"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Le pardon (30 11)

Je ne vais pas faire ici le tour complet de ce concept, lequel se décline en actes. Il a une dimension à la fois personnelle et sociale. Je souhaite juste poser dessus quelques traits de lumière. Ensuite, chacun fera son chemin avec ou sans. 

Ce qui a provoqué l'idée de cet article est cette phrase dont l'autrice Patricia Darré a usé lors d'un entretien : "Tout le monde agit pour le bien et du mieux qu'il peut ! Tous ont droit à la rédemption. Le pardon, qui libère la victime et le bourreau, est accordé à qui le demande." Ces quelques phrases sont venues résonner dans ma tête avec cette autre phrase que me répondait une de mes sœurs, alors que je me plaignais du comportement d'une autre à l'encontre de notre vieille mère : "Elle a fait de son mieux..."

Pardonner n'est pas effacer ce qui s'est passé, mais l'accueillir comme un fait, comme la pluie qui tombe ou la pente qui est très raide. C'est une façon de "ne pas faire sien ce qui ne nous appartient pas", c'est à dire de renvoyer à leurs auteurs toute la responsabilité des faits et les conséquences de leurs actes. Alors, nous semblons leur dire : "Ce n'est pas mon affaire, c'est la vôtre !" Ceci est à l'instar de ce que les gens pensent et disent de nous : "ça ne nous concerne pas, cela ne concerne que ceux qui le disent !"

Il m'est arrivé de me faire accuser, par une amie, de m'être mis en colère et d'avoir proféré des insultes à l'encontre de son compagnon. Il n'en était rien, mais ce dernier avait surement trouvé ce subterfuge pour sortir la tête haute d'un épisode absurde où il s'était vu, sans doute, passer pour un imbécile. Mon amie en avait épousé la cause et je le comprends. Après une rencontre au cours de laquelle elle persistait à raconter des faits erronés, je lui dis que je lui pardonnais. Elle me répondait qu'il n'y avait rien à pardonner (sic). J'ai donc continué à être accueillant et doux avec elle, mais c'est elle qui s'est raidie et s'est exclue de notre vie. 

On peut donc pardonner, mais le pardon ne "répare" que les maux de ceux qui accueillent les faits, et surtout invoque le pardon. J'ai donc pardonné tout ce qui ne m'a pas été demandé. De fait, pardonner "répare" la souffrance et le poids des faits sur la victime et, simultanément, il libère leur auteur. Car, et je répète cette digne phrase de Marc Aurèle, "Ce ne sont pas les faits qui nous gênent mais le regard qu'on leur porte." Quant au malfaisant, il lui faudra demander pardon pour que celui-ci opère la réparation et la libération en ce qui le concerne : la responsabilité et bien des conséquences des faits.

Pardonner n'a donc pas réellement besoin de réciprocité pour "exercer son soin". Le pardon a juste besoin d'être posé pour qu'il agisse sur celui qui le demande. En effet, les pensées sont des mots qui pèsent et ce ne sont ni le silence ni le temps qui les effacent, mais d'autres mots et pensées. Je pense à cet éditeur qui a si bien choisi le nom de son entreprise "Les mots qui libèrent". Voilà tout un projet pour l'humanité (et nombre de thérapeutes aussi).

Si l'on convoque la langue des oiseaux, comme des alchimistes aiment à le faire, pardonner c'est la "part donnée". Il s'agit bien pour la victime de rendre à ce même auteur sa part dans les faits et à l'auteur de s'en libérer s'il en fait la démarche...

Ainsi, le pardon, qui pouvait apparaitre comme une action quelque peu "bisounours" se révèle être une véritable démarche de soin. En avril 2015, lors du procès d'Oskar Gröning, comptable du camp d'Auschwitz, Eva Mosez Kor, partie civile et survivante des expérimentations du Dr. Joseph Mengele, dit publiquement qu'elle pardonnait aux nazis. Des témoins ont relaté qu'elle et Gröning se seraient "embrassés du regard", parcourus de fortes émotions. Dans le public, des cris de désapprobation ont fusé. Certains n'étaient pas prêts à cela. Alors Eva Mosez Kor, celle qu'on appelait l'avocate du pardon, dira plus tard : "En pardonnant à mon bourreau, j'ai fait d'un ennemi un ami, et je m'en suis libérée..."

En effet, chacun agit du mieux qu'il peut en fonction de ce qu'il considère comme le bien. C'est sûr que celle de mes sœur dont je parlais précédemment, avait vraiment fait du mieux qu'elle pensait... Qui serions-nous pour "juger les intentions" ? Alors, sera-t-il vraiment plus facile d'accorder, voire d'offrir, un pardon salutaire ? Chacun apportera sa réponse et ce sera la "morale" de l'histoire.

Jean-Marc SAURET

Le mardi 30 novembre 2021

Lire aussi ce contre-pied  " J'ai pardonné à mes ennemis, mais j'ai la liste... "

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