L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Le moi ou le nous ? (07 06)

J'ai beaucoup écrit sur la posture qui fait ce que nous sommes. Que ce soit aux yeux et consciences du commun des mortels, ce fameux "grand Autre" de Lacan. Mais cette notion se heurte à celle de Rimbaud quand il écrit à son ami Georges Izambard que "JE est un autre", exprimant que parfois le "grand tout" nous traverse et vient déposer sur la page que l'on s'apprête à noircir les quelques mots qui nous dépassent. Mon philosophe de frère me faisait remarquer que la "dimension du nous" était certainement prépondérante. Au prime abord, j'en comprends que, comme dans une phénoménologie Husserlienne, nous ne sommes que le fruit d'un rapport à un environnement dans un contexte. Alors poussons le bouchon plus loin, le mystère mérite l'exploration...

La pyramide de Maslow, pourtant datée (1954), montre aussi la dépendance de l'individu au groupe, le désir profond d'appartenir et d'être reconnu (3e et 4e niveau) avant même de penser à se réaliser. Le psychosociologue Serge Moscovici a relaté que toute la théorie de l'influence qui donna lieu à sa science, reposait sur cette phénoménologie. Mais se réaliser n'est-il pas encore en relation à une autre chose, à un désir autant social qu'intérieur, voire intériorisé ?...

Si mon moi est aussi quelque chose de social, du construit collectif, alors, ce n'est pas le moi qui parle, décide, aime et apprécie. C'est quelque chose du "nous" qui s'invite là.

Il y a dans les sagesses anciennes quelque chose qui s'en apparente fortement. Je pense aux écrits de Saul de Tarce, dit St. Paul, dans sa première épitre aux Corinthiens, où il aborde l'imbrication et l'interdépendance de tous dans la force du "nous".

Je pense aussi à quelques pratiques artistiques comme la danse, la musique, le théâtre où l'action d'un, ou d'une, n'existe et ne prend tout son sens que dans l'accomplissement de l'œuvre en commun, tous ensemble, dans un environnement singulier, pour une (voire des) finalité...

La construction d'une identité, d'un ego, s'effectue dans une interaction collective. Nous sommes avant tout le désir, l'attendu, voire l'emmerdement que quelqu'un ou de quelques-uns, voire un peu de tout ça. Ensuite, ce sera la relation à ces quelques-uns qui commencera, sans commercer, à élaborer cette sensation d'être, et ce avec des qualités et des caractéristiques particulières. Cependant, nous gardons en tête que les pensées bouddhiques, indouistes, taoïstes et zens, considèrent le moi dans un "au-delà", dans un universel, et conçoivent ce "moi occidental" comme un "ego", cette agitation cérébrale.

Je fais une fois encore référence à "l'expérience interdite" qui nous montre, dans chacun et tous ses développements singuliers, combien nous ne sommes que des êtres socialisés, que sans communication humaine le bébé meurt. Nous savons, parce que les éthologues l'ont observé, que l'oisillon, sorti de l'œuf, suit la première chose ou être qu'il voit, comme étant son "parent".

Ainsi, ce qui a fait et fait que nous sommes, nous suit tout le long de notre existence, incorpore la dimension de nous-même, participe à tout ce que nous sommes. Notre "identation", comme je l'ai plusieurs fois évoqué, est une activité de vérification constante de cet "être là", de ce "qui sommes-nous ?" 

Ceci convoque tout ce qui y participe dans un "creuset", voire "melting-pot" où se retrouvent nos mythes et légendes, notre environnement immédiat, notre histoire et les valeurs et identités qui la fondent. Ce sont nos relations historiques et actuelles, nos projections, nos rêves et nos aspirations, mais aussi toutes ces projections que celles et ceux de l'environnement, les "collectifs", fondent sur nous. Alors "Je" ou "Nous" ?

Mais aussi, la sensation d'être se confond avec l'idée que nous nous faisons de nous mêmes. Sommes-nous nos pensées, notre réflexion ou notre corps, voire notre égo, notre dit "esprit" ? Ne faut-il pas alors, ici aussi, lâcher prise sur cette "identation" qui nous gouverne, qui nous impose à nous-mêmes ? Ne faut-il pas méditer (voire contempler) cette sensation d'être jusqu'à la "révélation" de l'être ? Mais ceci est encore une toute autre question, je crois... Nous y reviendrons certainement.

Mais encore, je convoque, aussi ici, la notion d'égrégore qui donne force et vigueur aux actes que nous posons, aux convictions qui nous habitent, voire auxquelles nous participons. Rien de nous n'existe et ne se fait sans l'environnement, le collectif et l'histoire qui nous a porté jusque là. C'est toujours là dans nos sensations d'être. Alors devons-nous dire "je" ou bien "nous"... D'ailleurs, le pouvons-nous ?

Jean-Marc SAURET
Le mardi 7 juin 2022

Lire aussi "Voyage au centre de soi-même"


1 commentaire:

  1. Que reste-t-il du "nous"dans cette société consumériste où le "je" s'expose de façon obsène , encouragé par le markéting et autre projet"influenseur"?
    Voir l'abstention aux élections hier ...

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