Etre ou avoir reste la dualité qui nous partage intérieurement. L'avoir conduit à la concurrence, à l'insatisfaction chronique, à la violence et à la guerre. Etre reste à explorer. Nombre de sages cultures nous y invitent. Ce que contient la notion d'une pleine conscience dans le présent est la force de développement de la vie intérieure, c'est à dire de "contempler le contemplant". Elle apparaît alors comme étant l'aspect le plus important de la vie. On mesure là l'écart avec l'invitation postmoderne, via des médias omniprésents, omni-pensants, déstructurants dans une agitation erratique, qui les "condamne" à n'être plus que des "consommants".
Après l'effondrement de "l'œuvre nazie", si l'on peut dire, nombre de personnes ont réalisé que tout le projet était écrit dans "Mein Kampf". Aujourd'hui, tout le projet néolibéral est écrit dans "the Great Reset" de Klaus Schwab... Tout ! Jusqu'à la manipulation perverse en marche.
Mais, cette posture "sage", que je qualifierais de "pas de retrait", offre une garantie de libre arbitre et de résistance aux manipulations fondées, comme le proclamait Edward Bernays, sur le désir et les pulsions. Il n'était pas le neveu de Freud et disciple de Lebon pour rien. Aujourd'hui, s'y ajoute l'agitation éphémère et erratique offerte dans les médias actuels. Part ces caractéristiques-là, tout ceci constitue un cadre de pensée abêtissant (baisse de QI, défaut de concentration et d'analyse, pensées courtes, perte de sens et de langage, désincarnation et difficulté à embrasser l'expérience humaine, nous précise l'anthropologue Jean-Dominique Michel. Ce serait ça la fin de ce monde ?...). La spiritualité constitue en l'occurrence une résistance particulièrement efficace.
Comment ça ? Il s'agit simplement d'être là et pleinement soi, conscient de ce qui est, de ce qui nous est présenté. Et ce en pleine conscience, forts d'un libre arbitre actif, loin des subordinations aux désirs et pulsions. Alors nous leur dirons haut et fort : "Nous ne jouons plus !" et nous pourrons prendre les décisions de mise en œuvre du boycott. Tout ceci est non seulement possible mais, je dirais, "naturel". Regardons donc de plus prêt ce qui pourrait ressembler à une approche mystique, dite hors sol. Dès lors, appelons-en à la science. Je vous invite à concevoir un modeste virage conceptuel !
Le biologiste Michel Le Van Guyen nous informe que nous avons en nous autant de micro-organismes exogènes que de cellules qui nous sont propres, à savoir dans les cinquante mille milliards de part et d'autre. Nous sommes donc, à l'intérieur de nous-même autant "autres" que "soi". Il nous rappelle aussi que nous ne sommes que de notre environnement, dans une sorte de biophilie, dépendant de lui comme il dépend de nous dans une symbiose inaperçue. Nous serions alors des êtres hybrides et composites, partagés entre le soi et le non-soi dont les frontières sont inconscientes, inaperçues. Nous serions partagés entre réel et illusion dans une continuité biologique sans limites. La conception individuo-identitaire serait donc une pure fiction.
Le biologiste nous invite à en expérimenter les sensations en nous promenant en forêt, en pleine nature, où la sensation d'un grand tout nous envahit, et nous occupe pleinement. C'est ce que certains nomment l'harmonie avec la nature ou la "connexion". Dès lors, être n'est pas identitaire ni conceptuel, mais de l'ordre du sensitif, du "sensationnel" !
A ce propos, justement il nous rappelle les travaux scientifiques effectués au Japon sur les effets de la promenade en forêt dont les odeurs perçues ont de multiples effets désirables. Il cite, entre autres, la mort par les odeurs de cellules infectées. Voilà un effet récurrent et durable de type immunitaire qu'il rapproche de la démarche spirituelle shintoïste et qui la justifierait. Ce serait là, selon lui, la fonction de particules odorantes.
