L'Humain au cœur et la force du vivant : "Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute notre puissance et toute ma pensée ! " (JMS) Aller plus haut, plus loin, est le rêve de tout un chacun, comme des "Icares" de la connaissance. Seuls ou ensemble, nous visons à trouver un monde meilleur, plus dynamique et plus humain, où l'on vit bien, progresse et œuvre mieux. Il nous faut comprendre et le dire pour agir. Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en citer chaque fois la source et de n'en faire pas commerce.

Les relations dans les réseaux sociaux, une illusion néolibérale (14 12)


On a tendance à penser que les réseaux sociaux constituent des lieux de polarisation de la pensée. On y voit des individus radicaliser leurs positions dans une virulence frisant la violence et parfois l'indécence. L'auteur et "expérienceur culturel" Chris Bail en a fait une étude approfondie, préconisant une reconstruction de réseaux sociaux anonymisés. Dès lors, il semble vérifier que la radicalisation s'y défait au profit d'expressions modérées. Mais que s'y passe-t-il réellement ?

Effectivement, comme l'indique Chris Bail, les réseaux sociaux sont des lieux d'admiration de soi, de vérification de sa propre image. Voilà un exemple patent de ce que j'ai nommé "l'identation", car l'identité n'est pas un état mais une activité de vérification permanente dans la "réalité de autre" de "qui je suis". C'est bien ce qu'illustre l'usage ordinaire des réseaux sociaux où chacun et chacune tente d'être aperçu, valorisé, liké, reproduit, répondu, et bien suivi...

Nous savons, par ailleurs, que toute réelle relation à l'autre se construit sur un certain nombre de paramètres de sens, comme l'identité de l'autre, sa posture physique, l'ensemble de son "non verbal". Autant d'éléments qui sont totalement absents dans une relation épistolaire, exclusivement graphique.

Ce sont autant d'éléments que Roman Jakobson, puis Catherine Kebrat-Orecchioni, ont développés. On les retrouve dans leurs études de la communication au caractère complexe et détaillé. Selon ces chercheurs, les mots ne représentent pas plus de dix pour cent de la communication. Tout le reste est porté par la posture (ou attitude), le ton, le rythme, le non verbal, voire le contexte et l'implicite. Les registres poétiques, conatifs, métalinguistiques, référentiels et phatique accompagnent le message proprement dit. Ils et contribuent à en déterminent le sens et la réception, la plupart du temps de façon déterminante.

Si "la lettre" donne du contenu à ce référentiel, celui-ci et tous les autres registres sont particulièrement biaisés, voire totalement absent, inopérant, dans des communications réduites à quelques caractères, comme le mail, le tweet, le sms ou le post sur réseaux. La relation à l'autre y est donc pratiquement inexistante. Il ne subsiste de fait de ce type d'échange, que cette singulière manifestation narcissique.

On peut ajouter, comme l'observation populaire le signale, que l'individu peut être très fort et courageux "face à personne". Sa posture change, voire s'effondre, face à l'affirmation résistante de la personnalité d'un autre. Cet élément détermine le rapport interpersonnel. Il s'agit bien d'une interaction où s'échangent, se partagent et se co-construisent des référentiels et des représentations. Nous sommes alors bien loin de cette succession d'assertions rapides propres aux réseaux sociaux.

Dans l'expérience de ce nouveau média, qu'imagine et expérimente Bail, les acteurs sont anonymisés. Ceci les prive de la "persona" qui les fait "résonner". La démarche de résonance narcissique est donc affectée, amputée, effacée. L'acteur est privé de l'image qu'il vient normalement s'élaborer dans le "champ relationnel" à dessein "d'exister". Il est banalisé et tout est à construire sur l'objet, et seulement l'objet, des publications.

De fait, les réseaux sociaux ont la même résonance et incidence qu'un sondage. Ils ne sont que carrefours d'opinions. De même, en aucun cas il ne peut s'agir d'un lieu de rencontre, de débat, d'élaboration de sens et de significations. Il ne s'y construit rien. Il ne s'agit que de juxtaposition d'interjections, de flèches décochées de manière inconséquente sur des cibles, de surcroît virtuelles. D'où la dureté et radicalité des propos, traversées par des qui-pro-quo quasiment constants. Ce qui constitue des sujets à d'autres décochement de flèches, etc.

