L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

"Ces fainéants qui s'abstiennent de voter !" (08 02)

L'abstention n'est pas une absence d'intérêt de la chose publique. Actuellement, il s'agit bien davantage d'un acte politique d'opposition, de rejet des pratiques politiciennes telles que celles citées dans nombre d'articles d'analyses critiques. Je pense à ceux sur l'entre soi de hauts fonctionnaires et politiciens, qui, par exemple, organisent en interne l'autoamnisties et la confiscation des décisions. Mais aussi à d'autres sur les stratégies de triangulation politiques, etc. S'abstenir est un rejet des stratégies de pouvoir qui s'élaborent aux dépends de visions d'avenir, de points focaux des priorités, de projets d'un vivre ensemble, ce qui préoccupe les citoyens, et aux dépends des citoyens eux-mêmes.

Le leitmotiv est "A quoi ça sert ?". Face à la confiscation du pouvoir par les administratifs et les politiques, les gens, par l'abstention, vous disent "Ce sera sans nous ! Nous ne sommes pas de ce monde, de votre monde ! Celui-là, on vous le laisse...". Ceux qui imaginent qu'il s'agit de fainéants du bulletin, qui n'auraient rien compris à la démocratie, s'ouvrent des jours difficiles. 

Husserl aurait pu répondre à Freud que l'identité est phénoménologique, qu'elle s'inscrit dans un contexte, dans un environnement qui fait sens. Fustiger les abstentionnistes est du même ordre que la catégorisation de complotistes, de rien, de réfractaires et autres anathèmes. C'est d'une part faire preuve d'une inintelligence de la situation et d'autre part d'un mépris du peuple qui risquera bien de revenir comme un boomerang. Mais regardons de plus près.

Ce phénomène d'abstention correspond à l'émergence de ceux que j'appelle les Alternants culturels. Ils construisent leur vie en réseau, entre alternants, dans un ici et maintenant, sans de soucier du système, du "meta" dont ils ne se sentent plus partie prenante, puisque le système ne les y a pas pensé. "Ces gens qui ne sont rien..."

Ceci me rappelle le phénomène des plaques d'immatriculation des véhicules. Les fonctionnaires ont pensé la réunion de tous les fichiers départementaux d'immatriculation en un seul fichier national. Ainsi, l'inscription du numéro de département disparaissait des plaques parce qu'inutile pour leurs comptages... sans se rendre compte que le commun des citoyens s'en servaient pour voir d'où venaient les gens qui roulent avec eux, dans les endroits qu'ils fréquentent, mais aussi pour afficher une identité et parfois une fierté d'être de là.

Les bureaucrates ont fait sans les gens comme s'ils n'existaient pas. Erreur ! Ensuite, ils ont dû trouver un moyen pour satisfaire cette attente pratique, faire taire les "ronchonnades des Gaulois". Le numéro de département est donc réapparu dans une zone annexe. En effet, il y a la bureaucratie qui met en place des systèmes de contrôle et de suivi, que les gens utilisent à d'autres fins utiles.

C'est de cette représentation administrative de "citoyens transparents", accessoirement imbéciles, dont lesdits citoyens se méfient. Le mépris n'est pas que macronien mais administratif chez qui les gens sont une masse d'inexistants... Et contre cela, lesdits gens se rebellent et disent : "Puisque vous nous avez exclus, puisque nous n'existons pas pour vous, puisque nous ne sommes rien,... alors nous ferons sans vous !" Et ils construisent effectivement, hors structure, le monde de demain, occupent des ronds points, édifient des épiceries associatives, des économies locales solidaires, etc... La dissociation des gens, la rupture des liens tant souhaitée par les néolibéraux, reconstruit un "monde" contre les structures néolibérales.

Voilà ce qui se passe et que nos politiques sont incapables de voir. C'est pourtant simple : les intérêts et visées des bureaucrates auxquels se sont soumis les politiques ne sont pas les intérêts populaires et sociaux. Si le citoyen élie des représentants, c'est pour "représenter" leurs projets et défendre leurs pôles d'intérêt. Alors que l'intérêt d'un politique est bien d'être élu et réélu. D'où les stratégies de triangulation totalement destructrices de projets de vie, politiques et sociétaux. Rien à voir...

Alors d'imaginer que l'abstention serait le fait de fainéants qui s'abstiennent de voter est un mépris de plus, une méconnaissance de la réalité sociale, une pente dangereuse qui ne peut produire que quelques soulèvements ou peut être mieux encore, la construction ailleurs d'un monde alternatif et différent, voire meilleur.

Si certains souhaitent que les citoyens retournes aux urnes, ils leur faudra revenir à une politique populaire et de vérité, porter des valeurs et des représentations de projets de vie. Sinon, ils regarderont le monde se créer à côté, sans eux, hors de leur champ, de leurs pouvoirs et de leurs stratégies de conquêtes. Comme je disais que les alternants culturels considèrent les entreprises et les sociétés comme des "bac à sable" où ils passent et jouent, le temps de passer à autre chose, il en est de même pour le champ politique. Autres soucis, la vague sociale est comme un tsunami... Quelques surprises nous attendent en avril !

Vous n'y croyez pas ? Attendez juste un peu, le phénomène est bien déjà là.

Jean-Marc SAURET

Le mardi 8 février 2022

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