"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Créateurs de nos mondes (06 09)

Le concept new-age de "manifestation", et ladite loi d'attraction (qui y est corrélée) proposent que nous soyons les auteurs de nos vies par la seule puissance d'une pensée créatrice. Beaucoup s'y sont essayés, pensant peut-être faire fortune ou trouver l'amour. Depuis, dans nombre de vidéos, quelques influenceurs tentent d'expliquer pourquoi ça ne marche pas automatiquement. Mais, que peut-on dire sur le principe qui apparait tout autre ? Tout d'abord, qu'il est besoin de changer de nature, de place et de valeurs dirigeantes au socle de nos pratiques.

Si nous n'avons pas la main sur les événements de nos vies, nous avons la main sur la manière de les vivre et c'est peut-être là que se trouve notre génie créateur. Ce ne sont pas les événements qu'il nous faudrait changer mais juste la manière de les vivre. Je redis cette puissante assertion de Marc Aurèle : "Ce ne sont pas les choses qui nous gênent mais le regard que nous leur portons." D'ailleurs, ce que l'on retient régulièrement de ces événements est avant tout l'émotion qu'ils ont provoqué en nous et, de ce fait, les jugements dont nous les avons repeints.

Aussi, quand ces événements nous plaisent nous pensons en être quelque part les auteurs responsables. Mais quand ces événements nous déplaisent, c'est, à vrai dire, toujours la faute des autres, des circonstances défavorables, mais ce n'est jamais de la nôtre. 

Si nous étions toujours les créateurs de nos vies en accueillant ce qui est là, "tout irait mieux"... un peu à la manière de "nos lumières et nos parts d'ombre", comme disait Jung. Dans ce cas, nous saurions changer les choses au lieu de nous en plaindre. Ce serait certainement "la bonne manière" d'aborder ce qui se passe. Changer son regard, en l'occurrence, est la seule chose à faire, me semble-t-il.

Mon philosophe de frère me rappelait un phrase qu'aimait citer notre père, une phrase de Saint Paul : "C'est dans l'amour que s'achève la justice". On peut aussi comprendre que "l'amour est la justice suprême". Cet auteur là avait aussi proposé dans une de ses lettres aux corinthiens, que, même possédant tous les dons du ciel, sans l'amour, nous ne serions rien. 

D'autres phrases convergent vers ce réel et le racontent. En voici quelques-unes retrouvées ça et là, notemment à propos de l'ouvrage sur "le cours en miracles" de Neale Donald Walsh, prononcées par lui-même et par d'autres commentateurs dans des contextes différents. Je les partage ici comme des contributions au débat. Il ne s'agit pas de "raisonner" mais plutôt de ressentir, d'intuiter, d'expérimenter.

''Là où il n'y a pas d'amour, rien n'est vrai. Hors de l'amour, rien n'est vrai. Si je me défend, alors je suis attaqué et non l'inverse. Ainsi je m'attaque moi-même, puisque nous sommes tous éléments du grand tout." 

"Tout ce que vous faites à quiconque, c'est à moi, à tous et à vous-même que vous le faites."

"Que ne pourrais-tu accepter si seulement tu savais que tout événement passé, présent et futur, est planifié avec amour et bienveillance par l'Un dont le seul but est ton bien.'' 

''Le miracle est le changement de perception qui précède, pas le changement des événements qui suit parfois.'' 

''Je n'ai pas à me soucier de ce que je vais dire, ni de ce que je vais faire, car celui qui est (la conscience universelle, le Grand Tout) me dirige parce que j'en suis. Alors, il est bon de lâcher prise et de faire comme on le sent vraiment, profondément et sans raison... Bien sûr, il ne faut pas confondre l'envie et l'intuition.''

''La conscience est la capacité d'imaginer tout dans tout. C'est en ça qu'elle est créatrice.'' 

''Nous sommes dans un jeu à accueillir. Alors nous jouons en croyant que c'est le réel, que c'est vrai.'' 

''Rien de réel ne peut être menacé. Rien d'irréel n'existe !'' 

"Je suis venu vous dire trois choses. Premièrement, votre processus de croissance est achevé. Deuxièmement, il n'y a rien qui va mal dans votre vie, ni maintenant ni dans votre passé. Troisièmement, vous n'êtes pas seul.'' 

''Nous ne sommes pas là pour acquérir ou tout recevoir mais pour donner et montrer l'exemple. Soyons la source !'' 

"Juger n'est pas aimer. Aimer a la conséquence d'évacuer tout jugement. Aimer est assertif, factuel et bienveillant."

''Le hasard, c'est Dieu qui voudrait passer incognito.''

Sincèrement, je ne sais pas quelle réalité se trouve derrière tout cela et je n'ai effectivement pas envie d'en dire davantage, de faire le commentaire du commentaire. Ces assertions témoignent de représentations cosmogoniques singulières dans l'air du temps. Je me sens plus a propos de laisser chacun et chacune repenser, voire "méditer", ces assertions à l'aune de leurs repères, critères et certitudes, et ressentir ce que cela provoque en eux. Car c'est sur nos critériums personnels et culturels que nous voyons le réel et c'est sur nos sensations que nous mettons tout cela, en réalité et en mémoire. 

Il y a socialement une épistémè, une vérité issue du récit d'une époque et d'un groupe social. Elle est un "indiscutable" qui fait cadre de pensée. Aujourd'hui, avec l'émergence d'une alternance culturelle, se construit un autre imaginaire social localiste et actuel, au sens de présentiel. Il est fait de l'interdépendance solidariste, libertaire et communaliste, voire holistique. Mais, comme il est vrai que l'on peut voir longtemps la lumière d'une étoile morte, la modernité n'a pas dégagé le plancher.