Effectivement, les propos sur les réseaux sociaux peuvent apporter des éléments susceptibles d'alimenter la réflexion de chacun. Néanmoins, sous cette forme, ils ne produisent que des renforcements immédiats d'opinions, parfois de points de vue, ou quelques réactions radicales. C'est ainsi, puisque le sujet "se parle à lui-même". En aucun cas le propos n'a la force et la pertinence de la rencontre réelle. Je trouve très juste cette illustration montrant deux personnes suivant un corbillard pendant que l'une d'elles dit : " Il avait pourtant plusieurs milliers de followers !"...

L'illusion que ces réseaux soient des lieux d'échange est patente. Comme le suggère Chris Bail, il ne s'agit que de lieux de miroir où des individus se contemplent. La rencontre réelle peut tout déconstruire et reconstruire en fonction de l'émotionnel qui s'y joue.

Comme pour les sondages, leur incidence réelle sur l'opinion est éphémère et dérisoire. La seule chose qui s'y développe sont les Ego que le principe flatte. Ce ne sont là que des outils d'individuation sociale, favorables au développement de comportements de consommation. Ce sont ces occurrences qui génèrent des consommateurs impulsifs, mais en aucun cas de la rencontre ni des liens sociaux réels.

Nous voici entrés dans la spirale infernale d'un système qui valorise les Ego et la jouissance individuelle. Simultanément, il produit des frustrations générant à leur tour des envies (comme toute frustration d'ailleurs). Il devient alors un outils de production d'achats, de valorisation de la consommation. Nous voilà entrés de plein pied dans l'illusion de la jouissance par l'objet, et celle de l'accomplissement de soi dans le regard des autres, ou leurs likes, etc. Triste "réalité" virtuelle...

C'est là que je crois reconnaitre cette démarche "Propaganda" d'Edward Bernays. Plus besoin de publicité ! Les lambdas rivaux sont prescripteurs en affichant leurs frustrations consommatrices. La force de cette culture néolibérale est bien d'avoir fait de ces solitudes rivales un moteur à la compulsion d'achats.

Le vide que produit la quête permanente à exister aux yeux de "tous-anonymes" est un aspirateur émotionnel que vient stimuler la consommation individuelle en prétendant compenser cette vacuité. Ceci a la faculté de générer la solitude. Le manque émotionnel dans une "relation" virtuelle n'offre pas les caractéristiques d'une relation interpersonnelle réelle. Il est un "viatique" vers une névrose consumériste.

Pour résister à cet envahissement d'une, je dirais, "dictature néolibérale", celle qui nous enferme et nous soumet dans des comportements dociles, jusqu'à la fabrication de notre propre consentement, il faut être un "artiste" qui imagine le meilleur, le rêve auquel contribue un avènement collectif. Il nous faut oser rêver le monde meilleur et le devenir, être porteurs des éléments qui le fondent, et de ses essentiels.

Et quels sont ces essentiels ? Le vivre ensemble, le soin de l'autre, l'émotion partagée et co-construite, la chaleur humaine de l'entregent, la paix, la joie et la satisfaction de créer. Nous n'avons rien à faire de l'avoir, de la cupidité, de "l'hubris", et du pouvoir. Ce sont ces éléments qui apportent le manque, la peur, la guerre, la violence, le mensonge et la frustration... C'est certainement quelque chose de ce type qui anime ceux qui descendent ces temps-ci dans la rue.

Je reviens sur cet échange entre un jeune homme et un sage. Le jeune homme dit : "Quand j'aurai cette moto, je serai heureux !" Et le sage lui répond : "Sois heureux et ensuite occupe-toi de cette moto."

Jean-Marc SAURET

Le mardi 14 décembre 2021

On se retrouve en janvier !

1 commentaire:

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