"Ce n'est ni le monde ni ce que nous y sommes ou y faisons qui nous font peur, mais l'idée que l'on s'en fait, car la vision guide nos pas. Et sur cela, nous avons la main. C'est là toute la puissance de notre pensée ! " Après avoir durant des années posté ici réflexions et conseils sur le management des organisations, je livre aujourd'hui une vision de la réalité, au plus profond de soi même sur l'être et l'univers. Profitez ! Si vous êtes désireux d'accomplissement personnel, ce blog est pour vous. Fouillez dans ces plus de 500 articles ! Commentez ! Partagez ! Si ces contenus vous intéressent, le droit de copie, même partiel, est sous Licence Creative Commons : chacun est donc libre de les reproduire, de les citer comme il le souhaite, à l'expresse condition d'en indiquer chaque fois la source et de ne pas en faire commerce.

Notre dépendance à notre contexte (25 05)

Nous imaginons que nous sommes libres et indépendants. A cet effet,  nous pensons que ce sont les contraintes extérieures, c'est-à-dire celles des autres, qui nous contraignent, et qui nous mettent en situation de dépendance, voire d’obéissance Nous n'imaginons pas une seule seconde  le caractère essentiel de notre environnement, comme l'atmosphère terrestre qui nous est indispensable et sans lequel nous exploserions dans le vide, étouffés sans air et notre corp pulvérisé en absence de pression atmosphérique. Assurément, nous sommes "constitués" dans et en dépendance d'un environnement (certains diraient "pour" notre environnement). 

Ainsi la contrainte d'une atmosphère est la condition nécessaire à notre vie que nous pensions autonome. C'est elle qui nous donne cette sensation de liberté... Un peu à la manière d’un adolescent qui n’a pas conscience que, sans les parents, il ne serait ni là, ni libre. Nous n'évaluons pas à quel point notre environnement nous est indispensable. Qui, le matin au réveil, remercie l'atmosphère de le préserver en vie ?

Mais ce cadeau est des plus gratuits. L'environnement nous l'offre sans contrepartie, sans condition et sans contrôle. A qui accorderions-nous un tel cadeau ? Certes, à nos enfants, à la chair de notre chair, inconditionnellement (mais pas tous...). La garantie et l'estampille de cette gratuité sont l'ingratitude de l'enfant. Il pensera à nous remercier de ce que nous avons fait pour lui, certes, mais, beaucoup plus tard…

Ce que nous avons fait ou faisons pour lui nous a semblé d'ailleurs si ordinaire, et si normal… Cela relève, et totalement, de notre “devoir” de parent. Ce n'est que le jour où l'enfant lui-même deviendra parent, qu'il ressentira ce désir de donner inconditionnellement, sans retour… Beaucoup plus tard, disions nous...

Quel serait ce parent qui comptabiliserait tout ce qu'il vous assure et vous en réclamerait le règlement arrivé à l'âge adulte ? Oui, je prends cet exemple ahurissant parce qu'il m'a été raconté. Oui, c'est arrivé à quelqu'un, qui n'est peut-être pas le seul dans ce cas... Combien cela nous paraît tordu ! C'est du même ordre que cet environnement atmosphérique qui nous donne les conditions de notre "bien-vivre", sans nous en réclamer le coût.

De fait, il ne peut rien nous en réclamer, car l'environnement atmosphérique est une partie de nous, comme nos parents sont une partie de nous-même. Sans eux, nous ne serions pas et l'image, que nous en gardons, nous structure, parfois en creux, parfois en contre, parfois en toute simplicité et fluidité. Et ces parents-là ont vécu, peut-être très différemment, la même expérience.

Il en va de même avec notre environnement. Nous ne le remercions pas d'exister et il ne nous réclame rien. Ce n'est d'ailleurs pas une raison de l'appauvrir, de le menacer, de le détruire, de l'étouffer avec du monoxyde de carbone, des hydrocarbures et autres polluants. Et il ne nous réclame toujours rien... A qui va-t-il donc présenter la note ? A personne... Lui se perpétuera sous de nouvelles formes. En revanche, les humains auront disparu, victimes de leurs turpitudes. Turpitudes égoïstes ? Pourquoi dire cela. Nous ne devons rien à l'environnement. Pourtant, nous le devons à nos enfants dont nous sommes les parents...

