Lors de la rédaction de ces articles, ma préoccupation est la juste réception du propos pour sa parfaite compréhension. Je ne souhaite ni affrontement ni emportement émotionnel. Juste partager une approche qui certainement produira du débat, en évitant toute anathémisation de l'autre, toute "émotionalité déconstructrice" dudit propos. C'est là une démarche de recherche de ladite "vérité" et rien de plus, mais rien de moins.
Ecrire est une activité de connaissance car, comme le disaient Platon et même Aristote, au fond de soi se trouve le chemin vers l'universel et les dieux. Coucher sur le papier permet donc de donner forme à la pensée. Dès lors elle devient concrète et débarrassée des scories de conformité, de pollutions mentales. On rassemble ainsi les éléments d'une réalité dans un "donner à voir" compréhensible et recevable en toute logique.
Dès que nous ne nous situerons plus dans ce cas, et pour quelques raisons que ce soit, internes ou externes, alors je me tairai...
Si l'introspection est ma méthode, comme une méditation profonde, à la recherche des formes rationnelles qui la rendent intelligible et recevable, l'écriture est bien l'un de mes outils, comme le sont la contemplation, l'observation et la méditation. Ces outils-là me nourrissent en permanence. Il m'arrive d'ailleurs de vivre des périodes où j'écris des articles à paraître jusqu'à six mois à l'avance. L'argument vaut pour des sujets très divers qu'ils m'occupent. L'important, c'est l'idée et sa venue à la conscience
De fait, j'écrit tout d'abord pour comprendre, comme il m'est bien souvent arrivé de répondre aux personnes me consultant : "Pourriez-vous me l'écrire ?". Et ce à simple fin pédagogique. Bien des fois, à la fin ou au sortir de leurs écrits, les personnes me disaient : "Ca y est ! J'ai compris !" et elles n'avaient plus besoin d'alter égo pour clarifier leurs préoccupations.
Voilà toute ma démarche d'écriture. Et donc, si un jour cette démarche ne donnait plus le lien d'intelligence avec le lecteur critique, si "l'émotionalité" prenait le dessus, alors j'intrromprais ces parutions. Je vois bien, dans les échanges sur les réseaux sociaux (le temps court de ce type d'écriture efface cette intelligence de débat) ce temps où les opinions prennent le pas sur les points de vue. Dans ces conditions, alors je cesserai de publier et n'écrirai plus que pour moi-même.
Mais pourquoi ne le ferais-je pas déjà ? Parce que j'ai besoin, pour passer à cette action exigeante, parfois douloureuse et toujours difficile, d'avoir à l'autre bout de la page un alter-ego destinataire, présent en face de moi et qui toujours relit par-dessus mon épaule. Une sorte de Jimini Cricket toujours quelque part avec moi dans ma réflexion, comme un relecteur critique.
Il en est de même quand j'écris une chanson, la compose, je parle à quelqu'un, un destinataire équivalent, critique et exigeant. Je me demande alors comme dans un réflexe ce qu'en penseraient certains de mes amis que je sais talentueux et réceptifs, comme feu Daniel Clark, Tony Ballester, Daddy Dan et voire quelques-uns de mes anciens professeurs.
Voilà aussi pourquoi, j'ai sollicité mon généreux ami Jacques Campargue comme relecteur. Il l'avait fait déjà occasionnellement et spontanément avec tellement de bienveillance et de constructivité que je lui ai confié cette fonction tellement utile. Il est bien arrivé que nous ne soyons pas d'accord, mais sa tolérance bienveillante nous a gardés toujours très proches, sa critique avouée au coin du regard : un relecteur alter ego. Combien de fois m'a-t-il cité la célèbre phrase de Saint-Exupéry : "Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m'enrichis !"
Jean-Marc SAURET
Lire aussi : "Intelligence rationnelle et intelligence symbolique"
Hello Jean-Marc,
RépondreSupprimerMerci pour ce billet. Si je ne devais retenir qu'une idée de ton texte, c'est "De fait, j'écrit tout d'abord pour comprendre (...)".
Tout à fait pertinent :-)
Porte-toi bien, et à bientôt,
Martin