Certains parlent de "la loi de l'attraction" comme d'une nouvelle porte vers la connaissance, l'équilibre émotionnel et la maîtrise de sa propre vie (j'en ai évoqué quelques éléments lors de mon précédent article). Elle consisterait à utiliser notre pensée et nos émotions pour attirer choses et événements dans nos vies. Mais de quoi parlent-ils vraiment ? Voilà comment je crois avoir compris.
Sur la base que toute réalité est une vibration, une ondulation, comme le posait le physicien quantique croate Nikola Tesla, ce nouveau discours propose que la résonance des vibrations de nos pensées attire tout autres vibrations de même fréquence. C'est de l'ordre de ce que l'on constate quand nous accordons un instrument de musique à corde : quand une corde vibre, celles de même fréquence, ou à la quinte ou à d'autres intervalles repérés, vibrent également. On appelle aussi cela la résonance harmonique (ceci rappelle l'expression de "résonance quantique" par laquelle les "néo-penseur" nomment ledit phénomène d'attraction).
Comme la physique quantique nous indique que toute matière est composée d'une immense proportion de vide contenant de l'information et d'un petit reste d'ondes, base de la matière, on peut en déduire que tout l'univers n'est en fait qu'une immense symphonie, une variation continue d'ondes à différentes fréquences. Nous savons aussi que nos sens ne perçoivent pas plus de trois pour cent des fréquences émises dans l'univers, comme sons, couleurs et autres. Ceci, de fait, nous laisse pratiquement sourds et aveugles à notre environnement. Et cependant, ce peu de perceptions nous permet de vivre dans cet univers, d'en faire quelque chose que l'on comprend et imagine.
Dès lors, certains néo-penseurs, auteurs à propos de cette loi dite de l'attraction, nous indiquent que toute approche de notre univers est de l'ordre spirituel et émotionnel. Nous ressentons les "choses". Elles sont des émotions dont nous nous faisons une idée, une représentation. Ce sont là nos pensées. Dès lors l'univers n'est que pensées et émotions. Il apparaît donc logique qu'il soit modifiable par la pensée et l'émotion.
Ceci suppose d'intégrer cette conception qui fait que l'on habite une "nouvelle-pensée". A partir de là, il nous faut admettre l'existence d'une conscience universelle, laquelle serait à l'origine de l'univers. Mais il s'agit là d'un autre champ que nous ouvrirons peut être une prochaine fois.
La psychosociologie constructiviste (Palo Alto) a aussi posé des éléments tout à fait semblables. Effectivement la "prophétie auto-réalisante" de Merton fut précisée et approfondie par l'approche de Paul Watzlawick dans son principe de "prophétie autoréalisatrice" : ce que l'on pense de soi et des autres "produit" une réalité similaire. Par exemple, si le professeur pense que son élève est un génie, celui-ci aura tendance à le devenir et s'il pense qu'il est un cancre, il aura aussi tendance à le devenir. Cependant rien n'est développé sur le processus investi. On le suppose...
Ainsi, ce n'est pas la résonance des choses qui, ici, détermine la réalité mais la nature de la relation. L'anthropologue suisse Jean-Dominique Michel nous a montré combien c'est le patient qui se soigne dans une relation de confiance avec le thérapeute. Il a ainsi montré combien la maladie et sa guérison dépendent du même processus de somatisation. A l'évidence, celui-ci soigne autant qu'il provoque et développe la maladie.
En psychosociologie clinique, il apparaît clairement qu'une personne heureuse, rayonnante, bienveillante, non invasive et, de plus, discrète, provoque des réactions du même ordre de bienveillance, d'ouverture et de bonheur. La relation à ce type de personne développe des sensations de confiance, de bien-être, de détente et de lâcher prise. Ces types de relations interpersonnelles deviennent donc très vite positifs, favorisant le développement d'êtres confiants, bienveillants et heureux. La joie engendre la joie. Le bonheur engendre le bonheur. Tandis que la méfiance et la violence engendrent la méfiance et la violence. L'être social que nous sommes vit ainsi de mimétisme, ou dit autrement, en miroir ou en résonance.
