"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

La puissance du moment présent (03 05)

J'ai le souvenir très actuel de ce discours que tenait mon père sur l'instant présent. Notamment ce en quoi cet instant est prédominant, déterminant, qu'il est "le seul temps qui vaille la peine que l'on s'en occupe". Le passé n'est qu'une trace, le futur une idée, une hypothèse, au mieux une visée, voire une attente ou une crainte, parfois seulement quelque chose de l'ordre du désir. Par ailleurs, il ne manquait pas de nous inviter à préparer notre avenir. Mais ce n'était pas vraiment incompatible dans son esprit. Pour moi, dans ma tête d'enfant, c'était tout à fait fluide.

Je me rappelle de cette demande de dissertation que nous avait faite notre professeur de français en première : "Dite ce que vous voulez, le sujet est libre et ouvert !". La restitution des copies avait été un grand moment de philosophie, notre professeur ne les ayant pas notées au prétexte que rien n'était comparable et que ce devoir nous appartenait pleinement, que la note n'aurait été qu'une appréciation toute subjective d'une lecture étrangère. Dans ce cas, c'est l'absence de critères objectifs qui interdit la notation. Mes collègues en étaient choqués et même particulièrement déçus car ils œuvraient quotidiennement pour la note, ce salaire d'écoliers.

Pour ma part, cette restitution m'allait très bien. J'avais décrit un instant vécu totalement dans le temps immédiat par une Juline imaginaire, tout à fait hors du temps et des causalités. Par exemple, elle dit que "il n'y a pas de vent. Les feuillent ne bougent pas." et de préciser qu'il n'y avait aucun lien de causalité entre l'une et l'autres des assertions, qu'elles étaient de simples aperçus indépendants et juxtaposés.

Je terminais par ce clin d'œil : "Puis Juline se leva et s'enveloppa dans le peignoir sur lequel elle était assise. Ha, au fait, j'avais oublié de vous dire que Juline était nue... Trop tard !"

Pour moi, c'est exactement cela vivre dans l'instant présent, vivre l'espace hors du temps multiple et de toute causalité. Je dirais même vivre hors du temps joint, loin de préoccupations conjoncturelles, voire sociales ou convenues. C'est effectivement déconstruire le triptyque de Descartes (temps, espace, causalité). C'est aussi ce que nous faisons quand nous nous abandonnons à l'action passionnelle ou totale, à la contemplation ou à la méditation. C'est entrer dans le "Flow" décrit par Mihàly Csikszentmihalyi. C'est entrer dans le tout, se fondre dans l'objet ou le soi profond. Et oui, ceci mériterait quelques développements. Je crains seulement que les mots soient peu à même de faire ce travail. 

Se fondre dans l'instant présent, c'est faire le silence complet en soi, même si pour moi-même ce ne soit parfois pas si simple que ça. C'est entendre poindre l'intuition. C'est voir au fond de soi. C'est contempler le réel. Découvrir la conscience de tout. Lâcher prise. C'est lâcher la concurrence, la compétition, les guerres et les haines, les violences et les rancœurs, les certitudes et les habitudes. C'est retrouver la paix et la joie. C'est faire d'un instant l'éternité. C'est juste être là. C'est tout cela, déguster l'instant présent...

Ces moments précieux sont des portes vers l'univers, la sagesse et la connaissance, car comme Socrate nous le suggérait : "Connais toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux !". Et Platon d'ajouter que "Le beau est la splendeur du vrai !"

Jean-Marc SAURET
Le mardi 3 mai 2022


P.S. : Pour compléter ce regard, le mot "Sati" en Pali, qui a donné en occident l'expression de "pleine conscience" (Mindfulness), devrait plutôt être traduit par le mot "présence" selon l'expert linguiste et bouddhiste Analayo. Pour le moins, il me semblerait que la conjonction des deux termes ("En présence de pleine conscience" ou "En pleine conscience de présence") nous donnerait un aperçu plus juste de cette démarche largement répandue dans le monde aujourd'hui.


Lire aussi "Se fondre dans l'instant présent"



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