J'écoutais une interview de l'astronome Trinh Xuan Thuan au cours duquel il donna le tournis au journaliste avec lequel il s'entretenait. Par exemple, il évoquait son observation des deux cents milliards de galaxies. Seulement dans la nôtre il y a deux cents milliards d'étoiles qui ont en moyenne neufs planètes chacune...
Il évoquait sa conception d'un univers issu du vide plein d'énergie comme un principe créateur bien différent et assez éloigné d'un dieu personnifié (mais c'est peut-être ça, Dieu, pour un bouddhiste). Il évoquait encore sa non-constatation d'un hypothétique multivers. Etc...
Et puis il servit cette phase qu'il avait reconnue d'Einstein, son cher héraut scientifique : ''La science et la spiritualité sont deux fenêtres complémentaires pour contempler le réel. Comme la fenêtre de l'art, celle de la musique, celle de la poésie, permettent une vision beaucoup plus riche du monde.''
Ils évoquèrent aussi cette idée, propre à Einstein, que la science sans la spiritualité est boiteuse et que la religion sans la science est aveugle. Trinh Xuan Thuan évoquait aussi cette particularité de l'humain, seul "être de conscience" connu, qui vit dans la quête de sens, la soif de connaissance, de compréhension de l'univers, et le besoin de vérité. La connaissance pure est, selon lui, la noblesse de l'homme. Et si c'était simplement ça "être humain" ?
Pendant ce temps, des êtres humains, seuls au monde, pensent qu'ils ont raison, que, dans leur vision infiniment parcellaire, ils ont la conception juste du réel...
Il est vrai que Trinh Xuan Thuan a, dans toute sa démarche scientifique, associé à ses recherches les principes du bouddhisme, ceux-là même qui l'ont constitué. Il concluait, par exemple par cette conception si importante à ses yeux et conclusive : "Nous sommes des poussières d'étoiles !" Il est tout aussi vrai que le bouddhisme tient plus de la philosophie que d'une religion. Il se fonde sur des questions et des principes et non sur des dogmes quels qu'ils soient. Tout comme la science, il ne présente aucune certitude mais des questions, des principes et des constats temporaires.
C'est d'ailleurs pour cela que science et bouddhisme s'accommodent de toutes religions tout en s'en distinguant profondément, essentiellement. Voilà pourquoi, je ne reprendrai pas le terme de religion. Dans la quête du sens et de la connaissance, je lui préfère celui de spiritualité.
J'ai plusieurs fois évoqué les deux approches de la connaissance que sont, à mon "aperçu", la raison et l'intuition. En effet, la raison est la mécanique de l'approche scientifique quand l'intuition est cet accès direct qu'offrent la spiritualité, la pratique artistique et la contemplation. Je renvoie pour cela à deux de mes précédents articles, "Approche déductive et approche intuitive" et "L'intuition est-elle une voie réelle de connaissance".
Par ces quelques mots, je voulais juste indiquer que des chercheurs reconnus comme de grands scientifiques, tel Albert Einstein, Trinh Xuan Thuan, Nicola Tesla, Arthur Schopenhauer, Carl G. Jung, Raymond Poincaré et bien d'autres, ont développé la même préoccupation, le même intérêt pour la spiritualité et ses développements intuitifs. Ils les ont considérés comme des fenêtres complémentaires à la démarche scientifique, non comme un "plus" simplement complémentaire, mais bien comme un "indispensable", un incontournable pour la connaissance. Voilà autant d'éléments susceptibles de constituer la deuxième jambe de la démarche d'intelligence de l'univers.
Trinh Xuan Thuan conclut par ce qu'il pense être la finalité de l'action humaine : donner du sens à l'univers... Ne serait-ce pas là ce qu'est la "vérité" ? Et si c'était ça "être humain" ? Dont acte. Et comme le disait le messager à la foule et au roi : "Je ne suis pas là pour vous convaincre mais pour vous le dire. La suite vous appartient." ...
Lire aussi : "Nous avons perdu le chemin alors nous marchons"
pour moi c'est d'une profonde justesse , merci Jean Marc et merci à l'astronome Trinh Xuan Thuan
RépondreSupprimer