Mais élargissons notre regard : nous existons par cet environnement atmosphérique et aussi par des parents qui ne nous réclament rien. Cependant, notre environnement ne s'arrête pas là. Que serions-nous sans la collectivité sociale ? Que serions nous sans elle qui nous donne non seulement la culture et l'image de nous-même, mais aussi cette conscience de soi, du monde et de tout ce fait que nous échangeons aujourd'hui. Il faut nous arrêter, fût-ce un temps, sur ce “moment” qui se coconstruit dans le frottement social'”, et que l'école de Palo Alto nommait la "proxémie" ?

Vous vous souvenez de l'expérience interdite que j'ai plusieurs fois évoquée dans ces lignes. Elle nous répète que nous ne sommes que de l'autre, que nous naissons à nous-même par la socialisation que la collectivité constitue et nous propose. Certes, elle est ce qu'elle est et nous pouvons regretter avec ingratitude qu'elle ne soit pas autre... Cependant, rappelons-nous que nous pouvons penser ceci seulement par la culture que cette collectivité nous a offerte, et dans laquelle nous nous sommes construits peut-être en revendicateur aujourd'hui ?...

Alors, ces trois contextes (atmosphérique, parental et sociétal) s'avèrent incontournables. Ils nous sont indispensables et offerts inconditionnellement. Les négliger serait nous négliger nous-mêmes, voire nous affranchir de notre descendance. Voilà qui nous couperait de ce que nous sommes dans une inconscience ingrate mais acceptée par nos contextes. Et maintenant, il ne nous reste plus qu'à nous positionner : sommes-nous aussi le contexte qui nous accorde d'être ?... Assurément, et nous l'avons vu, nous en sommes à l'évidence responsables au regard de la vie qui continue... avec ou sans nous, d'ailleurs !

N'oublions pas toutefois, que la perception de soi, de son contexte et des interactions qui en découlent, sont celles que la culture nous indique et que l'expérience installe et ancre. Il n'y a pas plus de réalité que de conscience des éléments. Tout s'arrête là, et s'y épuise. 

A ce titre la réalité, nous nous le redisons, n'est jamais qu'une "élaboration mentale", une conscience du réel. Que le sujet soit distinct de son contexte est donc bel et bien une élaboration mentale. Nous pouvons justifier de celle-ci comme d'une évidence qui s'impose à nous dans un "Mais enfin !" un peu désespéré, et souvent impuissant.

N'oublions pas non plus que les contextes sont ce sur quoi nous bâtissons aussi nos connaissances et nos découvertes, qu'elles soient scientifiques, technologiques, méthodologiques, politiques ou sociales. Rappelons que chacun n'existe que par ses contextes : il est par eux. Dans ces conditions, les interdépendances constituent une seule entité recouvrant l'ensemble de ces éléments apparemment distincts, comme le sont le poumon, le rein ou le cœur. 

Ceux-ci ne sont pas indépendants, ils ne peuvent être des entités autonomes et distinctes, mais bien éléments d'un tout. Ainsi, l'individu et ses contextes constituent-ils la même entité, le même "bloc entitaire". Nous sommes un respirateur dans son air, un marcheur sur son terrain, un parlant dans la langue et la culture de son collectif social, etc. Dès lors, nous devenons obligés à la paix et à la compassion...

Alors, me revient cette douce réflexion du poète musicien et philosophe indien Rabintranath Tagore : "J'ai dormi et rêvé que la vie n'était que joie. Je m'éveillais et vis que la vie n'était que service. Je servis et je découvris que servir était joie". Et si, justement la condition sine qua non de cette existence interdépendante et "contextuée" n'était que de servir ce qui fait que nous sommes ?

Jean-Marc SAURET

Le mardi 25 mail 2021

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