En effet, comme je l'ai souvent rapporté, à l'opposé de ce que l'on prête à Saint Thomas, nous ne voyons que ce que nous croyons. Ainsi, ce qui nous est à travailler, est bien notre vision du monde et de soi dans ce monde, vivre les émotions que cela procure. Mais aussi comme l'anthropologue Jean-Dominique Michel l'expose dans ses travaux, ce n'est pas le thérapeute ni le médicament qui apportent la guérison, c'est le patient, par sa croyance et la confiance qu'il a dans sa relation au thérapeute, qui se guérit lui-même.

Si actuellement réémergent et cohabitent des approches singulières du soin (sonologie, sophrologie, médecines chinoises anciennes, des Philippines, chamanisme ou druidisme, reboutage et secrets, par exemple) c'est parce que nous intuitons ces possibles sans avoir encore bien compris que c'est nous qui possédons la thérapie.

Si je vois un monde mécanique fait de matières, alors le médicament est ma voie de guérison. Si je pense le monde organique fait d'information, d'ondes et de lumières, alors ma pensée me guérit. Si je ressent le monde comme un creuset de sensations, alors peut-être que c'est l'émotion qui me guérit. Oui, la vision guide mes pas, et plus que cela encore.

Ainsi, par exemple, ce que j'ai d'abord pensé être des besoins généraux, voire universels, comme le besoin de sens, de justice, d'intelligence des choses et des faits, d'humanité, d'expression et de réalisation de soi, m'apparaissent davantage aujourd'hui comme une préoccupation personnelle d'un temps, peut-être même propre à certains profils, comme les hypersensibles, par exemple. Ca marchait parce qu'ils étaient ma préoccupation en résonnance avec des préoccupations sociétales ou sociales. Maintenant, je me rend compte que toute préoccupation (sociale et personnelle) est un moteur de vie, de changement, de ressourcement ou d'immobilité.

Le sociologue Michel Maffesoli nous rappelle que chaque crise dans l'histoire est accompagnée d'une épidémie ou psycho-pandémie (La peste antonine avec la décadence romaine, La peste bubonique en 536 dite la pire année de l'histoire de l'humanité, la peste noire avec la fin du moyen-âge, le typhus accompagnant la réforme protestante, etc.). La crise est le "crible" qui permet de garder ce qui va nous servir et de nous débarrasser de ce qui ne servira plus, de l'obsolète. La pertinence du crible suit le changement de paradigme. 

Le sociologue nous indique aussi que nous assisterions à chaque fois à une "apocalypse", c'est à dire à une "révélation", comme le mot le dit. Ainsi Galilée, Copernic et Kepler nous annonçaient le passage d'un géocentrisme (la terre) à un héliocentrisme (le soleil). Aujourd'hui nous est annoncé le passage d'un anthropocentrisme où l'homme (qui possède la nature) et le chiffre sont la mesure de toutes choses, à une holistique où la perception sensitive, émotionnelle et directe du réel bouscule nos réalités. En d'autre termes, ce serait la fin des oligarchies bureaucratiques et l'émergence de processus de pollinisation, de partage, de propagation par diffraction dans des corps sociaux vivants, dynamiques. C'est ce que Maffesoli nomme des tribus. 

Le peuple passerait ainsi par son propre soulèvement de la soumission à la créativité. On passe d'une verticalité à une proxémie horizontale. Comme l'évoquait Victor Hugo, "le symbole du peuple est le pavé. On marche dessus jusqu'à ce qu'il vous tombe sur la tête...". Il y a là quelque chose du passage de la médiocratie verticale à l'intelligence stimulante partagée, de l'individu à la personne sise dans une tribu ici et maintenant, c'est à dire un passage du "Je" au "Nous", de l'idiotie au "sensationnel"...

Nous passons de la maitrise de toutes choses et de soi même à la vie complète dans le grand tout de l'univers où la connaissance occupe le vide. Voilà une conception de "l'entièreté de l'être", conception toujours non achevée. A titre d'exemple, nous passons de l'économie à l'écosophie, et donc de la dictature du chiffre à la sagesse de la maison commune. C'est à ce moment qu'une psycho-épidémie apparait dans la crise... Qu'abandonnons nous et que garderons nous demain matin ? Peut être quelque chose de l'ordre de la puissance du vécu, du perçu et du ressenti...

Et si, comme quelques recherches en neurologie l'indiquent, un réseau de neurones habitent nos cœurs, siège d'émotions que l'on nomme aussi sentiments, alors nous passerions immanquablement du tout rationnel au tout "sensationnel", comme une posture intuitive émotionnelle. Ce pourrait être là une des mécaniques de la mutation, recevable par ceux qui ne sauraient se soustraire à une absolue approche mécaniste.

Il me revient alors cette nécessité de lâcher prise, lâcher les certitudes et les évidences, pour ressentir le monde et ses événements comme des données nouvelles sur lesquelles nous n'avons pas la main et que l'on peut vivre bien autrement qu'hystériquement, c'est à dire en les accueillant seulement et simplement. C'est ainsi peut être que l'on créé un monde meilleur et c'est peut être là la nouvelle apocalypse, un changement de paradigme où l'intuition, le ressenti ouvre de nouvelle plages de connaissances au delà de nos rationalités.

Il semblerait bien que c'est "ce que je crois" (action mentale consciente ou pas) qui soit ma réalité, alors que l'intuition (activité "sensationnelle") m'ouvre directement la porte du réel par lequel et sur lequel je peux agir. Apocalypse ? Ben voyons...

Jean-Marc SAURET

Le mardi 6 septembre 2022

P.S. : Ce n'est pas l'hypersensibilité qui est un problème mais l'évacuation sociale dont elle est l'objet.

Lire aussi : "A propos de spiritualité"

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