L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Combattre ou régler ? (26 04)

Je demandais à un de mes amis, Bruno, ce qu'il pensait du propos tenu par Idriss Aberkane dans une vidéo. Il me répondit : "Envie de vomir. Il ne m'apprend rien ce minable prétentieux !..." Je lui répondais, peut-être un peu sèchement, que, quand on aurait son parcours et ses diplômes, on pourrait le traiter de minable prétentieux, mais que c'était sur son propos que j'attendais une appréciation, pas un jugement sur la personne.

Je me suis rendu compte plusieurs fois que nous avions une certaine propension à dénigrer l'auteur d'un propos plutôt qu'à y répondre. C'est aussi la manière de faire des groupes de pression et de diffusion que de jeter l'anathème sur l'adversaire plutôt que tenir le débat, la controverse. Ceci permet d'éviter, et donc de contourner, des actes de raison...

Sur ce point-là je penche pour la posture du philosophe Michel Onfray qui regrettait que "l'intelligentsia" refuse de débattre avec Eric Zemmour. Et il a fait ce débat. Ou encore qu'elle combatte Marine le Pen parce qu'elle serait la fille de son père jusqu'à endosser son "héritage". Je repense à la posture de Bernard Tapie qui accepta de débattre avec Jean-Marie Le Pen. Bien que, moi-même, je n'aie pas toutes les accointances utiles avec chacun de ces personnages, j'entends pleinement leur propension à discuter sur les sujets plutôt qu'à dénigrer l'alter-ego, opposé sur bien des thèmes.

En effet, il me semble bien plus sage et bien plus utile de régler des situations et des divergences qu'à combattre et condamner le quidam qui les porte et les exprime. Mon père disait que celui qui est son adversaire aujourd'hui pourrait bien être un partenaire une autre fois. Ce n'est pas l'utilité qui dirige cette philosophie populaire, mais la différence reconnue entre l'acte ou le propos et leur auteur. Ce n'est pas de l'autre dont on se protège mais de ce qu'il porte, simplement.

C'est là une posture que l'on retrouve dans les doctrines chrétiennes et bouddhistes. Elles font une profonde distinction entre les "sujets" dont on traite et les "sujets" qui les traitent. Il serait peut-être utile de différencier ces deux sens du mot sujet. C'est ce que l'on fait quand on parle du propos et de l'auteur.

Dans la doctrine chrétienne, le fait, qu'il fusse péché, est distinct de la personne, laquelle a une "nature" avec des capacités de changement, de raison, de repentance effectives... C'est ce que l'on retrouve dans la parabole de l'enfant prodigue parti dilapider son héritage anticipé et qui revient démuni et penaud à la maison paternelle. Le père l'accueille et se réjouit de son retour. Pour célébrer ce retour à la raison (et à la maison), et donc à la vie "droite" (certains pourraient d'ailleurs suspecter un retour d'intérêt), le père utilise un symbole fort : il fait tuer le veau gras et prépare une grande fête de réjouissance. La fête de célébration propose ainsi une ouverture au fils prodigue. Je passe sur le reste de la parabole dont la narration a pour seule fonction de "donner à voir" pour justifier la posture.

Dans cette doctrine, les péchés sont "remis" à leurs auteurs pourvu qu'ils aient quelques repentances : c'est la question de la rémission. Une contrepartie existe toutefois : qu'ils regrettent avoir commis ladite faute. Ici, en effet, la personne a un statut de fond qui prévaut sur les actes qu'elle pose.

On raconte dans la légende du Bouddha Shakyamuni, qu'un jour une personne est venue l'insulter alors qu'il enseignait. Ce dernier ne réagit pas, ne répondit rien. Le lendemain, la légende raconte que la personne est revenue s'excuser et demander le pardon du Maître. Ce dernier lui dit qu'il n'avait rien à pardonner car les propos étaient les siens et lui appartenaient entièrement, jusque dans leurs conséquences. Il ajoutait que ses propos ne le concernaient pas mais seulement celui qui les portait. Dans la culture chrétienne l'auteur en est même considéré distinct.

Ainsi, comme les sagesses ancestrales le proposent, je préfère faire de même et distinguer les propos de leurs auteurs, en faisant bien la distinction. Ceci me permet donc de ne pas user de cette fausse rhétorique qui consiste à dénigrer l'auteur plutôt que de traiter des propos, des idées ou des faits qu'il pose. 

Ainsi, je n'entends pas les termes erronés de complotistes, de "rassuristes", de fascistes, "d'anti-quoi-que-ce-soit" et autres. A la place, il m'apparait plus juste de considérer "l'âme" ou la "conscience" qui s'exprime. Peut-être ressort-elle d'ailleurs de la haine, ou de la douleur. Tout est fonction de la situation à laquelle elle réagit, comment (et même pas pourquoi) elle l'a vécu ?...

Alors, oui, je comprends et j'entends le propos de mon ami Bruno. Corrélativement, je comprends qu'il puisse avoir pris douloureusement ma réponse abrupte. Il n'en reste pas moins vrai que cette réception lui appartient entièrement.

Comme je l'ai dit et écrit plusieurs fois, ce que les gens disent de moi ne me concerne pas mais concerne ceux qui le disent. J'ajouterais peut-être la trop célèbre phrase de Marc Aurèle : "Ce ne sont pas les choses qui nous gênent mais le regard que nous leur portons."

Jean-Marc SAURET
Le mardi 26 avril 2022

Lire aussi "La forme et le fond"



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1 commentaire:

  1. Merci Jean Marc de remettre la focale sur « distinguer les propos de leurs auteurs » et bien entendu ….de ne pas dénigrer l'auteur même si ses propos , ses idées ou les questions qu’ils posent demandent à être mis en débat ! ! ! en ce qui me concerne j e propose une conduite du changement qui commence par la connaissance de Soi, l’émergence de sa richesse intérieure afin de permettre ainsi le tissage de nouvelles réalités avec soi, avec les autres. Ma proposition est juste de faire ma part, tout comme le colibri, de rester ouvert aux nouvelles connaissances et expériences qui permettent d’élargir notre zone de conscience …..et de contribuer , avec humilité et constance à transformer les consciences collectives pour aller vers un monde où le travail devient synonyme de sens et de bonheur…un monde où nous Interagissons en CONSCIENCE et AGISSONS pour l’ENSEMBLE

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