de contourner ou de détourner l'action d'un prédateur autonome. 

Mais ces comportements, s'ils s'avèrent efficaces pour gérer les forces de l'environnement, ont des conséquences désastreuses quand ils sont utilisés par les personnes entre elles. La problématique est que la conscience de soi invite aussi l'imaginaire. Et, puisque nous sommes des êtres grégaires et symboliques, cela implique la conscience de soi tant dans la relation que dans le regard de l'autre. Ce phénomène génère un deuxième niveau dans le rapport : l'imaginaire symbolique où la réalité se reconstruit à l'aune de "discours de vérité". J'en ai déjà longuement parlé, mais nous allons cependant entrer dans le détail.

Si je fuis devant une autre personne, je remets en cause radicalement la relation d'équivalence, de confiance, et de solidarité première. En d'autre termes, je touche au lien social en le "déconstruisant". L'autre pourrait bien mal le prendre. 

Si j'agresse la personne je la mets en opposition et la positionne en prédateur. Je la mets donc en posture de responsabilité de ce qui se passe. Je rejette alors toutes éventualités de compromis, toute possibilité de lien social positif, interdépendant et coresponsable. J'efface en effet toute possibilité d'entente et de coopération. Alors, je "ferme le vivre ensemble" pour un vivre "en guerre".

Si je suis sidéré, glacé, comme le dit Cannon, j'installe l'autre, dans notre relation, à une place élevée, plus puissante que moi. et donc je m'installe en victime. Et selon la culture locale, soit je me condamne, soit je me fais prendre en charge.

Si je manipule la personne, je mets en cause notre relation d'intelligence et la déqualifie. Je lui retire le droit de décider, d'être acteur de la situation. J'en fais au mieux un objet (voire de convoitise).

Dans tous ces cas la relation est condamnée à la négativité, au dysfonctionnement, et donc à l'accident relationnel. J'évoquerais à cette occasion la fonction de l'assertivité. Nous voici en présence d'une posture factuelle qui élimine justement l'agressivité, la fuite et la manipulation pour ouvrir un rapport "désaffectisé", désémotionnalisé, factualisé. J'installe alors, comme dans la communication "en paix", ou dite aussi "non violente", une relation équitable où chaque acteur est, à part égale, décideur dans l'événement. Ainsi chacun se retrouve "plein acteur".

Ici, c'est ici l'équité qui fait la qualité de la relation, c'est-à-dire une équivalence symbolique des "étant-là". Si chacun est en équivalence, alors il ne peut y avoir de prédation ni de spoliation de l'un par l'autre. L'idée d'une possible coopération, d'une possible codécision et coresponsabilité s'installe dans le champ commun. Dès lors tout devient effectivement possible.

Selon Pic de la Mirandole, Dieu créa complètement les choses et les animaux et quand il créa l'humain, il s'arrêta et le laissa sans devenir, sans objet et sans visage. Pic de la Mirandole précisa que, pour Dieu, c'était à l'humain lui-même de le faire, de se faire, de s'achever dans sa propre complétude. Cet humaniste de la renaissance pose réellement la dimension indispensable et incontournable de l'imaginaire. La symbolique qui y est attachée est à considérer comme bien supérieure à la physique, laquelle se compte et se calcule.

Ainsi les "mécanismes" biologiques ne dominent plus l'âme humaine. Ce sont des jeux de rôles placés sous l'égide de valeurs communes. On les retrouve ainsi associés à des notions de réciprocité et d'équivalence qui s'invitent. Alors, par notre interdépendance et notre coresponsabilité, d'autres possibles "fluides" s'offrent à nous. C'est bien là l'implication de la "conscience" dans le rapport aux autres et au monde. La culture, les valeurs, les représentations sociales et personnelles, constituent, au-delà du réel, le niveau de réalité, celui-là même qu'habite l'âme humaine. Quel grand tort aurions-nous de ne pas l'investir en toute lucidité !

Si la mécanique animale est forte, la symbolique de la conscience lui est bien supérieure. Voilà pourquoi nous pouvons avoir un certain mépris des approches mécanistes de la réalité, de nos dits "fonctionnements" en appelant à la biologie. Notre réalité est bien au-delà de cela. Nous leur préférerons assurément une approche symbolique, spirituelle, animée et consciente, et donc humaine. Et si nous commencions à comprendre le monde par cet angle humaniste, vivant et spirituel ?

Jean-Marc SAURET

Le mardi 20 septembre 2022

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