Nous avons évoqué mardi dernier que nous parlerions plus tard de la peur. En voici l'occasion dans une certaine mesure. Mais nous y reviendrons encore.
Hegel dans son ouvrage "le maître et l'esclave" montre bien que le maître, dans sa fonction, dépend du pouvoir de nuire que lui confère l'esclave par sa simple acceptation des rôles et du type de relation. Ce qui provoque cette réponse interactive de l'esclave est bien la peur qu'il a de dudit "maître", parce qu'il lui reconnaît du pouvoir de nuire. Ne plus avoir peur arrête le transfert de puissance et le maître devient un quidam ordinaire sans pouvoir particulier.
Perdre ses repères est la première condition de la peur. Manipuler les repères est donc une stratégie de pouvoir provoquant la sidération. Contre elle, il y a la prise de conscience et la lucidité. "Comprendre, savoir, reconnaitre" est notre panacée. Si vous obtenez cette lucidité, vous devenez alors un "complotiste", sorte d'anathème que vous jettent les tenants de la pensée principale et totalitaire. Mais, ne plus céder à n'importe quelle peur et rejeter les changements incessants d'injonctions, fussent-elles paradoxales, nous garde en sérénité, en lucidité, en stabilité, c'est-à-dire : libres.
La sidération coupe l'acteur de ses repères, de son passé, de son histoire, de son propre récit, lequel lui donne sens. C'est là, dans la perte de son passé, que s'élabore la compulsion de la répétition. Dès lors, vous revivez incessamment la même histoire qui vous réduit à rien. Voilà la définition même de l'esclavage. En revanche, installés dans le détachement, le "lâcher prise" et la lucidité, rien ne peut quoi que ce soit, ni sur ni contre vous.
Sortez, vivez, embrassez-vous, désobéissez aux illégitimes injonctions totalitaires et manipulatrices ! C'est là le chemin de la liberté. Si vous laissez votre ego de côté, si vous vivez selon vos propres valeurs, si vous n'avez peur de rien ni de personne, alors vous êtes libres ! D'où je tiens ce discours qui semble, comme l'on dit, quelque peu "perché" ? Du manuel d'Epictète, esclave romain et philosophe stoïcien entre 50 et 135 de notre ère.
Voici, en quelques phrases choisies, un trait de sa pensée :
- "Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les jugements relatifs aux choses.
- Notre salut et notre perte sont en nous-mêmes.
- Si tu veux avancer dans l’étude de la sagesse, ne refuse point, sur les choses extérieures, de passer pour imbécile et pour insensé.
- Personne ne te fera de mal, à moins que tu n’y consentes.
- Lorsque donc quelqu'un te met en colère, sache que c'est ton jugement qui te met en colère"...
Alors nous évitons de nous faire enfermer dans les représentations et les désirs de l'autre, d'autant plus que ceci s'opère par notre consentement. Si nous réfutons que l'autre nous domine et nous impose quoi que ce soit, alors celui-ci ne peut rien. Peut-être impose-t-il une contrepartie à notre refus ? Alors rien ne vaut la liberté de continuer sa route en refusant le marché de dupes. Sommes-nous prêt à perdre ce qu'il nous oppose ? A la seule condition qu'il puisse le faire.
S'il s'agit d'une promesse de contrepartie, il n'y a alors aucun problème. Il peut tout garder. S'il s'agit d'une menace, raison de plus pour ne pas céder. Le père de la Sémantique générale, Alfred Korzybski, n'a pas dit autre chose.
Je me demande si certains "croyants" ne sont pas ceux qui vont pouvoir le mieux combattre et le plus efficacement la pensée unique totalitaire. Je pense à certains, avec leur posture pacifiste et courageuse sise dans leur sens éthique de la vérité inaliénable. Si par-dessus tout cela, ils possèdent ce détachement des choses matérielles, alors ils deviennent de redoutables combattants.
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