Il rappelle ainsi que le bain de nature est aussi un bain de multiples bactéries, lesquelles sont en osmose avec celles que nous avons déjà dans le corps. Elles viennent régénérer notre être entier, lui apporter des éléments complexes produisant, dit-il, joie et bonheur. Ce bain de jouvence serait apporteur de sérotonine et autres éléments de bienfaits. Voilà qui parlera aux matérialistes-mécanistes...
Ainsi, l'être au monde serait une osmose du vivant, une interconnexion multidimensionnelle de tout en tout. Ceci rejoint l'idée de l'appartenance à un grand tout de nature dans une multi interdépendance globale par des liens universels. Ce serait donc bien là un phénomène actif, constant et permanent.
Faut il alors penser la nature comme la seule identité collective, totale et globale ? C'est bien, philosophiquement, la déduction que l'on est amenés à faire. Tout est la même nature, la même entité constitutive d'un équilibre autorégénérant, autoéquilibrant, autonourrissant. Pourquoi nous sommes nous efforcés de penser distincts chaque élément, vaux, vaches, cochons, arbres, rochers, vagues de la mer, etc. ? Une erreur ontologique qui nous pénalise tant dans la connaissance du monde et de nous même que dans la conduite de nos vies.
Ainsi, comme les vagues déferlant sur la plage, des cycles de mouvements traversent chaque élément de nature. Ils sont ceux de l'ombre et de la lumière, de la respiration, de l'activité et du repos, du vite et du lent, de la vie et de la mort, etc. Ces cycles sont des respirations du monde.
Dès lors, toutes les approches dites "naturelles" de compétition, d'affrontement et de concurrence tombent du seul fait qu'un organisme global et total ne peut se faire la guerre à lui-même. Peut-être alors devrions nous nous contenter d'être, d'être là, savourant l'instant et la symbiose absolue, riche de sons, d'odeurs, de lumières et d'émotions multiples. Si l'on veut relire Darwin, il faudra s'éloigner de Laplace. "Carpe Diem". Alors je repense aux fondements des pratiques du Falun Gong, à la croisée du Tao, du Qi Cong et du bouddhisme. Ce sont l'harmonisation de sa vie avec les trois principes que cette approche voit constituer l'univers : l'authenticité, la bonté et la tolérance. Dont acte...
Ici, la biologie raconte les raisons d'une spiritualité du grand tout, de l'osmose des éléments de nature. L'approche mécaniste de l'être et du monde nous indique que les démarches animistes n'ont rien de faux ni de "perché", bien au contraire. L'être de nature est bien en lien étroit avec tous les êtres confondus dans un seul "être global", pendant que l'être post moderne se serait perdu dans ses nouveaux mythes scientistes et matérialistes jusqu'à se "mutiler", avide d'un monde meilleur et facile, celui-là même "dans l'écran" dont il n'est pas satisfait, selon l'expression de l'anthropologue Marc Auger. Ainsi l'être postmoderne se dope de ce qui le perd et tente de vivre par procuration dans le reflet de ce qu'il cherche à fuir.
Ailleurs, les liens et connections entre ces êtres dits de nature, aussi multiples que variés, s'avèrent pourtant bien réels. Il suffit de s'y laisser couler, de s'y fondre. Dont acte. Alors, contentons-nous seulement simplement "d'être" et tout le reste ira de soi.
... et je garde en mémoire cette phrase du chef Lakota Sitting Bull : ''Un guerrier n'est pas quelqu'un qui prend la vie des autres. C'est quelqu'un qui se sacrifie pour le bien-être des autres. Son devoir est de protéger.'' Forts de nos puissances intérieures, alors nous cesserons de jouer ! ...
Au delà de ces approches que la science nous accorde de penser, il nous faudra revenir sur notre vision, celle qui guide nos pas vers la connaissance de soi et de ce tout. Repenser notre rapport au monde. Nous y reviendrons, c'est promis...
Jean-Marc SAURET
Publication du prochain article le 6 septembre
Lire aussi : "Le langage est une activité pleine de conséquences"
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