Ainsi, puisque nous dépendons profondément de la pensée, notamment de celle de l'autre (ce qu'a développé la psychanalyse lacanienne, ou que nous a montré l'analyse des "expériences interdites"), l'être social "existe" et se détermine dans la relation. Cette représentation s'inscrit dans une expérimentation à l'aune de représentations collectives, voire de l'autre quel qu'il soit. Ainsi sommes-nous au monde, et le monde est à nous.
Ce qu'ajoute à cela la néo-pensée sur la loi de l'attraction c'est que les événements subissent la même influence. Ce qui amène la question suivante. Sachant que la réalité n'est jamais que la conscience que nous en avons, ou encore la projection de ce que nous imaginons, nous pouvons émettre plusieurs hypothèses. Si ce que nous savons, ou avons dans nos têtes, est bien la réalité, alors, dans ces conditions, elle ne devient jamais qu'une transcription matérielle de nos représentations et de nos conceptions. Ainsi, comme je l'ai plusieurs fois évoqué, nous ne voyons que ce que nous croyons, et jamais l'inverse. Nous pouvons ainsi affirmer que la réalité est bien le résultat de nos pensées.
Des enquêteurs ont constaté que plusieurs personnes assistant à un même événement n'en donnent que rarement la même version. En effet des apports "subjectifs", disent-ils, participent aux témoignages. "Il n'y a pas de réalité objective" en concluait Paul Watzlawick. Nous voilà en mesure de réaliser, à partir de ces prémices, que changer les événements de notre vie ne serait-il pas simplement changer le regard que nous leur portons sur lesdits événement.
C'est exactement ce que proposaient les stoïciens, comme Sénèque ou Marc Aurèle quand ils affirmaient : "Ce ne sont pas les choses qui nous gênent, mais le regard que nous leur portons !" C'est aussi ce que nous indiquent les psychosociologues des représentations sociales, comme Serge Moscovici ou Denise Jodelet, quand ils nous indiquaient que "les lois de la nature sont celles que la culture lui trouve."
Les constructivistes en sciences humaines disent que "l'idée que je me fais de la situation dépend du point de vue où je me place et de l'intention qui m'habite." La vision guide mes pas. Je ne verrais que ce qui m'occupe et me préoccupe, et je ne vivrais, corrélativement, que ce que je crains ou désire. Tout le reste sera absent. Mais si quelque chose ou quelqu'un joue les ophtalmologues de ma pensée, en me faisant "mieux voir" ou plutôt voir autrement "ce brin qui m'échappe" et ainsi lève mes verrous, alors toute ma réalité en sera transformée. C'est bien là l'une des conséquences de la conversation ou du coaching.
Si l'on pousse la réflexion plus loin encore, nous allons alors voir que c'est bien ce que je crois être la réalité, autrement dit "le vrai", qui va guider non seulement mes pas, mais aussi mes actions, et ma vie. Une très ancienne expression dit que c'est la foi qui sauve. C'est bien cela dont il s'agit. Ce que je crois se réalise. Si je suis persuadé que boire un verre d'eau va résoudre mon problème, c'est bien ce qui va se passer. Le principe de la somatisation positive ou négative, guérisseuse ou invalidante, repose sur ce principe simple : si je le crois, ça marche et ça existe. D'où la célèbre phrase de Mak Twain :"Ils l'ont fait car ils ne savaient pas que c'était impossible !"
Dès lors, me viennent ces quelques questions de fond. Et si donc nous prenions nos désirs pour des réalités ? Et si les événements de notre vie n'étaient que la lecture que nous en avons ? Pourquoi alors les tenants de l'application de la théorie quantique dans la gestion de nos quotidiens invitent-ils les principes de la matière pour expliquer le spirituel ? Peut être parce que la "mécanique" reste un principe de base de leur réalité, non ?
En cela, je pense, entre autres, à ce principe qu'ils posent : dans la mesure où tout est énergie, il nous suffirait alors d'augmenter notre "taux vibratoire" pour "accéder aux fréquences de l'univers". Dans ces conditions, nous pourrions nous mettre en résonance avec les plus hautes, celles qui sont "porteuses des pensées et actions positives, ainsi que du bien être". A cet effet, les fréquences en résonance avec le La à 432 hertz (plutôt que le classique 440 h) auraient une incidence positive sur nos pensées et notre bien-être. Il en est alors pour vendre des CD de musiques soignantes.
Voilà une conception bien matérialiste qui nous éloigne de toute spiritualité. N'est-ce pas là le retour à une conception mécaniste du monde ? On trouve ici l'incidence physique majeure et décisive qui se trouve aux antipodes de l'idée qui affirme que pensées et émotions font notre réalité. Il y a en effet quelques contradictions et incohérences dans ce discours-là. Mais pourquoi pas ?... C'est peut être pour cela que la démarche sur la loi d'attraction a été qualifiée de pseudoscience.
Ainsi, changer sa vie serait avant tout changer le regard que nous portons sur elle et sur le monde. C'est dans ces conditions que le miracle peut se produire. Alors faisons en sorte que notre regard soit bienveillant et altruiste plutôt qu'égoïste, dangereux et menaçant. C'est bien la foi qui déplace les montagnes, bien entendu. C'est ce que populairement on appelle "voir le bon côté des choses".
Mais allons encore un peu plus loin dans la réflexion. Si je me regarde le nombril et sollicite mes papilles en parlant d'amour de l'autre, je risque fort de me retrouver dans une posture "conforme" de consommateur, lequel a l'habitude de réclamer des garanties sous contrats. Dés lors, il ne me resterait plus dans ce monde qu'incertitudes, peines, frustrations et déceptions.
Ce serait m'éloigner de l'idée d'un amour inconditionnel comme nous en parlions précédemment. Et donc de ce sentiment producteur de bienveillance et de ce bonheur caractéristique de la pensée bouddhique. En revanche, si je considère l'amour comme un sentiment altruiste et désintéressé, alors le monde m'apparaîtra sans doute, ou peut être, comme un comble de bien-être.
CQFD : la vision guide non seulement mes pas, mais aussi ma réalité, et ma vie totale et entière ! Et je sais que cette vision directrice dépend de moi. Je peux en être le pilote et aussi le bénéficiaire : car c'est bien ce à quoi je crois qui se réalise. Mieux encore, auquel je contribue, et que je crois réaliser en toute "bonne foi", d'autant plus que je l'aurai rêvé au présent... car nos seules limites sont celle que l'on laisse s'installer dans nos esprits depuis nos expériences passées.
Je terminerai par ces quelques phrases de l'alpiniste explorateur écossais William-Hutchison Murray, dans "The Scottish Himalayan Expedition" paru en 1951 : "Dès le moment où l’on s’engage pleinement, la providence se met également en marche. Pour nous aider, se mettent en œuvre toutes sortes de choses qui sinon n’auraient jamais eu lieu... Tout ce que vous avez toujours voulu faire ou rêvé de faire, entreprenez-le. L’audace renferme en soi génie, pouvoir et magie."...
Par ailleurs, il me revient aussi cette phrase de Christophe André : "La colère n'a jamais fait revenir le beau temps !". Et si croire à la loi d'attraction n'était pas avant tout un désir de puissance d'un enfant de cinq ans, comme l'avait identifié Freud ? Alors, comme dit le proverbe espagnol : "Non te preocupes, ocúpate !" que l'on pourrait traduire par "Ne te préoccupe pas, avance !" (littéralement "occupe-toi !"). Voilà le bon chemin qui fait l'économie des turpitudes spéculatives de l'ego.
Pourquoi, sous l’Ancien Régime, les émeutes avaient à leur tête des femmes et non des hommes ? On peut donner des explications historiques dans les guerres lointaines, un mauvais hiver, une mauvaise récolte. « Une femme, vous répondra plus simplement : parce que mes enfants avaient faim et que je n’avais pas de quoi leur donner à manger. » Parce que si les hommes peuvent admettre d’endurer la faim, le froid, les femmes n’en sont pas capables, quand elles entendent leurs enfants pleurer (le motif partant ici d’un sentiment : la colère). Elles se révèlent des lionnes lorsqu’il s’agit de défendre ou de nourrir leurs petits. Il ne faut pas chercher plus loin. On analyse rarement, si ce n’est jamais, les sentiments (sentiments et pas motivations) et les besoins de ceux qu’on appelle la majorité silencieuse et qui se désintéresse de la politique des politiciens. De la même manière, on ne se demande pas assez pourquoi en France tant de personnes souffrent de dépression nerveuse, sans compter les personnes stressées. Les suicides de salariés sur leur lieu de travail devraient tirer la sonnette d’alarme, poser la question.
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